Librairie nationale d’éducation et de récréation (p. 159-171).


Je vous ai dit que je n’aime pas à être injurié. (page 165)

CHAPITRE xii

FAITS ET GESTES DE VAN AH FUNG


Remontons sur la terre, si vous le voulez bien, et occupons-nous un peu de ce qu’y faisait notre cher ami Van Ah Fung, que nous négligeons depuis trop longtemps.

La dernière fois que nous le vîmes, c’était sur le quai du port de Dunkerque, où venait de le déposer assez rudement l’énorme Congo. Il s’était relevé et avait, avant de s’éloigner, glissé dans l’oreille de Johann Wurtzler, prête à l’entendre, une phrase mystérieuse qui signifiait : « Tout ce que j’ai ordonné s’accomplira. »

Nous avons pu voir qu’une partie de cette consigne s’était exécutée, puisque la machine du Pétrel, excellente d’habitude, s’était inopinément détraquée, et puisque Johann Wurtzler lui-même avait disparu.

Lorsqu’il eut parlé à l’oreille de Johann Wurtzler, Van Ah Fung s’en fut vers son négrillon, qui, malgré la vive fraîcheur de ce soir de février, s’endormait sur les valises. Et comme il était furieux, il le réveilla d’une calotte à lui retourner la tête, et lui dit :

— Suis-moi.

Les Chinois se croient infiniment supérieurs aux nègres ; et c’est sur cette assurance qu’ils ne manquent jamais de les brutaliser, surtout quand ils se sentent plus forts qu’eux. Avec Congo, Van Ah Fung n’aurait probablement pas risqué l’expérience :

L’enfant pleurnichant reprit cependant ses valises, et suivit Van Ah Fung l’emmena vers un cabaret borgne du port, et le fit attendre devant la porte, tandis qu’il y pénétrait.

Il alla droit vers un gros homme qui portait un collier de barbe rousse, des anneaux d’or aux oreilles, en tricot bleu, un pantalon café au lait malpropre, dans des bottes, et un surtout de toile cirée.

— Où est le capitaine ? demanda-t-il.

L’individu se retourna. C’était le second d’un caboteur à l’ancre dans le port. Il ne reconnut pas Van Ah Fung, qu’il n’avait vu qu’avec sa petite casquette, sa perruque et son fer à cheval rouges. Il répondit insolemment. Il était d’ailleurs ivre à tomber :

— Qu’est-ce que tu lui veux, au cap’taine ?

Van Ah Fung se redressa, autant que possible, avec dignité, cependant que la colère commençait à lui agiter la bile.

— C’est moi qui ai affrété le Brochet, dit-il, et nous partons à minuit.

— Qu’est-ce que c’est que ce farceur-là ? s’écria le marin. Mon jaune, celui qui arme le Brochet, n’est pas de ta couleur ; il est carotte. En plus, il ne baragouine que l’américain. Faudrait cependant voir à ne pas nous faire prendre un mât pour une drisse.

— Je vous dis que je me suis entendu avec votre capitaine, et que nous partons ce soir. Je le cherche pour lui payer la moitié de la somme, comme c’est convenu. Quant à ma nationalité, ce n’est pas votre affaire. S’il me plaisait d’être Américain tout à l’heure, et s’il me plaît d’être autre chose à présent, vous n’avez rien à y voir. Voulez-vous me dire où il est oui ou non ?

En parlant, Van Ah Fung avait tiré de sa poche un portefeuille respectablement bourré. Cette vue fit réfléchir l’ivrogne, qui répondit :

— Tout de même, ça pourrait bien être vous. Il me semble que je reconnais votre surcot à damiers. Bon ! j’vas vous quérir le capitaine, qui doit être à la « Baleine Couronnée ». Et sans être trop curieux, patron, où est-ce que nous allons comme ça ?

— En Amérique, répondit Van Ah Fung, impatienté.

