(auteur présumé Michèle Nicolaï)
(p. 62-76).

CHAPITRE VI

La chambre qu’habitent mes deux frères est un grand studio fait de deux pièces ordinaires. On a démoli une cloison parce qu’ils ne peuvent pas plus se séparer la nuit que le jour. Ils en profitent pour se chamailler à longueur de journée et mener une vie de patachon à laquelle nul, dans la maison, ne semble porter attention.

Nous avons décidé de ne rien faire, cette fin d’après-midi, sauf boire du thé et bavarder.

Claude et Antal, à leurs moments perdus, suivent des cours de droit. On ne les voit jamais travailler, mais, par un incroyable miracle, ils réussissent tous leurs examens.

En ce moment je les regarde, fumant à mes côtés. Ils sont exactement semblables et je ne m’étonne pas qu’on les confonde si souvent. Je me mets à rire.

— Quand vous serez avocats, vous tâcherez de plaider toujours dans les mêmes affaires. Je vois d’ici la tête du président, entendant tour à tour le même type dire les choses les plus contradictoires.

— Oh ! c’est surtout avec les femmes que c’est drôle, dit Antal. Quand nous étions en vacances, en Allemagne, chez nos amis Hardt, j’entre par hasard dans un petit salon d’où Claude venait de sortir. Une femme étendue sur un divan me tend les bras et dit :

— Oh ! liebling, reviens, aime-moi encore !…

Je me suis exécuté immédiatement. Et j’ai contribué à accroître la réputation, déjà bonne, de Claude.

— Satyre ! fait celui-ci, vexé… Tu ne m’avais jamais dit que tu avais fait l’amour avec Greta !… Si elle ne t’avait pas pris pour moi, tu n’avais aucune chance, tu sais ! Elle m’aimait réellement !

— Bizarre qu’elle ait pu vous confondre, dis-je. Pour une femme amoureuse !…

— Oh ! toi… pour ce que tu y connais !… jette dédaigneusement Claude…

Il fait bon ; ça me fait un drôle d’effet que je n’analysais pas jusqu’ici et qui commence par m’effrayer un peu… car il s’agit de mes frères…

C’est plein de lettres de femmes que, naturellement, ils laissent traîner quand on vient. Les lettres de femmes c’est fait pour ça et ils ne l’ignorent point. On les attend avec impatience et quand on les reçoit on ne va pas jusqu’au bout ; ce sont les autres qui vont jusqu’au bout, ceux à qui elles ne sont pas destinées… Moi, par exemple, quand je viens chez eux.

Il y a aussi bon nombre de photos obscènes avec des personnages les quatre fers en l’air.

— Regarde pas ça, malheureuse !

Mais ils se précipitent pour me les arracher généralement avec tant de lenteur que j’ai le temps d’apprendre les positions par cœur. Ils rougissent et ça m’émeut.

Il y a leur odeur excitante, leur parfum, leur eau de Cologne qui est débouchée, leur pyjama sur le lit qui sent le jeune garçon.

Me voilà sommeillant à côté d’eux et je commence une vague rêverie molle et pas désagréable. Je suis étendue doucement sur le divan où l’on enfonce un peu, Antal couché d’un côté, Claude de l’autre, moi au milieu.

Et je me pose des questions. C’est une après-midi paresseuse et indulgente qui a l’air faite pour cela. Pour être étendue à trois et pour se poser des questions. Des questions bizarres. Que je n’oserais pas poser tout haut bien sûr. Des questions un peu sans suite, qui ne mèneraient à rien pour un psychologue, que rien ne semble avoir provoquées sinon, peut-être, cette après-midi troublante. Je sais bien qu’elles peuvent paraître obscènes ces questions. Comme les gens sont compliqués !

Je m’imagine très loin, à Tahiti (je viens de lire un roman qui se passe là-bas), vahiné dégagée de nos préjugés occidentaux, étendue sur la plage au sable doré entre deux inconnus qui sommeillent doucement. Et je me penche sur eux.

