Un monde inconnu/Première partie/5

Ernest Flammarion, Éditeur (p. 39-50).

CHAPITRE V

PRÉPARATIFS DE DÉPART

Depuis quelques mois, une activité extraordinaire régnait dans la presqu’île de la Floride. On y avait vu débarquer successivement plusieurs équipes d’ouvriers venus d’Europe. Des ateliers nouveaux avaient été construits, remplaçant ceux qui avaient été édifiés dix-huit ans auparavant et qui, fort négligés depuis cette époque, étaient tombés en ruine ou devenaient inutiles pour l’entreprise nouvelle. Plus n’était besoin en effet de ces fours innombrables qui avaient servi à fondre la Columbiad. Le nombre des travailleurs était bien moins considérable pour ce qu’il s’agissait de faire aujourd’hui.

Quelques maisons provisoires suffirent à les loger. Mais il fallait remettre en état le railway qui reliait Tampa-town à Stone’s hill et par lequel devaient arriver sur les chantiers tous les engins et tous les approvisionnements nécessaires ; car cette voie, qui pendant quelques mois avait été si fréquentée et qui avait transporté tant de matériaux et tant de voyageurs, avait été depuis lors singulièrement délaissée.

Il ne s’agissait plus, comme jadis, de creuser le trou immense où devait s’enchâsser le canon gigantesque, d’y couler l’énorme quantité de fonte qui devait former ses parois. Tout ce travail colossal, effrayant, qui dépassait toutes les proportions connues, avait été magistralement exécuté et mené à bonne fin par les devanciers de nos explorateurs. L’obus d’aluminium lui-même qui leur avait servi d’habitacle, était là sous un hangar fermé avec son aménagement intérieur.

Mais il fallait passer soigneusement en revue et le canon et le projectile. Comment l’un et l’autre s’étaient-ils comportés au moment du départ ? N’avaient-ils pas souffert dans une certaine mesure du long abandon dans lequel ils avaient été laissés ? Sans doute l’annonce publiée par les journaux américains affirmait que tout était en bon état, mais nos gens étaient trop avisés pour s’en tenir à une pareille assertion.

La Société nationale des communications interstellaires avait bien pris soin de faire élever au-dessus de l’orifice de la Columbiad une sorte de toiture pour la garantir des intempéries de l’air, mais on ne pouvait s’en rapporter absolument à de telles précautions ; il fallait se livrer à un examen sérieux et approfondi.

Marcel et lord Rodilan dirigeaient les travaux. La présence de Jacques, qui n’aurait apporté dans ces circonstances aucune compétence spéciale, n’avait pas été jugée indispensable. Il avait fait du reste connaître à ses deux amis le résultat de ses entreliens avec son oncle, et ceux-ci lui avaient obligeamment fait savoir qu’il pouvait tout à son aise préparer le départ de l’astronome et de sa fille pour les Montagnes Rocheuses : ils se chargeaient à eux deux de mener tout à bien pour l’époque où devait s’effectuer le voyage.

L’orifice de la Columbiad fut débarrassé de la toiture qui le protégeait, et à sa place on installa les palans qui devaient permettre de pénétrer jusqu’au fond du gigantesque tube pour en vérifier l’état. Marcel ne voulut laisser à aucun autre le soin de procéder à cet examen. Muni d’une puissante lampe électrique à réflecteur, il descendit lentement le long des parois et reconnut avec satisfaction que l’âme du canon avait été enduite dans toute sa longueur d’une épaisse couche de goudron pour la préserver des atteintes de l’humidité. Il put constater par une minutieuse inspection que nulle part cette couche de goudron n’était fendillée, ce qui prouvait suffisamment que le cylindre de fonte, soutenu par l’épais massif de maçonnerie dans lequel il était comme enchâssé, avait admirablement résisté à la formidable pression des gaz.


il fut donc convenu qu’on partirait ensemble pour new-york (p. 38).

