Traduction par Albert Montémont.
Ménard (Œuvres de Walter Scott, tome 11p. 530-538).



CHAPITRE XXI.

la reconnaissance.


Après votre départ, j’ai interrogé mon cœur, j’ai cherché ce qui l’agitait ainsi. Hélas ! j’y ai trouvé l’amour, mais un amour innocent ; car, n’eussé-je dû vivre qu’auprès de vous, il aurait été le but constant de mes pensées.
Philaster.


Annette Lyle avait alors à contempler le gouffre épouvantable que l’amour et la jalousie d’Allan venaient d’entr’ouvrir sous ses pas. Il lui semblait qu’elle chancelait sur le bord d’un abîme où elle devait s’engloutir, et qu’elle avait perdu tout refuge, tout secours humain. Elle sentait depuis long-temps que Menteith lui était plus cher qu’un frère : et pouvait il en être autrement ? C’était Menteith qui l’avait sauvée au moment où Allan avait le bras levé pour lui donner la mort ; il s’était établi entre elle et lui une intimité qui nécessairement lui avait fait connaître tout le mérite du jeune comte, dont les attentions et les assiduités pouvaient d’autant moins lui échapper, que par la supériorité de son esprit, par sa grâce, par son amabilité, il était bien supérieur aux guerriers à demi sauvages parmi lesquels elle vivait. Mais son attachement, quelque tendre qu’il fût, était de cette nature calme, timide, méditative, qui porte à rechercher le bonheur de l’objet aimé plutôt qu’à concevoir des espérances ardentes et présomptueuses ; cette affection était telle, enfin, que la seule certitude de la félicité de Menteith eût suffi à son propre bonheur. Il existe une chanson gaélique dans laquelle elle aimait à exprimer ses sentiments, et qui a été traduite par le spirituel et infortuné Alexandre Mac-Donald. Elle est ainsi conçue.


le tendre aveu.


Dans un humble vallon, où se cache la vie,
Oh ! que n’es-tu né comme moi !
Qu’avec plaisir j’eusse avec toi
Partagé ce destin à l’abri de l’envie !
Avec toi, mon ami, partout j’eusse volé
Sur la terre et même sur l’onde,
Où le vent, de son souffle ailé,
Eût poussé ma nef vagabonde ;
Mais des dieux un injuste arrêt
Me sépare, hélas ! de toi-même.
Sois heureux ! et mon cœur avec moins de regret
Priera pour l’objet seul que j’aime.

À souffrir bien des maux ce cœur est destiné,
Lorsque la riante espérance
L’aura bientôt abandonné ;
Mais rien ne trahira sa profonde souffrance.
On ne me verra point, triste et dans le silence,
Cédant à de vagues souhaits,
De pleurs humecter ma paupière…
De peur que ma douleur amère
Ne trouble d’un ami le bonheur et la paix.


La déclaration violente et impétueuse d’Allan venait de détruire le projet romanesque qu’elle avait formé de nourrir en secret sa tendresse rêveuse, sans chercher à obtenir le moindre retour. Depuis long-temps, déjà elle redoutait Allan, autant que pouvaient le lui permettre la reconnaissance et la conviction où elle était qu’il cherchait à adoucir pour elle son caractère fougueux et indomptable ; mais alors elle ne pensait à lui qu’avec un sentiment de terreur dont elle ne pouvait se défendre, et que la connaissance de son caractère vindicatif et de l’histoire de sa vie ne justifiait que trop. Quelle que fût la noblesse de son âme, jamais Allan n’avait su maîtriser la fougue de ses passions. Dans la maison et le pays de ses ancêtres, on le regardait comme un lion apprivoisé que personne n’osait contrarier, de peur de réveiller sa férocité naturelle. C’est pourquoi plusieurs années s’étaient écoulées sans qu’il eût éprouvé une seule contradiction, une seule représentation ; et on avait toujours eu pour lui tant de déférence, que s’il n’était pas devenu le fléau et la terreur de tous les environs, c’était grâce à cette prudence et au bon sens qui, à l’exception de son mysticisme, formait la base de son caractère. L’arrivée subite de sir Dugald Dalgetty ne permit pas à Annette de se livrer plus long-temps à ses craintes, et interrompit le cours de ses réflexions.