— Quelle est votre manière de faire l’amour, ô étrangers, et de combien de centimètres enfoncez-vous, ô étrangers, et combien de fois renouvelez-vous vos exploits, et dans quels coins solitaires, quand vous êtes seuls, satisfaites-vous vos desseins, ô étrangers ?…

Je me demande cela, couchée ici dans cette pénombre chaude et lourde. J’ouvre un œil et je vois à droite, à l’endroit précis du pantalon, le renflement adorable de la virilité chez l’un, et à gauche, au même endroit précis de mon autre frère, la petite colline faite par le sexe qui dort.

Il ne dort pas si fort que cela probablement, car tout à coup ce que j’imagine se réalise.

C’est Claude. Je vois l’étoffe se tendre, la petite place bombée augmenter de volume, je devine la jeune tige qui relève la tête, qui se dresse par petits soubresauts, qui se met debout.

Quelques minutes se passent comme cela dans le silence de la chambre surchauffée, puis j’ai juste le temps de refermer les yeux, Claude se dresse, nous regarde, Antal et moi, faussement endormis, puis se lève et sort doucement, appuyant légèrement sa main sur son sexe, comme pour lui dire d’attendre.

Où va-t-il et que va-t-il faire ?

Je suis prise d’une folle envie de le suivre. À mon tour, je me lève sur la pointe des pieds. Il s’est dirigé vers la cuisine déserte à cette heure et il n’a même pas refermé la porte. Il est debout dans la grande pièce astiquée et claire, et je surprends sa double et émouvante gourmandise d’homme encore enfant.

Une de ses mains porte à sa bouche une pêche qu’il suce avec délice, l’autre déboutonne le pantalon. Le sexe jaillit, follement tendu.

Il ferme sa main dessus, emprisonnant le gland entre ses doigts et sa paume. Sa main va et vient, doucement d’abord, puis plus vite.

Maintenant, il a fini de manger le fruit et il s’assoit sur la chaise de paille devant la petite table de bois blanc.

Il a posé un papier devant lui. Je me dresse un peu sur la pointe des pieds pour voir, et je vois enfin. C’est la photo d’une bonne sœur en cornette, couchée sur un divan et qui relève les jambes, les mains sur la motte.

Maintenant, il commence à être réellement excité. Il frotte fort sur son sexe, fermant les yeux par moment, puis les rouvrant pour fixer le même point de la photo. Et, tout à coup, il se lève, il approche sa queue de la photo, il l’appuie sur la petite place entre les jambes écartées de la bonne sœur. Je vois la verge qui se gonfle, un jet blanc qui jaillit, mouillant la photo.

Je rentre dans la chambre, quelques secondes avant lui. Antal dort, à moins qu’il ne fasse semblant. Tous trois nous pensons aux mêmes choses…

Brusquement, la porte s’ouvre avec fracas. Père entre. Il a l’air furieux.

— D’abord, qu’est-ce que vous faites ici ?… Et puis, je veux vous dire que vous êtes deux galopins et que vous me chiperez mes maîtresses quand vous saurez l’orthographe… Compris !…

— Mais, papa, de quoi s’agit-il ? interroge Antal. Père brandit une lettre qu’il tient dans sa main crispée.

— De ça ! hurle-t-il.

Les jumeaux se regardent, consternés.

— Vraiment, papa, nous ne savions pas que tu…

Papa sort en criant plus fort :

— Je veux bien l’être, mais tout de même pas par mes fils…

Nous lisons la lettre. Elle est adressée à Lina Deli, l’actrice de cinéma, la plus jolie et la plus frêle de nos écrans.

Poupée,

Nous ne viendrons pas ce soir. Nous avons à voir un espèce de type embêtant qui nous a invités à dîner avec toute la famille.

On te bise sur tout ton corps.

Claude et Antal.

— Qu’en penses-tu ? me demande Claude.

