Vie de Mohammed/Fuite du prophète

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
Imprimerie royale Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 29-31).

Fuite du prophète : paix et bénédiction à son auteur.

C’est de cette fuite que date le commencement du Tarikh ou ère des Islamistes Quant au mot Tarikh il est nouveau dans la langue arabe et a été arabisé des deux mots Mah-Rouz. Il existe à ce sujet une tradition d’Ebn Salman d’après Maïmoun fils de Mahran qui rapporte qu’on présenta à Omar fils de Khattab alors calife un billet dont l’échéance l’était indiquée au mois de schaaban. « Quel mois de schaaban, dit il, est ce celui dans lequel nous sommes ou celui qui doit venir ? » À ce sujet il assembla les principaux d’entre les compagnons de Mohammed et leur dit Voici que nos revenus sont devenus considérables les allocations que nous en avons faites n ont pas de terme fixe comment arriver à un moyen de préciser les époques de payement ? « — Il nous faudrait, répondirent-ils, chercher ce moyen « dans les usages des Persans. » Omar fit alors venir el-Harmozam et l’interrogea sur ce point. « Nous avons une manière « de compter, dit celui-ci, que nous appelons Mab-Rouz, ce « qui signifie compte des mois et des jours. » On arabisa le mot et l’on dit d’abord Mourakh, dont on fit ensuite el. Tarikh et Orkha, dont l’usage devint général. On chercha : ensuite quelle époque on désignerait comme commencement de l’ère de l’empire islamite, et l’on convint de prendre pour point de départ l’année de la fuite du prophète.

La fuite de la Mecque vers Médine (que ces deux villes soient glorifiées par Dieu très-haut ! ( eut lieu lorsque déjà s’étaient écoulés de l’année le mois de moharrem, celui de safar, et huit jours de rebi-el-aoual. Or, pour fixer l’ère de l’hégire, on revint en arrière de soixante-huit jours, et l’on prit pour première date le premier jour de moharrem de cette même année. On compta ensuite depuis ce premier jour de moharrem jusqu’au dernier jour de I vie du prophète, et on trouva dix ans et deux mois : mais si on comptait ce qu’il a vécu depuis la date véritable de sa fuite, on ne trouverait que neuf ans onze mois et vingt-deux jours.

Nous avons composé une table qui relate l’intervalle écoulé entre l’hégire et les événements importants des siècles anciens. Ainsi celui qui désire connaître l’espace de temps qui sépare deux événements quels qu’ils soient n’a qu’à noter le nombre d’années écoulé entre chacun d’eux et l’hégire, puis retranchant Le plus petit nombre du plus grand, le reste formera l’intervalle demandé.

Si nous voulons, par exemple, connaître combien il y a d’années entre la naissance du Messie et celle du prophète de Dieu, nous retranchons les années écoulées entre Ia naissance du prophète et l’hégire, c’est-ä-dire cinquante-trois ans deux mois et huit jours de six cent-trente et un ans, À reste alors cinq cent-soixante et dix-huit années moins deux mois et huit jours, ce qui forme en effet l’espace écoulé entre a naissance du prophète de Dieu et celle du Messie, fils de Marie. C’est de cette manière que se pourront calculer les temps compris entre les deux époques que l’on voudra choisir dans la table suivante (53).


(53) Le mot traduit ici par table دايرة, qui veut dire cercle. Cette expression est extrêmement juste ; car dans le manuscrit 615 de la Bibliothèque royale, ct dans celui rapporté par Schullz, Le chapitre suivant est renfermé dans un cercle dont le centre contient ces mots : الهجرة. De ce centre partent des rayons qui viennent aboutir à la circonférence et entre lesquels se trouvent inscrits les différents faits dont Abou’lféda à voulu établir l’ordre chronologique.