Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/Le lagopède

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 388-393).

LE LAGOPÈDE

Cet oiseau[NdÉ 1] est celui auquel on a donné le nom de perdrix blanche, mais très improprement, puisque ce n’est point une perdrix, et qu’il n’est blanc que pendant l’hiver, et à cause du grand froid auquel il est exposé pendant cette saison sur les hautes montagnes des pays du nord, où il se tient ordinairement. Aristote, qui ne connaissait point le lagopède, savait que les perdrix, les cailles, les hirondelles, les moineaux, les corbeaux et même les lièvres, les cerfs et les ours, éprouvent dans les mêmes circonstances le même changement de couleur[1]. Scaliger y ajoute les aigles, les vautours, les éperviers, les milans, les tourterelles, les renards[2] ; et il serait facile d’allonger cette liste du nom de plusieurs oiseaux et quadrupèdes, sur lesquels le froid produit ou pourrait produire de semblables effets ; d’où il suit que la couleur blanche est ici un attribut variable, et qui ne doit pas être employé comme un caractère distinctif de l’espèce dont il s’agit ; et d’autant moins que plusieurs espèces du même genre, telles que celles du petit tétras blanc, selon le docteur Waygand[3] et Rzaczynski[4], et de l’attagas blanc selon Belon[5], sont sujettes aux mêmes variations dans la couleur de leur plumage ; et il est étonnant que Frisch ait ignoré que son francolin blanc de montagne, qui est notre lagopède, y fût aussi sujet ; ou que, l’ayant su, il n’en ait point parlé : il dit seulement qu’on lui avait rapporté qu’on ne voyait point en été des francolins blancs ; et plus bas il ajoute qu’on en avait quelquefois tiré (sans doute en été) qui avaient les ailes et le dos bruns, mais qu’il n’en avait jamais vu ; c’était bien le lieu de dire que ces oiseaux n’étaient blancs que l’hiver, etc.[6].

J’ai dit que Aristote ne connaissait pas notre lagopède ; et, quoique ce soit un fait négatif, j’en ai la preuve positive dans ce passage de son Histoire des animaux, où il assure que le lièvre est le seul animal qui ait du poil sous les pieds[7] : certainement, s’il eût connu un oiseau qui eût eu aussi du poil sous les pieds, il n’aurait pas manqué d’en faire mention dans cet endroit, où il s’occupait en général, selon sa manière, de la comparaison des parties correspondantes dans les animaux et, par conséquent, des plumes des oiseaux, ainsi que des poils des quadrupèdes.

Le nom de lagopède, que je donne à cet oiseau, n’est rien moins qu’un nouveau nom ; c’est, au contraire, celui que Pline et les anciens lui ont donné[8], qu’on a mal à propos appliqué à quelques oiseaux de nuit, lesquels ont le dessus et non le dessous des pieds garni de plumes[9], mais qui doit être conservé exclusivement à l’espèce dont il s’agit ici, avec d’autant plus de raison qu’il exprime un attribut unique parmi les oiseaux, qui est d’avoir, comme le lièvre, le dessous des pieds velu[10].

Pline ajoute à ce caractère distinctif du lagopus ou lagopède, sa grosseur, qui est celle d’un pigeon, sa couleur, qui est blanche, la qualité de sa chair, qui est excellente, son séjour de préférence, qui est le sommet des Alpes, enfin sa nature, qui est d’être très sauvage et peu susceptible d’être apprivoisé ; il finit par dire que sa chair se corrompt fort promptement.

L’exactitude laborieuse des modernes a complété cette description à l’antique, qui ne présente que les masses principales ; le premier trait qu’ils ont ajouté au tableau, et qui n’eût point échappé à Pline s’il eût vu l’oiseau par lui-même, c’est cette peau glanduleuse qui lui forme au-dessus des yeux des espèces de sourcils rouges, mais d’un rouge plus vif dans le mâle que dans la femelle : celle-ci est aussi plus petite, et n’a point sur la tête les deux traits noirs qui, dans le mâle, vont de la base du bec aux yeux, et même au delà des yeux en se dirigeant vers les oreilles : à cela près, le mâle et la femelle se ressemblent dans tout le reste quant à la forme extérieure, et tout ce que j’en dirai dans la suite sera commun à l’un et à l’autre.

