Trois petits poèmes érotiques/La Foutromanie/04
CHANT SECOND
A quatorze ans, que les cons ont de charmes !
Que les tétons naissants offrent d’attraits !
Qu’un vit est dur dans ses premières armes !
Toujours bandant, ne reculant jamais !
Jeunes fouteurs, des fouteuses novices
S’en vont cueillant les divines prémices,
Et partageant le printemps de leurs jours
Entre les jeux, les ris et les amours,
Suivent gaîment les lois de la folie,
Sont assidus à la foutromanie,
La nuit, le jour, affrontent les saisons,
Dans les frimas, sur de tendres gazons,
Entre les bras de joyeuses victimes
Se font heureux ; seraient-ce là des crimes ?
Les confesseurs, gens ennuyeux et sots,
Branlant leurs vits au récit des assauts,
Des beaux exploits des modernes Hercules,
Veulent en vain, armés de cent scrupules,
Les effrayer par les hideux tableaux
D’un chaud enfer, d’un triste purgatoire,
Les allécher par l’éternelle gloire ;
Quiconque fout, se rit de l’avenir,
Brave les cieux, ne songe qu’au plaisir.
Un jeune con, bien placé, sain, agile,
En poils, en foutre, en mouvements fertile,
De blancs tétons, provoquant le désir,
Persuadent mieux qu’un vieux bouc à sandale
Qui, dans sa niche attaché par loisir,
Vous fait des dieux une image infernale,
Les peint cruels, ennemis des amours,
Des verts fouteurs épiant tous les tours,
Pour les punir, les plonge dans l’abîme.
Moi, foutromane ingambe et peu sublime,
J’aime à penser qu’en employant mes jours
A pulluler, je ne fais aucun crime :
Que Jupiter, trop bon, trop magnanime,
Trop affairé pour compter avec moi,
Sur mon esprit pour régner par l’effroi,
Me saura gré qu’en ces flasques aimables,
Mon vit fécond produise mes semblables,
Qu’à coups de cul je peuple l’univers,
Que je me livre à d’utiles travers.
Dans tous tes sens l’adorable tendresse,
Communiquant ses feux et son ivresse,
Te fait bander pour un objet charmant,
Le con au vit présente son aimant…
Naissant fouteur, aux séducteurs atomes
Va t’accrocher, cours produire des hommes ;
Fidèle au con, qui forgea ton destin,
Vole acquitter ta dette au genre humain,
Fêter le temple où tu pris origine,
Multiplier l’image de Jupin.
Vois ces beaux yeux, cette bouche enfantine ;
Quels doux souris ! quels regards, quelles dents !
Un front étroit, une œillade mutine,
Sourcils arqués, cheveux noirs et pendants !
Deux blocs d’albâtre ornant cette poitrine,
Sont suspendus sur la forêt voisine,
Qu’un doux ruisseau traverse dans son cours,
Bois enchanté où nichent les amours !
L’amorce prend, pressé par la nature,
Par les attraits d’une heureuse figure,
Le foutromane en ses jeunes ardeurs
Court immoler à mille appas vainqueurs,
Goûter les biens de l’aimable luxure,
Plonger son vit dans un bosquet de fleurs.
Son coup d’essai de volupté l’enivre,
D’un vain effroi pour toujours le délivre,
Le fait sur l’heure entrer en paradis,
De Mahomet lui dépeint les houris,
Et l’initie au vrai bonheur de l’homme.
Son directeur, le père Chrysostome[1],
En fait autant ; à couillons rabattus,
Pour blonde et brune, en prêchant les vertus,
Renonce enfin à se branler la pique,
Envers les cons braque sa rhétorique,
Sert sa servante en modeste chrétien,
Et vous l’engrosse en brave citoyen.
Après avoir foutu comme un apôtre,
Le drôle va crachant son patenôtre[2],
Le vit pendant, célébrer l’Éternel ;
Mais quand il bande, il pense comme un autre :
Thermomètre haut, il agit en mortel.
« Que faites-vous ? disait-il à Fanchon ;
» A vous gratter vous usez votre adresse,
» Vos doigts, le temps ; vous servez le démon ;
» Foutre à grands coups soulage la tendresse,
» C’est œuvre pie ; un gros vit dans le con
» Fait du plaisir, entretient la sagesse ;
» Voici le mien : prenez ce saucisson. »
Au même instant, le béni foutromane
Lève les yeux, le vit et la soutane,
De sa culotte exhibe un long engin,
Membre de moine, exorbitant boudin,
Un plût à Dieu d’une grosseur énorme.
