Voyage par le Cap de Bonne-Espérance à Batavia, à Bantam et au Bengale, en 1768, 69, 70 et 71.djvu/II/I

OBSERVATIONS

SUR

L’ÎLE DE JAVA.


CHAPITRE PREMIER

De l’île de Java en général.



L’île de Java, une des plus grandes îles des Indes orientales, est située entre le 6me et le 9me degré de latitude, au sud de la ligne équinoxiale ; elle s’étend en longueur du 120me degré à l’est de Ténériffe jusqu’au 131me degré ; elle a par conséquent cent soixante-cinq milles de longueur, en allant, à peu de chose près, de l’est à l’ouest. Au sud et à l’ouest elle est baignée par la grande mer du Sud : au nord-ouest gît l’île de Sumatra ; au nord celle de Bornéo ; au nord-est celle de Célèbes ; et à l’est celle de Bali, dont elle se trouve séparée par un détroit qui porte le nom de cette dernière île. Le bras de mer qui sépare l’île de Java de celle de Sumatra est connu sous le nom de détroit de la Sonde, lequel a quinze milles d’Allemagne de long, à compter, du côté de Sumatra, de la Plaine jusqu’au Varkenshoek ; et, du côté de Java, depuis la première pointe de cette île jusqu’à celle de Bantam, sa longueur est de plus de vingt milles. À l’entrée du détroit est l’île du Prince, à un mille et demi environ de la côte de Java, mais à plus de six milles de celle de Sumatra. Cette île n’a que quatre milles de circonférence et son sol est fort bas. Deux collines à l’extrémité orientale, et une autre un peu plus au sud, la font aisément reconnoître à une certaine distance, sur-tout la colline qui se trouve à l’est, et que les marins appellent à cause de cela la Haute Colline.

Au sud-ouest, il y a un récif, lequel, suivant les cartes, s’étend à un mille et demi en mer, et qui est fort dangereux pour les navigateurs qui veulent débouquer par la passe qu’on appelle le Behouden-Passage. L’île est couverte d’arbres toujours verds, et fournit un assez agréable aspect aux marins qui l’alongent, Elle est habitée par des Javans qui s’occupent de la pêche.

Cette île, située à l’entrée du détroit, forme deux passages par lesquels on peut y entrer et en sortir. L’un, qui se trouve entre l’île du Prince et la terre ferme de Java, porte le nom de Behouden-Passage, et c’est celui que fréquentent le plus communément les vaisseaux qui, en arrivant, veulent entrer dans le détroit par la mousson de sud-est, afin qu’en rangeant de fort près la côte supérieure de Java, ils puissent trouver un bon mouillage, et ne se voir point exposés à être rejetés en mer par les courans qui, dans cette saison, sortent avec rapidité par l’ouest du détroit.

Le second passage, que les marins appellent le Groote-Gat, sert aussi à embouquer le détroit pendant la mousson de sud-est ; mais on n’y parvient cependant qu’avec beaucoup de peine, en chicanant les vents de sud-est et les courans ; de sorte qu’on seroit souvent obligé de mettre cinq à six semaines pour faire une route qui ne demande que dix à douze heures par la mousson d’ouest. On en trouve un exemple dans le malheureux voyage du capitaine Roem, lequel, étant parti avec le vaisseau de la Compagnie le Luxembourg de la baie de Punta de Galle, le 2 juin 1768, reconnut, le 24 juillet, le Vlacke-Hoek de Sumatra, où commence le détroit, et ne parvint cependant que le 21 novembre à mouiller sous la côte de Java. Il est remarquable que le vaisseau le Torenvliet, qui avoit appareillé dans le même tems que le Luxembourg de Punta de Galle, arriva au moins trois mois plutôt que celui-ci à Batavia : cela prouve combien, toutes choses d’ailleurs égales, un bâtiment peut être plus heureux qu’un autre dans sa navigation. Malgré les grandes difficultés qu’il faut vaincre pour entrer par ce passage dans le détroit, lorsque les vents et les courans sont contraires, tous les vaisseaux cependant qui sont portés par les courans au-delà du détroit sur la côte occidentale de Sumatra, et ceux qui arrivent par l’ouest de Suratte, Malabar, Ceylan, Bengale et autres lieux, sont, en général, forcés de prendre ce passage, parce qu’il est fort difficile qu’avec ces vents de sud-est ils puissent gagner la côte supérieure de Java ; ils ne peuvent donc embouquer le Behouden-Passage. Cela n’est cependant pas tout à fait impossible, comme on l’a vu, au mois de juin 1770, par les navires le Jonge-Lieven et l’Asie ; mais ces exemples sont extrêmement rares.

