CHAPITRE XVII.

DE L’ANCIENNE EXTENSION DES GLACIERS DANS LES ALPES.


Après avoir étudié les phénomènes qui démontrent des oscillations fréquentes des glaciers, dans des limites étroites qui peuvent en quelque sorte être constatées d’année en année, nous allons maintenant nous occuper des oscillations plus considérables auxquelles les glaciers ont été soumis, ou plutôt de l’extension immense qu’ils ont eue, à une époque antérieure à l’histoire, Les faits qui démontrent cette immense extension des glaciers, dans des limites qui dépassent tout ce que la tradition nous a conservé, sont très-nombreux et s’observent plus ou moins dans toutes les vallées alpines. Leur étude est même facile, lorsqu’on est sur la voie, et qu’on a appris à saisir jusqu’aux moindres indices de leur présence. Si l’on a été si long-temps avant de les remarquer et de les rattacher aux phénomènes des glaciers, c’est parce qu’ils sont souvent isolés et plus ou moins éloignés de leur source première. Et s’il est vrai que ce soit une prérogative de l’observateur scientifique, de pouvoir lier dans son esprit des faits qui apparaissent sans liaison à la foule, c’est surtout dans ce cas qu’il est appelé à en faire usage. J’ai souvent comparé par devers moi ces faibles traces des effets du temps passé, produits par les glaciers, à l’apparence d’une pierre lithographique préparée pour être long-temps conservée, et sur laquelle on n’aperçoit les traces du travail qui y est empreint, que lorsqu’on sait où et comment le chercher.

Le fait de l’ancienne existence de glaciers qui ont disparu se démontre par la présence des divers phénomènes qui les accompagnent constamment, et qui peuvent continuer à subsister lors même que la glace a disparu. Ces phénomènes sont les suivans :

1o  Les moraines. Leur disposition et leur composition les rendent toujours reconnaissables, lors même qu’elles ne reposent plus sur le bord des glaciers, ou qu’elles ne cernent plus immédiatement leur extrémité inférieure. Je les ai décrites assez en détail, au chapitre 8, pour n’être pas obligé d’y revenir ici. Je ferai cependant remarquer que les moraines latérales et terminales peuvent seules faire reconnaître avec certitude les diverses limites de l’extension des glaciers, parce qu’elles sont faciles à distinguer des digues et des nappes irrégulières de blocs que charrient les torrens des Alpes. Les moraines latérales déposées sur le flanc des vallées sont rarement atteintes par les torrens du fond ; mais elles sont, en revanche, souvent coupées par les eaux qui ruissèlent le long des parois, et qui, en interrompant leur continuité, les rendent d’autant plus difficiles à reconnaître.

2o  Les blocs perchés. Il arrive souvent que les glaciers entourent des pointes saillantes de rochers et forment autour d’elles des entonnoirs plus ou moins profond, dont les parois s’arrondissent par l’effet de la réverbération. Lorsque le glacier s’abaisse et se retire, les blocs qui sont tombés dans ces entonnoirs restent souvent perchés sur la pointe du rocher qui en occupe le fond, dans des conditions d’équilibre telles, que toute idée de courans, comme cause de leur transport, est complètement inadmissible dans une pareille position. Lorsque des pointes semblables de rocher font saillie au-dessus de la surface du glacier, (voy. Pl. 4) ou qu’elles apparaissent comme des îlots plus considérables au milieu de sa masse, comme le jardin de la Mer de glace au-dessus du Montanvert, leurs flancs se revêtent de blocs qui les entourent de toutes parts et finissent par former une sorte de couronne autour de leur sommet, lorsque le glacier s’abaisse ou se retire complètement. Les courans ne produisent rien de semblable ; au contraire, lorsqu’un torrent se brise contre un rocher saillant, les blocs qu’il charrie le contournent pour former plus loin une traînée plus ou moins régulière. Jamais, dans des circonstances pareilles, les blocs ne peuvent s’arrêter en amont ni sur les flancs du rocher ; car, de ce côté, la vitesse du courant est accélérée par la résistance, et les blocs mobiles sont entraînés avec violence au-dessous de la saillie, où ils se déposent.

3o  Les roches polies et striées, telles qu’elles ont été décrites au chapitre 14, sont encore un phénomène qui signale incontestablement la présence d’un glacier ; car, ainsi que nous l’avons dit plus haut, ni les courans, ni les vagues des grandes plages ne produisent des effets semblables. La direction générale de leurs stries et de leurs sillons indique la direction du mouvement général du glacier ; les stries qui dévient plus ou moins de cette direction générale sont dues à des effets locaux de dilatation et de retrait dont nous traiterons plus bas.

