Œuvres complètes de Buffon, éd. Lanessan/Histoire naturelle des oiseaux/L’oiseau de Paradis

Texte établi par J.-L. de LanessanA. Le Vasseur (Tome V, Histoire naturelle des oiseauxp. 615-620).

L’OISEAU DE PARADIS


Cette espèce[NdÉ 1] est plus célèbre par les qualités fausses et imaginaires qui lui ont été attribuées que par ses propriétés réelles et vraiment remarquables. Le nom d’oiseau de Paradis fait naître encore dans la plupart des têtes l’idée d’un oiseau qui n’a point de pieds, qui vole toujours, même en dormant, ou se suspend tout au plus pour quelques instants aux branches des arbres, par le moyen des longs filets de sa queue[1] ; qui vole en s’accouplant, comme font certains insectes, et de plus en pondant et en couvant ses œufs[2], ce qui n’a point d’exemple dans la nature ; qui ne vit que de vapeurs et de rosée ; qui a la cavité de l’abdomen uniquement remplie de graisse au lieu d’estomac et d’intestins[3], lesquels lui seraient en effet inutiles par la supposition, puisque, ne mangeant rien, il n’aurait rien à digérer ni à évacuer ; en un mot, qui n’a d’autre existence que le mouvement, d’autre élément que l’air, qui s’y soutient toujours tant qu’il respire, comme les poissons se soutiennent dans l’eau, et qui ne touche la terre qu’après sa mort[4].

Ce tissu d’erreurs grossières n’est qu’une chaîne de conséquences assez bien tirées de la première erreur, qui suppose que l’oiseau de Paradis n’a point de pieds, quoiqu’il en ait d’assez gros[5] ; et cette erreur primitive vient elle-même[6] de ce que les marchands indiens qui font le commerce des plumes de cet oiseau, ou les chasseurs qui les leur vendent, sont dans l’usage, soit pour les conserver et les transporter plus commodément, ou peut-être afin d’accréditer une erreur qui leur est utile, de faire sécher l’oiseau même en plumes, après lui avoir arraché les cuisses et les entrailles ; et comme on a été fort longtemps sans en voir qui ne fussent ainsi préparés, le préjugé s’est fortifié au point qu’on a traité de menteurs les premiers qui ont dit la vérité, comme c’est l’ordinaire[7].

Au reste, si quelque chose pouvait donner une apparence de probabilité à la fable du vol perpétuel de l’oiseau de Paradis, c’est sa grande légèreté, produite par la quantité et l’étendue considérable de ses plumes ; car, outre celles qu’ont ordinairement les oiseaux, il en a beaucoup d’autres, et de très longues, qui prennent naissance de chaque côté, dans les flancs, entre l’aile et la cuisse, et qui, se prolongeant bien au delà de la queue véritable, et se confondant pour ainsi dire avec elle, lui font une espèce de fausse queue à laquelle plusieurs observateurs se sont mépris. Ces plumes subalaires[8] sont de celles que les naturalistes nomment décomposées ; elles sont très légères en elles-mêmes, et forment par leur réunion un tout encore plus léger, un volume presque sans masse et comme aérien, très capable d’augmenter la grosseur apparente de l’oiseau[9], de diminuer sa pesanteur spécifique, et de l’aider à se soutenir dans l’air, mais qui doit aussi quelquefois mettre obstacle à la vitesse du vol et nuire à sa direction, pour peu que le vent soit contraire : aussi a-t-on remarqué que les oiseaux de Paradis cherchent à se mettre à l’abri des grands vents[10], et choisissent pour leur séjour ordinaire les contrées qui y sont le moins exposées.

Ces plumes sont au nombre de quarante ou cinquante de chaque côté, et de longueurs inégales ; la plus grande partie passe sous la véritable queue, et d’autres passent par-dessus sans la cacher, parce que leurs barbes effilées et séparées composent, par leurs entrelacements divers, un tissu à larges mailles, et pour ainsi dire transparent ; effet très difficile à bien rendre dans une enluminure.

