Traité sur les apparitions des esprits/I/30

CHAPITRE XXX.

Autres exemples d’Eſprits folets.

JAi reçû le 25 Août 1746. une lettre d’un fort honnête homme Curé de la Paroiſſe de Walsche, village ſitué dans les montagnes de Vôge, au Comté de Dabo ou Daſbourg dans la baſſe Alſace, Diocèſe de Metz. Par cette lettre il me dit que le 10 Juin 1740. à huit heures du matin, lui étant dans ſa cuiſine avec ſa niece & ſa ſervante, il vit tout à coup un pot de fer qui fut mis à terre & y fit 3 ou 4 tours, ſans qu’il y eût perſonne qui le mit en mouvement. Un moment après une pierre d’environ une livre peſant fut jettée de la chambre voiſine dans la même cuiſine en préſence des mêmes perſonnes, ſans qu’on vît la main qui la jettoit. Le lendemain à neuf heures du matin quelques carreaux de vîtres furent caſſés, & quelques pierres furent jettées à travers ces carreaux avec une dextérité qui parut ſurnaturelle. L’Eſprit ne fit jamais de mal à perſonne, & ne fit rien que pendant le jour, & jamais la nuit. Le Curé employa les prieres marquées dans le Rituel pour bénir ſa maiſon, & depuis ce tems-là le Génie ne briſa plus de vîtres ; mais il continua à jetter des pierres ſur les gens du Curé, ſans toutefois les bleſſer. Si l’on apportoit de l’eau de la fontaine, il jettoit des pierres dans le ſeau ; il ſe mit enſuite à ſervir dans la cuiſine. Un jour comme la ſervante plantoit des choux au jardin, le Génie les arrachoit à meſure, & les mettoit en monceaux : la ſervante eut beau tempêter, menacer, jurer à l’Allemande ; le Génie continua ſes badineries.

Un jour qu’on avoit bêché & préparé un carreau au jardin, on trouva la bêche enfoncée de deux pieds en terre, ſans qu’on vît aucun veſtige de celui qui l’avoit ainſi fichée en terre ; on remarqua ſur la bêche un ruban, & au côté de la bêche deux pieces de deux ſols, que la ſervante avoit ſerrées la veille dans une petite boëte. Quelquefois il prenoit plaiſir à déplacer la vaiſſelle de fayence & d’étain, & à la ranger en rond dans la cuiſine, ou dans le porche, ou même dans le cimetiere, & toujours en plein jour. Un jour il remplit un pot de fer d’herbes ſauvages, de ſon, de feuilles d’arbres, & y ayant mis de l’eau, le porta au jardin dans l’allée : une autre fois il le ſuſpendit au cramail ſur le feu. La ſervante ayant caſſé deux œufs dans un petit plat pour le ſouper du Curé, le Génie y en caſſa deux autres en ſa préſence, la ſervante ayant ſeulement tourné le dos pour y mettre du ſel. Le Curé étant allé dire la Meſſe, il trouva au retour toute ſa vaiſſelle, ſes meubles, ſon linge, pain, lait & autres choſes répandues dans la maiſon.

Quelquefois il formoit ſur le pavé des cercles, tantôt avec des pierres, tantôt avec du blé ou des feuilles, & dans un moment aux yeux des aſſiſtans tout cela étoit renverſé & dérangé. Fatigué de tout ce manége, le Curé fit venir le Maire du lieu, & lui dit qu’il étoit réſolu de quitter la maiſon Curiale. Dans ces entrefaites arriva la niece du Curé, qui leur dit que le Génie avoit arraché les choux du jardin, & avoit mis de l’argent dans Un trou en terre. On y alla, & on trouva la choſe comme elle l’avoit dite. On ramaſſa l’argent, qui étoit celui que le Curé avoit mis dans ſon poële en un lieu non enfermé ; & un moment après on le trouva de nouveau avec des liards deux à deux répandus dans ſa cuiſine.