— En Amérique ! s’exclama l’autre. Eh bien ! si nous y arrivons, ce sera à la nage. Jamais le Brochet ne fera cette promenade-là. Il ne tient plus sur l’eau que par sa couche de peinture. Et sa machine est poussive qu’on l’entend tousser à trois milles. Enfin ! c’est pas mon affaire. Du moment que vous payez et que le vieux veut bien vous emmener !… J’vas le quérir. Dans trois minutes nous sommes là.

Il partit, et revint en effet peu de temps après. Il ramenait avec lui une sorte d’ours mal léché, malpropre et débraillé, un peu moins ivre que lui, cependant, mais qui avait dû faire aussi d’assez nombreuses stations dans les « Baleines Couronnées » ou non du port de Dunkerque.

— Quoi qu’y a ? demanda-t-il en entrant

— Il y a, lui répondit Van Ah Fung, que tout est entendu et que nous partons à minuit.

— Vous avez l’argent ?

— Oui. Faites-moi un reçu.

— Le capitaine Ledru ne fait jamais de reçus ; sa parole suffit. Et si elle ne vous suffit pas, vous pouvez allez chercher un autre sabot.

— Elle me suffit, dit sèchement Van Ah Fung, qui avait hâte d’en finir.

Il mit entre les mains du capitaine Ledru une liasse de billets de banque, que le vieux loup de mer compta soigneusement malgré son commencement d’ivresse.

— Ça va bien, dit-il. Le Brochet est à vous, seulement, pour partir ce soir, y a rien de taillé. Je n’ai pas mon plein de charbon, ni d’eau, ni de vivres. Nous nous en irons demain soir, et ce sera déjà bien gentil.

— Vous auriez pu me le dire avant de prendre l’argent…

— Non, parce qu’alors vous n’auriez plus payé, répondit cyniquement Ledru.

Van Ah Fung enrageait, mais qu’aurait-il dit ? Des paroles perdues… Il s’en fut à l’hôtel avec son mousse noir, qui s’était rendormi sur les bagages et qu’il réveilla d’une seconde gifle, parce qu’à ce moment encore il était de mauvaise humeur.

On partit le lendemain soir, comme il avait été convenu. De la traversée du Brochet nous ne dirons pas grand’cbose, parce qu’elle eut lieu pour ainsi dire sans incidents. La mer fut superbe ; le caboteur, qui devait sombrer en sortant du port, tint bon jusqu’au bout ; ses machines poussives toussèrent copieusement mais n’éclatèrent pas. Van Ah Fung ne décoléra pas pendant son séjour à bord, au milieu d’hommes ivres du matin au soir, mais tout ceci est à peine digne d’être noté.

Un beau matin, la terre fut signalée, et le Chinois refit ses valises. On le descendit dans un canot, et il s’éloigna du Brochet, non sans s’être disputé avec Ledru, qui lui proposait de l’attendre pour le retour.

— J’aimerais mieux revenir en ballon ! s’écria Van Ah Fung.

Et Ledru, qui avait déjà un demi-litre d’alcool dans l’estomac, lui répondit par une bordée abondante d’injures, que nous ne reproduirons pas.

Le Chinois fut conduit à terre, et débarqua sur l’une des îles Fernando-Norhona, où un homme l’attendait. Cet homme était, vous l’avez deviné, Johann Wurtzler.

— Où en sommes-nous ? demanda-t-il.

— Tout va bien, répondit sobrement Wurtzler.

— Et puis ?

— Et puis c’est tout, payez, si vous voulez en savoir davantage.

À Dunkerque, Van Ah Fung était convenu avec le coquin d’un certain salaire, payable moitié avant l’exécution de sa besogne, et moitié après.

— Vous n’avez pas fait, dit-il, tout ce que vous aviez à faire. Il vous reste à me renseigner sur les futures intentions des passagers du Pétrel, et à m’accompagner si je juge utile d’aller plus loin. N’est-ce pas ce qui a été convenu ?

