(auteur présumé Michèle Nicolaï)
(p. 104-113).

CHAPITRE IX

L’appartement de Stasia est très luxueux et cochon. C’est un appartement où l’on ne pousse pas de portes, où l’on soulève des tentures. Elle me le fait visiter. Tout à coup, un gémissement de femme se fait entendre. Une plainte très douce, étrange, à cette heure-ci.

— Non, non, imprudente, n’avance pas, me chuchote Stasia : on est en train de baiser par là !

Elle approche deux chaises, me fait signe de grimper ; en haut, il y a une lucarne.

— Sois sage ; pas de scandale ; ne pousse pas de cris !

Je vois un couple qui s’agite. Ils n’ont pas éteint l’électricité, les imprudents ! Un homme besogne ; mais je le reconnais : c’est Ronnie, le jeune garçon calamistré que la Princesse se réservait pour la nuit.

— Je lui avais dit de m’attendre, m’explique Stasia. Tu vois, il profite de son temps avec ma femme de chambre.

S’il en profite ! c’est en levrette qu’ils font ça ! Lui, a l’air d’un connaisseur !

Stasia soupire en regardant le jeune homme :

— Dire qu’il n’y a pas si longtemps il poussait son cerceau. Maintenant, qu’est-ce qu’il pousse !…

Il est en bras de chemise, son pantalon baissé ; il est penché sur une femme agenouillée dont on ne voit que la partie postérieure.

La robe noire, très étroite, est relevée jusqu’à la taille ; on ne voit que les hanches superbes, les deux jambes pliées qui doivent être longues, les deux mollets bien ronds qui font envie. Elle est agenouillée sur des coussins pour que la partie intéressante soit plus haute.

Un postérieur superbe, rond, plutôt gros, follement tendu, encore grossi parce que je le vois au premier plan, avec un petit trou du cul entouré d’un buisson léger et blond.

De temps en temps, l’homme donne sur ces fesses une claque qui tombe avec un bruit sourd, une claque à laquelle répond un gémissement de la femme. On sent que les chairs sont pleines et fermes.

Il est debout derrière elle, il pousse son beau membre dedans, il va vite, puis il s’arrête. Il reste comme immobile, il a l’air de vouloir faire sortir son membre et, brusquement, il le renfonce de toutes ses forces. La femme pleure de plaisir.

— Oh ! comme tu pousses fort !… comme tu me défonces !… Oh ! tu m’enfonces dans la matrice !… Oh !… Oh !…

C’est un long gémissement ; lui aussi commence à se plaindre, plus réservé d’abord, plus contenu, puis se décidant.

C’est surtout cela qui m’émeut, d’entendre gémir un homme. Il la tient serrée à la taille, il chiffonne cette taille, il la roule sous ses doigts affolés.

Et puis, une main, la main droite, lâche la taille ; je vois Ronnie, qui porte un doigt à sa bouche, qui le mouille de salive, il l’enfonce dans le trou du derrière de la femme de chambre et il fourrage dedans. Elle crie :

— Oh ! oui, comme ça !… Là ! là ! dans l’anus, c’est bon comme ça !… Branle-moi par là aussi !… N’aie pas peur, va vite !… Tu m’encules avec ton doigt !… Tu m’encules !…

Les deux croupes vont vite, si vite à la rencontre l’une de l’autre. Et j’entends tout à coup :

— Oh ! ta queue se gonfle !… je sens que tu vas décharger !… Oh ! fais attention, chéri, ne décharge pas dans moi, il n’y a rien pour se laver ici !… Retire-toi, je t’en prie, décharge-moi entre les fesses !… Ah ! je voudrais tant que tu me mouilles dedans, mais pas aujourd’hui ! Quand tu sentiras que cela vient, sors et décharge-moi entre les fesses !… Dis, tu me déchargeras là, ce sera bon tout de même, chéri, une autre fois tu me le feras dedans !…

Elle le supplie d’une voix rauque, il pousse encore quelques coups furieux et, tout à coup, son membre se retire, il le colle avec la main entre la rainure des fesses ; je vois un jet blanc qui part, qui jaillit jusqu’au milieu du dos de la femme.

— Là, là, tu me mouilles !… C’est bon quand tu me mouilles !…

Ils ne bougent plus, il est couché sur son dos.

Je redescends de ma chaise. Stasia me voit émue, toute à l’envers ; elle me dit, infiniment compréhensive :

— Si tu veux être seule, les lavabos sont là !

Elle me pousse.

— Va ! va vite ! J’attendrai devant la porte pour que personne ne te dérange.

Seulement, quand je sors, elle n’est plus là et les gémissements ont repris de plus belle, auxquels se mêlent les siens.

