Woodstock, ou Le Cavalier, Histoire de l’année 1651
Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, volume 8p. 139-147).


CHAPITRE XI.

LES COMMISSAIRES.


L’ours sanguinaire, bête indépendante, aux formes mal léchées, s’était exprimé en rugissements… Prés de lui, le singe plaisant imitait toutes les sectes, comme fait l’athée, et avait encore la sienne à choisir.
Dryden. La Chèvre et la Panthère.


Le salon dont nous venons de parler était si bien éclairé, qu’il mit Éverard à même de reconnaître aisément ses vieilles connaissances Desborough, Harrison et Bletson, qui s’étaient réunis autour d’une table en chêne placée près de la cheminée. Sur cette table se trouvait du vin, de l’ale, et tout ce qu’il fallait pour fumer, seuls plaisirs qu’on se permît généralement à cette époque. Il y avait entre la table et la porte un buffet mobile, destiné originairement à renfermer la vaisselle dans les grandes occasions, mais qui alors ne servait plus que de paravent, et il en tenait si bien lieu qu’Éverard, avant de l’avoir côtoyé tout entier, entendit Desborough qui disait avec sa grosse voix rauque : « Il l’envoie pour partager avec nous, je le parierais Ce fut toujours l’habitude de Son Excellence mon beau-frère… S’il traite cinq amis, il invite plus de que la table ne peut en contenir… Je l’ai vu prier trois convives pour manger deux œufs. — Chut ! chut ! » dit Bletson ; et les domestiques sortant de derrière l’immense buffet, annoncèrent le colonel Éverard. Peut-être ne sera-t il pas indifférent au lecteur de connaître la compagnie au milieu de laquelle il arrive.

Desborough était un homme vigoureux, à cou de taureau, de taille moyenne, avec des traits excessivement communs, des sourcils grisonnants et des yeux vairons[1]. L’éclat de la fortune de son tout-puissant parent n’avait pas peu contribué à lui procurer des vêtements assez riches et surtout beaucoup plus ornés qu’il n’était d’usage parmi les Têtes-rondes. Il avait des broderies à son manteau et de la dentelle à sa cravate. À son chapeau flottait une plume retenue par une agrafe d’or. Enfin, tout son costume était plutôt celui d’un Cavalier ou d’un courtisan que l’accoutrement simple d’un officier parlementaire. Mais, le ciel le sait ! il y avait bien peu des grâces et de la dignité d’un homme de cour dans la tournure et l’extérieur de ce personnage, à qui son bel habit allait aussi bien que sied au pourceau d’une enseigne sa riche armure d’or. Il n’était pas précisément laid ou difforme, car, pris en détail, chacun de ses traits était assez bien ; mais ses membres semblaient se mouvoir d’après des principes d’action différents et contradictoires. Ils n’étaient pas, comme a dit un auteur comique, dans une parfaite concaténation ; sa main droite agissait comme si elle n’eût pas été d’accord avec la gauche ; et ses jambes se montraient disposées à marcher dans des directions différentes et contraires. Bref, pour employer une comparaison extravagante, les membres du colonel Desborough paraissaient plutôt ressembler aux représentants querelleurs d’un congrès fédératif qu’à l’union fortement cimentée des ordres de l’État dans une monarchie ferme et immuable, où chacun est à sa place, et où tous obéissent aux mêmes lois.