On fait grand cas de ces plumes dans les Indes, et elles y sont fort recherchées : il n’y a guère qu’un siècle qu’on les employait aussi, en Europe, aux mêmes usages que celles d’autruche, et il faut convenir qu’elles sont très propres, soit par leur légèreté, soit par leur éclat, à l’ornement et à la parure ; mais les prêtres du pays leur attribuent je ne sais quelles vertus miraculeuses qui leur donnent un nouveau prix aux yeux du vulgaire, et qui ont valu à l’oiseau auquel elles appartiennent le nom d’oiseau de Dieu.

Ce qu’il y a de plus remarquable après cela dans l’oiseau de Paradis, ce sont les deux longs filets qui naissent au-dessus de la queue véritable, et qui s’étendent plus d’un pied au delà de la fausse queue formée par les plumes subalaires. Ces filets ne sont effectivement des filets que dans leur partie intermédiaire : encore cette partie elle-même est-elle garnie de petites barbes très courtes, ou plutôt de naissances de barbes, au lieu que ces mêmes filets sont revêtus, vers leur origine et vers leur extrémité, de barbes d’une longueur ordinaire. Celles de l’extrémité sont plus courtes dans la femelle, et c’est, suivant M. Brisson, la seule différence qui la distingue du mâle[11].

La tête et la gorge sont couvertes d’une espèce de velours formé par de petites plumes droites, courtes, fermes et serrées ; celles de la poitrine et du dos sont plus longues, mais toujours soyeuses et douces au toucher. Toutes ces plumes sont de diverses couleurs, comme on le voit dans la figure[NdÉ 2], et ces couleurs sont changeantes et donnent différents reflets, selon les différentes incidences de la lumière : ce que la figure ne peut exprimer.

La tête est fort petite à proportion du corps ; les yeux sont encore plus petits et placés très près de l’ouverture du bec, lequel devrait être plus long et plus arqué dans la planche enluminée : enfin, Clusius assure qu’il n’y a que dix pennes à la queue, mais sans doute il ne les avait pas comptées sur un sujet vivant, et il est douteux que ceux qui nous viennent de si loin aient le nombre de leurs plumes bien complet, d’autant que cette espèce est sujette à une mue considérable et qui dure plusieurs mois chaque année. Ils se cachent pendant ce temps-là, qui est la saison des pluies pour le pays qu’ils habitent ; mais au commencement du mois d’août, c’est-à-dire après la ponte, leurs plumes reviennent, et pendant les mois de septembre et d’octobre, qui sont un temps calme, ils vont par troupes comme font les étourneaux en Europe[12].

Ce bel oiseau n’est pas fort répandu : on ne le trouve guère que dans la partie de l’Asie où croissent les épiceries, et particulièrement dans les îles d’Arou ; il n’est point inconnu dans la partie de la Nouvelle-Guinée qui est voisine de ces îles, puisqu’il y a un nom ; mais ce nom même, qui est burung-arou, semble porter l’empreinte du pays originaire.

L’attachement exclusif de l’oiseau de Paradis pour les contrées où croissent les épiceries donne lieu de croire qu’il rencontre sur ces arbres aromatiques la nourriture qui lui convient le mieux[13] ; du moins est-il certain qu’il ne vit pas uniquement de la rosée. J. Otton Helbigius, qui a voyagé aux Indes, nous apprend qu’il se nourrit de baies rouges que produit un arbre fort élevé ; Linnæus dit qu’il fait sa proie des grands papillons[14], et Bontius qu’il donne quelquefois la chasse aux petits oiseaux et les mange[15]. Les bois sont sa demeure ordinaire ; il se perche sur les arbres, où les Indiens l’attendent cachés dans des huttes légères qu’ils savent attacher aux branches, et d’où ils le tirent avec leurs flèches de roseau[16]. Son vol ressemble à celui de l’hirondelle, ce qui lui a fait donner le nom d’hirondelle de Ternate[17] ; d’autres disent qu’il a en effet la forme de l’hirondelle, mais qu’il a le vol plus élevé, et qu’on le voit toujours au haut de l’air[18].

