Visions gaspésiennes/25
Imprimerie du Devoir, (p. 75-76).
PAYSAGE
Le jour s’enfuit. Tout est silence.
Dans ses grands bras le vent balance
Les lourds et mobiles épis.
Le glaneur a quitté la plaine.
D’odeurs de foin la route est pleine ;
Tous les échos sont assoupis.
Derrière la côte lointaine,
La lune se montre incertaine,
Entre les arbres effilés ;
Et, sous les bois pleins de mystère.
Dans la savane solitaire,
Les amoureux s’en sont allés…
L’aïeule tremblante et chenue
Sent une chaleur inconnue
Descendre du ciel triomphant ;
Tandis qu’au seuil de la chaumière,
Avec sa chanson coutumière,
La mère berce son enfant…