Le général Harrison, deuxième commissaire, était un homme grand, sec, de moyen âge, qui s’était élevé jusqu’au grade éminent qu’il occupait dans l’armée, et avait mérité la faveur de Cromwell aussi bien par son courage intrépide sur le champ de bataille que par la popularité qu’il s’était acquise au milieu des saints militaires, des sectaires et des indépendants qui composaient l’armée en majeure partie. Harrison était sorti de basse extraction, et destiné à prendre l’état de son père, qui était boucher. Toutefois sa physionomie, quoique grossière, n’était pas commune comme celle de Desborough, qui avait sur lui l’avantage de la naissance et de l’éducation. Il avait, comme nous avons dit, la grandeur et la force qui siéent à un homme ; il était bien fait, et ses manières annonçaient un caractère de soldat qu’on pouvait craindre, mais qui ne devait pas le rendre un objet de mépris ou de ridicule ; son nez aquilin, ses yeux vifs et noirs, faisaient avantageusement ressortir une figure d’ailleurs irrégulière ; et l’enthousiasme sauvage qu’on y voyait pétiller parfois quand il cherchait à entraîner les autres à ses opinions, et qui parfois semblait sommeiller sous ses longs cils noirs quand il réfléchissait, lui donnait un air imposant et même noble. Il était un des principaux chefs de ceux qu’on appelait les hommes de la cinquième monarchie, qui, dépassant de beaucoup le fanatisme ordinaire de l’époque, interprétaient présomptueusement les livres des révélations d’après leurs fantaisies, regardaient le second avènement du Messie et le millenium, ou règne des saints sur la terre, comme à la veille d’arriver, et s’imaginaient qu’éclairés, comme ils le prétendaient, par le pouvoir de prédire les événements prochains, ils étaient les instruments choisis pour l’établissement du nouveau règne, ou de la cinquième monarchie, comme on disait, et qu’ils étaient par cette raison destinés à en gagner les honneurs, soit au ciel, soit sur la terre.

Lorsque cet esprit d’enthousiasme, qui agissait sur lui comme une folie partielle, n’affectait pas immédiatement l’esprit d’Harrison, c’était un homme aussi habile dans le monde que bon soldat ; quoique paraissant négliger l’occasion d’améliorer sa fortune en attendant l’exaltation de la cinquième monarchie, il était néanmoins un des instruments principaux de l’établissement de la puissance souveraine du lord général. Fallait-il s’en prendre à sa première profession et à l’habitude qu’il avait de voir avec indifférence les souffrances et le sang, à une disposition naturelle et à un manque de sensibilité, ou bien enfin au caractère ardent de son enthousiasme, qui lui faisait considérer tous ceux qui n’étaient pas de son avis comme contraires à Dieu même, et par conséquent ne méritant ni grâce ni merci ? c’est ce qu’il n’était pas facile de décider ; mais tout le monde convenait qu’après une victoire ou la prise d’assaut d’une ville, Harrison était un des hommes les plus cruels et les plus impitoyables de l’armée de Cromwell, ayant toujours une citation toute prête, qu’il appliquait mal à propos pour autoriser l’exécution sans délai des fuyards, et parfois même mettant à mort ceux qui s’étaient rendus comme prisonniers. On dit que de temps à autre le souvenir de ses cruautés lui troublait la conscience « dérangeait les rêves de béatitude auxquels son imagination s’abandonnait.

Lorsque Éverard entra dans l’appartement, ce représentant des soldats fanatiques qui remplissaient les régiments que Cromwell avait, par politique, maintenus sur pied, tandis qu’il travaillait à réduire ceux où prédominait le parti presbytérien, était assis un peu à l’écart des autres, ses jambes croisées et étendues vers le feu dans toute leur longueur, la tête appuyée sur son coude, et les yeux levés en l’air, comme s’il étudiait le plus gravement du monde la sculpture à moitié détruite du plafond gothique.

Nous n’avons plus maintenant à parler que de Bletson. Pour la tournure et le visage, il était totalement opposé aux deux autres ; il n’y avait ni négligence ni recherche dans sa mise, et il ne portait sur lui aucun signe militaire ni les marques distinctives de son grade ; une petite rapière semblait portée simplement pour indiquer son titre de gentilhomme, sans que sa main eût la moindre envie de faire connaissance avec la poignée, ou son œil avec la lame ; sa physionomie était vive et fine, son visage sillonné par des rides que la réflexion y avait imprimées plutôt que l’âge. Un ricanement habituel, même quand il souhaitait le moins exprimer le dédain sur ses traits, semblait assurer à la personne avec qui il parlait, qu’on devait trouver en lui un homme d’une intelligence bien supérieure à la sienne. C’était un triomphe d’intelligence seulement ; car en toute occasion où il différait avec d’autres personnes pour des opinions spéculatives, et même dans toutes les controverses possibles, Bletson évitait l’utlima ratio des querelles sérieuses et des coups.

