Une de perdue, deux de trouvées/Tome I/12

Eusèbe Sénécal, Imprimeur-éditeur (Ip. 147-158).

CHAPITRE XII.

le tuteur.


Parmi la nombreuse clientèle du docteur Rivard, se trouvait la famille du juge de la Cour des Preuves de la N.-Orléans. Depuis un grand nombre d’années, le juge n’avait pas eu d’autre médecin, et il s’en était toujours trouvé satisfait, car outre la grande capacité du docteur, il était d’une ponctualité remarquable auprès de ses patients, n’hésitant jamais un seul instant à accourir auprès d’eux aussitôt qu’on le faisait demander, fut-ce de jour, fut-ce de nuit, fit-il beau, fit-il mauvais. Outre ces qualités, il ne présentait ses comptes que rarement, et attendait volontiers qu’on vint les lui payer, surtout lorsqu’il était certain de la solvabilité de ses débiteurs. Or, ce fut à l’occasion de l’un de ses comptes, que le docteur Rivard reçut le billet suivant, que la négresse, Marie lui remit à son retour de l’Hospice.

« Mon cher docteur,

Il y a longtemps que nous ne nous avons vu ; vous négligez vos patients quand ils ne sont plus que vos débiteurs et amis. Veuillez me faire le plaisir de venir prendre le thé ce soir, sans cérémonie ; nous causerons, et surtout n’oubliez pas votre compte que je désirerais solder. Votre, etc. — T. R. »

« N.-Orléans, 29 oct. 1836. »

— Bien ! se dit le docteur Rivard, quand il eut lu ce billet. Une invitation de la part de M. le juge de la Cour des Preuves, pour souper, causer et régler des comptes ! Nous serons donc seuls, car on ne règle pas de comptes en compagnie. Ça me va à merveille. Je n’accepte jamais d’invitation, mais celle-là ! c’est bien différent ; j’irai ; oh ! oui, j’irai.

Et puis, exclama le docteur, en se jetant dans son fauteuil, et essuyant la sueur de son visage, les choses vont pour le mieux. Les régistres corrigés ; Jérôme qui sait par cœur son âge, son nom et celui de sa mère et le lieu de sa naissance ; Asselin parti ! Que l’on dise qu’il n’y a pas une providence qui veille à tout, maintenant ! Mais le plus difficile n’est pas encore fait. Pierre de St. Luc m’embarrasse ; quoique Pluchon soit à ses trousses, je ne suis pas sans inquiétude à son égard. Pluchon est une fine mouche, mais il manque de caractère, ça n’a pas plus de cœur qu’une poule ! Je sais bien qu’une fois Pierre de St. Luc en sûreté à l’habitation des champs, il n’y aura plus rien à craindre de ce côté ; mais le tout, c’est de l’y conduire ! Je voudrais bien savoir s’il sera encore longtemps en mer. Il y a déjà deux jours que le Sauveur est arrivé, le Zéphyr ne doit pas tarder. Allons ! pourquoi me casser la tête de cela ? Jusqu’ici tout ne semble-t-il pas me sourire ? Comptons sur notre étoile qui n’est pas encore éclipsée.

Après avoir fait cette consolante réflexion, le docteur prit son livre de compte, et prépara le mémoire de frais et visites que lui devait le juge de la Cour des Preuves, qu’il plia et mit dans son portefeuille. Après cela il écrivit un mot à l’adresse de M. Pluchon, qu’il envoya à la poste.

