Vingt Jours en Espagne/6
VI
SÉVILLE, LA CALLE SIERPES, LES PATIOS, LA CATHÉDRALE, DON
JUAN ET L’HÔPITAL DE LA CARIDAD, LA MANUFACTURE DE TABAC,
LA GIRALDA, LA SCUOLA DI BAILE, L’ALCAZAR, ETC
Pour aller de Tolède en Andalousie, bien que la route semble dans la même direction, il est sage de retourner à Madrid.
De là, en prenant l’express à 7 heures du soir, on peut être à Séville le lendemain vers 3 heures,
Autant Tolède est une ville morte, — et quel ossuaire qu’une ville morte espagnole ! — autant elle semble à la fois altière, revêche et désolée comme une duchesse douairière qui resterait, à soixante-dix ans, veuve, sans fortune et sans enfants ; — autant Séville est vivante et peuplée, riante et bruyante ; autant elle paraît aimable et accueillante, comme une fille qui se sait en même temps jolie et richement dotée.
Je m’étais logé rue Sierpes, hôtel de l’Europe, et bien Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/40 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/41 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/42 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/43
Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/45 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/46 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/47 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/48 Page:Cadiot - Vingt jours en Espagne.pdf/49Tout cela est fleuri et jaillissant, comme les salles du palais sont brillantes et dorées. C’est la résurrection du passé. Pourtant à l’Alcazar de Séville on rêve de l’Alhambra. La restauration, si bien qu’elle soit faite, laisse à l’esprit un doute, une inquiétude. Était-ce bien cela ? Ne l’a-t-on point changé, en l’accommodant au gré de Charles-Quint ou d’Alphonse XII ? Ce qu’on veut voir, c’est le palais-forteresse des rois mores tel qu’ils l’ont laissé ; ce qu’on veut surprendre, c’est la civilisation arabe prise sur le fait. Adieu donc, Séville, vieille cité toujours jeune parce qu’elle est vivante, parce qu’elle est gaie, parce qu’elle est aimable. Et partons pour Grenade.