Édition de la Phalange (p. 66).

V

Chemins

Sentes si loin de tout, dans le désert breton
Désert vert animé de mirages de fées,
Sentes si enfermées dans le « feuillu » profond,
Dans la sauvagerie ondante des buissons
Et le mystère velouté des pins, frôlé
Par une brise humide et si dolemment bleue,
Qui me montrait, sous les taillis ébouriffés,
Rebroussés, les flots dolemment bleus à des lieues !
Comme vous me saouliez, ô sentes de trappeurs
Du brutal, farouche et fauve encens de vos fleurs !
Ô la folie de ma liberté fanfarante !
Et comme vous m’avez fait comprendre, le soir,
Par le roux désespoir des lueurs déclinantes,
Le bonheur d’être seul parmi vos rouges souches,
La volupté d’être si loin — et, l’effroi noir
Et la tristesse du « Petit Chaperon Rouge » !…