— Comme littérature amoureuse je crois qu’il y a mieux, mais vous n’avez pas mauvais goût dans la famille, pour les femmes. Seulement vous pourriez écrire « espèce » au féminin. À part ça, que vous êtes deux salauds de cocufier papa.

— Vraiment on ne savait pas que c’était lui, le vieux dont elle parlait…

— Tais-toi, Claude, je ne veux pas supporter qu’on traite papa de « vieux »… Pour moi, il m’a toujours semblé un type d’homme épatant… Maintenant, il va perdre sa belle confiance en lui… Être trompé par ses fils, c’est comme si on lui disait qu’il n’est plus bon à rien, que sa place est prise définitivement. Je suis sûre qu’il a de la peine.

— Que faire ? demandent les jumeaux avec un geste identiquement désolé.

— J’ai bien une idée… mais elle ne peut réussir que si vous restez tous les deux à la maison ce soir.

— Nous avons un rendez-vous déjà.

— Avec qui ?

— Avec Mado, dans un bar des Champs-Élysées.

— Bon ! Ne vous inquiétez de rien : je vais le décommander… À propos, ça marche toujours avec elle ?

— Plus que jamais !… c’est la fille la plus mignonne et la plus ravissante de Paris.

— En somme vous y tenez malgré toutes vos aventures à côté.

— Elle est si chic ! soupire Claude.

Depuis longtemps, je connais la liaison de mes frères avec la petite modiste qui me coiffe. Elle les aime bien, ils sont si gentils garçons, si gais !… mais enfin… peut-être… Une idée que je trouve splendide germe en moi… Aussi je ne décommande pas Mado.

Je vais chez papa. Il m’accueille comme à son habitude, avec sa tendresse de père habitué à être galant homme. Je le câline, lui gratte le bout du nez et rebrousse ses cheveux.

— Qu’est-ce que tu veux ? demande-t-il.

— Je voudrais sortir ce soir, dans un bar, avec toi, connaître un peu la grande vie, quoi !… Accompagne-moi, dis !…

Il se fait un peu prier, pour la forme, puis il accepte. Nous voilà donc tous les deux dans le bar où les jumeaux devaient venir, juchés sur de hauts tabourets et buvant du champagne. Bientôt Mado pousse la porte.

— Oh ! papa ! voici Mado qui me fait de si délicieux chapeaux… si on l’invitait ?

— Pourquoi pas ! Elle est aussi jolie que ses chapeaux.

Je glisse à l’oreille de Mado que mes frères sont retenus ce soir. Elle ne paraît pas trop dépitée. Papa semble lui plaire beaucoup. Il est là, entre nous, très gai, très jeune, avec son beau visage intéressant et ses yeux de nuit sombre. Il conte d’une façon infiniment spirituelle les dernières histoires qui ont cours en ce moment. Mado est de plus en plus ravie. Ce doit être la première fois qu’un homme, un vrai, s’occupe d’elle, car enfin, les jumeaux ne sont que des bébés à côté de papa.

Il nous entraîne dans un dancing de Montmartre. Atmosphère exotique, lourde de senteurs mélangées. Papa serre Mado contre lui.

Soudain un grand nègre apparaît, seul sur la piste. Il est vêtu d’un pantalon collant, d’une chemise de soie entrouverte sur sa poitrine d’ébène. Un grand chapeau de planteur couvre sa toison bouclée. D’une voix rauque il commence à chanter. Imperceptiblement, tout son corps musclé suit le rythme du chant. Il bombe le torse, creuse les reins et découvre des dents éclatantes dans un rire sauvage.

Puis, il se met à danser. C’est une danse très lente, qui suggère les gestes les plus impurs. Déhanchements… jambes qui s’évasent… bondissements… c’est un tourbillonnement insensé. Il n’y a plus là un homme, mais mille démons de luxure.