Quand sept heures sonnèrent, le docteur Rivard se rendit chez le juge de la Cour des Preuves, où il était attendu pour prendre le thé. Le Juge et le Docteur se connaissaient depuis longtemps, quoiqu’il n’y eut pas d’intimité entre ces deux hommes si différents et dans leurs mœurs et dans leur caractère. L’un était aussi franc et ouvert que l’autre était fourbe et hypocrite. Le premier n’eut voulu pour rien au monde faire tort à son prochain, le second ne se faisait aucun scrupule de flétrir l’innocent pour le dépouiller ensuite, et tous les moyens lui étaient bons pourvu qu’il pût parvenir à son but sans se compromettre. Tous deux intelligents et d’un esprit supérieur, tous deux jugeant les autres d’après leur propre cœur, devaient en venir à des conclusions bien différentes l’un de l’autre. Tels étaient les deux hommes qui allaient prendre le thé ensemble et causer. Le juge ne désirait la visite du docteur que comme un passe-temps agréable, celui-ci en espérait un résultat important.

— Et comment vous portez-vous ; mon cher docteur ? dit le juge en allant au-devant de ce dernier ; il y a un siècle que l’on ne vous a vu ; vous devenez rare, rare comme le beau temps.

— Je me porte très-bien, je vous remercie ; et vous-même, comment est votre santé ? Madame est bien, j’espère ?

— Mais oui, elle est partie pour la campagne depuis hier, et je ne pense pas qu’elle revienne de quelques semaines ; elle est allée chez une de ses tantes à la paroisse St. Martin. Quant à moi, je suis à merveille ; il me semble que je rajeunis ; — mais vous, docteur, vous ne rajeunissez pas !

— J’ai pourtant bonne santé, bon sommeil, bon appétit.

— Vous travaillez trop, docteur, vous menez une vie un peu trop austère.

— Que voulez-vous, je deviens vieux, le monde a bien peu d’attraits pour moi, et il n’est jamais trop tôt pour se préparer au grand voyage.

— C’est vrai ; si vous me le permettez, nous allons, en attendant, passer dans la salle à manger où le souper est servi. Il n’y a pas grand chose, je mène vie de garçon de ce temps-ci. Entrez, docteur, ou plutôt suivez-moi.

Le juge et le docteur s’assirent devant un excellent souper. Le premier mangea comme un homme et le docteur se contenta d’un peu de salade et de deux à trois verres d’eau.

— Comment, docteur, vous ne mangez pas d’autre chose ?

— Merci, c’est mon régime ; depuis près de cinq ans, je ne prends pas autre chose pour mon souper. Quelquefois vers dix heures, je prends une croute, quand je me sens l’estomac faible et que je suis obligé de faire quelque visite de nuit. Autrement, rien de plus.

— Vous prendrez bien un petit verre de vin ! c’est du Chambertin, ça ne vous fera pas de mal !

— Merci, je n’en use jamais.

— Allons, docteur, il faut avouer que si vous péchez, ce n’est pas par gourmandise au moins.

— Hélas, mon cher monsieur, j’en ai bien assez d’autres sur la conscience, sans que j’y ajoute encore le péché de gourmandise ; quoique, soyez sûr, ce ne soit pas par dévotion que je me prive de manger des mets aussi succulents que ceux que vous avez sur votre table.

— Eh bien, si vous ne mangez pas davantage, passons dans mon étude ; nous serons seuls et nous causerons sans façon.

Le juge et le docteur s’assirent chacun dans un large fauteuil autour d’un feu brillant qui pétillait dans la grille de l’étude. Une lampe en bronze surmontée d’un globe en cristal découpé jetait une vive lumière dans l’appartement.

— Vous avez apporté votre compte, docteur, j’espère ?

— Oh ! ce n’est pas la peine, monsieur le juge, répondit le docteur Rivard, en se plaçant de manière que la lumière de la lampe ne frappât pas dans son visage ; ce n’est véritablement pas la peine.

— N’importe, il y a assez longtemps que nous n’avons réglé, et j’aime à solder mes comptes de médecine, au moins une fois tous les vingt-quatre mois ; ce n’est pas trop souvent, je pense, et il ne faudra pas m’en vouloir, docteur, si je veux vous payer.

— Je vous ai apporté ce que vous demandiez, mais si je vous le donne, ce n’est qu’à une condition.