On peut croire que le théâtre sur lequel le major avait passé la plus grande partie de sa vie ne l’avait pas rendu très-propre à briller dans la société des femmes ; et, par une sorte de sentiment intime, il s’avouait aisément que le langage de caserne et de corps-de-garde n’était pas fait pour leur convenir. La seule partie de sa vie consacrée à la paix s’était écoulée au collège d’Aberdeen ; et il avait oublié tout ce qu’il y avait appris, si ce n’est le talent de raccommoder ses bas, et celui d’expédier ses repas avec une célérité peu ordinaire ; talents que la nécessité et l’occasion fréquente de les mettre en pratique l’avaient aidé à entretenir dans toute leur supériorité. Cependant, c’était encore dans les souvenirs imparfaits de ce qu’il avait appris pendant cette époque de calme, qu’il puisait des sujets de conversation lorsqu’il se trouvait en société avec des dames, et son langage, en cessant d’être soldatesque, devenait celui d’un pédant.

« Miss Annette Lyle, lui dit-il en entrant, je ressemble en ce moment à la lance ou à l’esponton d’Achille[1], dont un bout pouvait blesser et l’autre guérir, qualités que ne possèdent, au surplus, ni la lance espagnole, ni la pertuisane, ni la hallebarde, ni la hache de Lochaber, ni aucune autre arme des temps modernes. »

Il répéta deux fois cette phrase introductive mais comme Annette, qui paraissait à peine l’avoir entendue la première fois, parut ne l’avoir pas comprise la seconde, il fut obligé de la lui expliquer.

« Je veux dire, miss Annette Lyle, qu’ayant été la cause qu’un honorable chevalier a reçu une blessure dangereuse, attendu que pendant le combat, et contre la loi des armes, il a tiré un coup de pistolet sur mon cheval, qui portait le nom de l’immortel roi de Suède, je désire que vous m’aidiez à lui procurer quelque soulagement, vous qui êtes, comme le dieu païen Esculape (peut-être voulait-il dire Apollon), habile non seulement dans le chant et la musique, mais encore dans l’art plus noble de la chirurgie : Opiferque per orbem dicor. — Ayez la bonté de vous expliquer plus clairement, » dit Annette, dont le cœur était alors trop malade pour se divertir de la galanterie pédantesque de sir Dugald.

« Cela ne sera peut-être pas aussi facile que vous le pensez, répondit le chevalier, car j’ai perdu l’habitude des constructions grammaticales ; pourtant nous essaierons : Dicor (sous-entendu ego), je suis appelé ; opifer… Opifer ?… Je me souviens de signifer et de furcifer ; mais opifer… Ah ! je crois qu’opifer signifie, dans cet endroit, docteur en médecine[2]. — Ce jour en est un de grande occupation pour tout le monde, reprit Annette ; veuillez donc me dire brièvement ce que vous désirez de moi. — Que vous veniez voir mon frère en chevalerie, et que vous ordonniez à l’une de vos femmes de porter quelques médicaments pour mettre sur ses blessures, qui menacent d’être ce que les savants appellent dammum fatale[3]. »

Annette Lyle n’hésitait jamais quand il s’agissait de secourir ses semblables. Elle s’informa en peu de mots de la nature de la blessure, et cédant au plus vif intérêt lorsqu’elle apprit que ses soins étaient nécessaires au respectable vieillard qu’elle avait vu à Darnlinvarach, et dont la dignité l’avait vivement frappée, elle oublia pour un moment sa propre douleur.

Sir Dugald introduisit Annette Lyle dans l’appartement du malade avec les plus grandes cérémonies, et, à sa grande surprise, elle y trouva lord Menteith. Elle ne put s’empêcher de rougir beaucoup en l’apercevant ; mais, pour cacher son trouble, elle se hâta d’examiner la blessure du chevalier d’Ardenvohr, et reconnut immédiatement qu’il était hors de son pouvoir de le guérir. Pendant ce temps-là, Dalgetty retourna vers une espèce de hangar, sous lequel, parmi les blessés qui y avaient été portés, se trouvait Ranald.