Les femmes se sentent émues et s’agrippent à leurs compagnons, avec des gestes las. Un cerne violet encercle leurs yeux fardés… L’amour, dans ce qu’il a de plus primitif, vient de les effleurer…

Il me fait un drôle d’effet, ce type-là ; je suis même obligée de m’isoler un moment pour que toute cette excitation ne soit pas perdue…

Quand je sors des lavabos, un chasseur me happe et me tend un papier sur lequel sont écrits ces mots : « Voulez-vous venir ici demain soir, très tôt ? »

Avec mon rouge à lèvres j’écris un « oui » sanglant.

— Vous savez d’où ça vient ? me dit le boy : du nègre !…

— Oui ! je sais !…

Je l’ai tant désiré, cet homme couleur de pêcher, tandis que sur la piste il cambrait ses fesses haut placées…

Nous rentrons à pied tous les trois, Mado, papa et moi. Je sens qu’il va se passer quelque chose entre papa et Mado.

Nous marchons sous les arcades de la rue de Rivoli.

Je traîne un peu en arrière, faisant semblant de regarder les étalages perdus dans l’ombre ; je contemple une boutique de jeu : les échecs, le billard de salon, avec sa petite poire sur laquelle il faut appuyer pour pousser la petite balle de caoutchouc, le mah-jong si amusant à regarder et si fastidieux à jouer.

Papa marche quelques mètres en avant avec Mado. À chaque fois qu’une arcade les dissimule pour quelques minutes, je sais qu’il se passe quelque chose. Je presse un peu le pas, je marche sur la pointe des pieds et je les surprends.

Je vois la main de papa qui serre un sein de Mado, qui fait semblant de le dévisser ou par dessus le manteau léger qui cherche avec l’index tendu la ligne qui sépare les deux fesses, le doigt qui descend la courbe comme pour l’enfoncer par surprise dans le petit trou interdit.

Mado rit aux éclats, excitée, toute consentante. Papa est charmant jeune, aussi jeune que ses fils. Il rit, il fait rire et de temps en temps sa voix devient grave, bouleversante.

Alors, il lui dit quelque chose à quoi elle répond, refusant vite, vite, comme pour se persuader elle-même qu’elle doit refuser.

Nous sommes sortis des arcades ; maintenant c’est les Tuileries, la partie des Tuileries qui n’est pas grillagée. Ça sent bon, ça sent l’herbe, ça sent la chaleur, ça sent la nuit d’été. Il fait beau, si beau, et moi qui ai emporté mon parapluie !

— Si on coupait par là ! fait papa.

Je veux bien, Mado aussi. Nous marchons dans l’herbe comme des collégiens. À quatre heures du matin personne n’ira nous infliger une contravention.

Nous sommes libres, heureux. Nous enjambons des massifs de fleurs qui dorment repliées sur elles-mêmes. Qu’est-ce qu’il y a comme statues suggestives quand on veut bien se donner la peine de regarder ! Comme art, ça laisse bien un peu à désirer, mais il y a des formes, ça, il y en a ! On ne s’ennuie pas !

Papa s’amuse à peloter les fesses d’une belle femme en marbre qui lui sourit en lui présentant un laurier. Mado, perdant toute retenue dépose un baiser. Un baiser qui marque en rouge la petite feuille de vigne qui cache le sexe, pas très avantageux je dois dire, d’un jeune coureur en marbre. Moi, plus modeste, moins réaliste, je me contente d’effleurer les agréables petits pectoraux de l’athlète.

Laissant cela, nous avançons de nouveau. Un massif de plus ; papa, galant, cueille deux géraniums qu’il nous offre, à Mado et à moi. Comme il est charmant, et comme il nous plaît. Comme il plaît à Mado, surtout.

Elle s’appuie à son bras, se fait lourde et je devine que lorsqu’elle peut lui offrir un sein, elle ne s’en prive pas.

Nous nous sommes complètement enfoncés dans l’ombre des massifs. Nous voilà invisibles. Voilà une occasion pour papa ; je le vois qui cherche une phrase.