— Et laquelle ?

— Je ne vous le donnerai pas sans cela.

— Mais encore.

— Je désire que vous en gardiez le montant par devers vous pour le distribuer aux pauvres sans me mentionner.

— Mais, docteur…

— Nous sommes d’anciennes connaissances, et vous voudrez bien faire cela pour moi. Je réservais spécialement ce compte pour quelqu’œuvre de charité.

— Mais, docteur, je ne puis en conscience m’attribuer le mérite aux yeux du monde de semblables aumônes, et d’ailleurs vous êtes vous-mêmes dans une position bien plus favorable pour les distribuer ; vous êtes journellement en contact avec ceux que la misère et l’indigence peut-être plus que la maladie, réduisent à avoir recours au médecin.

— Hélas ! oui, ce que vous dites là n’est que trop vrai ; aussi, monsieur le juge, je prends quelquefois sur mon superflu pour leur procurer quelque soulagement.

Le docteur qui, en disant ces mots, s’était un peu retourné vers la lumière, avait donné à sa physionomie une expression de charité si bénoite, si modeste, que le juge ne put s’empêcher de s’écrier :

— Ah ! mon cher docteur, vous êtes un saint homme, j’avais toujours pensé que vous vous mettiez à la gêne pour mieux secourir l’indigence ; je ne m’étonne plus que vous soyez toujours pauvre, avec une aussi nombreuse clientèle !

— Vous êtes trop bon, M. le juge, et d’ailleurs vous êtes dans une bien grande erreur. Je donne bien quelque chose, mais si peu, si peu que j’ai vraiment honte de ne pouvoir faire davantage ; hélas ! moi qui aurais tant besoin de faire du bien en ce monde pour réparer, non pas réparer, mais atténuer un peu les fautes dont je me sens coupable, et les reproches que me fait ma conscience !

— Docteur, je puis vous juger maintenant, je vous comprends, vous craignez que l’on attribue à un esprit d’ostentation les riches aumônes que vous faites, et vous désireriez que quelqu’un les fît pour vous. Je suis bien sûr que plus d’un infortuné a été tiré de la misère par vous, sans que l’on ait découvert d’où venait le bienfait. N’ai-je pas deviné juste, docteur.

— Permettez-moi de ne pas répondre à cette question.

— J’apprécie votre modestie et votre pieuse générosité ; mais en vérité, docteur, je ne puis me charger de faire une chose qui, tout en vous dépouillant du mérite aux yeux du monde, aurait l’effet de me faire attribuer l’honneur d’une action dont je ne serais pas l’auteur.

— Vous pourrez, monsieur le juge, dire que cette somme vous a été remise par une personne inconnue.

— Non, vraiment, docteur, je me ferais un scrupule d’accepter, vu surtout que c’est une somme que je vous dois. — Voyons le montant de votre mémoire.

Le docteur Rivard se rendit enfin aux raisons du juge, bien content de pouvoir toucher le montant de son compte tout en laissant son client sous l’impression qu’il ne l’acceptait que pour le distribuer aux pauvres. Le docteur avait eu le soin de réduire le mémoire de moitié.

— En vérité, docteur, vous n’êtes pas raisonnable ; vingt-quatre mois de soins et de visites pour moi et ma famille, et vous ne demandez que deux cent trente-six piastres !

— C’est bien suffisant, et en conscience je me reprochais presque de l’avoir fait monter si haut, si ce n’est que j’avais eu l’intention de vous en laisser le montant pour le distribuer en œuvre de charité. Vous êtes bien le premier auquel j’entends dire qu’un mémoire de médecine est trop faible.

— Eh bien n’en parlons plus ; voici un ordre sur la banque de l’Union pour le montant.

— Merci.

Le docteur plia l’ordre et le mit dans son portefeuille, sans le regarder ; quittança son compte et le remit au juge.