— C’est peut-être ce qui a été convenu, mais ce n’est pas ce qui sera. Les conditions du traité sont forcément modifiées par ce que j’ai appris en route. Il ne peut plus être question de vous accompagner dans les mêmes conditions. Vous allez payer le travail fait, au prix qui a été convenu. Puis, je vous vendrai mes renseignements. Puis nous ferons de nouvelles conventions pour la suite.

— Vous êtes un voleur ! cria Van Ah Fung, vert de colère. Wurtzler eut un regard sombre.

— Ne continuez pas sur ce ton, dit-il d’une voix menaçante. Nous sommes absolument seuls, sur ce rocher, et je n’ai pas pour habitude de me laisser injurier. Voulez-vous payer ?

— Non.

— Eh ! bien, au revoir. Je sais comment me tirer d’ici.

Et il s’éloignait. Van Ah Fung réfléchit que le misérable l’assassinerait sûrement la nuit prochaine ; il se dit aussi que, lui parti, il demeurerait là comme une sorte de Robinson. Il entra dans une rage folle, mais il céda.

— Attendez, dit-il. Vous me dépouillez, vous me dévalisez comme au coin d’un bois, mais j’ai besoin de vous.

— Quand on fait les besognes que vous faites, lui répondit Wurtzler, et quand on ne peut pas se passer de complice, il faut s’attendre à être exploité par lui.

— Bien ; voici l’argent. Qu’avez-vous à m’apprendre ?

— Ce que j’ai à vous apprendre vaut cinq mille francs.

— Vous êtes fou !

— C’est à prendre ou à laisser !

— Misérable !… bandit !… hurlait maintenant le petit Chinois, incapable de maîtriser sa fureur, et qui se sentait prêt à tomber dans une attaque de nerfs.

Mais Johann Wurtzler, glacial, tira un revolver de sa poche.

— Je vous ai déjà dit que je n’aime pas à être injurié. Traitons ou ne traitons pas, mais cessez de crier, ou je vous abats comme un mauvais chien que vous êtes.

Van Ah Fung, calmé par le danger que son accès de colère venait de lui faire courir, dit :

— Cinq mille francs, soit. Parlez.

— Après, répondit Wurtzler.

— Après quoi ?

— Après que j’aurai touché. À partir d’aujourd’hui, tout se paie d’avance.

Malade de rage, le Chinois donna cinq mille francs, qu’il n’osa même pas accompagner d’une insulte. Le mécanicien les empocha, puis dit :

— L’arbre de couche du Pétrel est cassé. Le navire est immobile, par calme plat à vingt milles dans l’est.

Il raconta complaisamment, avec force détails, ce que nous savons déjà, la découverte de l’homme à la mer, l’arrivée à bord du président de la République centrale, etc., etc. Puis il ajouta que, pendant toute la conversation secrète de l’homme aquatique, de Wilhelmine, de Kerbiquet et du docteur Francken, il avait été caché derrière une tenture du salon, et qu’il n’en avait pas perdu un mot. Il connaissait donc, et le projet de départ pour une expédition sous la terre, et le point où l’on s’enfoncerait. Il dit tout, sans rien omettre, à Van Ah Fung qui l’écoutait, glacé. Quand il eut terminé :

— Je ne crois pas, dit-il, un traître mot de votre histoire. Vous l’avez inventée de bout en bout pour avoir un moyen de me soutirer cinq mille francs. Mais vous m’avez imaginé plus naïf que je ne le suis.

— Que croyez-vous donc ? demanda Wurtzler.

— Je crois que vous vous êtes purement et simplement échappé du Pétrel pour venir m’attendre ici, et que le yacht continue tranquillement sa route vers le cap Horn. Quant à vos hommes sous-marins, à votre République souterraine, et aux autres calembredaines qu’il vous a plu de forger, je les mets toutes dans le même sac. Elles me coûtent cinq mille francs, que vous me prenez dans ma poche comme des pickpockets pourraient le faire, mais soyez tranquille, nous nous retrouverons. Van Ah Fung n’a jamais été dupé sans qu’il en cuise à quelqu’un.

