Imprimerie Beauregard (p. 115-137).


LA POULE NOIRE


Pitro Miray venait d’avoir vingt ans.

Personne du village, même les plus ankylosés, ne pouvait imaginer avec une prévoyance aussi parfaite, les moyens que Pitro découvrait chaque jour de ne pas avoir de travail utile à préparer, et encore moins à faire.

Sa paresse était un vœu, sa fainéantise était du parti pris.

Déjà il avait traversé la crise de ses années scolaires sans apprendre à lire, et il avait fait sa première communion à seize ans, par charité.

Les villageois le disant lunatique, l’abandonnaient à sa douce folie, et le laissaient occupé à son désœuvrement.

Pourtant, Pitro avait certains talents. Il était maître ouvrier dans l’art de fabriquer les pièges à prendre les oiseaux et les petits animaux à fourrure ; il savait mieux que tous métamorphoser en flageolets et sifflets les roseaux bordant la rivière et les tiges nouvelles coupées dans les bois.

Par les grandes chaleurs d’été, il se vautrait dans l’herbe à dinde, à l’ombre du haut mur dégringolant la pente du chemin de rang, et permettait aux heures de couler sans rompre la monotonie somnolente de sa béatitude.

L’hiver venu, Pitro se collait au poêle et passait les jours à gosser des bouts de cèdre et de bois blanc qui devenaient des cages, des appeaux, des trébuchets. Cela le consolait d’avoir puisé de l’eau et fendu les bûches.

Le soir arrivé, s’il y avait veillée chez un voisin, il s’y rendait sans invitation et se plaçait le plus près possible de la chaleur. Seulement, il ne dansait pas. C’était trop fatiguant. Il se contentait de faire danser les autres en sifflant dans ses deux mains bombées, ce qui l’avait fait surnommer la pétaque, sous prétexte que son sifflement ressemblait à celui d’une ocarina.

Pitro chantait, aussi, et chantait des complaintes et des ballades capables de faire rêver les jeunesses trop tendres. Il avait entre autres pièces de son répertoire une fameuse renommée qu’il prononçait étrangement :


Catin, Catin, belleu Catin.
Queu fé-tu-u dans ton hardin ?
— He tuille dé fleurs
De mille couleurs,
Pour mon sa-arviteur ;
C’é pour z-y en fère in présent
T-à mon-on fidè-èle amant.


Pitro avait une raison secrète d’aller en veillée. Il aimait les contes, les belles histoires, surtout les contes de fées et de loups-garous, qu’il écoutait les yeux grands, la bouche béante.

Un soir, le vieux Salvaye raconta comment s’était vendue de son temps la Poule Noire. Il avait été lui-même, évidemment, le héros de l’aventure, et la Poule Noire lui avait rapporté trois mille piastres et neuf francs. Malheureusement, il avait un jour oublié les engagements pris avec le Diable, et avait fait un signe de croix pour détourner le tonnerre. Du coup sa richesse avait été engloutie avec la grande maison dans le fond du Richelieu, et depuis lors Satan et lui ne se parlaient plus.

Voilà au moins une histoire qui faisait plaisir à Pitro. Il devait, y avoir du vrai dans ce récit, puisque le père Salvaye était de tous les villageois le moins menteur. Pitro jura bien à l’occasion d’essayer un peu, voir, d’acquérir sans effort trop coûteux assez d’argent en une fois pour continuer impunément à ne rien faire, et pour se payer, enfin, de grasses godailles au nez des habitants incrédules.

Pitro rêva toute la nuit. Certains traits, cependant, étaient restés obscurs. Il relança donc le conteur aux bâtiments, et fit préciser les détails incompris. Décidément les vertus de la Poule Noire méritaient mieux qu’une attention passagère. Pour une fois dans sa vie il décida de travailler quelques heures afin — il en était intimement certain — de ne plus avoir à besogner du tout dans la suite.