En embouquant le détroit de ce côté-là, on jouit d’une belle vue, si l’on ne se trouve pas trop écarté de la côte de Sumatra. On range alors le Vlakke-Hoek, où la côte est basse et couverte d’arbres verds, qui sont couronnés, dans le lointain, par les montagnes de Sumatra, lesquelles s’élèvent jusqu’aux nues. Plus à l’entrée on voit l’île de l’Empereur, qui ressemble à une haute montagne terminée en pointe. Plus avant, dans une espèce de baie, sont les îles de Kraketouw, de Slybzée, de Poulo-Bicie, ou Yzer-Eiland, lesquelles sont toutes garnies de hautes montagnes et d’arbres. La côte de Java, qui ressemble beaucoup à celle de Sumatra, présente successivement des aspects plus agréables. On trouve aussi sous cette côte un bon mouillage, que celle de Sumatra n’offre point. Les forêts de cocotiers et les champs plantés de riz qu’on apperçoit dans le lointain, donnent une grande idée de la fertilité du pays.

À douze ou treize milles de l’île du Prince, où le détroit a le moins de largeur, vis-à-vis le Varkenshoek dans l’île de Sumatra, git une île appelée Dwars in-den-Weg, à cause qu’elle se trouve en travers du milieu du canal. Cette île est petite et basse, avec de petits récifs qui en projettent ça et là ; elle paroît bien boisée, comme toutes les autres îles de ces mers ; mais elle n’est pas habitée que je sache.

Dans les passages que cette île forme avec celles de Java et de Sumatra, on éprouve constamment, pendant toute l’année, un fort courant, qui vient tantôt du nord-est et tantôt du sud-ouest, selon que les vents soufflent d’est ou d’ouest ; car ce courant suit toujours les vents qui régnent. Il arrive néanmoins quelquefois que le courant monte, pendant un court espace de tems, contre le vent. Il sembleroit même qu’il y a un courant réglé entre l’île Dwars-in-den-Weg et la côte de Java, et ainsi de suite vers le cap Bamtara ; du moins ai-je éprouvé au mois de juin, en revenant du Bengale, que pendant trente-six heures que je mouillai dans la baie d’Anjer, vis-à-vis de Dwars-in-den-Weg, les eaux y prirent en vingt-quatre heures deux fois un cours diamétralement opposé ; mais le courant qui sortoit du détroit étoit au moins une fois plus rapide que celui qui y entroit : la mousson de sud-est régnoit alors avec la plus grande force. J’eus occasion de répéter ces observations au mois de novembre de la même année, quoique à cette époque la mousson tirât à sa fin. Les vaisseaux qui veulent débouquer du détroit mouillent souvent dans cette baie d’Anjer, pour y faire une dernière aiguade à une petite rivière qui descend des montagnes, et se décharge ici dans le détroit près d’un bosquet de cocotiers. Il y a aussi un village de Javans, qui est sous la jurisdiction du roi de Bantam ; mais c’est à tort que quelques voyageurs comptent ce village parmi les grandes villes de Java, car il n’offre rien qui puisse lui mériter ce nom.

À peu de distance de-là est un îlot ou rocher entièrement couvert de bois taillis, connu sous le nom de Brabandsch-Hoedje ; et plus au nord il y a un autre semblable îlot, nommé le Toppers-Hoedje ; ce dernier îlot est tellement à pic qu’on y trouve au pied de la côte cinquante brasses d’eau.