— Parlons des choses du monde, maintenant, politique, nouvelles européennes, nouvelles locales, etc. À propos, docteur, vous étiez, je crois, le médecin d’Alphonse Meunier, ce riche négociant qui est mort la semaine dernière.

— Hélas ! oui. C’était un brave homme celui-là ; et mon meilleur, je pourrais dire mon seul ami. Je ne puis y penser, sans me sentir venir les larmes aux yeux.

Et en effet, par un de ces jeux de muscles toujours au service de certaines personnes, quelques pleurs vinrent mouiller les paupières du docteur, qu’il eut la précaution de laisser voir au juge, ayant de les essuyer.

— Vous le connaissiez depuis longtemps ?

— Depuis mil huit cent vingt, et je puis me glorifier de l’intimité qui a toujours existé entre nous.

— Il vous a fait un beau legs dans son testament ; je vois qu’il voulait vous laisser un souvenir.

— Trop beau, M. le juge, trop beau ! ça bien été malgré moi qu’il m’a mentionné dans son testament ; savez-vous qu’il voulait me faire un bien plus grand legs et que, si je ne m’y fusse opposé péremptoirement, il m’aurait nommé son exécuteur testamentaire ! Mais vous sentez bien, M. le juge, qu’avec mes habitudes, mes devoirs et mon incapacité dans les affaires, je ne pouvais accepter. Et d’ailleurs n’avait-il pas le jeune Pierre de St. Luc, un orphelin qu’il a élevé, et qui, je vous l’assure, est un charmant jeune homme et bien digne de toute la tendresse du père Meunier.

— En effet, j’ai été un peu surpris, quand j’eus appris votre intimité avec M. Meunier, de voir que vous n’aviez pas été nommé son exécuteur testamentaire ; mais je vois les raisons maintenant. J’aurais voulu vous voir l’administrateur d’une telle succession ; vous en étiez digne et je vous considère, quoique vous en disiez, bien plus capable de l’administrer que le jeune de St. Luc, qui, après tout, n’est qu’un jeune homme et de plus un marin, et qui, malgré les belles qualités que vous lui donnez, n’en dissipera pas moins une partie dans de folles extravagances.

— Oh non ; sous ce rapport-là, soyez tranquille ; le jeune de St. Luc est sobre, sage, pieux et très-versé dans les affaires. Il est bien plus capable que moi. J’ai toute confiance dans St. Luc, et je ne sais si c’est parce que mon ami M. Meunier l’aimait et l’appelait son fils, que je me sens une bien grande affection pour ce jeune homme, il sera toujours pour moi le représentant de son bienfaiteur et du mien. Pauvre cher M. Meunier, mon seul et mon dernier ami sur cette terre !

Le docteur versa plusieurs larmes.

— Allons, mon cher docteur, ne vous affligez pas. Nous ferons mieux de changer de sujet ; celui-ci réveille de trop pénibles sensations.

— Oh non ! au contraire, M. le juge, je me sens un peu agité, mais ça me fait du bien de pleurer quelquefois. Je voudrais pouvoir faire quelque chose avant de mourir et continuer en son nom les bonnes œuvres qu’il faisait durant sa vie. Voici, M. le juge, ce que j’ai pensé faire du legs qu’il m’a fait et que j’accepte afin de l’associer à une action charitable ; je me suis décidé à accepter la tutelle d’un pauvre orphelin, qui se trouve actuellement à l’Hospice des Aliénés. C’est un jeune enfant de douze à treize ans, dont le cerveau malade l’avait fait mettre parmi les aliénés ; quoiqu’il n’ait pas une intelligence bien développée, j’ai pu remarquer beaucoup de bon sens et beaucoup de raison dans l’enfant ; il n’est point du tout aliéné, mais il est d’une telle timidité, a été tellement négligé, tellement maltraité, tellement bafoué, battu, qu’il a peur de la moindre chose, du moindre bruit. Je le soigne depuis longtemps, et j’ai contracté un véritable attachement pour l’enfant. Comme il est nécessaire que toute personne, qui veut se charger de quelqu’un des malades de l’Hospice, ait à assurer une certaine somme d’argent, par forme de rente viagère, au malade, avant de pouvoir le faire sortir de l’institution, je me suis décidé à convertir les trois mille piastres, que me lègue M. Meunier, en quelque bien-fonds qui deviendra la propriété du pauvre orphelin.