— Écoute, petite, j’ai quelque chose à dire à Mado. Reste-là une minute, on revient !…

Je comprends qu’il veut que je fasse le guet ; je reste sur place, eux s’enfoncent davantage dans la zone d’obscurité. Je sais mieux que s’ils me l’avaient dit ce qu’ils vont faire. Je le sais, je les imagine, je les approuve et une curiosité me prend tout à coup, une curiosité irrésistible.

Ce serait trop bête de rester ici, il faut que je voie comment ça se passe. Pourquoi me priver, ça ne les gênera pas puisqu’ils n’en sauront rien.

Je marche sur la pointe des pieds, j’avance… Enfin, un murmure ; j’avance encore, cinquante centimètres par cinquante centimètres, jusqu’à ce qu’on puisse écouter les paroles.

Là ! voilà !… J’entends à travers le feuillage le bruit d’une chaise qu’on traîne sur le gravier. Ils ont dû rejoindre la petite allée. Ils s’installent. J’entends des supplications. Oh ! j’arrive au bon moment ; un peu de timidité de ma part et j’aurai raté le prélude. J’entends Mado :

— Oui, touche-moi les seins comme cela !… Oui, oui, comme cela, mon chéri !… Embrasse-moi partout !… Suce-moi les seins !… prends la pointe dans ta bouche !… Oui !… Attends, que j’enlève mon soutien-gorge, mon chéri !… Oh ! la pointe ! suce-moi la pointe, mon chéri !… tourne ta langue autour !… ta bonne langue autour !… Attends, laisse-moi, je vais me caresser pendant que tu me suces le bout !… Oh ! recule ton genou, laisse-moi me caresser… Oh ! j’ai tant besoin !… Enlève vite ton genou que je puisse mettre ma main !…

Je halète ; je l’imagine en train de se branler… Dieu ! que cela m’excite !…

— Là, oui, comme ça… suce-moi, chéri ! suce fort ! suce vite ! suce l’autre sein, maintenant !… Oh ! qu’est-ce que tu me fais ?… Tu me suces sous le bras !… Oh ! tu me chatouilles !… va plus fort !… ça me chatouille, quand tu lèches doucement !… Non, mon chéri, ne mets pas ta main, laisse la mienne !… Non, tu me feras trop de plaisir si tu mets ta main !… Là ! Oh ! tu m’as mis ton doigt quand même, méchant !… je te défends, ne le mets pas !… Non, je t’en prie, tu vas trop me faire jouir !… Sois gentil, ne me le mets pas, dis, chéri !… Pas cela, tu m’avais promis de ne pas le faire !… non !… Tu m’as promis, on ne peut pas ici !… Si on venait !… une autre fois, mon chéri !… n’appuie pas, tu sais bien que j’en ai envie !…

Et moi donc ?… J’en suis comme inondée…

— Là, je vais te faire du bien aussi avec ma main, pour que tu ne sois pas trop malheureux !… Tu sens, chéri, comme je te caresse !… Tu vois, je te branle… là ! là !… Tu sens comme je te branle !… Oh ! tu es dur dans ma main !… tu bandes fort !… Non, mon chéri, laisse ma main, non, non, pas le reste !… Ne l’introduits pas, je ne veux pas !… Frotte entre mes cuisses si tu veux, mais n’entre pas… Une autre fois, pas ici, tu ne pourras pas sortir, si on vient !… La prochaine fois je te promets, tu l’enfonceras !… Là, là, tu vois c’est bien entre mes cuisses !… Tu vois que c’est bon comme cela ! Tu vois, je te serre !… Non, mon chéri, ne recommence pas… laisse-moi finir avec ma main, tu me tortures… Non, pas là, mon chéri !… Oh ! ne me touche pas là, je ne peux pas résister, quand tu touches là !… Oh ! tu pousses avec ta queue !… Que tu es méchant !… Tu vas la faire entrer !…

Ah ! ce que je m’en enfilerais bien une, une bien grosse, de mon côté !

