Vie de Mohammed/Expédition de Karkarat-el-Kodr

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Expédition de Karkarat-el-Kodr, en l’année 2 de l’hégire.

On dit aussi que ce combat ne fut livré que dans la troisième année de l’hégire. Karkarat-el-Kodr est le nom d’une source voisine de la route qui, de a Mecque, conduit dans l’Irak. Le prophète avait appris que là s’était rassemblée une troupe de Benou-Soulaïm et de Benou-Ghatafan ; il S’avança pour les combattre ; mois n’ayant trouvé personne il rentra dans Médine avec tous les troupeaux dont il avait pu S’emparer.

Dans cette même année, qui est la seconde de l’hégire, mourut Othman, fils de Matoun (que Dieu ait pitié de lui), puis Ali épousa Fatima, fille du prophète. C’est encore dans cette année que fut livré à Dhou-Kar (74) la bataille entre fa tribu de Bekr ben-Ouaïel et l’armée de Kesra-Parwiz commandée per Hamorz. Le combat fut terrible, mais enfin les Perses furent mis en fuite ainsi que les Arabes qui combattaient dans leurs rangs, et Jeur chef Hamors fut tué. ë

À cette époque mourut Omaïa, fs d’Abou-Salt. Le vé- ritable nom d’Abou-Salt était Abd-allah, fs de Rabia ; Ontoia était l’un des principaux chefs des infidèles. H avait la les écritures, et ayant eu connaissance de la mission du prophète, ii l’avait niée par envie, ayant été d’ailleurs assez insensé pour espérer que ce serait lui-même qui serait l’envoyé du ciel. Ce même Omaïa avait fait un voyage en Syrie et était re- venu dans le Hedjaz après le combat de Bedr. Comme il pas- sait auprès du puits, an lui dit que là étaient ensevelis ceux qui aveient été tués dans ce combat, et que parmi eux se trouvaient Otba et Schaïba, fils de Rabia, tous deux ses propres causins. Aussitôt, en signe de deuil, il coupa les oreilles à sa chumelle (75), et, s’arrêtant sur le bord du puits, il y récita une longue élégie dont voici quelques vers (76) :

Je pleurerai sur ces nobles guerriers, fils de guerriers nobles aussi ». a et dignes de toutes louanges.

Ainsi que dans Le feuillage de l’aïk gémissent les colombes sur Îes ratneaux inclinés,

Le soir, tristes, abattnes, élles s0 réanissent pour gémir

elles gémissent avec des sanglois les femmes qui pleurent aux funérailles.

Que de chefs et de princes emsevelis à Bede et à Akalal,

Vicillards et jeunes gens, robustes, braves et eouregeux |

Combien a changé le vallée de la Mocquel ce n’est plus qu’un désert rocsilleux.

Troisième année de l’hégire. Ce fat dans cette année, an mois de ramadhan, que naquit Hacan, ls d’Al : puis dans cette même année je Juif Caeb (77), fils d'Aschraf, fat tué par Mohammed, fils de Meslemé, Aosarien.


(74) Voyez, sur Les causes du combat de Dhou-kar, Îe récil’fait par Abou’Héda à la fn du 1° chapitre de son Histoire générale, iuséré par AN Silesire de Suey dans les Erepre ex Ajoulfoda de Rebas Arab ante Mohammedem, joints an Sposinen Hist. Arab. de Pococke, page 481 On He dans le Meraçid cfa, page 507 : « Dhon-Ker est un petit Lac « sur de terriloire des Benou-Bekr ben-Ouail ; H est siiué proche de Coufa, seutre celle ville el Wacil. » cebte dernière ville est bâtie sur les borda du Tigre à environ 6 journées de Koufa, [Voyez Édrisi publié par M. Jau- bent, p. 367.)

(75) Celle action de couper les oreïlles à sa chamelle était, de Ja part . un hommage rendu aux morts au nom desquels il donneit La iberté à Ja chaunelle qu’il venait de trailer ainsi. En effet, l’aniroal an quel on coupait les orcilles étnil par eela même rendu à da liberté la plus entière : il pouvait à son gré errer dans Les pâturages, on ne lui imposait aucun service, on ne pouvait plus le mettre à mort, ni même se nourrir de son lait. {Voyez nn. Mosom. aénolationes hit., lom. 1, pag 19.)

(76) Les vers cités dans Le texte arabe sont du mètre Ja.

(77) Caab, habitant de Médine, était un ennewi implacable de MaLomet. Dès qu'il eut appris quel avait été le résultat du combat de Bede, il se rendit à la Mecque pour exhorter les Koreïschites à la vengeance, et leur rétile des vers qu'il avait composés en l'honneur des infidèles , morts sur de chap de bataille. Revenu à Médine, il se mit de même à des réciter au peuple, cherchant à l'exciter contre le prophète; mais Ma- homet craignant les elfets de sa haine , le frappa de proscripion, et fut ais à mort, {Voyez da Vie de Mohammed éditée par Gaguier, p. 44.)