Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 04/Géométrie des courbes, article 2

QUESTIONS RÉSOLUES.

Solution du premier des deux problèmes proposés à
la page 28 de ce volume ;
Par M. Servois, professeur aux écoles d’artillerie.
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Énoncé. Une droite mobile parcourt le plan d’un triangle de manière que le produit des segmens qu’elle détermine sur deux de ses côtés, vers leur point de concours, est constamment égal au produit des deux autres segmens des mêmes côtés. On propose d’assigner la courbe à laquelle, dans son mouvement, cette droite sera perpétuellement tangente ?

Solution. Soient (fig. 11) deux points quelconques d’une parabole, dont soit le foyer ; et soit le point de concours des tangentes en Robert Simson a démontré que, d’après cette construction, les triangles sont semblables, de telle manière qu’on doit avoir

ou

[1]

on a donc, par la proportionnalité des côtés,

d’où on tire, par l’élimination de

et ainsi se trouve démontré, en passant, le théorème de la page 60.

Soient présentement (fig. 12) trois tangentes à une parabole dont le foyer est  ; soient les points de contact respectifs des tangentes, et le point de concours des tangentes extrêmes. Suivant le théorème de Simson

d’où il suit que le quadrilatère est inscriptible au cercle.

On a d’après cela

les triangles sont donc respectivement semblables triangles et on a par conséquent

d’où on tire, en multipliant

mais, par le théorème de Simson,

donc

relation indépendante du point et qui prouve par conséquent que, si la droite se meut sur le plan du triangle de manière à y satisfaire constamment, elle sera constamment tangente à une parabole, touchant respectivement et en et [2]

On peut déterminer plus particulièrement cette parabole par nne construction qui me paraît assez élégante. Soient (fig. 13) le triangle proposé, et respectivement, les milieux des côtés sera évidemment une des situations de la droite mobile. Soit le centre du cercle passant par les trois points  ; le foyer devra être sur la circonférence de ce cercle. Soit menée prolongée jusqu’à la rencontre de la circonférence en  ; le point sera le centre du cercle circonscrit à  ; de sorte qu’en menant et l’angle sera le double du supplément de  ; mais dans la figure 12, l’angle doit aussi être double du supplément de  ; donc (fig. 13) le foyer cherché doit être sur la circonférence passant par les points laquelle coupe la première en un nouveau point qui sera conséquemment le foyer ; et comme d’ailleurs on connaît deux tangentes et leurs points de contact, rien ne sera plus aisé que de déterminer le sommet.[3]

  1. La similitude de ces triangles peut être facilement déduite du théorème suivant :

    THÉORÈME, Si ayant mené, dans une parabole, un nombre quelconque des rayons vecteurs, de direction arbitraire, ou fait tourner tous ces rayons vecteurs, un seul excepté, autour du foyer de manière que les angles qu’ils forment respectivement avec le rayon vecteur fixe soient diminués de moitié ; et si, en même temps, on allonge ou on racourcit les rayons vecteurs mobiles de manière que leur nouvelle longueur soit moyenne proportionnelle entre la longueur du rayon vecteur fixe et leur longueur primitive ; leurs extrémités se trouveront toutes alors sur la tangente à l’extrémité du rayon vecteur fixe.

    Ce théorème n’est lui-même qu’un cas particulier de cet autre théorème :

    THÉORÈME. La ligne dont les rayons vecteurs sont moyens proportionnels entre ceux d’une parabole et une longueur arbitraire donnée, et où ces rayons vecteurs forment, deux à deux, des angles moitié de ceux que forment leurs correspondans dans cette parabole, est une ligne droite.

    Ce dernier théorème se démontre assez simplement comme il suit :

    Soient trois rayons vecteurs d’une parabole dont la distance du sommet au foyer soit  ; et soient les angles que forment respectivement ces rayons vecteurs avec on sait qu’on aura

    Prenant la somme des produits respectifs de ces trois dernières équations par et réduisant, il viendra

    (1)

    Or, soient présentement trois points de la ligne dont on cherche la nature, le pôle auquel on la rapporte et la longueur arbitraire donnée ; on aura, par hypothèse,

    d’où

    donc (1)

    Propriété qui appartient exclusivement à la ligne droite.

    J. D. G.
  2. Ce problème fournit une application des plus simples de la théorie développée à la page 361 du 3.e volume de ce recueil.

    Soient ceux des côtés du triangle donné que la droite mobile doit couper suivant les conditions données ; et soient respectivement, les segmens qu’elle détermine sur eux, du côté de leur point de concours ; en prenant et pour les axes des coordonnées, l’équation de la droite mobile sera

    ou (1)

    et l’on aura la condition

    ou(2)

    faisant varier et dans les équations (1) et (2), il viendra

    d’où

    (3)

    tirant enfin des équations (2) et (3) les valeurs de et pour les substituer dans l’équation (1), il viendra

    équation d’une parabole touchant les deux côtés à leurs points de concours avec le troisième.

    Nous observerons que ceci peut fournir un mode de construction plus simple de la parabole de raccordement des routes, dont il est question à la page 250 du 1.er volume de ce recueil.

    On résoudrait, par un procédé analogue, le 2.e problème de la page 28 du présent volume ; mais le calcul en est fort compliqué.

    J. D. G.

  3. On peut aussi employer à la recherche du foyer et du sommet les méthodes, soit de M. Bérard, soit de M. Bret, dont il est fait mention à la page 58 de ce volume.
    J. D. G.