Une de perdue, deux de trouvées/Tome I/10

Eusèbe Sénécal, Imprimeur-éditeur (Ip. 120-132).

CHAPITRE X.

le complot avance.


Cependant le Zéphyr, poussé par un vent favorable, arrivait, quelques jours après la malencontreuse attaque des pirates, en vue des terres de la Louisiane. Un matelot, placé en vigie à la tête du mât d’artimon, avait fait entendre le cri « terre en avant ! » Ce cri, que les marins, si accoutumés à la mer et à ses accidents, ne peuvent entendre sans émotion, avait amené sur le pont tous les passagers. Sara Thornbull, faible et à peine revenue du choc qu’elle avait éprouvé à la vue de Cabrera, se tenait appuyée au bras de Sir Arthur Gosford. Le comte d’Alcantara, dont la figure toute couverte de cicatrices, annonçait les horribles souffrances que son accident lui avait occasionnées, avait recouvré toute sa jovialité. Au fond, il était tout glorieux de sa mésaventure, s’attribuant presqu’à lui seul le mérite d’avoir décidé la fuite des pirates et l’honneur de la victoire.

Le navire avançait toujours, et la terre, qui d’abord n’apparaissait que comme un nuage à l’horizon, commençait peu à peu à se dessiner sur le fond bleu du firmament ; bientôt on put distinguer un petit vaisseau, sortant de l’une des passes du Mississipi, et se dirigeant dans la direction du Zéphyr. Sa grande voile latine le fit bientôt reconnaître pour un des bateaux pilotes, qui croisent sans cesse à l’embouchure du fleuve, et semblent vivre sur les eaux, comme les goëlands, ne retournant à terre qu’alors que les ombres de la nuit sont tout à fait tombées. Il était joli à voir ce petit cutter, courant sur les lames et plongeant de temps en temps à la risée le bout du bôme de son immense brigantine, comme une hirondelle qui trempe son aile à l’eau pour se rafraîchir.

Le capitaine donna l’ordre de faire des signaux. Le cutter y répondit et quelques instants après il fut à la portée du porte-voix.

— Ohé ! du cutter ! cria le capitaine.

— Oui, oui ! quel est ce brick ?

— Le Zéphyr !

— D’où venez-vous ?

— Du Brésil. Envoyez un pilot à bord.

— C’est bien, attendez un instant.

Et le petit cutter, passant sous le vent du Zéphyr, mit, une chaloupe à l’eau ; quatre hommes sautent dans l’embarcation et quelques minutes après le pilot était à bord du Zéphyr, et faisait signe aux gens de la chaloupe de retourner à bord du cutter.

— Bonjour, monsieur le pilot.

— Bonjour, monsieur. C’est au capitaine que j’ai l’honneur de parler ?

— Oui, et je vous remets en main la charge du navire jusqu’à la Nouvelle-Orléans.

— Très bien. Je pense que nous y arriverons demain vers midi.

— Savez-vous si le Sauveur est arrivé ?

— Oui, c’est moi qui l’ai piloté.

— Quelles nouvelles à la Nouvelle-Orléans ?

— Rien, ma foi, rien.

— Connaissez-vous M. Alphonse Meunier ? Et savez-vous s’il est à la Nouvelle-Orléans ? C’est le propriétaire de ce navire.

— M. Alphonse Meunier ? Je crois le connaître ; je ne suis pas bien certain cependant. N’est-ce pas un petit homme brun, cheveux gris, portant une béquille ? J’en ai vu un qui est venu à bord du Sauveur, quand nous avons accosté à la Nouvelle-Orléans ; mais je ne puis dire si c’est M. Alphonse Meunier.

— Oh ! oui, ça doit être lui. Était-il bien portant ?

— Probablement ! autrement il ne serait pas venu à bord.

— Avez-vous apporté quelques-uns des journaux de la ville ? J’aimerais bien à les lire.