Les beaux jours étant revenus avec l’herbe et le soleil, il ne songea pas à retourner dormir dans le champ d’herbe à dinde, mais se prit d’une amitié profonde pour le père Salvaye. Il ne le quittait plus, le suivait dans les prés, faisait à son intention d’innombrables petits objets, et finissait toujours par lui demander des explications sur la désormais obsédante Poule Noire. Salvaye comprenait bien le jeu de Miray, mais faisait le finaud, ne laissait rien transpirer au dehors. Il mit un comble à l’émotion de Pitro en lui avouant une fois qu’il avait chez lui, au grenier, un gros livre dans lequel tout était expliqué. Ce livre était Le Grand Albert, un traité de magie blanche et noire indispensable à quiconque voulait tenter des relations avec les démons.

Jusqu’ici Pitro avait été simplement idiot. Il devint crétin et de plus hypocrite. Il amenait constamment la conversation sur les Poules Noires passées et futures, et damnait à bon escient tous les chrétiens assez mécréants pour donner leur âme au Malin en échange d’un peu d’argent.

Lorsqu’il se fut, grâce à Salvaye, à son avis suffisamment bourré le crâne des choses indispensables au succès de son entreprise, il choisit son jour. Il avait dans l’intervalle visité toutes les basses-cours du village, et savait à quoi s’en tenir sur la population des poulaillers et sur la façon d’y avoir accès.

Des écoliers le surprirent, certain jour de congé, au milieu de l’érablière, en train de se livrer, se croyant seul, à un exercice qu’ils ne comprenaient pas. Pitro tenait de la main gauche une poule morte, la faisait tournoyer au-dessus de sa tête en prononçant et scandant des paroles inintelligibles, et la lançait par-dessus son épaule gauche à une distance phénoménale. Il regardait tomber puis allait ramasser la poulaille, retournait à son poste, et recommençait. Parfois il interrompait un mouvement en marche, corrigeait la flexion du bras ou la suspension en ligne bien verticale de la poule :

— Non, c’est pas ça.

Il reprenait alors le mouvement, sans fatigue, accordant un soin méticuleux au moindre geste, étudiant chaque courbe du coude ou du poignet, débutant avec lenteur puis accélérant jusqu’au presto vertigineux sitôt qu’il croyait avoir enfin surpris le tour exigé.

Les enfants coururent au village raconter ce qu’ils avaient vu et entendu, niais personne ne voulut les croire, sauf Salvaye, qui pour sa part en savait long sur ce mystère.

Septembre arriva. Les jours et les nuits conservaient encore une bonne chaleur. Le vendredi où la lune nouvelle était annoncée dans l’almanach, il faisait un temps superbe. Toute la journée Pitro fut nerveux. Il se promenait le long de la rivière, allait s’accouder sur le petit pont, pèlerinait dans la Savane, ne pouvait pas rester en place.

Ses préoccupations n’empêchèrent pas l’heure de faire son chemin, et l’angélus était sonnée depuis longtemps lorsque Pitro prit la route du souper, en repassant dans sa mémoire les aspects divers de son projet. Il lui fallait voler une poule, absolument noire, la crête non comprise s’entend, chez une veuve dont le mari était mort depuis au moins sept ans ; cette veuve devait habiter une maison où il n’y avait pas un seul homme, pas même un enfant du sexe masculin. Ces conditions préliminaires étaient péremptoires.

Certes, il y avait bien quelques veuves dans la paroisse, mais la Catherine avait sept garçons : la Méré en avait cinq ; La Gritte avait ses quatre frères, et la jeune Pitoune avait son oncle. Restait la mère Dègie, entre la Savane et le champ d’herbe à dinde.

Pitro connaissait le poulailler de cette vieille chipie : il savait bien qu’il trouverait là bonne quantité de poules noires : mais depuis quand la veuve était asseulée, c’était une autre affaire.

À huit heures, Pitro passait là, faisant mine de flâner. La veuve tricotait sur le seuil. Le moment était bien choisi.

