Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/La gélinotte d’Écosse

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 377-378).

LA GELINOTTE D’ÉCOSSE

Si cet oiseau[NdÉ 1] est le même que le gallus palustris de Gesner, comme le croit M. Brisson, on peut assurer que la figure qu’en donne Gesner n’est rien moins qu’exacte, puisqu’on n’y voit point de plumes sur les pieds, et qu’on y voit au contraire des barbillons rouges sous le bec : mais aussi ne serait-il pas plus naturel de soupçonner que cette figure est celle d’un autre oiseau ? Quoi qu’il en soit, ce gallus palustris ou coq de marais, est un excellent manger ; et tout ce qu’on sait de son histoire, c’est qu’il se plaît dans les lieux marécageux, comme son nom de coq de marais le fait assez entendre[1]. Les auteurs de la Zoologie britannique prétendent que la gelinotte d’Écosse de M. Brisson n’est autre que le ptarmigan dans son habit d’été, et que son plumage devient presque tout blanc en hiver[2] ; mais il faut donc qu’il perde aussi en été les plumes qui lui couvrent les doigts, car M. Brisson dit positivement qu’elle n’a de plumes que jusqu’à l’origine des doigts, et le ptarmigan de la Zoologie britannique en a jusqu’aux ongles : d’ailleurs ces deux animaux, tels qu’ils sont représentés dans la Zoologie et dans M. Brisson, ne se ressemblent ni par le port, ni par la physionomie, ni par la conformation totale. Quoi qu’il en soit, la gelinotte d’Écosse de M. Brisson est un peu plus grosse que la nôtre, et a la queue plus courte ; elle tient de la gelinotte des Pyrénées par la longueur de ses ailes, par ses pieds garnis antérieurement de plumes jusqu’à l’origine des doigts, par la longueur du doigt du milieu, relativement aux deux latéraux, et par la brièveté du doigt de derrière ; elle en diffère en ce que ses doigts sont sans dentelures, et sa queue sans ses deux plumes longues et étroites, qui sont le caractère le plus frappant de la gelinotte des Pyrénées. Je ne dis rien des couleurs du plumage ; les figures les représenteront plus exactement aux yeux que ma description ne pourrait les peindre à l’esprit : d’ailleurs rien de plus incertain ici pour caractériser les espèces que les couleurs du plumage, puisque ces couleurs varient considérablement d’une saison à l’autre dans le même individu.


Notes de Buffon
  1. Gesner, De naturâ Avium, p. 23.
  2. British Zoology, p. 86.
Notes de l’éditeur
  1. Tetrao scoticus Lath. [Note de Wikisource : actuellement Lagopus scotica Latham, vulgairement lagopède d’Écosse ; il est souvent considéré comme une sous-espèce, Lagopus lagopus scotica, du lagopède des saules, en anglais willow ptarmigan, décrit plus loin].