4o  Les lapiaz ou lapiz, que les habitans de la Suisse allemande appellent Karrenfelder. Il n’est pas toujours possible de les distinguer des érosions, parce que, produits comme ces dernières par les eaux, ils n’en diffèrent pas dans leurs caractères extérieurs, mais uniquement par leur position. Les érosions des torrens occupent toujours des dépressions plus ou moins profondes, et ne s’étendent jamais sur de grandes surfaces inclinées. Les lapiaz, au contraire, se rencontrent fréquemment sur les parties saillantes des parois des vallées, en des endroits où il n’est pas possible de supposer que des eaux aient jamais formé des courans. Certains géologues, fort embarrassés d’expliquer ces phénomènes, ont supposé qu’ils étaient dus à des infiltrations d’eaux acidulées ; mais cette supposition est purement gratuite.

Nous allons maintenant décrire les traces de ces divers phénomènes, tels qu’ils se rencontrent dans les Alpes, en dehors des limites actuelles des glaciers, afin de démontrer qu’à une certaine époque, ces derniers ont eu une plus grande extension que maintenant.

Les anciennes moraines, situées à de grandes distances des glaciers actuels, ne sont nulle part aussi distinctes et aussi fréquentes que dans le Valais, où MM. Venetz et J. de Charpentier les ont signalées pour la première fois. Mais comme leurs observations sont encore inédites, et que ce sont eux qui m’ont appris à les reconnaître, ce serait m’approprier leur découverte si je les décrivais ici en détail. Je me bornerai donc à dire qu’on retrouve des traces plus ou moins distinctes d’anciennes moraines terminales, en forme de digues cintrées, au-dessous de tous les glaciers, à la distance de quelques minutes, d’un quart d’heure, d’une demi-heure, d’une heure, et même de plusieurs lieues de leur extrémité actuelle : ces traces deviennent de moins en moins distinctes à mesure que l’on s’éloigne des glaciers, et comme elles sont souvent traversées par des torrens, elles ne sont pas aussi continues que les moraines qui cernent les glaciers de plus près. Plus ces anciennes moraines sont éloignées des glaciers et plus elles s’élèvent sur les parois de la vallée ; ce qui nous prouve que l’épaisseur du glacier a dû être d’autant plus considérable que son étendue était plus grande. Leur nombre indique en même temps autant de points d’arrêt dans le retrait du glacier, ou autant de limites extrêmes de son extension, limites qu’il n’a plus atteintes après s’être retiré. J’insiste sur ce point, parce que s’il est vrai que toutes ces moraines démontrent une extension plus grande des glaciers, elles nous prouvent en même temps que leur retrait dans les limites actuelles, loin d’avoir été brusque, ou au contraire été marqué par des temps d’arrêt plus ou moins nombreux, qui ont occasionné la formation d’une série de moraines concentriques qui rappellent encore maintenant cette marche.

M. Venetz, dans son mémoire sur la température des Alpes[1], cite un grand nombre d’exemples d’anciennes moraines. En voici quelques-uns des plus remarquables :

1) « Les chalets de Giéta dans la vallée du Mont-Joie, en Savoie, sont bâtis entre trois anciennes moraines que le glacier de Trelatête a jadis poussées jusque là. En 1821, ce glacier en était éloigné d’environ 7 000 pieds. »

2) « Le glacier de Salénaz, dans la vallée de Ferret, sur le Valais, a laissé sur sa droite une énorme moraine qui est, a vue d’œil, à environ 8 000 pieds de l’extrémité du glacier actuel. En examinant cette moraine et ses environs, on ne doute nullement que le glacier n’ait jadis occupé le village des Plans des Fours. Cette contrée, autrefois occupée par les glaces, est maintenant couverte de belles prairies et de forêts, dont une très-épaisse occupe la moraine.

3) « Le glacier de Rossboden sur le Simplon a plusieurs anciennes moraines qui démontrent qu’à l’endroit où le torrent de Wali (Walibach) traverse la grande route, le glacier avait autrefois plus de 200 pieds d’épaisseur. Le petit village d’An-der-Eggen est élevé sur l’une de ces moraines ; la dernière est à environ 7 000 pieds du glacier actuel » (voy. la pl. qui accompagne le Mém. de M. Venetz p. 26).

4) « Le glacier de Sirwolten a laissé sur sa gauche, au-dessous de l’ancien hospice du Simplon, trois moraines, qui se trouvent maintenant à une bonne lieue du glacier. »

5) « Entre le chalet de Lorenze, situé près du chemin de Rawyl, commune d’Ayent, et le premier grenier de Rawyl, on trouve une grande moraine couverte de hauts mélèzes ; cette moraine est à une forte lieue de marche du glacier. »

6) « Le glacier de l’Ossera, dans la vallée d’Hermence, a laissé de grandes moraines ; la plus éloignée de l’extrémité actuelle du glacier en est à une forte demi-lieue. »

7) « Sur la gauche du glacier de Combaly, au-dessus des chalets de la vallée d’Hermence, on remarque des moraines qui descendent à 2 000 pieds plus bas que le glacier actuel. »