« Mon vieil ami, je vous le répète, j’aurais voulu faire quelque chose pour vous obliger, attendu que vous avez reçu cette blessure pendant que vous étiez sous ma sauvegarde. J’ai donc, en conséquence de votre instante prière, été chercher miss Annette Lyle, pour la conduire près du chevalier d’Ardenvohr, dont la blessure réclame ses soins, quoique je ne puisse comprendre en quoi cela peut vous intéresser si fort. Je crois vous avoir entendu parler autrefois de quelque relation de parenté entre eux ; mais un soldat comme moi a autre chose à penser qu’à des généalogies de montagnards. »

Et en vérité, pour rendre au digne major la justice qui lui est due, il faut dire que jamais il ne s’inquiétait, ne s’informait, ni ne se souvenait des affaires des autres, à moins qu’elles n’eussent quelque rapport à l’art militaire ou qu’elles ne fussent liées de quelque manière avec son intérêt personnel ; et dans l’un ou l’autre de ces deux cas, sa mémoire était très fidèle.

« Maintenant, mon bon ami du Brouillard, dit-il, pouvez-vous me dire ce qu’est devenu votre jeune fils qui promettait tant ? je ne l’ai pas revu depuis qu’il m’a aidé à me désarmer après la bataille : une telle négligence mériterait l’estrapade. — Il n’est pas loin d’ici, répondit le blessé ; mais gardez-vous de lever le bras sur lui ; car il est homme à payer une aune de courroie par douze pouces d’acier bien trempé et bien affilé. — Voilà une bravade fort inconvenante, reprit sir Dugald ; mais, comme je vous ai quelque obligation, Ranald, je la laisserai passer inaperçue. — Eh bien, si vous croyez me devoir quelque chose, poursuivit le proscrit, vous pouvez vous acquitter envers moi, en m’accordant une faveur que j’ai à vous demander. — Ami Ranald, répondit le major, j’ai lu quelque part des histoires de ces promesses faites trop à la légère, et qui ont coûté cher aux imprudents chevaliers qui les avaient faites. Il est beaucoup plus sage, Ranald, de ne pas faire de promesses avant de savoir préalablement de quoi il s’agit, afin de ne s’engager à rien qui puisse nous devenir préjudiciable. C’est ainsi que j’en agirai avec vous. Peut-être désirez-vous que j’invite notre chirurgien femelle à venir visiter votre blessure ; mais considérez que le peu de propreté de l’appartement où l’on vous a déposé est capable de souiller la fraîcheur de ses vêtements, et vous devez avoir observé que les femmes sont extraordinairement soigneuses de leur toilette. Je perdis jadis les bonnes grâces de la femme du grand-pensionnaire d’Amsterdam pour avoir touché de la semelle de ma botte la queue de sa robe de velours noir ; et cela, parce que cette queue étant à une énorme distance de sa personne, j’eus le malheur de la prendre pour un tapis de pied. — Il ne s’agit point d’amener ici Annette Lyle, reprit Mac-Eagh, mais de me transporter dans l’appartement où elle est occupée à soigner le chevalier d’Arvenvohr ; j’ai à leur communiquer à tous deux quelque chose de la dernière importance. — Il est tout à fait hors des convenances, reprit Dalgetty, de mettre un proscrit blessé en présence d’un chevalier, la chevalerie ayant été dès long-temps, et étant encore à quelques égards, le plus haut grade militaire, grade qui le met au niveau de presque tous les autres officiers. Cependant votre demande se bornant à cela, je vous l’octroie volontiers. » Et il donna ordre à trois soldats de transporter Mac-Eagh sur leurs épaules jusque dans l’appartement de sir Duncan Campbell, ayant soin de prendre les devants pour annoncer le motif de cette visite si inattendue. Mais les soldats avaient exécuté ses ordres avec une telle promptitude, qu’ils marchèrent pour ainsi dire sur ses pas, et qu’à peine fut-il entré ils déposèrent à terre le moribond. Les traits de Ranald, naturellement farouches, étaient alors décomposés par les souffrances qu’il éprouvait ; ses mains et ses vêtements étaient tachés de son propre sang et de celui des autres, car personne n’avait songé à en effacer les traces, quoique l’on eût appliqué un bandage sur la blessure.