La blancheur des lagopèdes n’est pas universelle et sans aucun mélange dans le temps même où ils sont le plus blancs, c’est-à-dire au milieu de l’hiver : la principale exception est dans les pennes de la queue, dont la plupart sont noires, avec un peu de blanc à la pointe ; mais il paraît, par les descriptions, que ce ne sont pas constamment les mêmes pennes qui sont de cette couleur. Linnæus, dans sa Fauna suecica, dit que ce sont les pennes du milieu qui sont noires[11] ; et, dans son Systema naturæ, il dit[12], avec MM. Brisson et Willughby[13], que ces mêmes pennes sont blanches et les latérales noires ; tous ces naturalistes n’y ont pas regardé d’assez près. Dans les sujets que nous avons examinés, nous avons trouvé la queue composée de deux rangs de plumes l’un sur l’autre ; celui de dessus blanc en entier, et celui de dessous noir, ayant chacun quatorze plumes[14]. Klein parle d’un oiseau de cette espèce qu’il avait reçu de Prusse le 20 janvier 1747, et qui était entièrement blanc, excepté le bec, la partie inférieure de la queue et la tige de six pennes de l’aile. Le pasteur lapon Samuel Rhéen, qu’il cite, assure que sa poule de neige, qui est notre lagopède, n’avait pas une seule plume noire, excepté la femelle, qui en avait une de cette couleur à chaque aile[15] ; et la perdrix blanche dont parle Gesner[16] était en effet toute blanche, excepté autour des oreilles, où elle avait quelques marques noires ; les couvertures de la queue, qui sont blanches et s’étendent par toute sa longueur et recouvrent les plumes noires, ont donné lieu à la plupart de ces méprises. M. Brisson compte dix-huit pennes dans la queue, tandis que Willughby et la plupart des autres ornithologistes n’en comptent que seize, et qu’il n’y en a réellement que quatorze ; il semble que le plumage de cet oiseau, tout variable qu’il est, est sujet à moins de variétés que l’on n’en trouve dans les descriptions des naturalistes[17]. Les ailes ont vingt-quatre pennes, dont la troisième, à compter de la plus extérieure, est la plus longue ; et ces trois pennes, ainsi que les trois suivantes de chaque côté, ont la tige noire lors même qu’elles sont blanches ; le duvet qui environne les pieds et les doigts jusqu’aux ongles est fort doux et fort épais, et l’on n’a pas manqué de dire que c’étaient des espèces de gants fourrés que la nature avait accordés à ces oiseaux pour les garantir des grands froids auxquels ils sont exposés ; leurs ongles sont fort longs, même celui du petit doigt de derrière ; celui du doigt du milieu est creusé par-dessous, selon sa longueur, et les bords en sont tranchants, ce qui lui donne de la facilité pour se creuser des trous dans la neige.

Le lagopède est au moins de la grosseur d’un pigeon privé, selon Willughby ; il a quatorze à quinze pouces de long, vingt et un à vingt-deux pouces de vol, et pèse quatorze onces ; le nôtre est un peu moins gros ; mais M. Linnæus a remarqué qu’il y en avait de différentes grandeurs, et que le plus petit de tous était celui des Alpes[18]. Il est vrai qu’il ajoute au même endroit que cet oiseau se trouve dans les forêts des provinces du nord, et surtout de la Laponie, ce qui me ferait douter que ce fût la même espèce que notre lagopède des Alpes, qui a des habitudes toutes différentes, puisqu’il ne se plaît que sur les plus hautes montagnes : à moins qu’on ne veuille dire que la température qui règne sur la cime de nos Alpes est à peu près la même que celle des vallées et des forêts de Laponie. Mais ce qui achève de me persuader qu’il y a ici confusion d’espèces, c’est le peu d’accord des écrivains sur le cri du lagopède. Belon dit qu’il chante comme la perdrix[19] ; Gesner, que sa voix a quelque chose de celle du cerf[20] ; Linnæus compare son ramage à un caquet babillard et à un rire moqueur. Enfin, Willughby parle des plumes des pieds comme d’un duvet doux (plumulis mollibus), et Frisch les compare à des soies de cochon[21]. Or, comment rapporter à la même espèce des oiseaux qui diffèrent par la grandeur, par les habitudes nouvelles, par la voix, par la qualité de leurs plumes ? je pourrais encore ajouter par leurs couleurs, car nous avons vu que celle des pennes de la queue n’est rien moins que constante ; mais ici les couleurs du plumage sont si variables dans le même individu, qu’il ne serait pas raisonnable d’en faire le caractère de l’espèce. Je me crois donc fondé à séparer le lagopède des Alpes, des Pyrénées et autres montagnes semblables, d’avec les oiseaux de même genre qui se trouvent dans les forêts et même dans les plaines des pays septentrionaux, et qui paraissent être plutôt des tétras, des gelinottes ou des attagas ; et en cela je ne fais que me rapprocher de l’opinion de Pline, qui parle de son lagopus comme d’un oiseau propre aux Alpes.