8) « Les villages de Ried, Bodmen et Halten dans le Haut-Valais, sont bâtis sur une ancienne moraine ; le glacier de Viesch qui l’a jadis déposée, en est maintenant éloigné de plus de 12 000 pieds. »

À ces exemples cités par M. Venetz, je pourrais en ajouter d’autres non moins concluans, tels que les moraines que l’on rencontre dans la vallée d’Oberhasli, à un quart de lieue de Meiringen, et qui maintenant sont à plusieurs lieues des glaciers les plus rapprochés ; la grande moraine de la vallée de Kandersteg, située en face de l’auberge, et qui maintenant est éloignée de plus d’une lieue du glacier d’Œschinnen ; elle a la forme d’un immense croissant adossé au First ; dans sa partie centrale, elle présente deux arêtes, et à ses extrémités plusieurs ailes concentriques ; son côté abrupte est tourné vers Kandersteg ; il en découle continuellement des torrens de boue et de gravier. En face de l’Altels, on remarque également une très-grande moraine terminale double qui se réunit, au-dessous du Rinderhorn, à une immense avalanche de cette dernière crête. Enfin je citerai encore la moraine située près de la chapelle des Tines, à une demi-lieue du glacier des Bois, et sur laquelle Saussure a déjà appelé l’attention comme sur un phénomène très-extraordinaire.

Les traces de moraines longitudinales sont moins fréquentes, moins distinctes, et plus difficiles à poursuivre, parce que, désignant les niveaux auxquels les bords des glaciers se sont élevés, à différentes époques, c’est ordinairement au-dessus des sentiers qui longent les parois escarpées des vallées qu’il faut les chercher, à des hauteurs où il n’est pas toujours possible de cheminer dans le sens de la vallée. Souvent aussi les parois de la vallée qui ont encaissé le glacier sont tellement escarpées, qu’il n’y a que par-ci par-là quelques blocs qui ont pu rester en place. Elles sont cependant très-distinctes dans la partie inférieure de la vallée du Rhône, entre Martigny et le lac de Genève, où l’on en observe plusieurs rangées parallèles les unes au-dessus des autres, à des niveaux de 1 000, 1 200 et même 1 500 pieds au-dessus du Rhône. C’est entre Saint-Maurice et la cascade de Pissevache, près du hameau de Chaux-Fleurie, qu’elles sont le plus accessibles ; ici les parois de la vallée présentent de petits gradins, à différens niveaux, sur lesquels les moraines se sont conservées. Elles sont également très-distinctes au-dessus des bains de Lavey et au-dessus du village de Monthey, à l’entrée du Val d’Illiers, où les flancs de la vallée sont moins inclinés que dans beaucoup d’autres localités.

Les blocs perchés, que l’on trouve dans les vallées alpines, à des distances considérables des glaciers, occupent parfois des positions si extraordinaires qu’ils piquent à un haut degré la curiosité de tous ceux qui les observent. En effet, lorsqu’on voit un bloc de forme anguleuse perché sur le sommet d’une pyramide isolée, ou accolé en quelque sorte à une paroi très-raide, la première idée qui se présente à l’esprit, c’est de s’enquérir quand et comment ces blocs ont été déposés en pareils lieux, d’où le moindre choc semblerait devoir les renverser. Mais ce phénomène n’a plus rien d’étonnant, lorsqu’on sait qu’il se reproduit également dans les limites des glaciers actuels, et que l’on se rappelle par quelles circonstances il y est occasionné. Et comme ces blocs sont ordinairement accompagnés de surfaces polies, ils nous fournissent une autre preuve que les localités dans lesquelles on les trouve ont jadis été occupées par les glaces. Les exemples les plus curieux de blocs perchés que l’on puisse citer, sont ceux qui dominent, au nord, la cascade de Pissevache, près de Chaux-Fleurie, et au-dessus des bains de Lavey ; ceux que l’on rencontre en montant des bains de Lavey au village de Morcles, et ceux, plus rares, que j’ai vus dans les vallées de Saint-Nicolas et d’Oberhasli. Au Kirchet, près de Meiringen, on voit des couronnes très-remarquables de blocs, autour de plusieurs dômes de rochers, qui paraissent avoir fait saillie au-dessus de la surface du glacier qui les entourait. Quelque chose de tout-à-fait semblable se voit autour du sommet de la roche de Saint-Triphon.