« Est ce vous, » dit-il en soulevant péniblement sa tête et en se tournant vers l’endroit où était étendu son ancien ennemi ; « est-ce vous que l’on appelle le chevalier d’Ardenvohr ? — Moi-même, répondit sir Duncan ; que voulez-vous d’un homme dont les heures sont comptées ? — Les miennes sont réduites à des minutes, reprit le proscrit ; il faut donc me savoir gré si je les dévoue au service de celui dont la main a toujours été levée sur moi, et sur lequel la mienne s’est appesantie à son tour d’une manière encore plus terrible. — Ta main s’est appesantie sur moi, misérable vermisseau ! » s’écria le chevalier en lui jetant un regard de mépris.

« Oui, mon bras s’est montré plus lourd que le tien ; les blessures que je t’ai faites ont été profondes, quoique celles que j’ai reçues de loi n’aient pas été légères. Je suis Ranald Mac-Eagh, je suis Ranald du Brouillard ; rappelle-toi la nuit où je livrai ton château à la fureur des flammes, où tes enfants tombèrent sous le poignard de mes compagnons. Mais rappelle-toi les maux que tu avais faits à ma tribu ; jamais personne, à l’exception d’un seul homme, ne pouvait la persécuter ainsi : cet homme, le Destin l’a mis, dit-on, à l’abri de ma vengeance ; mais l’avenir fera voir si elle peut m’échapper. — Milord Menteith, » s’écria sir Duncan en se soulevant sur son lit, » cet homme est un traître ; il est à la fois l’ennemi du roi, du parlement, de Dieu et des hommes ; c’est un Enfant du Brouillard, un scélérat, un proscrit ; il est l’ennemi de votre maison, de celle de Mac-Aulay, et de la mienne. J’espère que vous ne souffrirez pas que ces moments, qui sont peut-être les derniers qui me restent, soient empoisonnés par son triomphe barbare. — Il sera traité comme il le mérite, dit Menteith ; qu’on l’éloigné à l’instant. »

Sir Dugald crut devoir s’interposer alors dans cette affaire, en parlant des services que Ranald avait rendus a l’armée comme guide ; et il termina cette apologie en répétant, comme à l’ordinaire, que cet homme ayant été placé sous sa sauvegarde, il devait répondre de lui. Cependant la voix rauque et sonore de l’Enfant du Brouillard couvrait celle du major :