— Van Ah Fung est un imbécile ! s’écria Johann Wurtzler, véhément. Et je regrette de ne pas l’avoir trahi comme il le soupçonne. Ce m’aurait été très facile, en vérité, et je ne serais pas maintenant sous le coup de la loi pour avoir démoli la machine du yacht

— Vous prétendez me faire croire…

— Je ne prétends rien vous faire croire. Tout ce que je viens de vous dire est la vérité, pour aussi invraisemblable que ça paraisse, les hommes sous-marins existent, l’expédition en projet aussi. Tout le monde sera ici même demain, je pense. Si vous voulez attendre jusque-là, vous le verrez ; sinon, allez au diable ! Quant à vos menaces, on m’en a fait d’autres, et je suis encore là. Vous auriez mieux fait de les garder.

Van Ah Fung, ébranlé dans son doute par la singulière ardeur du mécanicien, ne savait plus trop que penser.

— Écoutez, dit-il, nous allons rester ici jusqu’à demain. Si l’expédition a lieu, comme vous me l’affirmez, nous la suivrons, sinon…

— Soit, interrompit Wurtzler. Mais vous comprenez bien que je ne m’en irai pas sous la terre, derrière les gens du Pétrel et au risque de me faire reprendre par eux, que je ne ferai pas tout le travail louche que vous méditez encore pour le même prix qu’une traversée de l’Atlantique.

— Quelles sont vos conditions ?

— Quinze mille francs. Vous les verserez dès que vous aurez vu l’expédition s’engager sous la Terre.

Le Chinois réfléchit longuement. Puis il eut un geste de résolution désespérée, et dit :

— C’est entendu ; j’en passe partout où vous voulez. Mais vous me servirez fidèlement ?

— Je vous ai bien servi jusqu’à présent, répondit sèchement Johann Wurtzler.

Et il s’éloigna dans la direction de l’intérieur de l’île. Dans l’après-midi, Johann Wurtzler revint. Il avait abattu des goélands à coups de revolver, et découvert un puits qui devait être l’entrée de la cheminée conduisant au fond du globe, car des cordes et des échelles traînaient autour. Ils allèrent ensemble à ce trou.

— Vous voyez, dit le mécanicien, que je ne vous avais pas trompé, voici la route.

Devant eux, en effet, s’ouvrait un puits étroit, par où deux hommes auraient difficilement passé ensemble, et dont l’orifice était à demi obstrué par des broussailles. Mais il paraissait profond, et devait s’élargir en descendant. Une corde en sortait, qui s’amarrait à quelque distance au tronc d’un arbre. Une échelle souple avait été laissée auprès.

Ils redescendirent vers la place, et, sur un feu installé entre deux pierres, firent cuire un goéland qu’ils mangèrent, malgré son goût d’huile, parce qu’ils mouraient de faim. Wurtzler alla chercher de l’eau à une source voisine dans une tasse de métal ; quand ce fut le tour du Chinois de boire, il laissa tomber dans le liquide une sorte de pilule blanche qui y disparut instantanément, ne lui laissant ni goût, ni odeur, ni couleur. Van Ah Fung absorba le tout sans défiance, bien qu’il fût fort défiant de sa nature. Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il dormait profondément, d’un sommeil que rien ne pouvait troubler. Le mécanicien lui enlevait alors deux revolvers chargés, une boîte de cinquante cartouches, et une sorte de stylet de facture orientale, à lame triangulaire et ondulée, qui devait faire de terribles blessures. Puis il s’endormit à son tour.

Le lendemain matin il s’éveillait, tandis que Van Ah Fung ronflait encore. Le Chinois ouvrit les jeux quelques minutes après. Il se sentait étrange ; il avait la tête lourde comme s’il fût sorti de l’ivresse, comme les jours où clandestinement, à Saardam, il se livrait à sa passion pour l’opium. Il ne soupçonna pas d’abord, cependant, qu’on lui eût administré un narcotique et le hasard voulut qu’il ne fouillât pas immédiatement dans les poches où il mettait ses armes. Ils déjeunèrent ensemble, et ce ne fut qu’ensuite que Van Ah Fung découvrit le vol dont il avait été victime. Il pâlit affreusement, comme pâlissent les hommes de race jaune, c’est-à-dire qu’il devint vert. Sans rien pour se défendre, il était à la complète merci du misérable dont il avait fait son associé.