— Non, monsieur, non.

— Quel malheur ! n’importe. Vous pensez que nous arriverons demain. Aurons-nous besoin de prendre un remorqueur ?

Le vent est tout juste comme il faut, nous irons aussi vite qu’avec un remorqueur, outre qu’en ce moment il n’y en a pas à la balise.

— C’est bien, monsieur le pilote, vous commandez à bord maintenant. Quel est votre nom ?

— Édouard Phaneuf.

Et le capitaine descendit à la cabine pour préparer le manifeste du bâtiment, et un état de la cargaison et des consignations.

Le pilote se promenait de long en large sur le pont répondant d’un ton sec et brusque aux questions qu’on lui adressait.

— Décidément c’est un ours, disait le comte d’Alcantara à Sir Gosford. Il n’y a pas moyen d’en tirer une réponse satisfaisante.

— Il y en a beaucoup comme lui, quoique cependant on en trouve de plus polis, répondit Sir Gosford ; tout occupés de leur métier, ils ne connaissent que cela. Encore bien heureux quand ils remplissent leur devoir avec habileté et qu’ils ne nous échouent pas quelque part sur ces bancs de sable, qui sont si mauvais à l’entrée du Mississipi.

— J’ai envie de lui parler d’autres choses, peut-être aimera-t-il que nous lui donnions des nouvelles, s’il n’aime pas à nous-en donner ? Si nous lui parlions des pirates ?

— Faites comme vous voudrez, répondit Sir Gosford.

— Savez-vous, monsieur le pilote, lui dit le comte, que nous avons été attaqués par des pirates, il y a trois ou quatre jours ?

— Vraiment ! répondit Édouard Phaneuf, et comment ça ?

— Oh ! mais, c’est que nous avons eu une furieuse difficulté à nous en débarrasser ; vous voyez comme j’ai la figure toute brûlée, je ne sais trop par quel miracle j’ai pu échapper à la mort, au milieu des balles et des couteaux de ces brigands. Dieu merci, nous les avons mis en fuite, après en avoir tué une trentaine et en avoir fait dix prisonniers.

— Vous avez des prisonniers, dit le pilot d’un ton qu’il tâchait de rendre indifférent, mais dont l’émotion n’échappa pas à Clarisse Gosford, qui, sans trop savoir pourquoi, éprouvait une espèce de répugnance à la vue de cet homme à l’air sombre et aux traits fortement accusés. Et où sont-ils ?

— Ils sont enchaînés dans la cale. Nous avons pris leur chef ; un véritable démon, bel homme d’ailleurs.

— Savez-vous son nom ?

— Ils l’appellent Antonio Cabrera.

À ce nom, le pilote contracta les sourcils, et se retournant brusquement du côté du timonier, il lui cria :

— Tribord la barre !

— Tribord la barre, répéta le timonier.

— Holà ! en avant là, bordez-moi les focs ! Non pas comme ça. Et le pilote courut sur le gaillard d’avant où il donna ses ordres, évitant ainsi de se rencontrer avec les passagers.

Le reste de la journée se passa tranquillement, les matelots occupés à nettoyer le navire et à préparer et ranger les balles de marchandises, les passagers à écrire des lettres et à faire leurs malles.

Durant la nuit, pendant que le Zéphyr montait à pleine voile, refoulant le courant du Mississipi, Édouard Phaneuf prit un fanal et descendit à la cale, accompagné d’un des matelots du quart. Au bruit que fit le pilote en entrant dans la cale, Antonio Cabrera leva la tête et reconnut Phaneuf à la lumière du fanal que ce dernier tenait à la hauteur de son visage. Un signe imperceptible d’intelligence passa entre Phaneuf et Cabrera ; et ce dernier remit sa tête sur un paquet de voiles qui lui servait d’oreiller. Le matelot n’avait pas remarqué que Cabrera avait levé la tête.