La Compagnie des Indes orientales de Hollande s’est arrogée un suprême pouvoir sur le détroit de la Sonde, pouvoir qui est reconnu par toutes les autres puissances ; en conséquence elle exige le salut de tous les vaisseaux étrangers qui passent par ce canal, et qu’elle a le droit d’arrêter, mais elle ne fait aucun usage de cette prérogative.

On prétend que ce droit provient de ce que les terres situées sur les deux côtes du détroit lui sont tributaires. Il existe sur cet objet une résolution du conseil des Indes qu’on trouve dans l’ordre secret que reçoivent les vaisseaux de la Compagnie qui partent pour l’ouest, relativement au salut à exiger des navires étrangers qu’on rencontre ; et ce n’est que lorsqu’on trouve de ces navires sur sa route qu’il est permis d’ouvrir cet ordre, et non autrement.

Depuis Anjer jusqu’au cap de Bantam on voit généralement de hautes montagnes dans les terres avec des côtes un peu moins élevées. Lorsqu’on a doublé ce cap, qui est la partie la plus septentrionale de toute l’île de Java, on perd tout à coup la terre au sud-est où il y a une profonde baie, au fond de laquelle se trouve la ville de Bantam dont je parlerai plus bas.

Depuis le cap de Pontang, qui à l’est borne la baie de Bantam, ainsi que le cap de Bantam le borne à l’ouest, la côte est par-tout fort basse ; mais l’intérieur est garni de hautes montagnes, parmi lesquelles on remarque la Montagne-Bleue (Blaauwe-Berg), à cause de sa grande élévation. Cette montagne, quoique située à une fort grande distance vers la partie méridionale de l’île, au sud-est de Batavia, se fait déjà appercevoir quand on est encore devant Bantam. On prétend que cette montagne avoit anciennement un volcan, mais on n’en trouve plus le moindre vestige aujourd’hui.

D’ici jusqu’à la rade de Batavia, la navigation offre par-tout les plus charmans aspects, par la quantité de petites îles toujours vertes dont la mer est parsemée. On trouve par-tout aussi un bon mouillage ; mais il y a beaucoup de rochers qui sont de dix à dix-huit pieds sous l’eau, et qui peuvent causer de grands dommages aux vaisseaux qui viennent à y toucher ; mais le gouvernement des Indes y a pourvu en faisant mettre sur ces dangers des balises attachées à de fortes ancres. On a même placé sur quelques-uns de ces rochers des poteaux, que les eaux emportent souvent : les vaisseaux ne peuvent alors les éviter qu’en employant la sonde et en se dirigeant d’après le gisement des îles.

C’est avec raison que la rade de Batavia est regardée comme une des meilleures rades du monde connu, tant à cause de son excellent ancrage sur un fond d’argile molle, qu’à cause de la quantité de vaisseaux qui peuvent y mouiller en sûreté. Quoique cette rade soit exposée aux vents de nord-ouest, est-nord-est et est, on y est cependant aussi sûr et aussi tranquille que dans une baie fermée, à cause du grand nombre d’îles qui mettent de ce côté-là les vaisseaux à l’abri en rompant l’effort des vagues ; aussi n’a-t-on pas besoin d’y affourcher. Il y a d’ailleurs peu de courant, lequel cependant est plus fort en dehors des îles.

Il y a toujours sur cette rade, aussi près de la voile qu’il est possible, un vaisseau stationnaire, qu’on appelle communément le vaisseau amiral, lequel porte un pavillon pour faire aux autres vaisseaux les signaux que celui qui y commande juge nécessaires. Depuis quelques années il est d’usage que le capitaine d’un des navires qui se trouvent sur la rade, monte toutes les nuits la garde sur ce vaisseau amiral, pour veiller au feu et aux autres accidens ; les chefs de tous les bâtimens étant généralement dans l’usage d’aller coucher à la ville.

