Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/L’attagas blanc

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 387-388).

L’ATTAGAS BLANC

Cet oiseau[NdÉ 1] se trouve sur les montagnes de Suisse et sur celles qui sont autour de Vicence : je n’ai rien à ajouter à ce que j’en ai dit dans l’histoire de l’attagas ordinaire, sinon que l’oiseau dont Gesner a fait la seconde espèce de lagopus[1] me semble être un de ces attagas blancs, quoique dans son plumage le blanc ne soit pur que sur le ventre et sur les ailes, et qu’il soit mêlé plus ou moins de brun et de noir sur le reste du corps ; mais nous avons vu ci-dessus que, parmi les attagas, les mâles avaient moins de blanc que les femelles ; de plus, on sait que la couleur des jeunes oiseaux, et surtout des oiseaux de ce genre, ne prend guère sa consistance qu’après la première année ; et comme, d’ailleurs, tout le reste de la description de Gesner semble fait pour caractériser un attagas : sourcils rouges, nus, arrondis et saillants, pieds velus jusqu’aux ongles, mais non par-dessous, bec court et noir, queue courte aussi, habitation sur les montagnes de Suisse,  etc., je pense que l’oiseau décrit par Gesner était un attagas blanc, et que c’était un mâle encore jeune qui n’avait pas pris tout son accroissement, d’autant qu’il ne pesait que quatorze onces au lieu de dix-neuf, qui est le poids des attagas ordinaires.

J’en dis autant, et pour les mêmes raisons, de la troisième espèce de lagopus de Gesner[2], et qui paraît être le même oiseau que celui dont le jésuite Rzaczynski parle sous le nom polonais de parowa[3]. Ils ont tous deux une partie des ailes et le ventre blancs, le dos et le reste du corps de couleur variée ; tous deux ont les pieds velus, le vol pesant, la chair excellente, et sont de la grosseur d’une jeune poule. Rzaczynski en reconnaît deux espèces : l’une plus petite que j’ai ici en vue ; l’autre plus grosse, et qui pourrait bien être une espèce de gelinotte. Cet auteur ajoute qu’on trouve de ces oiseaux parfaitement blancs dans le palatinat de Novgorod. Je ne range pas ces oiseaux parmi les lagopèdes, comme a fait M. Brisson de la seconde et de la troisième espèce de lagopus de Gesner, parce qu’ils ne sont pas en effet lagopèdes, c’est-à-dire qu’ils n’ont point les pieds velus par-dessous, et que ce caractère est d’autant plus décisif qu’il est plus anciennement reconnu et que, par conséquent, il paraît avoir plus de consistance.


Notes de Buffon
  1. Gesner, Alterum Lagopodis genus. De Avibus, p. 579.
  2. Gesner, Alterum Lagopodis genus. De Avibus, p. 579.
  3. Rzaczynski, Auctuarium Poloniæ, p. 410 et 411.
Notes de l’éditeur
  1. Cet oiseau paraît n’être qu’une variété du Lagopède.