Le phénomène si extraordinaire des blocs perchés ne pouvait échapper à l’œil observateur de Saussure. Il en signale plusieurs sur le Salève, dont il décrit la position de la manière suivante : « On voit, dit-il, sur le penchant d’une prairie inclinée, deux de ces grands blocs de granit élevés l’un et l’autre au-dessus de l’herbe, à la hauteur de deux ou trois pieds, par une base de roche calcaire sur laquelle chacun d’eux repose. Cette base est une continuation des bancs horizontaux de la montagne, elle est même liée avec eux par sa face postérieure ; mais elle est coupée à pic sur les autres côtés, et n’est pas plus étendue que le bloc qu’elle porte[2]. » Or, comme la montagne entière est composée du même calcaire que cette base, de Saussure en conclut naturellement qu’il serait absurde de supposer que ce fond se fût élevé précisément et uniquement au-dessous de ces blocs de granit. Mais, d’un autre côté, comme il ignorait la manière dont ces blocs perchés sont déposés de nos jours par les glaciers, il eut recours à une autre explication : il suppose que le rocher s’est abaissé autour de cette base, par l’effet de l’érosion continuelle des eaux et de l’air, tandis que la portion de rocher qui sert de base au granit aurait été protégée par ce dernier. Cette explication, quoique très-ingénieuse, ne saurait plus être admise, depuis que les recherches de M. Élie de Beaumont ont démontré que l’action des agens atmosphériques n’est pas, à beaucoup près, aussi destructive qu’on le croyait auparavant. Saussure parle encore d’un bloc détaché situé sur le passage de la Tête-Noire, « qui est, dit-il, d’une si grande taille, qu’on serait tenté de le croire né dans la place qu’il occupe ; on le nomme Barme rousse, parce qu’il est encavé par dessous, de manière qu’il pourrait servir d’abri à plus de trente personnes à la fois[3].

Les roches polies s’étendent généralement bien au-delà des limites des glaciers jusque dans la partie inférieure des vallées alpines, et souvent à de très-grandes distances des glaciers actuels. Les flancs des vallées en sont également affectés jusqu’à des hauteurs que les glaciers n’ont plus atteintes de mémoire d’homme. Si, comme nous l’avons vu plus haut (p. 189), il ne peut exister aucun doute sur la cause de ces roches polies, si ce sont bien les glaciers qui leur donnent leur aspect si particulier, dans des limites où on les voit encore en contact avec les glaces, on ne saurait douter que les glaciers se soient étendus et élevés jusqu’aux limites extrêmes où l’on en retrouve des traces de nos jours. Or, ces limites sont, dans la plupart des cas, les mêmes que celles des anciennes moraines, et l’on conçoit qu’il doive en être ainsi, du moment que l’on sait que les roches polies sont dues, ainsi que les anciennes moraines, à la grande extension des glaciers d’autrefois.

Je range parmi les roches polies les plus remarquables de la Suisse, celles que j’ai observées avec M. Studer, sur le sommet du Riffel, dans la vallée de Saint-Nicolas, au-dessus du glacier de Zermatt (Pl. 6, 7 et 8). Elles sont d’un poli si parfait, qui ressemble si fort à celui des rochers sur lesquels le glacier repose actuellement, qu’en les voyant, M. Studer lui-même s’est rendu à l’évidence des faits, après les avoir long-temps méconnus. Je suis fier d’avoir opéré cette conversion ; car, aux yeux de plusieurs, elle aura plus de valeur que les faits que j’ai observés, et elle me prouve, ce qui est bien rare, mais bien digne d’un homme scientifique, que M. Studer sait abandonner franchement et publiquement une opinion, lorsqu’il a reconnu qu’elle est erronée. M. Studer ayant déjà donné lui-même une description de ces roches polies dans le Bulletin de la Société géologique de France[4] ; et M. Desor, dans le journal de notre voyage au Mont-Rose et au Mont-Cervin, dans la Bibliothèque universelle de Genève[5], je renvoie mes lecteurs à ces deux notices. Sur les flancs et au-dessous du glacier du Rhône, on observe aussi des roches polies ; elles sont particulièrement distinctes à quelque distance du glacier, et au-dessus du village d’Oberwald, où M. Guyot les a signalées en premier lieu. Plus bas, on en retrouve des traces, de distance en distance, jusqu’à Viesch, partout où la roche est de nature à maintenir les effets du poli : j’en ai observé, entre autres, de très-caractéristiques dans la vallée de Viesch (Pl. 9). Même dans les environs de la ville de Louèche, on rencontre encore quelques traces de roches polies, qui sont sans doute dues à la plus grande extension des glaciers de la vallée de Lœtsch. Plus bas encore on les retrouve aux environs de Martigny. Mais dans toute la vallée du Rhône elles ne sont nulle part aussi bien conservées que près de Pissevache, au-dessus du village d’Évionnaz et aux environs de Morcles, où les roches granitiques sont généralement moutonnées.

