(auteur présumé Michèle Nicolaï)
(p. 44-61).

CHAPITRE V

Il n’y a que le premier pas qui coûte. Je le revis le lendemain, mon suiveur du métro. Il m’avait laissé son adresse.

Je passais dans le quartier… Une espèce de frénésie m’agitait au souvenir de notre soirée… Je voulais ressentir encore toute la gamme des voluptés charnelles. Il me semblait que rien ne pourrait apaiser ma faim de caresses.

Je sors juste de chez lui, quand dans la rue, j’entends un appel joyeux : c’est Stasia !…

— Avec des yeux comme cela, je ne te demande pas d’où tu viens, Florence ?

— Qu’ont-ils de si extraordinaire ?

— Deux cernes bleus, immenses, qui proclament au monde entier que tu quittes ton amant.

— Heureusement, le monde entier est plus bête que toi et n’y voit rien. Aussi, garde-moi mon secret.

— Entendu, mais à une condition…

— Laquelle ?

— Raconte-moi tout.

— Je n’ai pas le temps aujourd’hui. Il faut que je rentre pour le thé, maman a des invités et j’ai promis d’être là.

— Téléphone-lui que tu m’as rencontrée. Que je pars en voyage. Que j’insiste pour te garder un moment. Elle n’osera pas refuser.

— Bon, je vais essayer.

Nous entrons au bar du Café de Paris et de là je téléphone. Maman me laisse libre. Je remarque que sa voix est un peu triste.

— Qu’est-ce qui ne va pas ? lui demandai-je.

— J’ai été obligée de faire mourir Christian, tu sais, le bel amoureux de mon dernier roman.

— C’est idiot de te faire du chagrin pour ça, puisque c’est toi qui l’as tué. Et, tu sais, un homme de moins, ça ne fait pas grand-chose.

— Tu as raison, dit maman, qui se met à rire. Allons, amuse-toi bien !

En quittant la cabine, un inconnu se poste devant moi. Il étend ses bras pour m’empêcher de passer.

— S’il vous plaît, dis-je d’une voix coupante en le dévisageant.

— Une minute. Peut-être aurez-vous besoin de moi. Je suis avocat.

— Je me demande en quoi un avocat pourrait m’être utile ?

— Sans vouloir être indiscret, j’ai entendu votre conversation tout à l’heure. Qui a tué un homme sur vos conseils ?

— Ne vous en préoccupez pas trop. Ce n’était qu’un personnage de roman, un être imaginaire.

— Tant mieux alors. Pour fêter cette bonne nouvelle, venez prendre quelque chose avec moi.

— Impossible… Du reste, je suis avec une amie.

— Ça ne fait rien. Elle viendra aussi.

— N’insistez pas, ce n’est pas la peine. Au revoir Monsieur !

Je rejoins Stasia qui en est à son troisième « white lady ». Elle est gaie, rose, plus blonde que jamais, éclatante. Nous formons toutes deux un contraste frappant.

— Tu as mis longtemps, dit-elle. Ça ne marchait pas ?

— Si, très bien. Seulement il y avait un individu qui voulait nous inviter.

— Pourquoi n’as-tu pas accepté ?

— Ça ne se fait pas… Et puis, j’ai un amant…

— As-tu l’intention de n’en avoir qu’un ?…

— Un à la fois, certainement !

— Tu as tort. Si on veut être heureuse avec un homme, il ne faut pas l’aimer. Mais comme nous aimons n’importe quel homme avec lequel nous faisons l’amour, il n’y a qu’un moyen de sortir de cette situation inextricable : avoir toujours plusieurs amants. Ils se servent mutuellement d’antidote, de contrepoison.

Je ris…

— Je n’y avais pas pensé encore.

— Où est ton don Juan, me demande Stasia ?

— Regarde, à la quatrième table à droite.

— J’aime bien ce genre d’homme, avec ces yeux clairs fouailleurs et ces lèvres charnues. En général ils baisent bien !

Avant que j’aie le temps de m’interposer, elle lui fait signe. Il s’approche de nous.

— Nous avons l’air de deux grues, dis-je, fâchée, à Stasia.