Les Agens du Comte de Linange étant arrivés à Walsche, allerent chez le Curé, & lui perſuaderent que tout cela étoit l’effet d’une Sorcellerie : ils lui dirent de prendre deux piſtolets, & de les tirer à l’endroit où il remarqueroit quelques mouvemens. Le Génie jetta en même tems de la poche d’un de ces Officiers deux pieces d’argent ; & depuis ce tems il ne ſe fit plus ſentir dans la maiſon.

Cette circonſtance de deux piſtolets qui terminerent la ſcène de l’Eſprit folet qui inquiétoit le bon Curé, lui fit croire, que ce lutin n’étoit autre qu’un certain mauvais Paroiſſien que le Curé avoit été obligé de faire ſortir de ſa Paroiſſe, & qui pour ſe venger avoit fait dans la maiſon Curiale tout ce que nous venons de voir. Si cela eſt, il s’étoit donc rendu inviſible, ou il avoit eu le crédit d’envoyer en ſa place un Génie familier, qui intrigua le Curé pendant quelques ſemaines ; mais s’il n’étoit point en corps dans cette maiſon, qu’avoit-il à craindre des coups de piſtolet qu’on auroit pû tirer ſur lui ? & s’il y étoit en corps, comment pouvoit-il ſe rendre inviſible ?

On m’a raconté pluſieurs fois, qu’un Religieux de l’ordre de Citeaux avoit un Génie familier qui le ſervoit, accommodoit ſa chambre, & préparoit toutes choſes lorſqu’il devoit revenir de campagne. On y étoit ſi accoutumé, qu’on l’attendoit à ces marques, & qu’il arrivoit en effet. On aſſure d’un autre Religieux du même Ordre, qu’il avoit un Eſprit familier qui l’avertiſſoit, non-ſeulement de ce qui ſe paſſoit dans la maifon, mais auſſi de ce qui arrivoit au-dehors ; & qu’un jour il fut éveillé par trois ſois, & averti que des Religieux s’étoient pris querelle, & étoient prêts à en venir aux mains : il y accourut & les arrêta.

Saint Sulpice Sévere[1] raconte, que Saint Martin avoit ſouvent des entretiens avec la Sainte Vierge & d’autres Saints, & même avec les Démons & les faux Dieux du Paganiſme ; il leur parloit, & apprenoit d’eux pluſieurs choſes cachées. Un jour qu’on tenoit un Concile à Nîme, où il n’avoit pas jugé à propos de ſe trouver, mais dont il vouloit ſçavoir les réſolutions, comme il étoit dans un bateau avec Sulpice Sévere, mais à l’écart, comme à ſon ordinaire, un Ange lui apparut, & lui apprit ce qui s’étoit paſſé dans cette aſſemblée d’Evêques. On s’informa du jour & de l’heure auſquels le Concile s’étoit tenu, & on trouva que c’étoit à la même heure que l’Ange avoit apparu à Martin.

On nous a raconté plus d’une fois, qu’à Paris dans un Séminaire il y avoit un jeune Eccléſiaſtique, qui avoit un Génie qui le ſervoit, lui parloit, arrangeoit ſa chambre & ſes habits. Un jour le Supérieur paſſant devant la chambre de ce Séminariſte, l’entendit qui parloit avec quelqu’un ; il entra, & demanda avec qui il s’entretenoit : le jeune homme ſoutint qu’il n’y avoit perſonne dans ſa chambre, & en effet le Supérieur n’y vit & n’y découvrit perſonne ; cependant comme il avoit oui leur entretien, le jeune homme lui avoua qu’il avoit depuis quelques années un Génie familier, qui lui rendoit tous les ſervices qu’auroit pû faire un domeſtique, & qui lui avoit promis de grands avantages dans l’Etat Eccléſiaſtique. Le Supérieur le preſſa de lui donner des preuves de ce qu’il diſoit : il commanda au Génie de préſenter une chaiſe au Supérieur ; le Génie obéit. L’on donna avis de la choſe à Monſeigneur l’Archevêque, qui ne jugea pas à propos de la faire éclater. On renvoya le jeune Clerc, & on enſévelit dans le ſilence cette avanture ſi ſinguliere.

