Utilisateur:SyB~Anicium/Pline/II/14

Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 110-111).
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Livre II — § 14

XIV.

1(XVII.) Disons d’abord pourquoi Vénus ne s’éloigne jamais de plus de 46 degrés du soleil, et Mercure de 23, et que souvent ces deux planètes commencent leur retour vers le soleil avant de s’être autant écartées. Étant inférieures au soleil, elles ont la convexité de leurs apsides tournée vers cet astre ; et de ces cercles il en passe au-dessous (18) autant que de ceux des planètes supérieures il en passe au-dessus : elles ne peuvent donc pas s’écarter davantage, attendu que la courbure de leurs apsides n’a pas là une longueur plus grande. Ainsi chacune des deux planètes inférieures est semblablement limitée par l’extrémité de son apside ; et elle compense ce qui lui manque en longitude par la digression en latitude. 2Mais pourquoi ces deux planètes ne parviennent-elles pas toujours l’une à 46 degrés, et l’autre à 23 ? Elles y parviennent sans doute, mais la théorie est ici en défaut ; car il est manifeste que leurs apsides se meuvent aussi, attendu qu’ils ne dépassent jamais le soleil : c’est pourquoi, lorsque leurs orbites rencontrent par l’un ou l’autre côté le degré où est le soleil, alors les planètes sont censées être parvenues aussi loin qu’elles le peuvent ; et lorsque leurs orbites restent en deçà du soleil d’autant de degrés, ces mêmes planètes sont alors censées rétrograder trop vite, quoique dans l’un ou l’autre cas elles aient atteint également l’extrémité de leur écartement. 3Ce qui doit faire comprendre que le mouvement y est en sens opposé des autres : car dans les supérieures il s’accélère à leur coucher du soir, tandis qu’alors il se ralentit dans les planètes inférieures ; c’est à la plus grande hauteur qu’a lieu là le ralentissement, ici l’accélération. En effet, l’accélération de vitesse est pour les unes au voisinage du centre, pour les autres dans la plus grande hauteur de leur cercle. Arrivées au lever matinal, les supérieures perdent de leur rapidité, les inférieures en acquièrent davantage. 4Les premières rétrogradent de la station du matin à celle du soir ; au contraire, Vénus rétrograde de celle du soir à celle du matin, monte en latitude au lever matinal, suit le soleil et prend de la hauteur à partir de la première station, atteint à l’instant du coucher du soir le plus de hauteur et le plus de vitesse, puis au lever du soir descend en latitude et diminue de mouvement, enfin rétrograde et s’abaisse à partir de la station du soir. 5De son côté, Mercure au lever matinal prend de la latitude et de la hauteur, et décroît en latitude au lever du soir ; arrivé à quinze degrés du soleil, il reste là environ quatre jours immobile, décroît de hauteur et rétrograde, depuis le coucher du soir jusqu’au lever du matin. Seul avec la lune, il met à descendre le même temps qu’à monter ; Vénus en met quinze fois autant à monter. La digression coûte à Saturne et à Jupiter deux fois, à Mars quatre fois, le temps de l’ascension, tant est grande la variété de la nature. Mais la raison en est évidente : ce qui fait effort vers les rayons brûlants du soleil descend aussi à regret (19).