Avant d’entrer dans quelques détails sur Batavia, il est nécessaire que je dise quel est le pouvoir que la Compagnie exerce sur toute l’île de Java. Cette île est maintenant divisée en cinq puissances, lesquelles dépendent toutes plus ou moins de la Compagnie.

En commençant par l’ouest, la première de ces puissances est le royaume de Bantam, lequel est gouverné par un roi qui a pouvoir de vie et de mort sur ses sujets ; mais il paie à la Compagnie un tribut annuel de cent bhar, ou trente-sept mille cinq cents livres de poivre. Ce prince est d’ailleurs tenu, par une promesse formelle, de ne point vendre le poivre et les autres productions de ses états à des nations étrangères : ces denrées doivent toutes être livrées à la Compagnie, moyennant un certain prix convenu. Cette obligation ne se borne pas au poivre des possessions de ce prince dans l’île de Java, mais elle s’étend aussi sur celui de ses provinces conquises dans les îles de Bornéo et de Sumatra, qui fournissent l’une et l’autre beaucoup de cette denrée. La Compagnie tient à cet effet des comptoirs à Banjer-Massing, dans la première de ces îles, et à Lampon-Toulabouwa, dans la seconde ; elle a de plus le fort Speelwyk, près de la ville de Bantam, qui sert à empêcher le commerce interloppe.

Il est défendu au roi de Bantam de se donner un successeur : c’est la Compagnie qui le nomme ; elle le prend dans la famille royale, ainsi qu’on en a eu, l’exemple en 1767. Le discours que M. Van Ossenberg, conseiller ordinaire des Indes, tint à cette occasion, est trop remarquable par les particularités qu’il renferme, pour ne pas en donner ici une traduction littérale de la langue malaise, dans laquelle il fut prononcé. Voici ce discours :

« M. le gouverneur-général et les nobles conseillers des Indes hollandoises ayant résolu et trouvé bon de me députer en qualité de leur commissaire plénipotentiaire à la cour de Bantam, afin de présenter et d’installer (sur la demande du roi), son fils aîné, le pangorang (prince) Gusti, comme prince héréditaire et comme successeur à la couronne ; et l’heureuse époque de cette élection étant arrivée, moi, commissaire, j’installe au nom de la noble Compagnie des Indes hollandoises, le susdit pangorang, sous le titre d’Abdul Mofagir Mochamed Ali Joudeen, en qualité de pangorang-ratou, ou prince héréditaire, et successeur à la couronne de tout le royaume de Bantam.

« Ledit commissaire présume que ledit pangorang-ratou voudra bien considérer cette élection comme une faveur spéciale que la noble Compagnie lui témoigne aujourd’hui en l’adoptant pour petit-fils de la Compagnie des Indes orientales hollandoise ; et que par la suite il se montrera, dans tous les tems et dans toutes les occasions, digne de ce bienfait, par une conduite franche et loyale, et en obéissant aux ordres de la noble Compagnie et à ceux de son père, le roi de Bautam, pendant toute la durée de sa vie. »

À la réquisition du commissaire, ce discours fut lu en langue malaise immédiatement après l’élection du prince héréditaire, en présence du roi, son père, de tous les grands du royaume, et d’un nombre considérable d’employés de la Compagnie qui étoient venus de Batavia à la suite du commissaire pour lui servir de cortège. Pendant cette cérémonie il y eût une musique de plusieurs gomgoms, et le peuple se livra aux plus vives expressions de la joie.

Jaccatra est le second royaume de l’île de Java ; il s’étend à l’ouest jusqu’à celui de Bantam, et à l’est il touche à celui de Chéribon. Jaccatra étoit autrefois gouverné par ses propres princes ; mais son dernier roi étant obligé, en 1619, de se soumettre aux armes victorieuses de la Compagnie, celle-ci s’en est appropriée la souveraineté, et le fait gouverner immédiatement par le gouverneur-général et le conseil des Indes ; tous les Javans de Jaccatra sont par conséquent ses sujets nés. Avant cette révolution Jaccatra étoit la capitale de ce royaume ; aujourd’hui c’est Batavia qui tient ce rang : cette dernière ville a été bâtie à peu de distance de la première.