— Ne faisons pas de bruit, ils dorment, dit-il à voix basse à Phaneuf.

— Oui, ne les réveillons pas, quoique des chiens comme eux ne méritent pas même qu’on les laisse dormir.

— Vous êtes bien dur, continua le matelot, ils n’ont que quelques jours à vivre, et quoiqu’ils méritent bien la mort, on doit en avoir pitié.

— Pitié ! et pour des chiens de pirates, répondit Phaneuf en affectant un air de suprême horreur. Allons-nous en, le cœur m’en lève de dégoût ! Prenez le fanal et montez.

Le matelot prit le fanal et monta le premier ; Phaneuf glissa quelque chose à Cabrera sans que le matelot l’aperçût. Ce quelque chose, c’était une lime.

Deux heures après, pendant que la plupart des gens de quart étaient assouvis, un homme se glissa tout doucement le long du passe-avant de bâbord, montait sur le gaillard d’avant en se traînant sur le ventre, passait par dessus le coltis, et s’aidant des cordages de la civadière descendait dans l’eau. De temps en temps, on eut pu voir une tête qui s’élevait au-dessus de l’onde et plongeait, en gagnant la rive du fleuve ; on eût dit un caïman s’éloignant paresseusement du navire, pour aller s’enfoncer dans les prairies flottantes, qui bordent le Mississipi jusqu’à son embouchure.

Phaneuf passa la nuit à se promener sur le gaillard d’arrière, les deux mains dans les poches de sa vareuse, espèce de blouse que portent la plupart des pilotes du Mississipi.

Quand les premières lueurs de l’aurore commencèrent à blanchir l’horizon, Phaneuf s’approcha de la lumière de l’habitacle et tirant un petit morceau de papier roulé, il le déplia et lut : « Si Pierre de St. Luc ignore la mort de monsieur Alphonso Meunier vous mettrez un mouchoir blanc ; si au contraire il a appris sa mort (qu’il faut tâcher de lui laisser ignorer) vous mettrez un mouchoir rouge. »

— C’est un mouchoir blanc qu’il faut, se dit-il ; et il jeta à la mer le petit papier, après l’avoir déchiré.

À mesure que le Zéphyr avançait, l’aube naissante allait en augmentant.

Bientôt Phaneuf put apercevoir les premières habitations. Déjà dans la distance on pouvait distinguer le bois de chênes verts qui se trouve à deux milles au-dessous du couvent des Ursulines. Un mouchoir blanc, attaché sur les haubans de tribord, flottait à la brise.

Le capitaine et les passagers montèrent bientôt sur le pont.

— Eh bien, pilot, nous avons fait bien du chemin cette nuit ; je vois que dans une couple d’heures nous serons au couvent des Ursulines, et avant onze heures, au quai.

— Oui, j’espère.

Vers huit heures, le déjeûner fut servi, et le capitaine invita le pilot à descendre, ce que celui-ci accepta volontiers.

Pendant qu’ils étaient à table, un canot se détacha du rivage, monté par deux hommes, et alla au devant du Zéphyr.

L’officier de quart, voyant approcher un canot qui faisait des signaux, fit jeter des amarres, que les gens du canot empoignèrent.

— Que voulez-vous, leur demanda l’officier du quart ?

— Nous voulons parler au capitaine.

— Attendez, il est à déjeûner — Vous feriez mieux de monter.

— Non, merci, il faut que nous partions de suite Ne pourriez-vous pas faire appeler le capitaine ?

Celui-ci, averti que quelqu’un le demandait, monta sur le pont.

— Qu’avez-vous, à me dire, mes amis, dit le capitaine en s’adressant aux gens du canot ?

— Êtes-vous le capitaine du Zéphyr ?

— Oui, mes amis.

— Eh bien, capitaine, auriez-vous la bonté de venir à terre, à cette auberge que vous voyez avec des contrevents verts ? Monsieur Meunier nous a envoyés vous chercher.