Pourtant cet homme pacifique s’était trouvé contraint à servir personnellement dans l’armée parlementaire au commencement de la guerre civile, jusqu’à l’instant où, ayant eu le malheur de se trouver en contact avec le bouillant prince Robert, on jugea sa retraite si précipitée, qu’il fallut toute l’intervention de ses amis pour empêcher qu’il ne fût mis en accusation et traduit devant un conseil de guerre. Mais comme Bletson parlait bien et avait beaucoup d’influence dans la chambre des communes qui était sa sphère naturelle, et qu’il avait, sous ce rapport, conquis l’estime de son parti, sa conduite à Edgehili fut oubliée, et il continua de prendre une part active à tous les événements politiques de ce temps orageux, ne se mêlant que de loin aux opérations militaires.

En politique, les principes théoriques de Bletson l’avaient longtemps poussé à embrasser les opinions d’Harrison et autres qui adoptèrent l’idée visionnaire d’établir une république toute démocratique dans un pays aussi étendu que la Grande-Bretagne ; c’était une téméraire théorie dans un peuple distingué par une variété infinie dans les rangs, dans les habitudes de l’éducation, dans les mœurs, où la fortune des individus est si disproportionnée, et enfin où le plus grand nombre des habitants se compose des classes inférieures des grandes villes et des districts manufacturiers, tous gens incapables de jouer un rôle dans la direction d’un État qui doit être rempli par les membres d’une république dans le sens propre du mot. Aussi les leçons de l’expérience eurent bientôt appris qu’une pareille forme de gouvernement, si on l’adoptait, n’avait pas la moindre chance de stabilité ; et la seule question fut celle-ci : Les débris, ou comme on l’appelait vulgairement, le Croupion du long parlement, alors réduit à une vingtaine d’individus, par l’expulsion d’un si grand nombre de membres, continuerait-il, en dépit de son impopularité, à diriger les affaires d’Angleterre ? Ou bien le parlement plongerait-il l’État dans le désordre, en se dissolvant lui-même après avoir rendu les ordonnances qui en convoquaient un nouveau dont on ne pouvait pas plus garantir la composition que les mesures qu’il prendrait une fois réuni ? Ou enfin Cromwell, comme il arriva effectivement, ne devait-il pas jeter son épée dans la balance, et s’emparer audacieusement du pouvoir que les rentes du parlement étaient incapables de retenir, et pourtant effrayés d’abandonner ?

Telle étant la position des partis, le conseil d’état, s’efforçait de calmer et d’adoucir l’armée en distribuant des faveurs dont il pouvait disposer, comme un mendiant jette une croûte de pain à un dogue pour le faire taire. Dans cette vue, Desborough avait été nommé commissaire au séquestre de Woodstock pour satisfaire Cromwell ; Harrison pour apaiser les hommes violents de la cinquième monarchie ; et Bletson, comme républicain sincère et formé du même levain que le parlement.