Il s’agissait maintenant de procéder à un nouvel alésage pour enlever le goudron et rendre à l’âme de la pièce le poli qu’elle avait perdu. On n’avait pour cette opération qu’à suivre les errements des constructeurs de la Columbiad, et le travail, dirigé et surveillé de près par Marcel qui se multipliait et faisait passer dans l’âme des ouvriers l’ardeur dont il était animé, fut mené à bonne fin en aussi peu de temps qu’il était rigoureusement possible.

Lord Rodilan, à qui il était indifférent de promener son ennui sur tel ou tel point du globe, ne prenait pas une part fort active à ces préparatifs. Il les suivait même d’un air assez narquois : la robuste confiance de Marcel n’avait pu ébranler son incrédulité, et il n’épargnait pas à son ami les réflexions désobligeantes et les prédictions sinistres.

« Vous êtes pour moi, dear, lui disait-il, l’objet d’une curiosité assez intéressante, et vraiment je vous admirerais si j’étais capable d’éprouver encore un pareil sentiment. À voir le sérieux que vous apportez dans tous ces travaux préparatoires, on croirait que vous êtes sûr d’arriver sain et sauf au terme de votre voyage.

— Comment, si j’en suis sûr ? Mais, mon cher lord, cela est pour moi mathématiquement démontré, et il faut que vous fermiez volontairement les yeux à l’évidence pour ne pas être convaincu par les calculs que je vous ai si souvent soumis.

— Là, là, ne vous fâchez pas, incorrigible ingénieur que vous êtes. Puisque l’on part avec vous, que vous faut-il de plus ? J’espère bien que nous allons opérer là-haut une dégringolade mémorable ! (voyez-vous une dégringolade en haut ? C’est cela qui est original) et que nous serons mis en miettes avant d’avoir pu seulement reconnaître la couleur de ce satané satellite qui vous attire comme un véritable aimant.

— Mais nous ne tomberons pas, vous le savez bien ; nous descendrons peut-être un peu vite.

— Oui, oui, je sais, les fameuses fusées, qui n’ont même pas pu faire tomber l’obus sur la Lune.

— D’accord, mais cette fois nous ne rencontrerons pas, je l’espère, un bolide malencontreux qui nous fera dévier de notre route, et mon nouveau système de fusées pourvoira à tout. »

Marcel s’était en effet préoccupé de cette question ; il avait refait les calculs de Barbicane et de Nicholl, et il était demeuré convaincu que le moyen imaginé par eux pour ralentir la rapidité de la chute de l’obus sur la surface lunaire était absolument insuffisant, étant donné surtout l’absence d’une atmosphère dont le projectile n’aurait pas à vaincre la résistance. Mais cette idée de fusées dont la déflagration devait en quelque sorte repousser l’obus et amortir sa chute, était ingénieusement trouvée. Marcel était résolu à s’y tenir ; il jugea utile seulement d’en augmenter le nombre et d’en aménager trois séries qui seraient mises en jeu à des intervalles calculés et en raison inverse de la distance à franchir. Il obtiendrait ainsi trois résistances successives qui, si ses calculs étaient justes (et il ne doutait pas de leur exactitude), devaient faire arriver les voyageurs sans choc trop violent au terme de leur course.

L’obus qui avait servi à la premiére expédition fut aussi l’objet d’un examen attentif. Il avait parfaitement résisté à la pression des gaz dont l’explosion l’avait projeté dans l’espace et à sa chute formidable dans les profondeurs du Pacifique. Les parois épaisses qui étaient, on se le rappelle, en aluminium pur et avaient la résistance d’un bloc plein, n’avaient pas subi de déformation appréciable. Les aménagements intérieurs seuls avaient fort souffert des injures du temps ; le capitonnage des murailles et du divan circulaire devait être complétement refait, et Marcel profita de cette circonstance pour faire remplacer les ressorts d’acier fin et résistant qui, avec le temps, s’étaient rouillés et avaient perdu de leur élasticité. Les verres lenticulaires des hublots et les châssis métalliques dans lesquels ils étaient encastrés durent également être renouvelés. Il fallut aussi rétablir les plaques de métal destinées à les protéger contre le choc du départ et que les précédents voyageurs avaient simplement rejetées au dehors. On refit enfin tous les récipients, caisses à eau et à vivres, réservoir à gaz, appareil de Reiset et Regnault destiné à fournir pendant le trajet un air toujours respirable.