— Coudon, la mère, y-a-t-il longtemps que votre mari est mort ?

— Qu’est-ce que ça peut bien te faire, écornifleux ?

— Bien, c’est le vieux Dumont, comme ça, qui voudrait le savoir.

— Tu lui diras que ça fait sept ans, puis qu’il attendra encore sept ans avant que je le marise.

— Fâchez-vous donc pas, la mère.

Sans écouter le flot verbeux qui le menaçait, Pitro s’en alla en murmurant :

— Batèche, ça c’est correct.

Pitro fut dans la savane et s’y cacha. Ce grand marais, aux crêtes de mock digitées dans tous les sens, avait des sentiers et des appontements de fortune que seul Pitro connaissait. Il vit peu à peu les lumières s’éteindre aux fenêtres, et lorsqu’il crut le moment arrivé d’exécuter l’œuvre longuement préméditée, il sortit da sa cachette, passant avec sûreté les buttes de terre noire entourées d’eau huileuse, et se trouva à la lisière des sapinages, à deux arpents du poulailler de la mère Dègle. La clôture de perches enjambée, Pitro rampa, rampa vers son but, qu’il atteignit sans avoir donné l’éveil. Une fois devant le volet, il sortit de sa poche un cylindre de feuillard muni d’un fond, d’un couvercle percé de petits trous, et d’une porte roulant sur charnières. C’était sa lanterne sourde. Dans une autre poche il trouva un bout de chandelle de suif, qu’il planta dans la bobèche. Il battit le briquet sur du tondre et alluma, ayant bien soin de fermer sa lanterne. Il était prêt. Avec la lame de son couteau, il fit jouer le toquet de la porte de côté — l’autre étant fermée par un lourd cadenas — et il pénétra dans le poulailler. Un rayon de la lanterne tomba sur le juchoir, et Pitro aperçut dans la demi-lumière une masse de plumes noires, d’un noir luisant, formant boule après les picorages d’une journée bien remplie.

La chandelle éteinte d’un souffle, le voleur saisit la boule de plumes. Un gloussement effrayé se fit entendre, mais Pitro serra la volaille sous son veston, et partit comme il était venu.

Il rentrait dans la Savane au moment où trois ou quatre ombres se dessinaient sur la route, tout près. Pitro eût peur. Quelqu’un le héla :

— C’est-y toi, Pitro ?

— Oui.

— Où vas-tu ?

— Je cherche une mine d’or.

— Tu ne verras pas clair, Pitro. Il est trop tard.

Pitro continua sa marche, sans voir que les ombres se glissaient en tapinois derrière lui. Arrivé au centre de la Savane, il se trouva près d’une mare où les vieilles femmes et les enfants avaient accoutumé de voir des fées danser, par les soirs de brume. Quatre sentiers étroits se croisaient sur un ilôt de mock durci et couvert de mousse. La mare était cernée par un soulèvement d’argile affleurant à travers la terre noire, et l’on pouvait contourner à pied sec l’étendue conquise par les grenouilles. Partout ailleurs, il y avait des trous de vase, bordés de champignons, de plantes aquatiques, de bois pourri. Des aulnes poussaient en bouquets. Ailleurs, c’étaient des cèdres, des saules, des sapins rabougris. Dans l’air se répandait l’odeur forte du petit thé.

De ce carrefour, Pitro pouvait voir assez bien le firmament. Assis sur une grosse souche d’arsin, il attendit, regardant tourner le Charriot, regrettant maintenant de le voir pivoter, ayant peur de tenter l’aventure épouvantante de Minuit. Mais à la fin, jugeant l’heure arrivée d’après la position des étoiles, il se leva tout droit, se tourna alternativement vers les quatre points cardinaux en prenant la Polaire comme centre de direction, puis adressa un charabia ésotérique à Son Infernale Majesté Satan, scandant chaque syllabe avec chaque demi-tour du Nord à l’Ouest, de l’Ouest au Sud. du Sud à l’Est, puis de l’Est au Nord.

