À travers l'Afrique/Préface

Traduction par Henriette Loreau.
Librairie Hachette (p. i-ii).

PRÉFACE




En présentant ce livre au public, j’ai la conscience de tout ce qui lui manque pour intéresser d’une manière soutenue la masse des lecteurs. Je suis parti simplement sous l’empire des circonstances que j’ai relatées dans le premier chapitre, et il ne m’est jamais venu à l’esprit que j’aurais à écrire un livre de voyage.

Si je m’étais étendu sur ce qui m’est arrivé personnellement, sur mes chasses, sur les faits et gestes des hommes qui m’ont suivi, l’ouvrage aurait acquis des proportions alarmantes : n’oublions pas que la période qu’il embrasse est de trois ans et cinq mois. Pendant ces trois ans et demi j’ai presque toujours été en marche ; et faire de ce volume un guide qui permette à ceux qu’intéresse l’exploration de l’Afrique de suivre mes pas, a été mon but, plutôt que de publier le récit de mes aventures. Dans cette intention, je me suis borné à mentionner les particularités de ma route, les traits du pays, les mœurs, les coutumes des habitants ; à rapporter l’horrible manière dont est pratiqué l’exécrable commerce d’esclaves, à faire connaître la désolation qu’il laisse derrière lui, à montrer la possibilité d’ouvrir et de civiliser l’Afrique.

En outre, depuis que je suis revenu, mon temps a été fort occupé, et si je n’avais pas reçu la cordiale assistance de personnes obligeantes, peut-être ce volume n’aurait-il jamais vu le jour.

La carte qui l’accompagne a été faite également d’après mes notes, mes tracés, mes nombreuses observations ; elle a été préparée avec le plus grand soin, par M. Turner, de la Société royale de géographie ; et c’est en toute confiance que je la donne comme un guide sur lequel on peut compter pour suivre mon voyage de la côte orientale d’Afrique à la côte occidentale.


VERNEY LOVETT CAMERON.


Décembre 1876.