« Non, non ! s’écriait-il, laissez-les préparer la torture et le gibet, laissez-les livrer mon corps aux faucons et aux aigles de Ben-Nevis. Par ce moyen, cet orgueilleux chevalier et ce fier comte ne connaîtront jamais le secret que seul je puis leur apprendre, secret qui ferait tressaillir de joie le cœur d’Ardenvohr, fût-il à l’agonie ; secret que le comte de Menteith achèterait au prix de toutes ses possessions. Approche, Annette Lyle, » dit-il en se soulevant avec une force à laquelle on ne s’attendait pas ; « approche, Annette, ne crains pas la vue de celui qui a pris soin de ton enfance ; viens dire à ces hommes vains et superbes, qui te méprisent parce qu’ils te croient issue de mon ancienne race, que ton sang n’est pas le nôtre, que tu n’es pas une Fille du Brouillard, mais que tu es née dans la demeure des grands, et que tu as dormi dans un berceau aussi doux qu’aucun de ceux que l’orgueil inventa dans ses palais dorés. — Au nom de Dieu ! dit Menteith tremblant d’émotion, « si vous savez quelque chose sur la naissance de cette jeune fille, révélez-le, et avant de quitter ce monde, déchargez au moins votre conscience du poids de ce secret. — Et que ne me dites-vous aussi de bénir mes ennemis à mon dernier soupir ! » reprit Mac-Eagh en fixant sur lui un regard plein de malignité. » Telles sont les maximes que vous prêchent vos prêtres ; mais quand et envers qui les mettez-vous en pratique ? Avant de découvrir mon secret, il faut que je sache de quel prix on le paiera. Que donneriez-vous, chevalier d’Ardenvohr, pour apprendre que tous vos jeunes ont été superflus, et qu’il existe encore un rejeton de votre famille ? J’attends votre réponse : sans cela, je ne dis plus un mot. — Je pourrais… » dit sir Duncan agité par le doute, l’inquiétude et la haine, « je pourrais… Mais non, je connais ta race ; elle descend du Grand Ennemi, et ne se compose que de menteurs et d’assassins. Si pourtant ce que tu dis est vrai, je pourrais presque te pardonner les outrages et tous les maux que tu m’as faits. — Vous l’entendez ! s’écria Ranald ; c’est s’engager beaucoup pour un fils de Diarmid. Et vous, jeune comte, on dit dans le camp que vous donneriez votre sang et vos biens pour acquérir la certitude qu’Annette Lyle n’est pas l’enfant d’un proscrit, et qu’elle est issue d’une famille aussi noble que la vôtre. Eh bien, si je vous la donne, cette assurance, sachez que ce n’est pas par affection pour vous. Il fut un temps où j’aurais échangé ce secret contre la liberté ; mais il s’agit maintenant de ce qui m’est plus cher que la liberté et la vie. Annette Lyle, je le déclare ici, est le dernier enfant du chevalier d’Ardenvohr, le seul qui ait survécu, le seul qui ait été arraché aux flammes et à la mort qui ont dévoré toute sa famille. — Cet homme dit-il la vérité ? » s’écria Annette dans une sorte d’égarement, « ou bien ce que j’entends n’est-il qu’une illusion mensongère ? — Jeune fille, répondit Ranald, si tu avais vécu plus long-temps parmi nous, tu saurais mieux distinguer les accents de la vérité. Mais je donnerai à ce comte saxon ainsi qu’au chevalier d’Ardenvohr des preuves capables de convaincre l’incrédulité même. Maintenant retire-toi. J’ai aimé ton enfance : je ne hais pas ta jeunesse : quel est l’œil qui se détourne de la rose dans l’éclat de sa fraîcheur, bien qu’elle ait fleuri sur une épine ? Ce n’est que pour toi seule que j’éprouve quelque regret de ce qui ne peut manquer d’arriver bientôt… Mais celui qui veut se venger de son ennemi ne doit pas s’inquiéter si l’innocence sera ensevelie ou non sous les ruines. — Il a raison, Annette, dit lord Menteith ; au nom du ciel, retirez-vous. S’il a dit la vérité, sir Duncan et vous-même vous n’êtes pas préparés à un bonheur si inattendu. — Si j’ai retrouvé un père, dit Annette, je ne m’en séparerai pas ! non je ne m’en séparerai pas dans ce moment si doux et si douloureux tout ensemble. — Qui que vous soyez, jeune fille, répliqua sir Duncan, vous trouverez toujours un père en moi. — Alors, dit Menteith, je vais faire transporter Mac-Eagh dans l’appartement voisin de celui-ci, et je recueillerai moi-même ses déclarations et les preuves de ce qu’il affirme. Sir Dugald Dalgetty consentira-t-il à me prêter son assistance ? — Avec plaisir, milord, répondit le major ; je ferai tout ce qui pourra vous être agréable. Personne n’est plus en état que moi de vous seconder dans cette affaire, car j’ai entendu raconter toute cette histoire au château d’Inverary, il y a un mois. Mais des prises de châteaux comme celui d’Ardenvohr restent peu dans ma mémoire, occupée de sujets beaucoup plus importants. »

À cette déclaration si franche et si brusque que Dalgetty faisait en quittant l’appartement, lord Menteith lui lança un regard de colère et de mépris auquel le digne major, très-convaincu de son propre mérite, ne fit aucune attention.



  1. Télèphe, blessé par le fils de Pelée, n’obtint sa guérison que de la rouille du fer ensanglanté de la pique dont se servait ce héros. Il existe dans l’Anthéologie une épigramme sur ce sujet. a. m.
  2. Opifer, littéralement, signifie qui porte du secours ; per orbem, par toute la terre. — Ainsi, la phrase latine du major peut se traduire ainsi : « Je suis un opérateur renommé. « signifer veut dire porte-étendard, furcifer, porte-fourche. a. m.
  3. C’est-à-dire mortelles. a. m.