Quoique Marcgrave place la description de cet oiseau parmi les descriptions des oiseaux du Brésil[19], on ne doit point croire qu’il existe en Amérique, à moins que les vaisseaux européens ne l’y aient transporté ; et je fonde mon assertion non seulement sur ce que Marcgrave n’indique point son nom brésilien comme il a coutume de faire à l’égard de tous les oiseaux du Brésil, et sur le silence de tous les voyageurs qui ont parcouru le nouveau continent et les îles adjacentes, mais encore sur la loi du climat. Cette loi, ayant été établie pour les quadrupèdes, s’est ensuite appliquée d’elle-même à plusieurs espèces d’oiseaux, et s’applique particulièrement à celle-ci, comme habitant les contrées voisines de l’équateur, d’où la traversée est beaucoup plus difficile, et comme n’ayant pas l’aile assez forte relativement au volume de ses plumes ; car la légèreté seule ne suffit point pour faire une telle traversée, elle est même un obstacle dans le cas des vents contraires, ainsi que je l’ai dit : d’ailleurs, comment ces oiseaux se seraient-ils exposés à franchir des mers immenses pour gagner le nouveau continent, tandis que, même dans l’ancien, ils se sont resserrés volontairement dans un espace assez étroit, et qu’ils n’ont point cherché à se répandre dans des contrées contiguës qui semblaient leur offrir la même température, les mêmes commodités et les mêmes ressources ?

Il ne paraît pas que les anciens aient connu l’oiseau de Paradis : les caractères si frappants et si singuliers qui le distinguent de tous les autres oiseaux, ces longues plumes subalaires, ces longs filets de la queue, ce velours naturel dont la tête est revêtue, etc., ne sont nulle part indiqués dans leurs ouvrages ; et c’est sans fondement que Belon a prétendu y retrouver le phénix des anciens d’après une faible analogie qu’il a cru apercevoir, moins entre les propriétés de ces deux oiseaux qu’entre les fables qu’on a débitées de l’un et de l’autre[20] : d’ailleurs on ne peut nier que leur climat propre ne soit absolument différent, puisque le phénix se trouvait en Arabie et quelquefois en Égypte, au lieu que l’oiseau de Paradis ne s’y montre jamais, et qu’il paraît attaché, comme nous venons de le voir, à la partie orientale de l’Asie, laquelle était fort peu connue des anciens.

Clusius rapporte, sur le témoignage de quelques marins, lesquels n’étaient instruits eux-mêmes que par des ouï-dire, qu’il y a deux espèces d’oiseaux de Paradis, l’une constamment plus belle et plus grande, attachée à l’île d’Arou ; l’autre, plus petite et moins belle, attachée à la partie de la terre des Papous, qui est voisine de Gilolo[21]. Helbigius, qui a ouï dire la même chose dans les îles d’Arou, ajoute que les oiseaux de Paradis de la Nouvelle-Guinée, ou de la terre des Papous, diffèrent de ceux de l’île d’Arou, non seulement par la taille, mais encore par les couleurs du plumage, qui est blanc et jaunâtre : malgré ces deux autorités, dont l’une est trop suspecte et l’autre trop vague pour qu’on puisse en rien tirer de précis, il me paraît que tout ce qu’on peut dire de raisonnable, d’après les faits les plus avérés, c’est que les oiseaux de Paradis qui nous viennent des Indes ne sont pas tous également conservés, ni tous parfaitement semblables ; qu’on trouve en effet de ces oiseaux plus petits ou plus grands ; d’autres qui ont les plumes subalaires et les filets de la queue plus ou moins longs, plus ou moins nombreux ; d’autres qui ont ces filets différemment posés, différemment conformés, ou qui n’en ont point du tout ; d’autres, enfin, qui diffèrent entre eux par les couleurs du plumage, par des huppes ou touffes de plumes, etc., mais que dans le vrai il est difficile, parmi ces différences aperçues dans des individus presque tous mutilés, défigurés, ou du moins mal desséchés, de déterminer précisément celles qui peuvent constituer des espèces diverses, et celles qui ne sont que des variétés d’âge, de sexe, de saison, de climat, d’accident, etc.