Chelsea. La porte noire entrebâillée ; l’escalier qui tourne ; un studio magnifiquement éclairé qui donne sur la Tamise.

Me voilà devant Vassili ; je le regarde.

Est-ce sa jolie petite gueule qui m’inspire, son air tendre, mais je me sens sentimentale, prête à tous les lyrismes. Je lui dis tout à coup, émue :

— Ça ne doit pas être gai, n’est-ce pas, pauvre petit, cette vie que vous menez ?… J’ai idée que vous ne devez pas être heureux tous les jours, hein ?… Et pourtant, joli garçon comme vous êtes… Ça serait gentil de vivre un peu désintéressé !… Vous ne sentez pas la douceur de cette journée ?… Est-ce que ça ne vous fait pas envie, l’amour, le simple amour ?… Comme ça serait bon d’avancer ensemble sur cette route ensoleillée !… Ah ! la vie peut être belle, vous savez !…

Je m’emballe, je m’exalte.

— Tenez, regardez dans la glace, le joli couple que nous faisons ! Quand je vous ai vu, j’ai pensé tout de suite à cela. Ah ! vous valez mieux que vous n’en avez l’air ! Mieux que vous ne le croyez vous-même ! Oui, il est impossible qu’au fond de vous-même, avec cet air angélique, vous ne désiriez pas autre chose ! Oh ! je ne vous condamne pas, on ne doit pas juger !…

Je répète, infiniment compréhensive, comme les baronnes du Faubourg quand elles vont voir leurs pauvres : « on ne doit pas juger ».

Mais qu’est-ce qu’il a tout à coup, qu’est-ce qui le prend ?… Il s’est levé, la voix furieuse :

— Dis donc, t’as pas fini ton boniment ?… Alors, pour deux cents balles tu crois que je vais te donner du sentiment, salope !… Tu crois que je vais te susurrer des choses !… Ah ! mince alors, si on avait que des clientes comme cela !…

Mon Dieu, que veut-il faire ? Il me saisit brusquement, il m’empoigne. Courte bagarre ; je me débats, mais il tient bon ; il est tellement serré contre moi que je commence à trouver que c’est follement intime de se battre.

Il m’a ramené les bras derrière mon dos ; il a réuni mes deux poignets dans une de ses mains, il essaie de me les ficeler avec un petit foulard qui traînait par là, sur le divan. Ça y est, il y arrive.

Mais pourquoi ? grand Dieu ! Il ne veut pas me tuer tout de même ! C’est si imprévu et je suis si étonnée que je ne peux même pas résister.

— Là, maintenant, fait-il, j’espère que tu te tiendras tranquille ; tu vas voir, je vais te faire passer tes bons sentiments !

Il rit, d’un mauvais rire ; j’ai peur ; c’est si horrible ce qui m’arrive.

Et brusquement il me pousse, il me fait culbuter sur le divan ; je tombe à genoux le derrière plus haut que la tête, dans une position horriblement humiliante et qui me met à sa merci.

Je sens une main qui relève ma robe, qui me retrousse ; je suis toute exposée à son regard, la croupe bombée malgré moi ; je veux me retourner, ou plutôt ma tête veut se retourner, pour voir ce qui se passe à l’arrière, mais une autre main, brutale et sans réplique, m’enfonce la figure dans un des coussins du divan.

— Reste tranquille, maintenant, hein ! ça vaut mieux ! et gueule pas, personne ne viendra !

Je ne « gueule pas », comme dit ce mufle ; j’ai peur, mais ce qui m’étonne moi-même, je n’ai pas envie de partir.

Les mains s’attaquent à ma culotte et me l’arrachent, difficilement d’ailleurs, parce que ma croupe, ces derniers temps, a plutôt grossi et que le tissu est très tendu sur mes fesses.

Enfin il en vient à bout, l’étoffe glisse le long de mes fesses, le long de mes mollets avec tout un cortège de petites sensations dont je ne perds rien.

La culotte arrivée au bout de sa course, le bandit, avec une adresse diabolique, tord le tissu autour de mes chevilles et voilà mes deux jambes dans un étau indesserrable.

Rien à faire maintenant, je suis au pouvoir de l’ennemi. Et mes fesses sont nues, honteusement nues et tendues affreusement. De temps en temps il me plaque la poitrine et la figure contre le divan pour que, par contrecoup, la partie postérieure de mon corps soit plus haute.

J’entends au-dessus de moi la voix dure, la voix furieuse de tout à l’heure, dont la rage monte. On sent qu’il s’excite sur ses propres paroles.