Fanchon rougit à l’aspect de la forme ;
A la rougeur succède le désir,
Elle l’empoigne, et, brûlant de plaisir,
Les yeux ardents, l’âme à demi pâmée,
Dans son pertuis le fourre sans délais,
Tant il est doux de croire d’être aimée !
Tant les couillons d’un Pater ont d’attraits ;
Plus insolent, plus glorieux qu’un doge,
Qu’un président vêtu de l’épitoge,
Le moine fout trois coups sans débander,
Et de l’étui le ribaud ne déloge,
Qu’après avoir fini par inonder
Le con foutu d’un déluge de sperme ;
Encor sort-il, aussi raide, aussi ferme,
En déconnant, qu’avant de débrider.
Ah ! parlez-nous de gros vits de la sorte !
Car, se servir de froids godemichets,
Ou de prier qu’on décharge à la porte,
C’est ne goûter que plaisirs imparfaits.
Que je les plains, ces nonnains, ces fillettes,
Du célibat victimes incomplètes,
Qui, n’osant foutre, à la ruse ont recours,
Aux branlements, pour calmer leurs amours !
Dont la jeunesse en préjugés s’exhale,
En faux devoir, en décence fatale,
En vains soupirs, en funestes tourments,
Sans avoir pu se livrer aux amants !
Sœur Rosalie et sœur Bénédictine,
De gros navets usent tous les matins,
Faute de vits, fatiguent leurs vagins
A tour de bras, au retour de mâtine,
Du tendre amour fraudent les plus beaux droits,
Féminisant des anges dans des niches,
Pompant le lait de Priapes postiches,
Par-dessus tout redoutant les neuf mois.
Un vitrier, un jeune foutromane,
Entreprenant, amoureux, un peu crâne,
Pour Rosalie éprouvant des désirs,
Escalada, d’une échelle profane,
Les murs sacrés où logeaient ses plaisirs.
Près la nonnain, dans sa courte cellule,
Le jeune gars s’escrimait en hercule,
Depuis trois jours ne quittant point les draps,
De son tendron fourbissait les appas ;
Lorsqu’une sœur, indiscrète, importune,
Du couple heureux divulgua la fortune,
Troubla la fête, en exigeant sa part.
On se rassemble en la chambre commune,
Et, conseil pris, bénissant le hasard
Qui dans le cloître introduisit le drôle,
Chaque nonnain vous le tire à l’écart,
S’en fait gaîment donner à tour de rôle,
Croyant trouver quelque frère Frappart,
Tournant toujours l’aiguille à la boussole.
Las d’enfourner son vaisseau dans le port,
Le pèlerin, harassé, presque mort,
De ces saints cons en contentant l’envie,
Dans ses efforts pensa perdre la vie,
Sur un châlit resta perclus, défait,
De l’impuissance essuya tout l’effet,
Et ne sortit des bras de ces sirènes
Que n’ayant plus de foutre dans les veines.
Le ciel nous garde, en son triste courroux,
De l’appétit de ces cons qui pâtissent
Des ans entiers, qui sottement languissent,
Se retranchant les plaisirs les plus doux ;
Qui, travaillés de vapeurs hystériques,
De bâillements, d’une affreuse langueur,
Dupes, martyrs de carêmes physiques,
D’un trop long jeûne ont souffert la rigueur !
Sur le beau front de la tendre Clarisse,
Dans tout son teint s’est glissé la pâleur !
Un mal secret, une active jaunisse
Trahit ses sens, son besoin, sa douleur.
Dans ses accès, de son doigt elle s’aide,
Et dépérit sous ce triste secours,
Qui la détruit et flétrit ses beaux jours.
Pour la guérir il n’est qu’un seul remède :
Qu’elle choisisse un gros vit, long et raide,
Et, se livrant à de réels amours,
Qu’elle partage avec son foutromane
Tous les plaisirs que la célèbre Jeanne
Pudiquement avec le Grisbourdon,
Dunois, Chandos, le muletier et l’âne,
Goûta cent fois, se démenant du con ;
Car d’Orléans la pucelle héroïque
Ne souffrait pas qu’on foutît en condom,
Que, lui fourrant un trompeur saucisson,
On la branlât. Pour la rendre lubrique,
Pour l’échauffer, la mettre en pâmoison,
Il lui fallait de gros vits et des couilles
Qui, dans son four avec nerf s’allumant,
D’un foutre aimé laissassent les dépouilles,
Pour soulager son clitoris brûlant.