Mais s’ils supposaient que Bletson eût la moindre intention de devenir martyr du républicanisme, ou de se soumettre à quelque sacrifice considérable pour cette cause, ils se trompaient grossièrement. Il partageait au fond du cœur leurs principes, et tout autant depuis qu’on les avait reconnus impraticables ; car un essai malheureux ne convertit pas plus le spéculateur politique que l’explosion d’une cornue ne détrompe un alchimiste. Cependant Bletson était disposé à se soumettre à Cromwell, ou à tout autre qui aurait l’autorité suprême. En pratique, il était toujours sujet obéissant des pouvoirs établis, et faisait peu de différence entre les diverses espèces de gouvernement, persuadé, en théorie, que toutes étaient également imparfaites dès qu’elles s’écartaient du modèle que trace Harrington dans son Oceana. Cromwell le tenait déjà comme de la cire amollie qu’on place entre le pouce et l’index, et qui va recevoir l’empreinte du cachet ; souriant en lui-même de voir le conseil d’état combler Bletson de récompenses, comme un fidèle partisan ; tandis qu’il était certain de son obéissance aussitôt que le changement attendu dans le gouvernement aurait lieu. Mais Bletson était encore plus attaché à ses doctrines métaphysiques qu’à ses opinions politiques, et poussait sa croyance à la perfectibilité de l’espèce humaine aussi loin que celle sur la perfection imaginable d’un modèle de gouvernement. Et de même que, dans ce second cas, il se déclarait contre toute puissance qui n’émanait pas du peuple, de même, dans ses spéculations morales, il ne pouvait se résoudre à rapporter aucun des phénomènes de la nature à une cause finale. Quand on le pressait un peu, il est vrai, Bletson était contraint de développer à demi-voix une doctrine inintelligible d’un Animus mundi du pouvoir créateur dans les ouvrages de la nature, au moyen duquel la nature appelait d’abord à l’existence, et ensuite continuait à maintenir ses ouvrages. À ce pouvoir, disait-il, les plus purs métaphysiciens rendaient un certain degré d’hommage ; et lui-même n’était pas absolument porté à censurer ceux qui, par l’institution des jours de fête, des chœurs de danse, des chants, des repas et des libations innocentes, paraissaient disposés à adorer cette grande divinité, la Nature : car danser, chanter, manger et se divertir, étant choses aussi plaisantes pour les jeunes gens que pour les vieillards, on pourrait aussi bien se divertir, danser et se régaler pour célébrer les jours de fête que sous tout autre prétexte. Cependant, selon lui, ce système modéré de religion ne devait être mis en pratique qu’avec autant d’exceptions qu’en admet le serment de Highgate[2] ; et personne ne pouvait être forcé à danser, à chanter, à boire ou à manger, si son goût ne le portait pas à de tels divertissements ; personne non plus ne devait être contraint d’adorer le pouvoir créateur, que ce fût sous le nom d’Animus mundi, ou sous tout autre. L’intervention de la Divinité dans les affaires de ce monde, il la niait absolument, et c’était prouver, à sa propre satisfaction, que cette idée n’avait pour fondement qu’une ruse de prêtre. Bref, sauf cette exception métaphysique, M. Josué Bletson de Darlington, membre du parlement pour le banc de Little-Greed[3], était aussi près de prêcher l’athéisme qu’il est possible de le faire ; nous y mettons cependant toutes les restrictions nécessaires, car nous connaissons bien des gens comme Bletson, quoique leurs craintes ne soient sanctionnées par aucune croyance religieuse. Les démons, dit-on, croient et tremblent ; mais sur cette terre il y a bien des êtres qui, dans une situation pire même que celle des véritables enfants de la perdition, tremblent sans croire, et craignent même en blasphémant.

On doit en conclure tout naturellement que rien ne pouvait plus exciter le mépris de M. Bletson que les disputes entre les épiscopaux et les presbytériens, les presbytériens et les indépendants, les quakers et les brownistes, et toutes les sectes différentes qui avaient commencé la guerre civile, et qui en prolongeaient encore les désordres. C’était, disait-il, comme si les bêtes de somme allaient se quereller entre elles sur la mode de leurs licous ou de leurs bâts, au lieu de profiter d’une occasion favorable pour s’en débarrasser. Il avait coutume de faire d’autres remarques spirituelles et énergiques en temps et lieu, par exemple, au club appelé la Rota, fréquenté par Saint-John, et établi par Harrington pour la libre discussion des sujets politiques et religieux.

Mais lorsque Bletson était hors de cette académie ou de cette citadelle de la philosophie, il se gardait avec soin de porter son mépris pour le préjugé général en faveur de la religion et du christianisme plus loin qu’une objection couverte ou un ris moqueur. S’il trouvait occasion de causer en particulier avec un jeune homme ingénu et intelligent, il essayait quelquefois de faire un prosélyte, et montrait beaucoup d’adresse à séduire la vanité de l’inexpérience, en lui faisant observer qu’un esprit comme le sien devait s’armer contre les préjugés imposés à son enfance, en l’assurant qu’un homme tel que lui, prenant le clavus de la raison, et déposant la bulla[4] d’une incapacité de jeunesse, comme disait Bletson, pouvait examiner et décider par lui-même. Il arrivait souvent que le jeune homme était amené à adopter en totalité ou en partie les doctrines du sage qui lui avait découvert son génie naturel et l’avait pressé de s’en servir pour examiner et reconnaître par lui-même, et enfin prendre un parti. Ainsi la flatterie gagnait plus de prosélytes à l’incrédulité que n’eussent pu faire ni tout le pouvoir de l’éloquence, ni les artificieux sophismes de l’incrédule.