— Vous faites là une belle et noble action, docteur, permettez-moi de vous dire, sans flatterie, que vous êtes le meilleur et le plus saint homme que je connaisse ! Et comment s’appelle votre futur pupille ?

— On ne lui connait pas d’autre nom que Jérôme.

— Quels sont ses parents, vivent-ils encore ?

— On n’a jamais connu ses parents, ni leurs noms, ni leur origine, ni leur domicile ; on ne sait s’ils vivent. Mais comme j’ignore les formalités à suivre pour me faire nommer tuteur, je voudrais bien que vous me fissiez le plaisir de me dire ce que je dois faire.

— Bien volontiers : quand voulez-vous être nommé tuteur ?

— Au plus tôt, demain s’il se peut ; car voyez-vous, ce pauvre enfant est tellement exposé à l’Hospice, que le plus tôt il pourra être sous la protection de quelqu’un qui en aura soin, le mieux ce sera pour lui ; il est d’une nature si sensible.

— C’est bien. Voici ce que vous aurez à faire : 1o vous ferez préparer par un notaire l’acte constituant la somme que vous destinez à l’orphelin, en l’appliquant par hypothèque sur quelqu’une de vos propriétés ; 2o vous viendrez par devant moi au greffe de la Cour des Preuves, demain à midi, accompagné de sept personnes, afin d’avoir ce qu’on appelle une assemblée de parents, pour prendre leur avis sur la nomination du tuteur. Tâchez de trouver des amis de l’orphelin, s’il en a, autrement, les sept premières personnes venues feront l’affaire. Je prendrai leur avis, vous signerez et je vous délivrerai les lettres de tutelle. Voilà tout.

— À midi, demain.

— Oui, je conçois votre hâte de retirer cet enfant de l’Hospice où le contact de toutes sortes de personnes ne doit pas manquer d’affecter son cerveau et sa constitution, s’il est aussi délicat, aussi craintif et aussi impressionnable que vous le dites.

— Pauvre enfant ! ses douces dispositions me l’ont fait remarquer depuis longtemps, et je me suis toujours senti une espèce d’entraînement vers lui. J’espère que j’en ferai quelque chose de bon ; un pieux et honnête citoyen.

La conversation se prolongea encore quelque temps ; et quand l’horloge sonna dix heures, le docteur Rivard prit congé du Juge de la Cour des Preuves et se rendit chez lui.

Le lendemain matin le docteur alla trouver un notaire et constitua une hypothèque de trois mille dollars avec intérêt de dix pour cent par an payable à Jérôme, son futur pupille.

À midi, le docteur, muni de copie de l’acte d’hypothèque, et accompagné de sept personnes officieuses, se rendit au greffe de la Cour des Preuves, où le Juge, après avoir pris l’avis de l’assemblée de famille, lui délivra les lettres de tutelle, le nommant : « Tuteur de l’orphelin Jérôme, actuellement et erronément détenu comme lunatique à l’Hospice des Aliénés de la Nouvelle-Orléans. »

Quand le Dr. Rivard fut parti, le juge, s’adressant au greffier, monsieur Jacques, lui demanda s’il connaissait celui qui venait d’être nommé tuteur de l’orphelin Jérôme.

— Non, Monsieur le juge, répondit monsieur Jacques.

— Eh bien ! connaissez-le, c’est le docteur Rivard, le plus saint et le plus honnête homme de la Nouvelle-Orléans.

— Ah !…