Dans la vallée d’Oberhasli, les surfaces polies se laissent poursuivre sans interruption notable depuis l’issue du glacier jusqu’à Meiringen. Les parois du cirque dans lequel est situé l’hospice du Grimsel, sont polies depuis leur base jusqu’à leur sommet, à tel point que l’on a été obligé de hacher des sillons dans le granit pour empêcher les chevaux de glisser. Plus loin, en longeant le cours de l’Aar, on distingue encore, à la lunette, ces mêmes polis jusqu’au sommet des plus hautes cimes. Les flancs du Sidelhorn en sont pourvus en beaucoup d’endroits. En faisant, cette année (1840), l’ascension de cette montagne, j’ai mesuré la hauteur de plusieurs de ces surfaces que j’ai trouvé être de près de 8 000 pieds, c’est-à-dire de plus de 2 590 pieds au-dessus du fond de la vallée. À l’Abschwung (Pl. 14, voyez la planche au trait), on en découvre encore à des niveaux plus élevés. Enfin il n’est personne qui, en montant au Grimsel, n’ait été frappé d’étonnement à la vue de cette vaste surface, polie comme le plus beau marbre, que l’on rencontre au-dessus de la Handeck, et qui porte dans la vallée le nom de Hœllenplatte. Je l’ai représentée, Pl. 15, afin de faire voir la ressemblance frappante de ces surfaces polies des Alpes avec celles que l’on rencontre dans le Jura. Les dômes arrondis au-dessus de la chute de la Handeck (Pl. 16) ne sont pas moins dignes d’attention, à cause de leur forme et de leur position extraordinaires. Il suffit de les avoir vus pour être convaincu que l’eau ne saurait les avoir occasionnés.

Toutes ces surfaces ne sont pas seulement unies et polies, elles présentent aussi les mêmes sillons et les mêmes raies que l’on observe sous les glaciers actuels. M. Mousson, dans son ouvrage sur la géologie des environs de Baden[6], mentionne particulièrement les sillons des environs du Grimsel, qui, dit-il, s’élèvent à une grande hauteur au-dessus du fond de la vallée : il les attribue, ainsi que le poli des roches, au frottement de blocs qui auraient été entraînés par un courant. Il va même jusqu’à prétendre que, même sans admettre une vitesse exagérée, des masses de pierres du volume des blocs erratiques auraient pu user les parois de ces vallées. Quant à moi, je n’ai jamais pu concevoir un courant qui, dans des régions aussi élevées que le Grimsel[7], se serait élevé à quelques mille pieds au-dessus du fond de la vallée, et qui, à un niveau pareil, aurait tenu en suspension des blocs capables de polir complètement les flancs de toute la vallée. Je ne demanderai pas à M. Mousson quelle a dû être la durée d’un courant capable de produire des effets pareils, mais bien d’où il fait venir les masses d’eau nécessaires à alimenter un pareil torrent ; car nous savons que les grands névés du Lauteraar et du Finsteraar ne sont pas même aussi exhaussés que les plus hautes traces de roches polies. Les plateaux plus élevés qui s’étendent derrière n’occupent, avec les plus hautes cimes, que des espaces relativement très-bornés. Or, pour peu qu’il y ait eu des courans pareils dans plusieurs directions, ce qui, dans cette hypothèse, est de toute rigueur, je n’entrevois pas, à moins d’admettre des déluges partiels, la possibilité d’une accumulation d’eau suffisante pour donner lieu à d’aussi immenses torrens.

D’ailleurs les surfaces polies dont il est ici question portent tous les caractères des polis résultant de l’action des glaciers ; elles sont uniformes et parfaitement lisses, tandis que les polis produits par l’eau sont inégaux et mats, ainsi que nous l’avons démontré plus haut. De plus, ces surfaces sont toujours mieux conservées dans les hautes vallées, où les glaciers ont agi plus long-temps que dans les vallées inférieures, tandis que si elles provenaient de courans, ce serait le contraire qui aurait lieu, comme l’a fort bien fait remarquer M. de Charpentier[8], attendu que les effets de ces derniers sont d’autant plus considérables que leur vitesse s’est accrue par un long cours sur une pente rapide.

Les lapiaz ou Karrenfelder peuvent devenir des témoins aussi irrécusables en faveur de l’ancienne extension des glaciers, que les surfaces polies et les anciennes moraines, du moment que l’on a saisi leur caractère particulier, et que l’on a appris à les distinguer des érosions produites par les torrens. On en rencontre de nombreuses traces le long de la Scheideck, entre Meiringen et Grindelwald ; mais les plus remarquables que je connaisse dans l’enceinte des Alpes, sont situées dans la vallée d’Oberhasli, à un quart de lieue de Meiringen, sur le monticule qui porte le nom de Kirchet. Ce monticule est couvert de blocs erratiques, et ses parois abruptes sont polies de tous les côtés, de manière à en rendre l’ascension très-difficile. J’essayai cependant d’y monter, et en arrivant au sommet, je fus tout surpris de trouver sa surface, qui n’a guère plus de cent pieds de large, sillonnée d’une quantité de rigoles très-profondes. Il est impossible que sur une aussi petite surface les eaux atmosphériques aient jamais donné lieu au moindre petit filet d’eau. Le phénomène de pareils sillons, dans une localité semblable, suffirait par conséquent pour démontrer qu’un glacier a jadis recouvert ce monticule, et que ce sont ses cascades qui ont occasionné ces lapiaz, alors même que les parois du monticule ne seraient pas aussi polies qu’elles le sont, et que sa surface ne serait pas recouverte de blocs de granit gisant sur un fond calcaire.

