Texte établi par Henri MartineauLe Livre du divan (Napoléon. Tome Ip. 10-11).


CHAPITRE II


Napoléon se lia intimement avec le célèbre Paoli et avec Pozzo di Borgo, jeune Corse plein de talent et d’ambition. Depuis ils se sont portés tous les deux une haine mortelle. Les amis de Napoléon prétendent que, devinant par les ordres qu’il voyait donner à Paoli, que l’intention du vieux général était de se révolter contre la France, il se permit de combattre ce dessein par des remontrances si hardies qu’elles le conduisirent en prison. Il s’échappa, s’enfuit dans les montagnes, mais il tomba dans une troupe de paysans attachés au parti contraire et qui le ramenèrent à Pozzo di Borgo. Celui-ci résolut de se défaire d’un rival dangereux, en le livrant aux Anglais. Cet ordre, qui pouvait jeter Bonaparte en prison pour une partie de sa jeunesse, n’eut pas son effet, parce que les paysans qui le gardaient, touchés de pitié, ou gagnés par lui, souffrirent qu’il s’échappât. Cette seconde fuite eut lieu la nuit même du jour où il devait être transporté à bord d’un vaisseau anglais qui croisait sur la côte. Cette fois il parvint à gagner la ville de Calvi. Il y trouva deux commissaires français auxquels il découvrit les desseins de Paoli et de Pozzo di Borgo. Bientôt après, il quitta la Corse et rejoignit l’armée de Nice, dont son régiment faisait partie.