Pierre de St. Luc, en apprenant que le père Meunier l’attendait à terre, descendit en toute hâte à la cabine, recommanda au pilote de continuer sa route sans l’attendre, qu’il allait descendre un instant à terre, et qu’il le rejoindrait à la ville ; et remontant aussitôt sur le pont, il sauta dans le canot.

Aussitôt que le canot eut touché le rivage, Pierre courut à l’auberge. Il ne fit pas réflexion qu’il était un peu étrange que M. Meunier ne fut pas sur la levée pour le recevoir, puisqu’il devait avoir quelque chose d’important à lui communiquer pour avoir pris la peine de venir toute cette distance depuis la ville pour le rencontrer.

Pierre entra dans l’auberge cherchant des yeux le père Meunier, que l’on suppose bien qu’il ne vit pas. Deux hommes étaient assis autour d’une petite table ; l’un d’eux, petit et maigre, au nez pincé et aux yeux de furet, était occupé à écrire ; l’autre fumait un cigare et humectait ses lèvres de temps à autre dans un gobelet de bière. Ni l’un ni l’autre ne semblèrent faire attention à l’entrée de Pierre. Celui-ci, après avoir jeté un coup d’œil dans la salle, s’approcha de la table sur laquelle le petit homme écrivait.

— Pourriez-vous me dire, messieurs, s’il n’y a pas ici un Monsieur Meunier ?

Le petit homme leva la tête, essuya sa plume et regarda Pierre. Après un instant de silence il répondit :

— Je ne connais pas M. Meunier. Il y avait ici tout à l’heure un homme de certain âge, qui attendait quelqu’un. Il vient de partir en voiture, disant qu’il serait de retour dans une vingtaine de minutes.

— Portait-il des béquilles ?

— Oui, je n’ai pas bien remarqué, mais je crois qu’il avait une béquille.

— C’est lui, c’est monsieur Meunier. De quel côté est-il allé ?

— Il est allé par en bas. — Vous ferez mieux de l’attendre.

En ce moment des sanglots se firent entendre en dehors de la maison ; et une pauvre femme, tête nue, les cheveux en désordre, entra en criant :

— Oh ! mes chers messieurs, mon fils, mon pauvre Jacob vient de se casser la cuisse, et je ne suis pas capable de le relever. Oh ! mon Dieu ! au secours ! et la vieille femme éclata en sanglots.

— Ma pauvre femme, lui dit le petit homme, je suis bien fâché de ne pouvoir vous assister, je suis pressé et je devrais être parti déjà, pour servir ce procès-verbal.

— Oh ! monsieur, ce n’est qu’à deux pas d’ici, ne pourriez-vous pas venir, seulement cinq minutes ? oh ! mon pauvre Jacob ! mon Dieu ! Allez-vous le laisser mourir ?

Et la vieille femme, les yeux tout en pleurs, son châle en désordre, semblait dans une telle désolation que Pierre de St. Luc, tout ému, lui dit avec bonté :

— Ne vous tourmentez pas, ma bonne vieille, je vais aller avec vous et vous aider. Où demeurez vous ?

— Oh ! mon monsieur, Dieu vous récompensera. Tenez, ce n’est qu’à deux pas, suivez-moi et courons — oh ! mon pauvre Jacob !

Et la vieille femme, dans laquelle on aura sans doute reconnu la mère Coco-Letard, conduisit par des sentiers détournés, le capitaine Pierre jusqu’à l’entrée de la plaine, d’où, dans la distance, on apercevait son habitation des champs.

— Vous êtes trop bon, mon cher monsieur, Dieu vous bénira pour ce que vous voulez bien faire pour moi. Nous arrivons, tenez, voici ma demeure.

— Mais, ma bonne vieille, c’est bien loin.