Nous avons vu ci-dessus que le blanc était sa livrée d’hiver ; celle d’été consiste en des taches brunes, semées sans ordre sur un fond blanc : on peut dire néanmoins qu’il n’y a point d’été pour lui, et qu’il est déterminé par sa singulière organisation à ne se plaire que dans une température glaciale ; car, à mesure que la neige fond sur le penchant des montagnes, il monte et va chercher sur les sommets les plus élevés celle qui ne font jamais ; non seulement il s’en approche, mais il s’y creuse des trous, des espèces de clapiers, où il se met à l’abri des rayons du soleil qui paraissent l’offusquer ou l’incommoder[22]. Il serait curieux d’observer de près cet oiseau, d’étudier sa conformation intérieure, la structure de ses organes, de démêler pourquoi le froid lui est si nécessaire, pourquoi il évite le soleil avec tant de soin, tandis que presque tous les êtres animés le désirent, le cherchent, le saluent comme le père de la nature, et reçoivent avec délices les douces influences de sa chaleur féconde et bienfaisante : serait-ce par les mêmes causes qui obligent les oiseaux de nuit à fuir la lumière ? ou les lagopèdes seraient-ils les chacrelas de la famille des oiseaux ?

Quoi qu’il en soit, on comprend bien qu’un oiseau de cette nature est difficile à apprivoiser, et Pline le dit expressément, comme nous l’avons vu : cependant Redi parle de deux lagopèdes qu’il nomme perdrix blanches des Pyrénées, et qu’on avait nourries dans la volière du jardin de Boboli, appartenant au grand-duc[23].

Les lagopèdes volent par troupes, et ne volent jamais bien haut, car ce sont des oiseaux pesants : lorsqu’ils voient un homme, ils restent immobiles sur la neige pour n’être point aperçus ; mais ils sont souvent trahis par leur blancheur, qui a plus d’éclat que la neige même. Au reste, soit stupidité, soit inexpérience, ils se familiarisent assez aisément avec l’homme ; souvent, pour les prendre, il ne faut que leur présenter du pain, ou même faire tourner un chapeau devant eux et saisir le moment où ils s’occupent de ce nouvel objet pour leur passer un lacet dans le cou ou pour les tuer par derrière à coups de perches[24] ; on dit même qu’ils n’oseraient jamais franchir une rangée de pierres alignées grossièrement, comme pour faire la première assise d’une muraille, et qu’ils iront constamment tout le long de cette humble barrière jusqu’aux pièges que les chasseurs leur ont préparés[NdÉ 2].

Ils vivent des chatons des feuilles et des jeunes pousses de pin, de bouleau, de bruyère, de myrtille et d’autres plantes qui croissent ordinairement sur les montagnes[25] ; et c’est sans doute à la qualité de leur nourriture qu’on doit imputer cette légère amertume qu’on reproche à leur chair[26], laquelle est d’ailleurs un bon manger : on la regarde comme viande noire, et c’est un gibier très commun, tant sur le mont Cenis que dans toutes les villes et villages à portée des montagnes de Savoie[27] ; j’en ai mangé, et je lui trouve beaucoup de ressemblance pour le goût avec la chair du lièvre.

Les femelles pondent et couvent leurs œufs à terre, ou plutôt sur les rochers[28] ; c’est tout ce qu’on sait de leur façon de se multiplier : il faudrait avoir des ailes pour étudier à fond les mœurs et les habitudes des oiseaux, et surtout de ceux qui ne veulent point se plier au joug de la domesticité, et qui ne se plaisent que dans des lieux inhabitables.

Le lagopède a un très gros jabot, un gésier musculeux où l’on trouve de petites pierres mêlées avec les aliments ; les intestins longs de trente-six à trente-sept pouces ; de gros cæcums cannelés et fort longs, mais de longueur inégale, selon Redi, et qui sont souvent pleins de très petits vers[29] ; les tuniques de l’intestin grêle présentent un réseau très curieux formé par une multitude de petits vaisseaux, ou plutôt de petites rides disposées avec ordre et symétrie[30] : on a remarqué qu’il avait le cœur un peu plus petit, et la rate beaucoup plus petite que l’attagas[31], et que le canal cystique et le conduit hépatique allaient se rendre dans les intestins séparément, et même à une assez grande distance l’un de l’autre[32].

Je ne puis finir cet article sans remarquer, avec Aldrovande, que, parmi les noms divers qui ont été donnés au lagopède, Gesner place celui d’urblan comme un mot italien en usage dans la Lombardie, mais que ce mot est tout à fait étranger et à la Lombardie et à toute oreille italienne : il pourrait bien en être de même de rhoncas et de herbey, autres noms que, selon le même Gesner, les Grisons, qui parlent italien, donnent aux lagopèdes. Dans la partie de la Savoie qui avoisine le Valais on les nomme arbenne, et ce mot différemment altéré par différents patois, moitié suisse, moitié grison, aura pu produire quelques-uns de ceux dont je viens de parler.