Avec la certitude qu’il avait de rencontrer sur notre satellite des êtres vivants avec lesquels il lui serait possible d’entrer en communication intellectuelle, Marcel avait voulu, sinon les instruire ou les émerveiller, du moins leur faire connaître à quel degré de civilisation et de développement moral étaient arrivés leurs frères terrestres. Aussi avait-il pris soin de garnir le wagon-projectile dans lequel il allait se rendre vers eux, de tout ce qu’il crut de nature à les renseigner.

Aux instruments d’optique et de mathématiques les plus perfectionnés et soigneusement emballés, longue-vue, microscope, boussole, chronomètre, théodolite, sextant, etc., il avait joint une petite presse à imprimer, un phonographe avec plusieurs cylindres pouvant reproduire les airs les plus remarquables de nos opéras, un téléphone, un appareil de photographie instantanée établi avec les derniers perfectionnements, des échantillons de nos divers métaux, des graines des végétaux les plus utiles et les plus précieux, ainsi qu’une douzaine d’arbustes choisis parmi les essences fruitières les plus productives et les plus faciles à acclimater.

Il avait surtout pris soin de faire établir une riche collection d’albums renfermant des photographies de paysages terrestres et maritimes, de nos monuments les plus célèbres ; les œuvres d’art, tableaux et statues, des plus grands maîtres s’y trouvaient largement représentées, ainsi que nos principaux appareils industriels, agricoles, de navigation, de transport.

Un atlas du globe terrestre complétait cette collection, où se résumaient tout l’effort des siècles et toutes les conquêtes de la civilisation moderne. Tout ce qui concerne la vie usuelle chez les divers peuples qui couvrent la surface du monde, habitations, meubles, costumes, armes, ustensiles et objets de loutes sortes s’y rencontraient en quantité suffisante.

Ils emportaient avec eux quelques armes très perfectionnées, carabines à répétition et revolvers avec leurs munitions.

« Car, se disait Marcel, nous ne savons trop à qui nous allons avoir affaire, et malgré les dispositions hospitalières qu’ils semblent témoigner, il pourrait là aussi se rencontrer des gens d’humeur difficile qu’il faudrait mettre à la raison. »

Tout avait été soigneusement calculé comme volume et comme poids pour ne pas encombrer le projectile et ne pas l’alourdir outre mesure. Comme ils n’emmenaient pas de chiens avec eux, ainsi qu’on l’avait fait au précédent voyage, ils pouvaient disposer d’un plus large espace et leur chargement se trouvait à la fois plus complet et moins embarrassant que celui des premiers explorateurs.

L’obus lui-même qui devait servir de réceptacle à ces objets si nombreux et si divers et qu’allaient habiter les trois voyageurs pendant un temps indéterminé, devait recevoir quelques remaniements indispensables. Bien qu’il n’eût subi, comme on le sait déjà, aucune déformation extérieure, il était nécessaire d’en polir à nouveau la surface. Mais c’était peu de chose. Il fallait rétablir les cloisons brisantes qui avaient si bien, lors du premier départ, réussi à amortir le choc initial. Sur ce point il n’y avait rien à changer, tant, dix-huit ans auparavant, les précautions avaient été sagement prises et habilement exécutées ; il suffisait de refaire ce qui avait déjà été fait.