D’ailleurs, il faut remarquer que les oiseaux de Paradis étant fort chers comme marchandise, à raison de leur célébrité, on tâche de faire passer sous ce nom plusieurs oiseaux à longue queue et à beau plumage, auxquels on retranche les pieds et les cuisses pour en augmenter la valeur. Nous en avons vu ci-dessus un exemple dans le rollier de Paradis, cité par M. Edwards, planche cxii, et auquel on avait accordé les honneurs de la mutilation : j’ai vu moi-même des perruches, des promérops, d’autres oiseaux qu’on avait ainsi traités, et l’on en peut voir plusieurs autres exemples dans Aldrovande et dans Seba[22]. On trouve même assez communément de véritables oiseaux de Paradis qu’on a tâché de rendre plus singuliers et plus chers en les défigurant de différentes façons. Je me contenterai donc d’indiquer, à la suite des deux espèces principales, les oiseaux qui m’ont paru avoir assez de traits de conformité avec elles pour y être rapportés, et assez de traits de dissemblance pour en être distingués, sans oser décider, faute d’observations suffisantes, s’ils appartiennent à l’une ou à l’autre, ou s’ils forment des espèces séparées de toutes les deux.


Notes de Buffon
  1. Voyez Acosta, Hist. naturelle et morale des Indes orientales et occidentales, p. 196.
  2. On a cru rendre la chose plus vraisemblable en disant que le mâle avait sur le dos une cavité dans laquelle la femelle déposait ses œufs, et les couvait au moyen d’une autre cavité correspondante qu’elle avait dans l’abdomen, et que, pour assurer la situation de la couveuse, ils s’entrelaçaient par leurs longs filets. D’autres ont dit qu’ils nichaient dans le Paradis terrestre, d’où leur est venu le nom d’oiseaux de Paradis. Voyez Musæum Wormianum, p. 294.
  3. Voyez Aldrovande, Ornithologia, t. Ier, p. 820.
  4. Les Indiens disent qu’on les trouve toujours le bec fiché en terre… Navigations aux terres australes, t. II, p. 252. Et en effet, conformés comme ils sont, ils doivent toujours tomber le bec le premier.
  5. M. Barrère, qui semble ne parler que par conjectures sur cet article, avance que les oiseaux de Paradis ont les pieds si courts et tellement garnis de plumes jusqu’aux doigts, qu’on pourrait croire qu’ils n’en ont point du tout. C’est ainsi qu’en voulant expliquer une erreur, il est tombé dans une autre.
  6. Les habitants des îles d’Arou croient que ces oiseaux naissent à la vérité avec des pieds, mais qu’ils sont sujets à les perdre, soit par maladie, soit par vieillesse. Si le fait était vrai, il serait la cause de l’erreur et son excuse. (Voyez les Observations de J. Otton Helbigius, dans la Collection académique, partie étrangère, t. III, p. 448.) Et s’il était vrai, comme le dit Olaüs Vormius (Musæum, p. 295), que chacun des doigts de cet oiseau eût trois articulations, ce serait une singularité de plus ; car l’on sait que dans presque tous les oiseaux le nombre des articulations est différent dans chaque doigt, le doigt postérieur n’en ayant que deux, compris celle de l’ongle, et parmi les antérieures l’interne en ayant trois, celui du milieu quatre et l’extrême cinq.
  7. « Antonius Pigafetta pedes illis palmum unum longos falsissimè tribuit. » Aldrovande, t. Ier, p. 807.
  8. Je les nomme ainsi parce qu’elles naissent sub alâ.
  9. Aussi dit-on qu’il a la grosseur apparente du pigeon, quoiqu’il soit en effet moins gros que le merle.
  10. Les îles d’Arou sont divisées en cinq îles : il n’y a que celles du milieu où l’on trouve ces oiseaux ; ils ne paraissent jamais dans les autres, parce qu’étant d’une nature très faible, ils ne peuvent pas supporter les grands vents. Helbigius, loco citato.
  11. Ornithologie, t. II, p. 135. Les habitants du pays disent que les femelles sont plus petites que les mâles, selon J. Otton Helbigius.
  12. J. Helbigius, dans la Collection académique, partie étrangère, t. III, p. 448.
  13. Tavernier remarque que l’oiseau de Paradis est en effet très friand de noix muscades, qu’il ne manque pas de venir s’en rassasier dans la saison ; qu’il en passe des troupes comme nous voyons des volées de grives pendant les vendanges, et que cette noix, qui est forte, les enivre et les fait tomber. Voyage des Indes, t. III, p. 369.
