Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/La veuve dominicaine

LA VEUVE DOMINICAINE[1]

Si la longueur de la queue est le caractère distinctif des veuves[NdÉ 1], celle-ci est moins veuve qu’une autre, car les plus longues plumes de sa queue n’ont guère plus de quatre pouces. On lui a donné le nom de dominicaine à cause de son plumage noir et blanc ; elle a tout le dessus du corps varié de ces deux couleurs ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue mêlés de blanc sale et de noirâtre ; le dessus de la tête d’un blanc roussâtre entouré de noir ; la gorge, le devant du cou et la poitrine du même blanc, qui s’étend encore en arrière, et va former un demi-collier sur la face postérieure du cou. Le ventre n’a point de teinte de roux. Le bec est rouge, et les pieds sont gris.

Cette espèce subit une double mue, chaque année, comme l’espèce précédente ; dans l’intervalle des deux mues, le mâle n’a point sa longue queue, et son blanc est plus sale. La femelle n’a jamais à la queue ces longues plumes qu’a le mâle, et la couleur de son plumage, en tout temps, est un brun presque uniforme.

Longueur jusqu’au bout de la queue, six pouces un quart ; jusqu’au bout des ongles, quatre pouces ; bec, quatre lignes et demie ; pieds, sept lignes ; doigt du milieu, sept lignes et demie ; vol, sept pouces et demi ; les pennes du milieu de la queue excèdent d’environ deux pouces un quart les latérales qui sont étagées, et elles dépassent les ailes de trois pouces un quart.


Notes de l’auteur
  1. « Passer supernè niger, marginibus pennarum rufis, infernè albus ad rufescentem colorem inclinans ; vertice rufo ; torque albo-rufescente ; rectricibus nigris, binis intermediis longioribus, tribus utrimque proximis apice albis, duarum utrimque extimarum oris exterioribus rufescentibus, interioribus albis ; rostro rubro… » Vidua minor. La petite veuve. Brisson, t. III, p. 124. M. Commerson soupçonnait qu’un certain oiseau d’un noir bleuâtre qu’il avait vu dans l’île de Bourbon, où il a le nom de brenoud, n’était autre chose que cette même veuve en mue ; et de cette supposition il concluait que lorsque le mâle était en mue, son plumage était plus uniforme ; mais cela serait plus applicable à la femelle qu’au mâle ; encore y a-t-il loin du noir bleuâtre, qui est la couleur du brenoud, au brun uniforme, qui est celle de la femelle dominicaine. Ce brenoud ressemble plus à la grande veuve.
Notes de l’éditeur
  1. Emberiza serena L. [Note de Wikisource : actuellement Vidua macroura Pallas, vulgairement veuve dominicaine, décrit une seconde fois plus bas sous le nom de veuve mouchetée].