— Ça ne fait rien. Il ne nous manque qu’une chose pour l’être : ne pas avoir d’argent !… Et puis… ici…

En effet, c’est une foire aux femmes. Elles sont nombreuses qui, fardées, aguichantes, assises sur les fauteuils confortables de ce bar équivoque, attendent l’aventure, un vague sourire flottant sur leurs lèvres.

L’avocat est devant nous.

— C’est fort gentil à vous de nous inviter, dit Stasia. Justement nous nous ennuyions…

— Où voulez-vous que nous allions ?…

— N’importe où !

— Partons !

Dans le taxi il écrase ses genoux contre les miens, pétrit une de mes hanches et me complimente spirituellement. Mais je boude. Les façons de Stasia me déplaisent.

Dans la boîte où nous échouons, elle mange comme si c’était la première fois de la semaine et je la regarde avec stupéfaction. Elle s’amuse à nous faire passer pour deux petites femmes de mœurs légères, très légères et, de plus en plus, notre hôte ― qui se prénomme Gérard ― s’émoustille. Ses yeux brillent. Sous la table ses jambes enserrent les miennes, ses mains moites se posent sur mes bras nus.

Est-ce l’effet du champagne ? De la nourriture trop abondante ? De l’atmosphère si nouvelle pour moi ? Tout à coup j’entre dans le jeu, je ne sais plus ce que je dis, et je réponds à ses invites avec des coquetteries qui m’étonnent moi-même.

Un moment, Gérard s’absente. Stasia me dit :

— Écoute, profite de l’aventure. Ce sont quelquefois les plus charmantes. Ton amant quotidien te semblera plus délicieux après.

— Je n’ose pas !…

— Mais si, tu en meurs d’envie. Les amours imprévues sont les meilleures et laissent les plus beaux souvenirs.

Quand Stasia se décide à nous quitter, Gérard insiste pour me garder encore, ne serait-ce qu’une heure. J’accepte lâchement… ou courageusement, je ne sais plus au juste.

Il m’entraîne. Encore un taxi où il m’étouffe sous ses baisers avides. Avant de monter chez lui, je le quitte un instant pour téléphoner à la maison qu’on ne m’attende pas pour dîner, je ne sais pas combien de temps il faudra au Monsieur pour se calmer, car il a l’air rudement excité.

J’entre dans un petit bistro qui fait le coin de la rue et me dirige vers l’appareil qui est dans un recoin de la salle. En partant je me cogne à une ravissante petite gouape qui m’interpelle.

— Alors ! la belle, on est pressée, on téléphone à son chéri ?…

— Oh ! vous, laissez-moi !…

— Comment, que je vous laisse ?… Déjà !… On n’a pas seulement eu le temps de se dire un petit bonjour !…

— Vous me direz un petit bonjour une autre fois !

Il me suit du regard. Il en est pour ses frais, l’amour de gosse.

Je rejoins Gérard impatient et nous entrons dans son appartement.

D’abord il ne dit rien, il ne bouge pas, puis il se décide. Il avance la main, je sais où il la posera… Elle atterrit sur mes seins, il les tâte à travers l’étoffe.

Mes seins gonflent ma blouse. Il les tâte doucement, il en fait le tour, d’abord comme pour bien préciser leur forme, puis il semble s’apercevoir qu’il y a une pointe. Il la pince légèrement, la roule entre deux doigts, puis il s’énerve, en veut davantage. Il tente de faire entrer sa main dans mon corsage, par le haut.

J’ai une broche difficile à ouvrir. Ça retarde la manœuvre et il s’affole. Moi aussi. Mais ce n’est pas si désagréable d’attendre comme cela cinq secondes qui ont l’air d’un siècle. Mes pointes ont le temps de se gonfler, de se raidir davantage.

Quand la broche est ouverte enfin, quand la main précieuse commence à descendre du cou qu’elle caresse jusqu’à la vallée entre les deux seins, où elle s’engage doucement, le plaisir a le temps de monter en moi.

Sa main va se poser sur le globe, je le sens, je le veux !…

Enfin elle y est, toute la paume, puis la petite pince du pouce et de l’index qui se saisit du mamelon, cette fois à même la chair. Ma petite pointe bande, bande, en exigeant plus maintenant, exigeant une bouche, des lèvres… et la bouche vient aussi.