Dans le voisinage des anciens lapiaz, on rencontre aussi parfois des creux d’anciennes cascades qui peuvent également contribuer à constater la présence de glaciers dans les lieux où on les observe, surtout lorsque leur position ne permet point d’admettre qu’ils sont dus à l’action de quelque torrent qui aurait cessé de couler. M. de Charpentier m’en a fait voir de semblables dans le voisinage de Bex. Il en existe également sur le Salève, où ils ont déjà été signalés par Saussure[9]. « On voit, dit-il, à la surface de ces rochers, des cavités arrondies de plusieurs pieds de diamètre et de deux ou trois pieds de profondeur. » Et il ajoute que « comme leurs ouvertures se trouvent placées sur la face verticale de rochers escarpés, on ne peut pas supposer qu’elles ont été formées par la chute des eaux de montagne. » Ne trouvant point d’explication plausible, l’illustre voyageur des Alpes se contente de dire qu’elles paraissent « avoir été creusées par des filets du courant, qui se jetaient directement et avec impétuosité contre les parties les plus saillantes et les plus exposées ». Il est impossible de ne pas sentir tout ce qu’il y a d’invraisemblable dans cette explication ; car, même en supposant que des filets d’eau fussent capables d’user et de faire disparaître, avec le temps, les aspérités du sol qui leur font obstacle, on ne conçoit pas pourquoi ils auraient creusé des excavations aux mêmes endroits. Ce sont évidemment des traces d’anciennes cascades.

Mais ces creux ne se rencontrent pas exclusivement sur les endroits en relief ; on en trouve sur des surfaces planes, dans des dépressions, et même dans les lits des rivières et des torrens. On voit, entre autres, sous le premier pont de l’Aar, qui est au-dessus de la Handeck, une grande cuve, à-peu-près circulaire, de 5 à 6 pieds de diamètre, qui se trouve dans une position telle, qu’on ne peut guère supposer qu’elle ait été creusée par le torrent qui y coule maintenant. Les puits des géans en Suède, qui de tout temps ont si fort préoccupé les physiciens, seraient-ils peut-être de semblables creux de cascades des anciens glaciers du Nord ?

Malgré les nombreuses courses que j’ai faites en vue d’étudier sur la plus grande échelle possible les phénomènes que je viens de décrire, je ne puis cependant pas encore lier tous les faits que j’ai observés de manière à en former un réseau sans lacunes, embrassant tout le sol de la Suisse. La vie d’un homme ne suffirait point à un pareil travail ; je me bornerai pour le moment à signaler encore quelques faits observés à des distances plus ou moins considérables de ceux que je viens de décrire, afin de faire du moins entrevoir la généralité du phénomène dont il s’agit dans les autres parties de la Suisse qui se rattachent à la chaîne des Alpes.

Le phénomène des blocs erratiques est connu partout dans l’intérieur des vallées alpines. Il a été décrit par MM. de Saussure[10] et A. DeLuc[11] pour les Alpes de Savoie ; par MM. de Buch[12] et de Charpentier[13] pour les Alpes Valaisannes ; par M. Studer[14] pour les Alpes bernoises ; par M. Escher de la Linth[15] pour les Alpes orientales et par M. De La Bèche[16] pour les Alpes tessinoises. Les roches polies ont été reconnues par M. Studer dans le Val-Anzasca, dans le Val-Quarrazza et dans la vallée d’Aoste ; M. Guyot les a signalées dans le Tessin et dans le canton de Glaris ; enfin M. Studer a décrit les lapiaz de plusieurs points très-éloignés de la chaîne des Alpes. Des cartes représentant tous ces phénomènes dans leur liaison seraient du plus haut intérêt et contribueraient puissamment à rendre sensible ce que les descriptions ne dépeignent qu’imparfaitement.

La présence simultanée, dans la partie inférieure des vallées alpines, de tous les phénomènes qui accompagnent constamment les glaciers me paraît être la preuve la plus convaincante que l’on puisse exiger de la plus grande extension qu’on leur a attribuée. Cette simultanéité de faits dus à des causes différentes, dans le phénomène général des glaciers, prouve évidemment que ni les traînées de blocs que l’on a envisagées comme d’anciennes moraines, ni les blocs perchés, ni les roches polies et striées, ni les lapiaz, ni les creux de cascades ne sauraient être attribués à d’autres causes qu’au glacier ; car il n’y a que le glacier qui produise tous ces accidens à la fois. En effet, si l’on pouvait attribuer les roches polies et striées à des courans, on ne concevrait pas que les mêmes vallées présentassent aussi dans les mêmes localités des moraines, des blocs perchés, des lapiaz et des creux de cascades. Et quand on connaît l’influence immense que le glacier exerce sur son fond, en se mouvant, on ne saurait soutenir sérieusement l’idée qui a été émise, que les roches polies et le détritus du fond des glaciers datent d’une époque antérieure à la formation des glaces.

