Une famille pendant la guerre/LVIII

Du même à la même.
Vendôme, 7 janvier.

Hier, journée d’espérance. On se battait à Azay (8 kilomètres d’ici à peu près). D’abord nous avons cru à une simple escarmouche de francs-tireurs, mais quand les heures se sont écoulées sans que l’action parût s’éloigner de nous, quand la garnison s’est rassemblée sous nos yeux, quand nous avons pu voir les figures soucieuses de quelques officiers, la pensée de la délivrance a surgi. Ah ! quelle joie ! De fait, cela pouvait bien être un retour offensif de Chanzy. Mais quoi ! c’est toujours la même chose, il y a trop d’Allemands ! il y en a trop partout !

On n’osait questionner, de peur d’attirer l’attention sur soi, de sorte que nous ne savions pas lequel de nos corps était en ligne[1] ; mais cela faisait bouillir de sentir les nôtres si près et de ne rien pouvoir pour les aider. À cinq heures du soir, la canonnade a cessé, et avec elle notre espérance. Les blessés allemands sont arrivés en grand nombre, le télégramme envoyé à Guillaume porte : « Pertes sérieuses. »

Nous avons su ce matin que Frédéric-Charles avait commandé en personne.

  1. C’était une seule demi-brigade commandée par le colonel Thiéry.