Elle descend par le même chemin où sont descendues les mains. C’est ma gorge qu’elle embrasse, lèche, suce, qu’elle marque, puis le commencement de la vallée et là il n’y a pas que la bouche, il y a aussi le petit bout de la langue qu’il pointe, avec lequel il lèche doucement.

Qu’est-ce qu’il fait là ? Ça y est, le globe de mes seins est contourné, encerclé par des petits coups de langue, puis des coups de plus en plus rapides les strient de long en large, puis la langue s’arrête, se fixe, s’attaque au mamelon, elle le bat, le caresse, le prend, le reprend… Puis il happe la pointe entre ses deux lèvres. Il suce, je sens le mamelon attiré irrésistiblement à l’intérieur, et là, bien enserré dans l’anneau des lèvres, la langue le reprend, avance vers lui, le frotte, le râpe, l’agite presque jusqu’à la douleur, puis au moment où il va avoir mal, le console, le calme, lui donne de nouveau le bonheur.

Je sens venir tout le bonheur qui est répandu en moi. Je le sens affluer vers cette petite pointe, tout est tiré de moi vers le bout de mes seins et sa main en bas me branle, touche et, sous la culotte, s’empare des petites lèvres. La tête commence à me tourner. Il s’arrête, lâche la pointe de mon sein…

— Je veux te voir, je veux voir comme tu es belle !

Il se lève, ma croupe enfonce dans le divan intime. Je commence à ressentir par là aussi cette inquiétude, ce désir, cette irrésistible envie que j’ai d’être caressée par là, que j’ai chaque fois que je m’assois sur un divan qui me plaît.

Cela me rappelle le bon divan de chez nous, qui était comme vivant, qui me branlait chaque fois que je m’asseyais dessus.

Gérard est devant moi, il dégrafe mon corsage.

Ce n’est pas si facile, mais la joie, le bonheur de le voir s’énerver, me désirer de plus en plus à mesure que les vêtements résistent ! Enfin, les bras passent.

La jupe, maintenant ; ma croupe refuse de se laisser dépouiller et les mains, les bonnes mains luttent avec elle, l’empoignent pour qu’elle se laisse faire. La jupe glisse lentement, frotte les cuisses, frotte les mollets, laissant sur son passage un contact qui se répercute en frissons dans tout mon corps.

Il y a encore la ceinture !…

La ceinture, elle, serre les fesses. Il veut l’enlever, il me tourne et me retourne pour la saisir plus commodément, si excité qu’il en est maladroit.

Puis, brusquement pris d’une idée, la laisse sur moi, la remonte seulement un peu. Il ne peut plus attendre et me force à m’agenouiller sur le divan en lui présentant ma croupe.

Sa bouche se pose sur mon petit trou de derrière, mordillant les poils, puis mange voracement les bords plissés de l’anus. Et la langue entre, glisse dans cette partie brûlante de moi-même, va et vient dans le trou déjà si excité.

C’est une impression d’une douceur inouïe, réveillant les sensations agréables que j’ai toujours quand je m’accroupis.

Le petit orifice serré d’abord, frissonne, s’amollit devant l’insistance de la langue qui pénètre, qui ressort pour pénétrer de nouveau plus loin. L’affolement me gagne toute entière. Nos deux mains se rejoignent sur l’autre côté de ma personne, au bord des petites lèvres.

Je prends sa main, que je plaque sur mes parties intimes, le guidant, lui faisant trouver du premier coup le monticule érigé et tout mouillé, réglant avec ma main la cadence de la sienne, la faisant courir vite, puis s’arrêter comme morte, puis recommencer sa course à mesure que la langue pointue et bonne me suce l’anus.

Une halte, nous reposons l’un près de l’autre.

— Comme vous êtes belle !… je veux que vous voyez comme vous êtes belle !

Il se lève, me fait lever, je résiste un peu, mais il me tire devant une grande glace. Visiblement, il prend un plaisir sincère à cette démonstration.

— Regardez ces seins que vous avez, ces deux seins en pommes, et ce bassin, cette chute de hanches ! Oh ! le beau cul que tu as !

Et puis… Il hésite et lâche enfin le mot.