Pitro avait appris par cœur les incantations traditionnelles avec l’aide de Salvaye, mais sa mémoire, sans doute, lui faisait défaut, et comme pour lui les paroles mystérieuses n’avaient aucun sens humain, il les dénaturait d’une façon qui pouvait déconcerter le Diable lui-même, et tous les sous-diables dont le métier est d’acheter au croisement des sentiers paludéens, à minuit, par les vendredis soirs de la lune nouvelle, des poules noires volées dans l’obscurité chez une veuve dont le mari est mort depuis sept ans.

— Saudit ! Mardi ! Bacatèche de sincibor vilimeux ! Roi du fer, veux-tu ma Poule Noire ?

Quatre fois la question étrange sonna sur les aulnaies, passa sur la mare, au milieu du silence lugubre et rempli de ténèbres : quatre fois elle fut jetée, à chaque arrêt de Pitro vers l’un des quatre points cardinaux.

Au quatrième appel, et sans attendre la réponse, Pitro tordit le cou à sa volaille, prit la carcasse dans la main gauche, la fit par trois fois tourner au-dessus de sa tête, et finalement la lança aussi loin derrière lui que ses forces le lui permettaient.

Deux secondes après, un choc lourd retentit dans la mare.

Au même moment, comme par l’effet prestigieux des paroles cabalistiques prononcées, les ouaouarons, les grenouilles, les crapauds, les couleuvres dans la mare et les trous d’eau, les chouettes, les hiboux et les nocturnes de toutes espèces sur les rameaux et les hautes souches, réveillés de leur quiétude, se mirent à siffler, à hululer, à crier. Ce fut un tintamarre étourdissant. Des ailes battirent. Des frôlements touchèrent les joncs, des formes vagues glissèrent en agitant les nénuphars, rampèrent autour de Pitro fou de terreur.

Le mouvement de la gent palustre, surprise par la chute insolite d’un corps étranger dans son refuge, fit dégager des bulles d’air phosphorescentes ; il s’éleva des vapeurs fantomatiques qui, aux yeux de Pitro, prirent des aspects épouvantables, des contours infernaux. Il ne douta pas le moins du monde que le Diable allait lui apparaître, et il se prostra sur le sol, face dans la boue, mais conservant quand même assez de sang-froid pour poser la question d’usage :

— Es-tu là, Satin ?

Pas de réponse, mais des meuglements, des rugissements, des hurlements.

— Es-tu là, Satin ?

Une voix caverneuse se fit entendre.

— Oui, batèche, j’su là. Quoi’s’tu veux ?

Peux autres voix caverneuses répétèrent alternativement la réponse.

Pitro n’osait pas lever les yeux, tremblait de tous ses membres. Il était bien certain que le Diable d’Enfer en personne était présent tout près, à portée de main, qu’il lui soufflait dans le cou son haleine chaude et soufrée. Il eut bien envie de faire un signe de croix, comme disait l’avoir fait Salvaye, pour rompre le sortilège émouvant, mais la curiosité, surtout l’âpreté au gain mal acquis, l’emporta sur la peur, et, Pitro balbutia, la voix trémulante.

— M’sieu l’Yâbe, j’veux faire un marché.

À cette phrase protocolaire, la première voix caverneuse répondit :

— Pourquoi, un marché ?

— Pour être riche.

— Quoi’s’tu donnes ?

— M-m-mon âme.

— Quand ?

— Dans… dix ans.

— C’est correct. Signe !

Mais Pitro pria le Diable d’attendre un peu, il lui demanda le temps de se remettre. Il voulait bien signer avec le sang de la Poule Noire et le sien mêlés le parchemin en peau de bouc que Satan avait dans sa poche, rédigé tout exprès pour l’occasion, mais il avait trop soûler pour le moment.

