Vie de Mohammed/Conversion d’Omar ben-el-Khattab

Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
Imprimerie royale Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 18-19).

Conversion d’Omar ben-el-Khattab Ben-Abd-el-Ozza.

Omar(32), homme d’un caractère énergique, était l’ennemi déclaré du prophète. On raconte que le prophète dit un jour : « O mon Dieu, fortifiez l’Islamisme par la conversion d’Omar, fils de Khattab, ou d’Aboulhikam, fils d’Hesham33) (qui était le même qu’Abou-Djahl.) » Dieu fit entrer Omar dans la bonne voie. Un jour qu’il avait pris son sabre et qu’il cherchait de prophète dans l’intention de le tuer, il rencontra Noaïm ben-Abd-allah El-Nabham qui lui dit à « Que veut-tu faire, Omar ? » et celui-ci lui confia son dessein : « Si tu fais cela, lui dit alors Noaïm, les fils d’Abd-Menaf ne te laisseront pas vivant sur la terre ; que n’obliges-tu plutôt ta sœur(34)), ton cousin Saïd, " fils de Zeïd, et Khattab, qui ont embrassé l’islamisme, à le quitter ? » À ces mots, Omar se dirige vers eux et les trouve lisant sur un feuillet la surate Ta ha(35) ; il entendit même quelques mots ; mais lorsqu’ils s’aperçurent de son approche ils cachèrent le feuillet et se turent, Omar les interrogea sur ce qu’il avait entendu, et d’abord ils nièrent ; mais il frappa violemment sa sœur et lui dit : « Montre-moi ce que vous lisiez, » Or Omar savait lire el écrire. Sa sœur, craignant pour le feuillet, lui dit : « Tu le détruirais ? » mais il promit de le lui rendre. Elle le lui présenta ; il le lut et s’écria : « Que cela est beau ! que cela est noble ! » Dès lors elle conçut l’espoir de lui faire embrasser l’Islamisme,

Khabbab s’était tenu caché jusqu’alors, Lorsqu’il entendit l’exclamation d’Omar, il vint vers lui, et Omar les ayant interrogés sur Le lieu où se tenait le prophète, ils fui dirent qu’il le trouverait dans une maison de Safa, Le prophète s’y trouvait en effet et avait auprès de lui une quarantaine de personnes, tant hommes que femmes, parmi lesquelles étaient Hamza, Abou-Bekr-es-Siddik et Ali, fils d’Abou-Taleb. Omar s’y rendit encore ceint de son épée, Il demanda la permission d’entrer, et le prophète la lui accorda ; lorsqu’il entra le prophète se leva, le saisit par son manteau À l’endroit où il se croisait (sur son épaule) et l’attirant vivement à lui, lui dit : « Que viens-tu faire ici ? fils de Khattab. Persisteras-tu (dans ton impiété) jusqu’à ce que la catastrophe tombe sur toi ? » O prophète de Dieu, répondit Omar, je suis venu pour croire en Dieu et en son prophète. À ces mots le prophète s’écria M « Dion est grand, » et là conversion d’Omar fut ainsi accomplie.


(32) Omar se nommait d’après Kodaï, Abou-Hals Omar, fils de Khattab, fils de Nofail, des Benou-Ada, fils de Caab, fils de Loway. Il était né à la Mecque, et dans son enfance avait été employé à garder les chameaux de son père qui le traitait avec une extrême sévérité lorsqu’il manquait en quelque chose à son devoir. (Voyez Annal. Mosl., t. I, page 252.)

On lit dans le Camous, au mot Farouk, séparateur, qu’Omar portait ce surnom parce que sa conversion à l’islamisme avait marqué la séparation entre la religion nouvelle et l’idolâtrie des anciens Arabes : en effet jusques-là, l’Islamisme, professé en secret par quelques prosélytes, n’avait point eu le retentissement qu’il acquit alors qu’Omar, homme très-influent par sa position et par son courage, se fut consacré tout entier à la propagation du nouveau culte auquel il venait de se soumettre. D’après Tabari, dont l’opinion est adoptée par Gagnier et d’Herbelot, le nom de Séparateur lui fut donné par Mahomet pour avoir coupé en deux d’un coup de sabre un Musulman qui refusait d’obéir à la sentence que le prophète venait de prononcer contre lui.

(33) Ce qui m’a décidé à lire El-Hikam, c’est un passage du manuscrit 615, f. 85 v : قيل سمّاة معـسره ابا للحکم والله سمّـاه ابا جهـل Sa famille l’avait nommé Abou’l-hikam (le père des maximes de sagesse). Dieu le nomme Abou-Djahl (le père de l’ignorance). Il se pourrait cependant qu’on dût lire Abou’l-hakem, et que للحکم El-Hakem fut le nom d’un fils aîné d’Abou-Djahl.

(34) Que n’obliges-tu plutôt ta sœur… On lit dans le Sirat er reçoul, fol. 53 : مانت فاطمة بنت الخطاب قد أسلمت واسلم زوجها سعيد بن زيد……وكان خبّاب بن الأرتّ يختلف إلى فاطمة يقريها القرآن « Fatima, fille de Khallab, avait embrassé l’islamisme ainsi que son mari Saïd, fils de Zéid… et Khabbab, fils d’El-Aratt, se rendait souvent près d’elle pour lui faire réciter Le Coran. »

On voit par ce passage que Reiske s’est trompé en prenant Khabbab pour Le mari de Fatima.

(35) On sait qu’il existe plusieurs chapitres du Coran portant en tête des lettres initiales sur la signification desquelles les plus habiles interprêtes du Coran ont avoué leur ignorance. El-Thalebi, cité par Gagnier (p. 22), dit eu parlant de ces lettres : « Elles sont au nombre des choses «mystérieuses dont Du Irès-haut s'est résérvé la science; nous éroyons «qu'elles sont descendues du ciel el nous en hissons à Dieu l'interpré. «lation.» On peut voir dans Anthologie arabe de M. de Sacy on long fragment de Béidavi relatif à ces lettres, el dans lequel i rapporté plu sieurs opinions émises à ce sujet, La plus généralement adoptée c'est que ces monogrammes sont les noms des sourates en tête desquelles île se trouvent.