— Regarde-toi entre les jambes !… Oh ! j’aimerais tant que tu te regardes entre les jambes, que tu voies comme tu es belle. Cela me fera plaisir !… regarde-toi !… regarde comme tu es belle !… Accroupis-toi !…

J’obéis.

— Oh ! tu ne vois pas assez bien ! je veux que tu te voies mieux. Attends !

Il me fait accroupir sur le tapis. Il va chercher sur un guéridon une petite lampe, une autre glace. Il se baisse, place la lampe entre mes jambes, pose la glace sur le tapis.

— Regarde ! Tu te vois, maintenant ? Regarde tes petites lèvres comme elles sont roses ! Tu vois comme je les écarte avec le doigt ? On voit la petite grotte profonde ! Là, tu sens, où je mets le doigt ?… C’est par là que tu mouilles, hein ? cochonne !… Et là, la vallée qui sépare ton petit con de ton petit trou du cul ? Là, la vallée où je glisse mon pouce ?…

Il approche la lampe. L’ampoule me chauffe doucement, pas d’une manière désagréable.

— J’aime tant regarder tout cela. Tout cela qui est vivant, qui bouge, qui réclame… Dis, ça ne t’embête pas trop que je regarde ? C’est si beau une jolie fille comme toi, quand on la regarde en détail. Écarte tes lèvres ! Fais comme moi ! Vois ton bouton ! Tu jouis quand on appuie dessus ? Tu jouis, hein ? il ne faut pas appuyer longtemps !…

Je suis un peu fatiguée d’être accroupie, il m’aide à me relever, me met sur le lit. Il décroise mes jambes. Il les élève en l’air, me repousse vers le milieu du lit. Il pose ma propre main sur ma petite grotte.

— Tiens, caresse-toi !… caresse-toi fort !…

Il met la petite glace sur le lit.

— Tiens, tu vas te voir te branler !… ça t’excitera, tu te verras jouir !… Attends ! branle-toi !… je vais venir quand tu seras bien excitée !…

Je remue ma main, il est couché près de moi sur le flanc, gentil, pas brutal, il me pose des questions avec à la fois une certaine gêne et une gourmandise de savoir qui ne me déplaît pas.

Qu’est-ce qui l’intéresse, mon Dieu ?… Il en a des idées bizarres !…

— Je vais te confesser. Tu vas me dire tous tes petits secrets, tu veux ?… Ça m’excitera !

Il me le demande d’une manière si suppliante et si impérative à la fois que je ne peux pas dire non. Il est rendu timide par les questions qu’il pose et il en a follement envie.

C’est d’abord la question que posent tous les hommes :

— Quand vous… quand tu es seule, qu’est-ce que tu te fais ?… Avoue ! Est-ce que tu te fais comme maintenant ?… Tu te branles, hein ! petite sale, quand tu es bien seule dans ton lit ou ailleurs, quand on t’a raconté une histoire qui t’a bien fait mouiller ?… Tu es souvent mouillée, n’est-ce pas ?… Et en amour qu’est-ce que tu aimes ?… Est-ce qu’il y a des manières que tu préfères ?… Et… comment dire… il se penche à mon oreille… en levrette, tu aimes ça ?…

Mais là, par exemple, je ne sais quoi répondre, je dois dire que… enfin… je ne comprends pas du tout ce qu’il veut dire.

— Comment tu ne sais pas ce que cela veut dire ?… Écoute… Mais branle-toi ! Continue à t’exciter ! je vais te le dire !…

Il me dépose un suçon rapide sur le monticule, puis reprend :

— En levrette, c’est quand la femme se met à genoux et l’homme derrière, il lui entre dans le con par derrière. Et par l’autre petit trou, par le petit trou que je t’ai sucé tout à l’heure, tu aimes, quand on te la met ?…

Je ne réponds pas. L’idée de m’agenouiller, de bien tendre ma croupe et de recevoir la queue comme cela, commence à précipiter le plaisir que ma main me donne.

Il change de voix. Il me pose encore une question :

— Et avec des fruits tu t’es déjà branlée, avec des fruits, dis ?… Avec une banane ?… Hein ! tu t’es déjà entré une banane dans le con, dis ?…

Je fais oui, oui, de la tête.

Il se couche sur moi comme décidé. J’attends quelques secondes, tandis que mon impatience augmente, augmente…

Il se relève.