Mais il restait un point important à régler : Marcel, on ne l’a pas oublié, avait calculé que les fusées dont Barbicane avait garni le fond de l’obus et qu’il avait jugées suffisantes pour amortir la chute n’étaient pas assez puissantes. En outre, depuis 186., la science avait fait des progrès ; l’ingénieux chimiste Cailletet avait découvert le moyen de liquéfier quelques-uns des gaz qui, jusqu’alors, avaient résisté à tous les essais. Bien évidemment cette liquéfaction ne pouvait s’obtenir que sous d’énormes pressions ; mais, une fois le gaz ainsi ramené à la forme liquide et enfermé dans des récipients d’une résistance éprouvée, on avait sous un très petit volume une force d’expansion considérable et plus facile à manier que celle des explosifs si nombreux et si variés que les savants modernes ont récemment découverts. Marcel résolut donc de substituer à la poudre employée précédemment l’oxygène liquéfié et de faire disposer dans le culot de l’obus les trois séries de fusées nouvelles sur l’action desquelles il comptait absolument.

Pendant que ces préparatifs se faisaient en Floride, le vieil astronome Francois Mathieu-Rollère, tout entier à l’idée nouvelle qui maintenant le passionnait, avait mis tout en œuvre pour faciliter l’exécution du projet que lui avait suggéré sa fille. Sans faire connaître exactement ce qui se préparait, il avait laissé entrevoir qu’il serait intéressant de contrôler et de compléter, à l’aide du gigantesque télescope des Montagnes Rocheuses, les observations commencées par l’Observatoire de Paris sur la constitution et le mouvement de nébuleuses récemment découvertes. Et comme il avait une grande habitude des recherches astronomiques, l’amiral Mouchez, l’illustre directeur de l’Observatoire, qui le prisait fort,
Pendant que ces préparatifs se faisaient en Floride… (p. 46).
avait obtenu pour lui du ministre de l’instruction publique une mission particulière.

Ni Marcel, ni lord Rodilan, ne tenaient à faire du bruit autour de l’entreprise projetée ; ils jugeaient l’un et l’autre que le fracas de réclame qui avait accompagné le premier voyage, ces annonces bruyantes jetées à tous les échos de la publicité, ces populations entières convoquées à assister à une expérience scientifique comme à un spectacle de la foire, étaient indignes de véritables savants. Il s’agissait en effet d’une tentative sérieuse pour essaver de résoudre un intéressant problème de cosmographie, et non d’une exhibition prétentieuse et presque charlatanesque où l’orgueil d’une foule ignorante pouvait trouver son compte.

Du reste, les conditions n’étaient plus les mêmes. Le Gun-Club, qui avait patronné la première entreprise, était bien loin d’avoir les ressources nécessaires pour réaliser la somme considérable qu’elle avait coûté : il avait fallu faire appel au public des deux mondes, mettre en jeu l’amour-propre national, provoquer notamment chez les Américains cet élan d’enthousiasme patriotique qui avait fait affluer les capitaux dans la caisse des explorateurs.

Aujourd’hui rien de semblable : la complète déconfiture de la Société des communicalions interstellaires et la vente à un prix dérisoire de tout son materiel, y compris la Columbiad, réduisaient dans des proportions considérables les frais de premier établissement ; en outre, la paradoxale générosité de lord Rodilan dispensait de tout appel au public et par suite de toute publicité. Le succès tout relatif qu’avaient obtenu Barbicane, Nicholl et Michel Ardan était quelque peu oublié ; un profond silence s’était fait sur cette grandiose équipée. D’autres événements étaient survenus qui avaient détourné l’attention et passionné l’opinion publique.

Avant de se rendre à l’observatoire des Montagnes Rocheuses d’où il devait suivre l’obus dans son vol aérien, Francois Mathieu-Rollère, poussé peut-être aussi par sa fille qui désirait retarder autant que possible l’instant de la séparation suprême, avait voulu passer quelque temps en Floride pour se rendre compte par lui-même des préparatifs de l’entreprise à laquelle il portait un si vif intérêt.