Ces tentatives, pour étendre l’influence de ce qu’on appelait liberté de pensées ou philosophie, étaient faites, comme nous l’avons dit, avec une précaution dictée par le caractère timide du philosophe. Bletson ne se dissimulait pas que ses doctrines étaient suspectes, et ses démarches surveillées par les deux principales sectes des épiscopaux et des presbytériens, qui, ennemies l’une de l’autre, étaient encore plus hostiles à celui qui s’opposait non seulement à l’établissement d’une église quelconque, mais encore au christianisme, sous quelque dénomination que ce fût. Il trouva plus facile de se cacher parmi les indépendants qui demandaient liberté entière de conscience, ou tolérance illimitée, et dont la croyance, différant des autres sous tous les rapports et dans tous les détails, était poussée par quelques uns jusqu’à de si grossières erreurs, qu’ils dépassaient de beaucoup les limites de toutes les espèces de christianisme, et s’approchaient de très près de l’incrédulité, car toujours les extrêmes se touchent.

Bletson jouissait d’une grande influence parmi ces sectaires, et on avait dans sa logique et son adresse une confiance si aveugle qu’il alla, dit-on, jusqu’à concevoir l’espérance de ramener enfin à ses opinions l’enthousiaste Vane, ainsi qu’Harrison, qui ne l’était pas moins, pourvu qu’il parvînt à leur faire abandonner leur vision d’une cinquième monarchie, et à obtenir d’eux qu’ils se contentassent du règne des philosophes en Angleterre, pour le temps naturel de leur vie, au lieu du règne des saints durant leur millenium.

Tel était le singulier groupe dans lequel Éverard venait d’être introduit, montrant, par la diversité de leurs opinions, sur combien de rivages écartés l’homme peut faire naufrage dès qu’il a une fois lâché l’ancre que la religion lui a donnée pour le retenir. Le subtil égoïsme et la science mondaine de Bletson, les téméraires et ignorantes conclusions du féroce et mal élevé Harrison, les entraînaient dans les extrêmes opposés de l’enthousiasme et de l’incrédulité, tandis que Desborough, stupide par nature, ne songeait nullement à la religion ; et pendant que les autres fournissaient à pleines voiles des courses différentes, mais également fausses, on pouvait dire de lui qu’il périssait comme un navire qui, faisant une voie d’eau, s’enfonce dans la rade même. Il était étonnant de voir cette étrange variété d’égarements et d’erreurs de la part du roi et de ses ministres, du parlement et de ses chefs, des royaumes alliés d’Angleterre et d’Écosse l’un envers l’autre, et qui s’était combinée pour faire de ces hommes d’opinions si dangereuses et d’un caractère si intéressé les arbitres de la destinée de la Grande-Bretagne. Ceux qui argumentent avec un esprit de parti, voient toutes les fautes d’un côté, sans daigner jeter un regard sur celles de l’autre ; ceux qui étudient l’histoire pour leur instruction, s’apercevront que c’est seulement le manque de concessions de part et d’autre, et la grande animosité qui s’était élevée entre le parti du roi et celui du parlement, qui pouvaient déranger totalement l’équilibre parfait de la constitution anglaise. Mais nous nous hâtons de quitter ces réflexions politiques, car nous doutons fort qu’elles puissent plaire ni aux whigs ni aux torys.


  1. Wall-eyes, dit le texte, pour exprimer des yeux de couleur différente. a. m.
  2. Highgate est un village à quatre milles de Londres. Il y a là une auberge où, par farce, quand vous paraissez pour la première fois, on exige de vous le serment de ne jamais aller à pied, quand vous pouvez aller à cheval, à moins que vous ne préfériez être piéton ; de ne jamais caresser la servante, quand vous pouvez caresser la maîtresse ; de ne jamais boire d’eau, quand vous pouvez boire de bonne bière ou de bon vin ; si vous n’aimez mieux l’eau, etc. a. m.
  3. Mot formé de little, peu, et de creed, croyance : ce qui répond à peu de foi. a. m.
  4. Bulla était un ornement de cou des jeunes Romains, lequel était remplacé à dix-sept ans par le clavus, ou nœud de pourpre. a. m.