Imprimerie du Devoir (p. 77-78).


PRINTEMPS


Les champs sont reverdis, les bourgeons vont éclore.
Les beaux liserons bleus vont se rouvrir encore,
Le long des fiers côteaux, sur le bord des étangs,
Et tout va refleurir car voici le printemps !
Tout nous dit d’espérer, de chanter et de croire.
Le matin n’est plus froid et la nuit n’est plus noire.
L’oiseau refait son nid, l’onde reprend sa voix ;
L’étoile des amours se lève au fond des bois !
Ô vous qui n’avez pas de joie ou d’espérance,
Et dont le cœur jaloux fermente la souffrance,
Comme un vase rempli d’un funeste parfum,
Vous dont les rêves chers se brisent, un à un,
Emportés dans le gouffre infini des années,
Avec tout le carmin de vos roses fanées,
Vous qui redemandez la paix et la beauté

Venez ! Le ciel vous rend ce qui vous fut ôté !
Aux bois pleins de murmure, aux champs pleins de lumière,
Au soleil qui rougit le toit de la chaumière,
Au vent, au clair ruisseau qui borde les chemins,
Dieu confie en secret le bonheur des humains…
Pour tous il est du beau quelque part sur la terre,
Il est du ciel au fond d’un bosquet solitaire,
Dans le creux d’un ravin, sur la fleur des pommiers,
Il est du ciel partout, pourvu que vous aimiez !…
Aimez ! C’est le printemps, c’est la joie infinie !
Les vallons sont hantés d’un sublime génie
Qui, sur les arbres verts, jette la majesté,
Et, près de la grandeur met la simplicité !…
L’oiseau chante, le papillon ouvre ses ailes,
La luciole danse avec les demoiselles,
Et, guettant le soleil à l’ombre des buissons,
Les grenouilles des prés entonnent leurs chansons !