— Non, pas pour aujourd’hui, ce sera pour une autre fois !… Quand tu reviendras !…

Il a un sourire triste… C’était donc cela qu’il parlait tant !…

Je dégringole l’escalier, trop vite rhabillée. Qui aurait cru cela tout de même, un garçon qui promettait tant !

Je n’ai pas fait dix pas qu’on m’attrape par le coude. Comment, encore lui ! C’est mon beau gosse de tout à l’heure.

— Hou ! la vilaine !… qui me fait claquer soixante-quinze balles dans l’appareil à sous ! Parfaitement, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse en vous attendant, pas vrai !

— Vous m’avez attendue tout ce temps ?

— Oui ! Vous m’avez dit qu’on verrait une autre fois. Eh bien ! c’est tout vu ! C’est maintenant l’autre fois. Allons, montez !

Il fait signe à un taxi. Il fait noir, personne ne me verra.

— Le tour du Bois, mon petit pote, et ne va pas trop vite, on a le temps.

Effarée, pas mécontente au fond, je me laisse faire. Après tout, la destinée me doit bien une petite revanche.

Il fait noir, personne ne me verra et puis il n’est pas mal de sa personne, comme on dit. Assez vulgaire, mais agréable. Trop bien habillé peut-être, comme on habille sur les boulevards.

— Alors, ça a marché avec l’autre ?

— Quel autre ?

— Fais pas la sainte Nitouche, mon rival quoi ! Je vous ai bien vu partir tous deux !

— …

— Alors, ça a marché ? Réponds donc !…

Je n’ai pas le courage de mentir.

— … Non !…

— Ah ! non ! ça n’a pas marché, j’en suis encore toute mouillée inutilement. Je ne peux tout de même pas lui faire voir les dommages que l’autre a causés et qu’il n’a pas réparés.

Il ne dit rien. Interrogeons-le, puisque c’est l’usage de savoir un minimum d’état civil sur les gens avec qui on se trouve…

— Qu’est-ce que vous faites dans la vie, vous ? Vous suivez les femmes, c’est tout ?…

— Pas de mise en boîte ! j’fais du trapèze !

— Hein ?

— Ben quoi ! je dis : « je fais du trapèze ! », du trapèze volant, quoi ! au Médrano. Jimmy, je m’appelle ! Tu connais pas Jimmy ? T’as pas vu la photo dans l’Intran de la semaine dernière ? On a un beau maillot tu sais, et puis on le remplit bien. Tu veux tâter les biceps ? C’est pas du fromage tu sais ! Tu sens comme ça roule ! J’te casse une noix entre le biceps et l’avant-bras, moi !

Je me tais, ne sachant trop quoi dire devant cette voix vulgaire et chaude, agréable. Comme ce parigot peu distingué, mais fort, me change du raffiné de tout à l’heure.

— T’as tâté ? Et ça, tu veux tâter ? Tiens, mets la main !

— Ah ! c’est toujours la même chose qu’ils finissent par vous faire tâter, les hommes.

Je tâte. C’est dur. Ça monte droit comme une tige sous le pantalon en sportex.

— Oh ! tu peux toucher, t’as pas besoin d’avoir peur ! Il te bouffera pas !

Il rit.

— Ça serait plutôt le contraire.

Si bon enfant que je ne peux pas me fâcher.

— Tiens, assois-toi en douceur, mon petit gars !

Une position que je ne connaissais pas encore.

Cette fois je tiens bien en main ce membre dur, solide, je joue avec, je m’amuse et ça ne me dégoûte pas et même une certaine émotion me vient. C’est agréable, sympathique à tenir.

Le désir commence à se préciser en moi, prendre cette queue, l’amener vers moi, bien l’ajuster en face de l’orifice et l’enfoncer d’un coup au fond.

Il a dû comprendre, car sa main me cherche. Il m’a refoulée dans l’angle de la banquette. Il me presse, il a saisi mon genou.

Au dehors c’est la nuit, l’obscurité presque complète, nous avons dépassé la porte Maillot, nous roulons dans le Bois, maintenant.

De temps en temps, une voiture arrêtée où des femmes doivent être, les jambes bien écartées, en train de mouiller.

Il lâche mon genou, monte rapidement, si vite, empoigne mon con, sa main branle vite les petites lèvres, son doigt pousse à l’intérieur.