Si donc nous sommes parvenus à démontrer la présence des glaciers jusque dans la partie inférieure des vallées alpines, si même nous avons acquis la certitude qu’ils y remplissaient les vallées jusqu’à des niveaux très-considérables au-dessus de leur fond, nous aurons en même temps prouvé que tout le massif de nos Alpes a été couvert d’une immense mer de glace, d’où découlaient de grands émissaires descendant jusqu’au bord des basses contrées environnantes, c’est-à-dire jusque dans la grande plaine suisse et jusque dans la plaine du nord de l’Italie, de la même manière que les mers de glace de nos jours envoient leurs émissaires dans les vallées inférieures ; mais avec cette différence, qu’au lieu d’être circonscrites entre des pics isolés et dans les vallées les plus élevées, ces mers de glace d’autrefois liaient entre elles des chaînes de montagnes entières[17], et descendaient dans la plaine par les grandes vallées. C’est en effet ce que les moraines nous disent s’être passé. Les grandes vallées, telles que le Valais, avec ses moraines latérales s’étendant depuis Martigny jusqu’aux bords du lac Léman ; le bassin des lacs de Brienz et de Thoune ; celui des Quatre-Cantons ; la vallée du Rhin dans son cours moyen, celle du lac de Côme et celle du lac Majeur[18] étaient les couloirs par lesquels débouchaient les plus grands glaciers, à une époque où tous les glaciers des vallées latérales du Valais se confondaient encore dans le fond de la grande vallée, où tous ceux de l’Oberland bernois atteignaient le bassin des lacs de Brienz et de Thoune ; ceux des petits cantons, le bassin du lac dont le nom rappelle les liens naturels qui les unissent ; ceux des Grisons, la vallée principale du Rhin ; ceux de la Valteline, le bassin du lac de Côme ; et enfin ceux du Tessin, le bassin du lac Majeur. Alors il n’a pu se former de moraines latérales que dans la partie inférieure des grandes vallées ; car tous les glaciers des autres vallées, débouchant dans les grandes vallées, devaient y former seulement des moraines médianes, qui, plus tard, se sont dispersées dans le fond des vallées lorsqu’elles ont été abandonnées par ces immenses glaciers. Je n’ai pas pu découvrir de moraines terminales correspondant à l’extension des glaciers à cette époque de leur retraite ; mais, à défaut de les connaître, je citerai plus loin quelques faits qui semblent nous indiquer la manière dont ils se terminaient, lorsqu’ils avaient encore une extension assez considérable pour déborder les flancs des Alpes. On ne rencontre des traces de moraines terminales que dans les vallées comprises dans l’intérieur des chaînes des Alpes ; ce qui tendrait à prouver qu’il ne s’en est formé que du moment où les glaciers, dans leur retraite, ont cessé d’occuper le fond des grandes vallées, et se sont retirés dans les vallées secondaires et dans la partie supérieure des vallées principales, c’est-à-dire à l’époque où le glacier du Rhône descendait jusqu’à Viesch, celui de Zermatt jusqu’à Stalden, celui de la vallée d’Hérens jusque près de Sion, où il a dû barrer pendant quelque temps le lit du Rhône ; celui de l’Aar jusque près de Meiringen, etc. Je me borne à citer ici celles des vallées que j’ai visitées, où les faits sont faciles à observer. Il ne me paraît pas douteux que des barrages n’aient souvent occasionné, dans les vallées inférieures, des débâcles très-considérables, semblables à celle de la vallée de Bagne. Je pense même que c’est à des débâcles de ce genre qu’il faut attribuer le phénomène du remplissage de la partie inférieure des vallées alpines par des décombres qui en égalisèrent le fond, tel qu’on l’observe dans la vallée du Rhône, de Sierre au lac de Genève, et dans la vallée de l’Aar, entre Meiringen et le lac de Brienz. Lorsque les glaciers se sont retirés dans des limites plus étroites encore, ils ont oscillé entre les flancs des vallées secondaires, et y ont formé cette quantité si considérable de moraines que l’on rencontre partout dans la partie inférieure des vallées qui aboutissent à celle de Chamounix, à celle du cours du Rhône, au-dessous de Martigny, à celle de la Kander et à celle de Conches, etc. Si je voulais donner la description de toutes celles que j’ai observées, je pourrais en remplir plusieurs feuilles. J’ai la conviction que dans peu d’années l’existence des anciennes moraines sera envisagée comme un fait tellement évident, que l’on s’étonnera qu’il ait jamais pu être révoqué en doute.