Aussi, le 10 novembre, Marcel et lord Rodilan, qu’un télégramme avait prévenus, s’étaient-ils rendus à Tampa-town, où devait aborder le paquebot qui portait Jacques et ses deux compagnons.

« J’espère bien, mon cher lord, avait dit Marcel, pendant qu’ils se rendaient ensemble à la rencontre des arrivants, que vous n’allez pas effrayer de vos funèbres prophéties la fiancée de notre ami. La pauvre enfant, si j’en crois les lettres de Jacques, n’a qu’une confiance assez médiocre dans notre succès final ; elle cherche elle-même à se rassurer, mais n’y parvient pas toujours. N’allez pas augmenter ses inquiétudes ; laissez-lui au moins l’espérance.

— Oh ! mon cher, répondit flegmatiquement lord Rodilan, je suis un gentleman, je sais les égards que l’on doit à une jeune fille, et, quoique mon opinion n’ait pas varié, je n’en laisserai rien paraître ; vous pouvez en être certain. »

L’entrevue fut cordiale et touchante. Hélène dont le sourire cachait mal l’inquiétude, se sentit quelque peu gagnée par la mâle confiance et la robuste gaieté de Marcel. Le flegme même de lord Rodilan contribua à la rassurer : il ne pouvait lui venir à l’esprit que ce gentleman si correct envisageât avec une si tranquille indifférence la perspective d’une mort épouvantable.

Quant à son père, il était tout entier à ses préoccupations scientifiques et ne s’apercevait de rien. Les quinze jours qu’il passa auprès des trois hardis compagnons furent employés par lui à tout examiner ; il refit avec Marcel tous les calculs sur lesquels celui-ci fondait sa confiance, et les trouva justes. Il voulut descendre au fond de la Columbiad pour en vérifier l’état définitif, et visita avec un soin minutieux le wagon-projectile, dont il loua fort les nouveaux aménagements.

« Mes chers amis, dit-il, lorsqu’il eut tout inspecté, vous réussirez, j’en ai maintenant la certitude absolue. »

Et il se frottait les mains avec une évidente satisfaction.

Le 25 novembre, il partait avec sa fille pour les Montagnes Rocheuses.

La veille de ce jour Jacques avait eu avec Hélène un dernier entretien.

« Ainsi, disait la jeune fille, c’est bien résolu et rien ne peut changer votre détermination. Vous aller partir pour cette effroyable aventure dont la seule pensée glace mon cœur d’épouvante !

— Rassurez-vous, répondait Jacques, votre père lui-même a vérifié nos calculs et a déclaré que le trajet était possible et sans péril. Ce que nous aurons fait pour atteindre le but que nous poursuivons, rien ne s’opposera à ce que nous le fassions de même pour le retour. Voyez Marcel : il n’a pas un instant d’hésitation ni de doute ; voyez lord Rodilan : son calme superbe n’est-il pas la garantie d’une réussite assurée ?

— Ah ! s’écria Hélène, ces gens-là n’aiment pas et ne laissent pas derrière eux quelqu’un qui les aime.

— Mais, chère âme, c’est précisément parce que je vous aime et que je veux vous obtenir que je me résigne à vous causer de pareilles angoisses. Vous savez bien qu’aucun autre moyen ne s’offre à moi de fléchir la volonté de votre père. Que je revienne, et il m’accordera votre main. Si je refusais maintenant de partir avec mes amis, je serais déshonoré ; votre père me bannirait à jamais de sa présence ; tout espoir d’être votre époux serait perdu et je n’aurais plus qu’à mourir triste et désespéré.

— Mourir, vous, Jacques ! vous savez bien que je ne vous survivrais pas.

— Mais je reviendrai, j’en ai l’inébranlable conviction. Ne m’enlevez pas, à ce moment cruel de la séparation, le courage dont j’ai besoin pour m’éloigner de vous.

— Allez donc, murmura-t-elle en étouffant mal ses sanglots, et que Dieu nous protège tous. »