— Mes armes ! bégaya-t-il. Mes armes !

Wurtzler ne bougea pas.

— Coquin ! Vous m’avez volé mes armes ! Rendez-les-moi !

— Je ne vous ai pas volé vos armes, répondit tranquillement le mécanicien, je vous les ai confisquées, et vous les rendrai en temps et lieu. Je ne suis pas un voleur. Mais, quand je voyage en compagnie de gens possédant un aussi exécrable caractère que le vôtre, autant que possible je ne leur laisse pas de revolvers dans les poches.

— Je n’irai pas plus loin sans mes armes ! déclara Van Ah Fung tremblant de fureur. Et vous savez ce que vous y perdrez.

— À votre aise. Nous avons assez pour vivre quelque temps, avec ce que nous avons touché déjà.

— Et vous pouvez m’assassiner pour avoir le reste…

— Je ne suis pas un assassin, déclara Wurtzler. Et c’est heureux pour vous, car ici, en effet, l’occasion serait belle. Le Chinois s’éloigna dans les rochers. Johann lui cria :

— Je resterai ici jusqu’au départ de l’expédition souterraine. Ensuite je m’en irai. Et vous ne me reverrez plus.

La matinée se passa sans incidents. Vers midi, Van Ah Fung se rapprocha du mécanicien, parce qu’il avait grand’faim, qu’il n’avait rien à manger, et que Wurtzler avait préparé un repas très convenable avec du poisson, des oiseaux de mer, du biscuit et des conserves apportées du Pétrel.

Et vers trois heures, ils virent une quarantaine de têtes flottant sur l’Océan et s’approchant de l’île avec rapidité.

— Les voilà ! Cachons-nous tous deux dans les rochers, ordonna Johann Wurtzler ; il ne faut pas qu’on soupçonne notre présence ici.

Lui-même fit disparaître en quelques secondes les traces de leur campement et de leur cuisine, et fut se coucher entre deux grosses pierres. La caravane prit terre.

Elle était composée de nos amis, Jean Kerbiquet, Wilhelmine accompagnée de Congo et du petit docteur Francken ; du président de la République Centrale et d’une trentaine de ses concitoyens dont dix environ, des voyelles nasales très probablement, portaient aux épaules de gros paquets enveloppés de toile imperméable.

Tous se dirigèrent immédiatement vers le sommet de l’île, et commencèrent les préparatifs de la descente.

Johann Wurtzler et Van Ah Fung les surveillaient de loin, tout en se dissimulant dans les rochers. Une demi-heure passa, pendant laquelle les Sous-Terriens paraissaient disposer des appareils compliqués. Puis, tout à coup, en quelques secondes, le haut de la colline qui dominait l’Océan redevint absolument désert. La caravane avait été bue par la terre.

— Les voilà partis, dit Johann Wurtzler. Que décidez-vous ?

— Nous les suivons ! répondit Van Ah Fung, subitement surexcité. Nous descendrons demain matin, pour leur laisser douze heures d’avance sur nous.

— Payez, répliqua Wurtzler.

Le Chinois versa trente mille francs, ce qui mit son portefeuille à peu près à sec. Puis, tous deux préparèrent le repas du soir et les ballots de provisions qu’ils s’attacheraient aux épaules pour leur plongée dans l’écorce du Globe.

Mais cette nuit-là, de crainte de surprise, Van Ah Fung ne dormit pas. Il est bon d’ajouter, d’ailleurs, que Johann Wurtzler, qui n’avait pas la moindre confiance en son singulier patron, surtout en ce qui concernait les armes confisquées, ne ferma pas l’œil non plus.

Vers sept heures du matin, tous deux gagnaient le sommet de l’île.