— Le bout seulement, puisque tu le veux !… Reste sur le bord !… c’est ça, tu me branles avec ta queue ! touche-moi le bouton avec ta queue !… tu sens comme je mouille ?… Oh ! qu’est-ce que tu fais ?… Qu’est-ce que tu veux ?… là, je te l’avais bien dis, sors ! sors !… Oh ! tu pousses !… tu enfonces !… oh ! ça glisse !… là, cochon, tu enfonces !… tu y es ! là, je la sens qui entre !… oh ! tu vas aller au fond, cochon !… oh ! tu vas me cogner la matrice !… Ça me fait du bien !… continue !… continue !… ne t’arrête pas, va vite, maintenant !… Oh ! tu vas au fond du trou !… Ah ! je jouis ! Là, tu vas jouir aussi !… Tu vas m’arroser !… je sens que cela vient !… tu me mettras tout bien au fond, pour que je sois bien mouillée !… tu veux bien, mon chéri !… tu enfonceras bien quand tu voudras décharger !… Là, ça vient !… Oh ! tu me mouilles !… oh ! que ça mouille bien !…

Pendant qu’ils font ça, j’ai envie de les aider, de leur rendre de menus services ; j’ai envie d’y aller, de les encourager, de mettre le doigt par exemple dans le cul de Mado. S’ils pouvaient m’appeler, s’ils me permettaient…

Je vais donc rester seule, je suis donc abandonnée… Non, non, je ne veux pas !… Je m’efforce de calquer leurs mouvements, leurs soupirs. Heureusement j’ai mon petit parapluie. Il a juste ce qu’il me faut, un petit manche droit. Il est un peu gros par exemple.

Je le porte à ma bouche, je l’inonde de salive. Était-ce vraiment utile, d’ailleurs ?… J’appuie. L’idée m’en vient tout de suite, j’ai comme cela la manie de me mettre toutes sortes d’objets là-dedans. Tout juste comme l’autruche dans son estomac. Je mouille le cylindre, dur, un peu froid ; je le réchauffe un peu.

Tout cela m’affole ; il me semble que je prépare le sexe d’un partenaire trop indolent. Il ne bouge pas et moi je le mets en état. Là, il est prêt !

Mon Dieu, ça n’entrera jamais. Je m’énerve, il faut que ça entre. Il faut absolument que ça entre. Oh ! je souffre, j’ai mal. Et les autres, là, qui continuent, qui recommencent. Attendez-moi, vous ne voyez pas que vous me rendez malheureuse. Attendez-moi, je vous en prie. Une minute encore, rien qu’une minute, le temps que ça entre !

Je me couche sur le dos, sur l’herbe, je me renverse, je lève bien les jambes, je me cambre et je mets l’instrument sur les bords bien mouillés.

Tout d’abord rien ne cède. Oh ! c’est difficile, ça résiste. J’appuie encore et victoire ! le bout du cylindre commence à entrer. Ça va glisser… Ça glisse… C’est un peu froid encore. Ça me fait me contracter malgré moi, mais, résolument, j’appuie…

Là, là, ils peuvent y aller, maintenant, ils peuvent soupirer ; j’ai pris la même cadence qu’eux ; à chaque fois qu’un gémissement vient jusqu’à moi, ma main fait entrer et sortir le cylindre.

C’est dur, mais bon. Maintenant que c’est bien entré, je peux récupérer ma main que je porte vers mes seins qui réclament.

Et je me parle, je fais comme si j’étais avec une queue, une vraie queue. Il me semble que le bout d’ébonite qui entre et qui sort est un homme.

Oui, oui, c’est un homme qui me prend, un homme qui m’enfile dans ce jardin, tandis que les autres se baisent à côté et je lui dis :

— Oh ! comme tu es dur dans moi ! Comme tu me défonces bien !… Oh ! là, sors un peu et rentre brusquement !… Va, va, chéri, va bien à l’intérieur !… J’aime comme cela !… Oh ! tu m’écrases les seins en même temps !… Oh ! mes fesses auxquelles tu fais mal ! mais ne les lâche pas, continue à les tenir !… Va au fond, mon chéri !… tu sens comme je mouille ?… Là, je te mouille partout !…