  14. Systema Naturæ, édit. X, p. 110.
  15. Bontius, Historia nat. et medic. Indiæ orient., lib. v, cap. xii.
  16. Il y en a qui leur ouvrent le ventre avec un couteau dès qu’ils sont tombés à terre, et ayant enlevé les entrailles avec une partie de la chair, ils introduisent dans la cavité un fer rouge, après quoi on les fait sécher à la cheminée, et on les vend à vil prix à des marchands. J. Helbigius, loco citato.
  17. Voyez Bontius, loco citato.
  18. Navigations aux terres australes, t. II, p. 252.
  19. Historia naturalis Brasiliæ, p. 219.
  20. « Auri fulgore circa colla, cœlera purpureus », dit Pline, en parlant du phénix, puis il ajoute… « neminem exstitisse qui vederit vescentem », lib. x, cap. ii.
  21. Clusius, Exotic., in Auctario, p. 359. J. Otton Helbigius parle de l’espèce qui se trouve à la Nouvelle-Guinée comme n’ayant point à la queue les deux longs filets qu’a l’espèce de l’île d’Arou.
  22. La seconde espèce de manucodiata d’Aldrovande (t. Ier, p. 811 et 812) n’a ni les filets de la queue, ni les plumes subalaires, ni la calotte de velours, ni le bec, ni la langue des oiseaux de Paradis ; la différence est si marquée que M. Brisson s’est cru fondé à faire de cet oiseau un guêpier : cependant on l’avait mutilé comme un oiseau de Paradis. À l’égard de la cinquième espèce du même Aldrovande, qui est certainement un oiseau de Paradis, c’est tout aussi certainement un individu non seulement mutilé, mais défiguré. — Des dix oiseaux représentés et décrits par Seba sous le nom d’oiseaux de Paradis, il n’y en a que quatre qui puissent être rapportés à ce genre ; savoir, ceux des planches xxxviii, fig. 5 ; lx, fig. 1, et lxiii, fig. 1 et 2. Celui de la planche xxx, fig. 5, n’est point oiseau de Paradis, et n’a aucun de ses attributs distinctifs, non plus que ceux des planches xlvi et lii : ce dernier est la vardiole dont j’ai parlé à l’article des pies. Ces trois espèces ont à la queue deux pennes excédantes très longues, mais qui, étant emplumées dans toute leur longueur, ressemblent peu aux filets des oiseaux de Paradis. Les deux de la planche lx, fig. 2 et 3, ont aussi les deux longues pennes excédantes et garnies de barbes dans toute leur longueur ; et, de plus, ils ont le bec de perroquet ; ce qui n’a pas empêché qu’on ne leur ait arraché les pieds comme à des oiseaux de Paradis : enfin, celui de la planche lxvi, non seulement n’est point un oiseau de Paradis, mais n’est pas même du pays de ces oiseaux, puisqu’il était venu à Seba des îles Barbades.
Notes de l’éditeur
  1. Paradisæa apoda L. [Note de Wikisource : actuellement Paradisaea apoda Linnæus, vulgairement paradisier grand-émeraude]. — L’oiseau de Paradis appartient à l’ordre des Dentirostres et à la famille des Paradiséidés, caractérisée par un bec comprimé, droit ou légèrement recourbé ; des pieds forts et munis de gros doigts ; les rectrices moyennes, longues, filiformes, pourvues de barbes à leur extrémité seulement, et, chez le mâle, des aigrettes de plumes décomposées disposées sur les côtés du corps, au cou et à la poitrine.

    Le Paradisæa apoda a 30 centimètres de long ; la « couleur dominante, chez lui, est un beau brun châtain ; le front est noir velouté, à reflets vert émeraude ; le sommet de la tête et la partie supérieure du cou sont d’un jaune citron ; la gorge est vert doré ; la partie antérieure du cou d’un brun violet ; les longues plumes des côtés sont d’un jaune orange vif, marquées de points rouges pourpre à leur extrémité. Exposées au soleil, ces parures perdent rapidement leur éclat. L’iris est jaune blanchâtre ; le bec et les pattes sont gris bleuâtre. La femelle n’a pas de parures aux flancs, ni de brun à la queue ; ses teintes sont ternes ; elle a le dos gris fauve brunâtre, la gorge d’un violet grisâtre et le ventre jaune fauve. » (Brehm.)

  2. Buffon fait allusion à ses planches enluminées.