Notes de Buffon
  1. Aristote, de Coloribus, cap. vi ; et Hist. animal., lib. iii, cap. xii.
  2. Scaliger, Exercitationes in Cardanum, fol. 88 et 89.
  3. Voyez Actes de Breslaw, novembre 1725, classe iv, art. vii, p. 30 et suiv.
  4. Rzaczynski, Auctuarium Poloniæ, p. 421.
  5. Belon, Nature des oiseaux, p. 242.
  6. Léonard Frisch, planches cx et cxi.
  7. Aristote, lib. iii, cap. xii.
  8. Pline, Hist. nat., lib. x, cap. xlviii.
  9. « Si mens auritâ gaudet Lagope flacens. » Martial. — Il est visible que le poète entend parler du duc dans ce passage ; mais le duc n’a pas le pied velu par dessous.
  10. Voyez Belon, Nature des oiseaux, p. 259 ; Willughby, p. 127 ; et Klein, Prodrom. Hist. Avium, p. 173.
  11. « Tetrao rectricibus albis, intermediis nigris, apice albis. » Faun. suec., no 169.
  12. « Tetrao pedibus lanatis, remigibus albis, rectricibus nigris, apice albis, intermediis totis albis. » Syst. nat., édit. X, p. 159, no 91, art. iv.
  13. Willughby, p. 127, no 5.
  14. On ne peut compter exactement le nombre de ces plumes qu’en déplumant, comme nous l’avons fait, le dessus et le dessous du croupion de ces oiseaux ; et c’est ainsi que nous nous sommes assuré qu’il y en a quatorze blanches en dessus et quatorze noires en dessous.
  15. Klein, p. 173.
  16. Gesner, p. 577.
  17. Il n’est pas étonnant que les auteurs diffèrent du blanc au noir sur la couleur des plumes latérales de la queue de cet oiseau ; car en déployant et étendant cette queue avec la main, on est absolument le maître de terminer les côtés par des plumes noires ou par des plumes blanches, parce qu’on peut les étendre et les placer également de côté. M. Daubenton le jeune a très bien remarqué qu’il y aurait encore une autre manière de se décider ici sur la contradiction des auteurs, et de reconnaître évidemment que la queue n’est composée que de quatorze plumes toutes noires, à l’exception de la plus extérieure qui est bordée de blanc près de son origine, et de la pointe qui est blanche dans toutes, parce que les tuyaux de ces quatorze plumes noires sont plus gros, du double, que les tuyaux des quatorze plumes blanches, et que ceux-ci sont moins avancés, ne recouvrant pas même en entier les tuyaux des plumes noires ; en sorte qu’on peut croire que ces plumes blanches ne servent que de couvertures, quoique les quatre du milieu soient aussi grandes que les noires, lesquelles sont à très peu près toutes également longues.
  18. Linnæus, Fauna suecica, p. 169.
  19. Belon, Nature des oiseaux, p. 239.
  20. Gesner, p. 578.
  21. Frisch, Nature des oiseaux, planche cx.
  22. Belon, p. 259.
  23. Voyez Collect. Acad., partie étrangère, t. Ier, p. 520.
  24. Gesner, p. 578.
  25. Willughby, p. 127 ; Klein, p. 116.
  26. Gesner, p. 578.
  27. Belon, p. 259.
  28. Gesner, p. 578 ; Rzaczynski, p. 411.
  29. Collect. Acad., partie étrangère, t. Ier, p. 520.
  30. Voyez Klein, p. 117 ; et Willughby, p. 127, no 5.
  31. Roberg. apud Kleinum Hist. Avi., p. 117.
  32. Redi, Collect. Acad., partie étrangère, t. Ier, p. 467.
Notes de l’éditeur
  1. Lagopus albus Vieill. [Note de Wikisource : Buffon décrit l’actuel Lagopus muta Montin, vulgairement lagopède alpin. Cependant, Buffon incorpore dans sa description des informations de Linnæus, Gesner, Klein, etc., qui, habitant l’Europe du Nord, décrivent sous le même nom une autre espèce, le lagopède des saules (cf. les articles de la gélinotte d’Écosse et du lagopède de la baie d’Hudson). Le lagopède des saules habite plutôt les forêts boréales, et donc vit à des altitudes moindres que le lagopède alpin, qui habite là où les arbres ne peuvent pas pousser et où la neige est persistante, dans les régions boréales et au sommet des plus hauts massifs des régions tempérées de l’hémisphère nord. Le lagopède des saules est aussi plus grand et n’arbore pas le trait noir qui relie le bec aux yeux du lagopède alpin.] Les Lagopus sont des Tétraoniens remarquables par les mues qu’ils subissent à chaque saison et qui sont accompagnées de changements de coloration du plumage.
  2. Les chasseurs norvégiens appellent le mâle en imitant le cri de la femelle.