— Ah ! tu viendras encore m’embêter avec tes fadeurs, avec tes bons sentiments ! Ah ! je vaux mieux que la vie que je mène ! Tiens, tu vas voir ce que je vais te faire, pour la vie que je mène !

Mon Dieu ! ce n’est pas seulement me violer qu’il veut, c’est autre chose, une chose horrible que je n’ose pas comprendre. Il a défait la ceinture de cuir de son pantalon.

Non, c’est fou ! c’est impossible ! Il la lève au-dessus de mes fesses.

Ça siffle une seconde en l’air et en même temps je sens une atroce douleur sur mes fesses ; ça claque, je pousse un cri.

— Ah ! c’est horrible, vous êtes fou !

Il recommence.

— Tu vas voir si je suis fou !

La lanière de cuir s’abat de nouveau, rageusement, sur ma croupe.

— Tiens, voilà pour que tu me fiches la paix, pour que vous me fichiez toutes la paix avec vos boniments !

Oh ! ça brûle, ça coupe, j’ai mal, j’ai mal ! Et surtout je suis humiliée, j’ai honte, encore plus honte que mal. Il frappe ; il calcule ses distances maintenant ; il ajuste ses coups.

Oh ! ce n’était jusqu’à présent que sur le gras des fesses, maintenant c’est dans la rainure ! Mes deux globes essaient de se serrer, mais en vain.

Le bandit vise particulièrement le petit trou de mon anus ; je me sens brûlante, bouillante, comme si je m’étais assise le derrière nu sur des orties. Je gémis :

— Non, non, ça fait trop mal !… Oh !… Oh !… pitié !…

Je vois dans la glace, où il y a cinq minutes je regardais le joli couple que nous faisions, je vois mes fesses qui deviennent roses, puis écarlates, ma pauvre croupe qui essaie de fuir sans y arriver, qui se tortille, qui gigote…

Oh ! qu’il s’arrête une minute, qu’il s’arrête ! Je hurle :

— Je vous en prie, arrêtez-vous ! c’est horrible, arrêtez-vous ! je ferai ce que vous voudrez !… Oh ! j’ai trop mal aux fesses !… Oh ! mes pauvres fesses !… pitié !… pitié !…

— Ah ! tu veux que j’aie pitié !… tiens ! voilà comme j’ai pitié !… Qu’est-ce que tu penses de ce coup-là ?…

Mais dans sa rage la ceinture a glissé de ses mains ; j’entends le bruit de la boucle qui heurte le parquet et je vois la ceinture qui file sous la commode.

Alors comme il est trop pressé pour aller la ramasser, ce sont ses mains qui s’abattent sur moi, ses deux mains dures qui claquent : ça bat d’une manière mate sur une large surface et les vibrations vont loin, je sens le choc qui s’étale et toute la secousse se répand en moi.

— Tu croyais que c’était fini, hein ! petite garce !…

Oh ! comme ça change ; il me semble maintenant que la secousse va aussi toucher devant entre mes lèvres. Quelque chose se réveille par là, je n’ai plus envie d’être serrée, d’être contractée. Je me desserre un peu ; je ne voudrais pas, mais malgré moi ça s’ouvre par devant, ce n’est pas désagréable…

Une nouvelle rafale s’abat et je voudrais garder ses mains collées à mon cul ; je bombe le derrière, je tends les fesses, je les offre maintenant.

Je vois dans la glace ma croupe toute rouge qui monte et qui descend ; je suis toute mouillée, la liqueur commence à couler entre mes cuisses.

Oh ! il s’arrête, il arrache les liens qui entravent mes chevilles et je sens…

Oui, oui, cela maintenant, c’est le moment. Sa queue ! sa queue ! j’ai besoin de sa queue !…

La tige dure frotte entre la rainure de mes fesses, pas de fausse pudeur, et d’ailleurs je ne pourrais pas, j’avance la croupe vers le sexe raide.

Les deux mains sont revenues se poser sur mes fesses, mais non plus pour battre, pour les décoller l’une de l’autre. J’entends sa voix :

— Tu vas t’ouvrir, tu entends, ou je te tue !

La tête de l’instrument, passant par en dessous, a trouvé l’entrée ; j’aide la queue à m’empaler et d’un coup elle pénètre. Je crie :

— Oui, c’est ça, chéri !… Oh ! tu vas loin comme cela !… Oh ! tu m’as fait mal tout à l’heure, mais tu vas me consoler maintenant !… Oui, comme cela, console-moi bien au fond !… Sors un peu et rentre brusquement !… Cogne fort, oui !… J’aime comme ça !… Oh ! je vais jouir si tu continues !… Là, là, ça y est !… Oh ! mouille-moi partout, ça me brûle !… Arrose-moi les fesses !…