La vallée de Chamounix présente un phénomène bien remarquable, relatif au mouvement de ses glaciers, lorsqu’ils occupaient les limites que je viens de signaler : c’est qu’au lieu de déboucher complètement à l’ouest, dans la direction du cours de l’Arve, ceux de la partie supérieure de la vallée, c’est-à-dire le glacier des Bois, celui d’Argentière et celui de Tour se dirigeaient vers les Montets et Valorsine, avec les glaciers du Trient et Tenneverge, pour déboucher par les Finhaux et Salvent, dans la vallée du Rhône, au-dessus de la Pissevache. La direction des moraines du glacier des Bois, du côté de Tines et en face d’Argentière, et celle des stries des roches polies de Salvent ne laissent aucun doute à cet égard. Quelque chose de semblable s’observe dans le voisinage du glacier du Rhône ; je suis convaincu que lorsque sa surface s’élevait au dessus du passage du Grimsel, une partie de ses glaces descendait par ce passage dans l’Oberhasli. C’est du moins ce que semble indiquer la direction des stries sur le sommet du col. Enfin les glaciers se sont retirés dans les hautes régions, et n’ont plus envahi les vallées secondaires. Dès lors ils ont oscillé dans des limites qui n’ont jamais considérablement dépassé celles qu’ils occupent maintenant, et que la tradition et les documens historiques ont précisés d’une manière assez exacte pour un assez grand nombre de points.

La pensée se retrace aisément toutes les phases de cette série d’événemens physiques et en découvre sûrement la marche ; mais il n’est pas aussi facile de fixer partout les limites de l’extension des glaces à chaque époque ; car comme nous voyons de nos jours certains glaciers prendre, dans un même laps de temps, sous des influences tout-à-fait locales, une extension beaucoup plus considérable que d’autres, de même il a dû arriver, à des époques antérieures, que des glaciers peu éloignés avaient des limites très-différentes. L’on s’exposerait par conséquent à des erreurs inévitables si l’on voulait tenter dès à présent de fixer l’époque relative de la formation de toutes les moraines qui nous rappellent les différentes phases du développement et du retrait des anciens glaciers.

Mais si telle a été la marche du retrait des glaciers dans l’enceinte même des Alpes, il n’est pas aussi facile d’apprécier les limites de l’extension qu’ils ont eue ailleurs. Au sortir des vallées inférieures des Alpes, lorsqu’on entre dans les vallées ouvertes et dans les plaines inférieures, le phénomène change complètement de nature ; et si, comme j’en ai la conviction, les glaciers se sont étendus au-delà de l’issue des vallées alpines, il est évident que, dans les larges anfractuosités de la plaine, ils ont dû se comporter d’une autre manière que dans les étroites vallées des Alpes.

Lorsqu’on poursuit les nombreuses moraines des bords du lac Léman, depuis Bex et Monthey jusqu’à Vevey, Lausanne et la Côte, et sur la rive opposée du lac jusqu’à Thonon, on acquiert la conviction que le glacier qui remplissait le bassin du Léman s’étendait, à son extrémité, en forme d’éventail et se terminait à la côte de Bougi. Ce qui semble le prouver, c’est que le plateau de Gimel, loin d’être bordé par une moraine, est couvert de blocs épars, disposés comme ceux que l’on observe au-dessous des glacier qui se terminent sur un fond plat.


  1. Venetz, l. c. p. 16 et suiv.
  2. De Saussure, Voyages, Tom. I, p. 141, § 227.
  3. De Saussure, Voyages, Tom. II, p. 92, § 703.
  4. Bulletin, Février 1840.
  5. Bibliothèque univ., No 53, mai 1840.
  6. Geologische Skizze der Umgebungen von Baden im Canton Aargau, von Alb. Mousson. Zurich 1840, p. 90.
  7. Le Grimsel est à 5 804 pieds au-dessus de la mer, d’après M. Hugi.
  8. Notice, etc., p. 9, dans les Annales des mines, Tom. 8.
  9. Voyages, Tom. I, p. 139, § 222.
  10. De Saussure, Voyages dans les Alpes.
  11. A. DeLuc, Voyages géologiques, Mémoires de la Société de physique de Genève, vol. 5.
  12. Léop. de Buch, Mémoires de l’Académie de Berlin pour 1815. Leonhard Taschenbuch, 1818, p. 458.
  13. J. de Charpentier, Notice, etc., Annales des mines, tom. 8.
  14. B. Studer, dans Meissner’s Naturwissenschaftlicher Anzeiger, 1820.
  15. Escher von der Linth, Neue Alpina, vol. 1, p. 1.
  16. H. De La Bêche, Manuel géologique, traduct. française.
  17. Les glaciers du Nord, généralement en forme de grandes nappes, plutôt que de coulées, paraissent, d’après les descriptions de M. Martins, avoir maintenant, à certains égards, l’apparence qu’avaient chez nous les glaciers lorsqu’ils s’étendaient sur tout le massif des Alpes.
  18. Pour suivre ces détails topographiques, je recommande à mes lecteurs la carte routière de la Suisse par H. Keller, qui est la seule passable que l’on possède maintenant.