Pendant tout le dialogue, son répondant avait employé, pour donner plus de force aux répliques, un vocabulaire de sacres jusqu’alors inconnus aux oreilles pourtant exercées de Pitro, et le malheureux ne doutait plus qu’il fût en présence réelle de l’auteur célèbre de tous les sacres, de tous les jurons, de tous les blasphèmes. Notre homme en ressentait même une admiration profonde à l’endroit du saereur émérite qui lui faisait l’honneur d’une visite noctambulaire.

Pitro retrouva cependant courage, en suivant l’exemple de son interlocuteur, en faisant de son mieux pour se rendre dignes des largesses futures qui lui seraient dévolues de par les vertus de la Poule Noire. Il se leva sur un coude, et perçut devant lui des silhouettes vagues, étranges, noires, qui sur le bord de la mare gesticulaient et semblaient se tordre en proie à quelque sabbat vengeur. Il cherchait des yeux le Diable-Maître, toutefois, et se comptait trompé de ne pas voir le manteau de feu, les pieds fourchus, les cornes luisantes, le bonnet rouge à longue plume, et la grande fourche de fer chauffée à blanc que Salvaye lui avait promis en lui lisant le Grand Albert. Mais il se dit que sans doute il le verrait en se tournant et en se redressant. Il tenta un effort dans ce sens, et aussitôt une violente poussée le rejeta sur le sol, pendant que la voix d’outre-terre lui criait dans les oreilles, avec des jurements effroyables :

— Comment’s’tu veux, pour ton âme ?

Pitro reconnut avoir affaire à un diable sérieux, cette fois, mais peu au courant du marché et de la valeur du numéraire, il s’écria en tremblant plus fort :

— J’veux cent piasses.

— Cent piasses, cent piasses, je vais te donner cent coups de pieds.

Et les coups se mirent effectivement a pleuvoir au bruit de rires sonores, pendant qu’un objet informe et humide, lancé des bords de la mare, tombait sur Pitro. Ce dernier, hurlant de douleur, voulut fuir, mais une main solide le tenait au collet et le recourbait sur le sol ; des bruits de pas résonnaient sur la terre ou flochaient dans les flaques.

Pitro crut sa dernière heure arrivée, crut qu’il allait payer, par la douleur de son séant, toute la paresse qu’il avait employée sa vie durant à rester dessus, et perdit un moment connaissance. Il demeura longtemps étendu, n’osant pas remuer, bien qu’il ne sentît sur lui aucun attouchement. Enfin, dès l’aube naissante, il risqua un regard, vit devant lui quelque chose de noir et de visqueux. Il allongea craintivement la main, sentit des plumes sous ses doigts. Enhardi, il se hissa sur un genou. La terre était piétinée partout. Des trous se dessinaient dans le mock. Il ramena ses yeux sur ses mains, reconnut l’oiseau, le retourna, et le rejetant coléreusement dans la marc, s’écria :

— J’savais bien, itou, qu’il y avait quelque chose. C’te damnée poule-là, c’ast un coq.

Et il s’en alla, sans voir des traces fraiches de pas.

En cheminant vers la demeure de sa vieille tante, il reconnut Salvaye et plusieurs autres villageois, qui riaient et dansaient, l’interpellant :

— Pitro, as-tu vendu la Poule Noire ?

— Pitro, t’as des cornes.

— Pitro, tu sens l’soufre.

— Pitro, tu n’es pas chrétien.

Et les hommes vociféraient, ne pouvant se retenir.

Pitro resta un mois sans se montrer, subissant en silence les reproches de sa tante, qui avait passé la nuit à l’attendre en pleurant. Le dimanche, il entrait après tout le monde à l’église, et sortait piteusement le premier, dès l’Ite Missa Est.

Il s’apprivoisa tout de même, et revint chez les habitants siffler les danses, mais sitôt qu’on parlait en sa présence des mines d’or, des contes de fées, ou du Grand Albert, il baissait la tête. Quelqu’un lui demandant un soir s’il avait déjà vendu la Poule Noire, Pitro, maussade, pensa tout haut :

— C’t’égal, si c’avait pas été un coq !


(1919.)