Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 05/7/17

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XVII

Comment saint François apprivoisa les tourterelles sauvages.

Un jeune homme avait pris un jour plusieurs tourterelles, et les allait vendre. Saint François le rencontra et lui, qui eut toujours une singulière pitié des animaux pacifiques, regardant ces tourterelles d’un œil compatissant, dit à celui qui les portait : « Ô bon jeune homme ! je t’en prie, donne-les-moi, afin que ces oiseaux si doux, qui, dans la sainte Écriture, sont le symbole des âmes chastes, humbles et fidèles, ne tombent pas dans la main des cruels qui les feraient mourir. » Aussitôt le jeune homme, inspiré de Dieu, les donna toutes à saint François et lui, les prenant dans son sein, se mit à leur parler tendrement : « Ô mes tourterelles ! simples, innocentes et chastes, pourquoi vous laissez-vous prendre ? Maintenant je veux vous sauver de la mort et vous faire des nids, afin que vous fassiez des petits et que vous multipliiez, selon les commandements de notre Créateur. » Saint François s’en fut, leur fit à toutes des nids et elles, s’apprivoisant, commencèrent à pondre leurs œufs et à les couver devant les frères, comme auraient fait des poules toujours nourries de leurs mains. Elles ne s’en allèrent point, jusqu’à ce que saint François, avec sa bénédiction, leur donna congé de partir.

Quant au jeune homme qui lui en avait fait présent, saint François lui dit : « Mon fils, tu seras aussi frère en cet Ordre, et tu serviras gracieusement Jésus-Christ. » Ainsi fut-il, car le jeune homme se fit frère, et vécut dans l’Ordre avec une grande sainteté.