— Oh ! non, monsieur, ça parait comme ça, mais c’est tout près — oh ! mon pauvre Jacob, il est peut-être mort maintenant ! oh ! oh ! oh ! et elle poussait des cris à fendre le cœur d’un homme moins sensible que Pierre.

Quand ils arrivèrent à la maison, la porte en était ouverte. La vieille redoubla ses lamentations et criait de toutes ses forces — « oh ! mon pauvre Jacob. »

Des plaintes sourdes se faisaient entendre au second étage, et au moment où Pierre entrait, un cri aigu retentit dans l’appartement supérieur. La mère Coco-Letard monta précipitamment l’escalier, suivie de Pierre. La chambre était à peine éclairée par une lampe placée derrière une espèce de valise, des couvertes interceptaient la lumière des croisées. Dans le fond de la salle, sur un lit, était étendu Jacob, le plus jeune des Coco-Letard ; en voyant monter sa mère et l’étranger, il redoubla ses gémissements et cria au secours ; la mère Coco se baissa pour prendre la lampe dans ses mains, tandis que Pierre alla droit au lit de Jacob. En mettant le pied sur la trappe, le ressort céda, et Pierre fut précipité, d’une hauteur de douze pieds, dans le fond du cachot, où l’attendait les deux frères de Jacob, qui sautèrent sur lui. Étourdi par la chute et pris à l’improviste, Pierre fut bientôt complètement lié et jeté sur le lit, où il fut encore garrotté et attaché par de fortes courroies. Le tout se passa avec tant de rapidité qu’il ne put offrir aucune résistance, et ce ne fut qu’après avoir été étendu sur le lit qu’il put concevoir ce qui lui était arrivé, sans pouvoir comprendre les raisons qui avaient porté ces gens à en agir ainsi. Il crut qu’il était l’objet de quelque fatale erreur, et qu’il lui suffirait d’un mot d’explication pour être relâché. Mais il ne fut pas longtemps à se détromper, la sombre physionomie de ces deux hommes lui fit croire un instant qu’ils allaient l’assassiner, mais quand il les vit approcher une cruche d’eau près de son lit, il prit un peu de confiance et leur adressa la parole.

— Que me voulez-vous ? Je ne vous ai jamais rien fait ; vous vous êtes certainement trompés. Que prétendez-vous faire ?

— Vous l’apprendrez plus tard, lui répondit François en jurant ; pour le moment, taisez-vous ; c’est ce que vous avez de mieux à faire.

— Mais, encore, vous devez avoir quelque raison, quelques motifs ?

— Taisez-vous, ou nous allons vous baillonner.

— Si vous voulez de l’or, prenez tout ce que j’ai et laissez-moi partir.

— Pas si bête ; votre or, nous pouvons le prendre quand nous voudrons. — Vous laisser partir ! pour nous dénoncer à la police ! Oui-dà. Taisez-vous et ne faites pas de tapage, autrement nous vous mettrons un baillon.

Puis ces deux hommes remirent l’échelle, dont ils se servirent pour monter et la retirèrent après eux. Un instant après, la trappe fut remise à sa place, et Pierre entendit des rires au-dessus, et la voix de la vieille femme qui demandait, à ses garçons : « Si le monsieur était en sûreté sur le lit. » Puis des pas traversèrent la salle supérieure, puis il n’entendit plus rien. Il fit des efforts incroyables pour se débarrasser des liens qui lui retenaient les pieds et les mains ; ses muscles se roidissaient et ses nerfs se tendaient, mais en vain. Alors il se livra en son âme un violent combat entre l’espérance et la frayeur. Par moment il pensait que c’était à sa vie qu’on en voulait ; un instant après il se flattait que ce n’était qu’une erreur et qu’à la nuit peut-être on le relâcherait. Peu à peu, son esprit tourmenté par mille idées sombres, noires, confuses, s’appesantit ; il tomba dans une espèce d’affaisement moral, et ses sens, succombant aux efforts et à la fatigue, s’engourdirent dans une profonde torpeur.