Vie de Mohammed/Mission d’Ali dans l’Yemen

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Mission d’Ali dans l’Yemen.

On rapporte que le prophète envoya Ali dans l’Yemen. Il s’y rendit et lut aux habitants la lettre que leur écrivait le prophète. Toute la tribu de Hamadan (154) se convertit en un seul jour, et, à son exemple, tous les peuples de l’Yemen embrassèrent l’Islamisme. Ali le manda au prophète, qui rendit grâces au ciel et ordonna au fils d’Abou-Taleb de lever les contributions prescrites par la religion dans la ville de Nadjran (155). Il le fit, puis il se mit en route pour revenir, et rencontra à la Mecque le prophète qui faisait le pèlerinage d’adieu.


(154) Hamadan, père de cette tribu, descendait de Kahtan, fils de Saba, dont il était séparé par sept générations. (Voyez, sur sa généalogie. le Sirat-er-Heçoul, fol. 12 r.) C’est de celle tribu qu’était issu le fameux počte llamadani, qui servit de modèle à Hariri.

(155) Nadjran est située, d’après Abou’lféda, entre Aden et Hadra- maut, ce qui est une erreur, puisqu’elle est placée cinq degrés plus au nord que la moins méridionale de ces deux localités. C’est une petite ville, dit encore ce géographie, qui abonde en palmiers el est entourée de montagnes boisées où l’on rencontre de nombreux villages. On compte dix journées de marche pour aller à Sana, el vingt pour venir à la Mec- que. Niebuhr dit, dans sa Description de l’Arabie (tore II, p. 116), que cette ancienne ville, située dans une plaine fertile, est la capitale d’une seigacurie du même nom qui était de son temps gouvernée par un scheikh nommé Mekkrami, dont l’influence et la réputation étaient grandes dans toute l’Arabie. On pourrait identifier cette ville avec celle que Ptolémée nomme Nagara, et regarde comme une des métropoles de l’Arabie heureuse.

Cazwini dit qu’elle tient son nom de son fondateur Nadjran, fils de Zeid, petit-fils de Yeschbob, « Mahomet, ajoute-t-il, a dit : Les villes gardées de Dieu sont au nombre de quatre : la Mecque, Médine…… et Nadjran. Chaque nuit, soixante-dix mille anges descendent du ciel sur Nadjran et saluent les victimes de la fosse أصحاب الأخدود (c-à-d. les chrétiens qui, refusant d’embrasser la religion juive, furent brulés dans une fosse immense, au nombre de vingt mille, par l’ordre de Dhou-Newas, roi de l’Yemen. Sirat-er-Reçoul, fol. 6 v.). Le Meracid-el- Ittila, p. 64g, cite plusieurs villes qui portent le nom de Nadjran. Voici ce qu’on lit à propos de celle dont il est question ici : نجران كن مخاليف اليمن وبها خبر الأخدود وإليها تنسب كعبة نجران وكانت بيعة بها وكان فيها أساقفة مقيمون منهم السيد والعاقب اللذان جآء إلى النبي صلعم في أصحابهما ودعاهما إلى المبهلة وبقوا بها حتى أخلاهم عمررضي الله عنه Nadjran est au nombre des districts qui divisent l’Yemen ; c’est là qu’arriva l’aventure des victimes de la fosse, el c’est de cette ville que tire son nom la Caaba de Nadjran. C’était une église chrétienne où résidaient des évêques parmi lesquels étaient le Seid et le Akib qui vinrent avec leurs compagnons trouver le prophète. Mohammed leur fit le défi appelé Moubahilet. (Voyez, sur le sons de ce mot, le Coran, sour, 111, v. 54.) Ils restèrent en possession de leur église jusqu’au moment où ils furent chassés par Omar. »