Chéribon, ou t’Sjéribon, comme Valentyn veut qu’on l’écrive et prononce, est le troisième royaume de l’île de Java. Il est aujourd’hui gouverné par trois princes, qui tous trois sont souverains dans les cantons qu’ils possèdent, sans être sous la dépendance de la Compagnie ; cependant ils en sont les alliés, et tenus, comme le roi de Bantam, de livrer à la Compagnie toutes les productions de leur pays, sans permettre à aucun étranger d’y entrer, sous quelque prétexte que ce soit ; et la Compagnie a aussi grand soin de tenir la main à ce droit par les garnisons qu’elle a mises dans les places maritimes. Ils seroient les seuls princes de l’île de Java véritablement souverains, si, par la position de leur pays, qui est situé entre Jaccatra et le royaume du sousouhounam, ou empereur de Java, lequel dépend aussi de la Compagnie, ils n’étoient pas obligés de ménager celle-ci et de faire tout ce qu’elle trouve bon de leur prescrire ; car lorsqu’un de ces princes ne se conduit pas à son gré, elle le destitue et en nomme un autre à sa place. C’est ainsi qu’elle exerça sa puissance au commencement de 1769, qu’elle fit déposséder un de ces princes de Chéribon, qui fut conduit au fort Victoria, dans l’île d’Amboine. Le successeur qu’on lui choisît fut néanmoins chargé de lui fournir par an une certaine somme d’argent pour son entretien.

Le quatrième royaume est celui du sousouhounam, ou empereur de Java, qu’on appelle aussi souvent, d’après le lieu qu’il habite, le sousouhounam-mataram. Ce royaume comprenoit autrefois la plus grande partie de Java, et comptoit dans sa dépendance le royaume de Chéribon ; ce qui le rendoit fort puissant alors. Mais depuis l’établissement de la Compagnie à Java, il a successivement perdu beaucoup de son pouvoir. Il étoit cependant resté dans toute son intégrité jusque vers milieu de ce siècle, que l’empereur se vit forcé, par la rébellion de Manko-Bouni, prince du sang royal, de se démettre de son empire en faveur de la Compagnie, laquelle lui en rendit la moitié et conserva le reste pour elle, en s’engageant de le protéger, et de ne laisser passer la couronne qu’à un prince du sang impérial.

L’empire étant partagé en deux parties, la Compagnie donna la sienne en fief à Manko-Bouni, avec le titre de sultan, sous les mêmes conditions de le protéger et de ne prendre pour ses successeurs que des princes de sa maison : voilà ce qui compose le cinquième royaume de Java.

On peut y ajouter un sixième royaume, quoiqu’il ne se trouve pas dans l’île de Java même : c’est l’île et la principauté de Madura, qui n’est séparée de Java que par un petit bras de mer. Cette île est gouvernée par un souverain qui porte le titre de prince, et qui relève également de la Compagnie, laquelle dispose de même de la succession de ces princes.

Tous ces souverains se sont engagés, comme ceux de Bantam et de Chéribon, de ne livrer qu’à la Compagnie seule les productions de leurs terres, et de ne faire aucune alliance avec des étrangers ; promesses que la Compagnie a soin de rendre inviolables par le grand nombre de postes qu’elle entretient le long de toute la côte du nord.

La Compagnie auroit certainement beaucoup de peine à soutenir la pleine intégrité de sa puissance, si tous ces princes parvenoient à s’entendre ; mais elle a soin de se mettre à l’abri de leurs attaques par la jalousie et la division qu’elle entretient parmi eux.

La raison d’état demandoit aussi que l’empire de Java fut divisé en deux parties ; car un pays d’une étendue aussi considérable et gouverné par un seul chef auroit dû, sans doute, causer naturellement des inquiétudes à la Compagnie, au lieu qu’il est facile de le tenir en respect aujourd’hui qu’il est possédé par deux princes qui se portent une haine irréconciliable.

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