Avoir recours à de vains artifices,
Au triste index, à de froids branlotteurs,
Aux lèches-cons, aux vils gamahucheurs,
Ce sont, hélas ! passe-temps de novices,
Plaisirs tronqués, insipides erreurs,
Bizarres goûts, impuissantes ressources,
Des voluptés qui réveillent les sources,
Sans apaiser de funestes soupirs,
Sans contenter d’impérieux désirs.
Pourquoi vouloir par la froide imposture,
Par un art faux remplacer la nature ?
Elle triomphe, elle dicte des lois,
Sur tous les cœurs lève de justes droits ;
Du bougre hideux, du pervers socratique,
Elle condamne et trompe les efforts,
Voit à regret la tribade lubrique,
D’un même sexe amante antiphysique,
Con contre con, dans d’étrange efforts,
Se consumer et détruire son corps.
Pauvres plaisirs que vont goûter ces femmes,
Bravant les vits, faisant les esprits forts,
S’abandonnant à des penchants infâmes,
Se brandouillant, s’usant en sots ébats,
D’un vit factice éprouvant les combats,
Des camps d’amour transfuges infidèles,
Beautés sans cœur, Ganymèdes femelles,
Qui, tour à tour, agentes et plastrons,
Sans sel, sans nerf, vont se grattant les cons,
Se pavanant de leurs actes rebelles
Contre les vits, de leurs propres affronts !
Non, ce n’est point pour ce fatal usage
Que Prométhée arma le genre humain
De cons, de vits fabriqués de sa main.
Le Créateur veut un utile hommage !
Fourbir les cons, des vits est le destin,
Le seul emploi légitime et certain ;
Prêter aux vits un vase humble et fertile,
Tel est des cons le sort peu difficile,
Ce seul système est sûr, quoique peu neuf :
Depuis Adam jusqu’au vieux duc d’Elbœuf,
On ne foutit qu’en cons, sans tricherie.
Le ton changea ; goûtant la bougrerie,
On déserta l’inhumaine beauté ;
Au trou du cul cherchant la volupté,
On se plongea dans un cloaque obscène,
Et les fouteurs, en variant la scène,
Pour prix amer de l’infidélité,
En impromptu perdirent leur santé.
Dois-je me plaindre en mon affreuse peine,
Des culs, des cons pompant l’impureté,
Si le virus a passé dans mes veines,
D’un poison lent si je suis infecté ?
De la vérole évitant l’origine,
Les cons pourris, les dangereux vagins,
Dois-je, en retour, gagner la cristalline,
Joindre les maux des sales Africains
Aux dons cuisants des funestes putains ?
Dieu créateur, père de toute chose,
Faut-il au con lorsque mon vit je pose,
Qu’en tremblottant je dérouille mon coup,
Que je recueille et l’épine et la rose,
Que mon vit, hors de la gueule du loup,
Pour fruits cruels d’un plaisir adorable,
Pleure sans fin, et d’un fiel détestable
Dans mes artus voiturant le levain,
Couve des fleurs dont, au sortir de table,
Jadis Vénus fit présent à Vulcain ?
Au con tout neuf, soi-disant presque vierge,
D’une beauté que tourmentaient seize ans,
Fier de son sort, la perle des amants,
Le jeune Alain court opposer son cierge.
Bon, se dit-il, au moins dans ces ébats,
Je ne crains point les risques des combats :
La belle est jeune, elle doit être sûre…
Entre ses bras, trois fois de la nature
Il a goûté les plaisirs les plus doux ;
Trois fois sentant chanceler ses genoux,
Il a versé la liqueur la plus pure,
Du jeune con arrosé les parois.
De son bonheur plus épris que cent rois,
Content, joyeux de sa belle capture,
De son début dans l’art de la luxure,
D’avoir fêté des appas aussi frais,
Il se croit franc de tous cuisants effets,
Le con d’Alain était l’unique idole.
Jeune, paillard, libertin, vigoureux,
Au fond du cœur il se foutait des dieux,
Mais humblement respectait la vérole,
Fuyait les cons malades, empestés,
Se préservait des fillettes suspectes,
N’ayant encor, dans ses jeux médités,
Jamais connu les misères infectes,
Noirs reliquats des douces voluptés.
Ce fut ici qu’il en fit connaissance,
Que dans son sang les malignes vapeurs
Firent passer les cuissons, les douleurs.
De tous ses os la vérolique essence
Corrompt le suc, Alain perd ses couleurs,
Fait en pissant des grimaces de diable,
Maudit le con impur, abominable,
Qui, dès seize ans, empoisonne les fleurs,
Et fait aux vits verser de tristes pleurs.