Il me chuchote à l’oreille, de sa voix un peu rauque que j’aime maintenant :

— Fais pas d’histoire, laisse !

Il branle fort, presque brutalement. Il tourne, frotte le bouton qui est sorti, qui est venu à la rencontre de ses doigts.

De temps en temps, il pousse mes deux fesses l’une contre l’autre, il me comprime, puis me lâche. Moi je n’ai pas quitté sa queue toujours aussi raide. Il me dit :

— Viens, viens ici, assois-toi, assois-toi en douceur, mon petit gars.

Il me fait asseoir sur lui, je m’accroche des deux bras à son cou pour ne pas tomber. Je suis assise, genoux écartés, la bouche près de sa bouche. Alors seulement, il m’embrasse tout de bon, enfonçant sa langue dans ma bouche, et avec ses genoux qu’il ouvre, il écarte mes jambes.

Je suis assise sur lui, fesses nues sur son pantalon qui me râpe un peu. Ça m’excite bien et tout en moi demande cette queue qui, pour le moment, est appuyée sur mes poils, sur mon pubis. Il me dit à l’oreille :

— Dis que tu la veux, hein !… Tu la veux, ma queue ?… Tu la veux, ma queue, bien au fond ?… Tu veux que je te la mette ?… Tiens ! Tiens !…

D’une seule poussée il m’empale, il est au fond, il m’emplit. Je chevauche, je dispose à mon gré de sa queue, j’en mets plus ou moins long dans ma gaine. Et comme il ne peut guère se soulever pour remuer dans moi, c’est moi qui agis, qui la fais cogner au fond, bien au fond, vers la matrice où je l’arrête au bord.

Je suis comme furieuse, déchaînée ; il me semble que je me venge, que j’assouvis je ne sais quelle rancune.

Je me dis : « Tiens, voilà ce que j’en fais de ta queue ! Tiens, je me la mets dans le fond ! Tiens, je n’en veux plus, je la rejette ! Tiens, je vais la pousser et la mordre avec mon con ! Ah ! tu bandes ! eh bien ! je vais te faire décharger, tu verras comme tu vas décharger ! Tu verras comme tu vas m’arroser !… »

Lui, derrière, s’est mis à me donner des petites claques sur les fesses qui se répercutent en moi, qui se prolongent.

Et puis, tout à coup, il m’immobilise.

— Attends !… Arrête-toi !… Tu vas me faire décharger !… Pas encore !… Attends un peu !… Tourne-toi maintenant, tourne je te dis, que je sente mieux tes fesses !…

Il me fait virer sur moi-même, lentement, pour que sa queue ne sorte pas du trou.

Je lui présente le dos maintenant. Et c’est encore meilleur.

Je suis complètement assise sur lui comme sur un fauteuil, bien assise, bien en plein, empalée. Sa queue me va loin comme jusqu’au cœur ; il me dit :

— Et comme cela, tu aimes, tu aimes que je te la mette comme ça ? C’est cochon comme ça, hein ? Cela te plaît de t’asseoir sur une queue ?… Tu aimes bien avoir une queue dans le cul ?… Cela te démangeait, hein, salope ?

Je lui ai passé sa main devant et je lui fais frotter mon clitoris. La queue, forcée par la position que j’ai prise, élargit encore le con et je recommence à chevaucher furieusement.

J’écrase mes fesses contre ses cuisses, contre son pantalon ; je soulève et j’abaisse mon cul, ou bien, sans le soulever, je frotte de droite à gauche dans un mouvement qui me chiffonne les petites lèvres, qui les froisse.

Et alors, il me décharge tout bien au fond, je n’en perds pas une goutte.

Nous voilà revenus à la porte Maillot, le taxi s’arrête.

— C’est vingt francs cinquante !

Il ne bouge pas ; je comprends : il me laisse payer. Sur le trottoir :

— Je te quitte, ma belle, à un de ces jours. Si tu veux me voir, t’as qu’à demander Jimmy au Médrano, on t’indiquera. Ma loge c’est la troisième sur le palier, au bout de l’escalier de fer, pas l’escalier en bois, hein, confonds pas, petite tête ! À un de ces jours, ma belle !…