Bodin[2] parle d’une perſonne de ſa connoiſſance, qui étoit encore en vie lorſqu’il écrivoit ; c’étoit en 1588. Cette perſonne avoit un Eſprit familier, qui depuis l’âge de 37 ans lui donnoit de bons avis ſur ſa conduite, tantôt pour la corriger de ſes défauts, tantôt pour lui faire pratiquer la vertu, ou pour lui aider à réſoudre les difficultés qu’elle rencontroit dans la lecture des livres ſaints, ou lui donner de bons conſeils ſur ſes propres affaires. Ordinairement il frappoit à ſa porte à trois ou quatre heures du matin pour l’éveiller ; & comme cette perſonne ſe défioit de tout cela, craignant que ce ne fût un mauvais Ange, l’Eſprit ſe fit voir à lui en plein jour, frappant doucement ſur un bocal de verre, puis ſur un banc. Lorſqu’il vouloit faire quelque choſe de bon & d’utile, l’Eſprit lui touchoit l’oreille droite ; mais s’il étoit queſtion d’une choſe mauvaiſe & dangereuſe, il lui touchoit l’oreille gauche, de ſorte que depuis ce tems-là il ne lui étoit rien arrivé, dont il n’eût été averti auparavant. Quelquefois il a entendu ſa voix ; & un jour qu’il ſe trouva en un danger éminent de ſa vie, il vit ſon Génie ſous la forme d’un enfant d’une beauté extraordinaire, qui l’en garantit.

Guillaume Evêque de Paris[3] dit qu’il a connu un Baladin, qui avoit un Eſprit familier qui jouoit & badinoit avec lui, & qui l’empêchoit de dormir, jettant quelque choſe contre la muraille, tirant les couvertures du lit, ou l’en tirant lui-même lorſqu’il étoit couché. Nous ſçavons par le rapport d’une perſonne fort ſenſée, qu’il lui eſt arrivé en campagne & en plein jour de ſe ſentir tirer le manteau & les bottes, & jetter à bas le chapeau ; puis d’entendre des éclats de rire, & la voix d’une perſonne décédée & bien connue, qui ſembloit s’en réjouir.

On ne peut guère attribuer qu’à des Eſprits familiers la découverte des choſes cachées, qui ſe ſait en ſonge ou autrement. Un homme qui ne ſçavoit pas un mot de Grec vint trouver M. de Saumaiſe le pere, qui étoit Conſeiller au Parlement de Dijon, & lui montra ces mots qu’il avoit ouis la nuit en dormant, & qu’il avoit écrits en caracteres François à ſon réveil : Apithi ouc oſphrainé tén ſén apſychian. Il lui demanda ce que cela vouloit dire. M. de Saumaiſe lui dit : Sauve-toi ; ne ſens-tu pas la mort qui te menace ? Sur cet avis l’homme déménagea & quitta ſa maiſon, qui écroula la nuit ſuivante[4].

On raconte la même Hiſtoire un peu différemment dans un Auteur nouveau, qui dit que la choſe arriva à Paris[5] ; que le Génie parla Syriaque, & que M. de Saumaiſe conſulté répondit que ce qu’on avoit oui ſignifioit : Sors de ta maiſon : car elle tombera en ruine aujourd’hui à neuf heures du ſoir. Il n’eſt que trop ordinaire dans le récit de ces ſortes d’hiſtoires d’y ajouter quelques circonſtances pour les embellir.

Gaſſendy dans la vie de M. Peireſch raconte, que M. Peireſch allant un jour à Nîmes avec un de ſes amis nommé M.

Rainier, celui-ci ayant oui la nuit Peireſch qui parloit en dormant, l’éveilla, & lui demanda ce qu’il diſoit. Peireſch lui dit : je ſongeois qu’étant à Nîmes, un Orfévre m’avoit préſenté une Médaille de Jules-Céſar, qu’il me faiſoit quatre écus ; & comme j’allois lui compter ſon argent, vous m’avez éveillé à mon grand regret. Ils arriverent à Nîmes, & allant par la Ville, Peireſch reconnut l’Orfévre qu’il avoit vû en ſonge ; & lui ayant demandé s’il n’avoit rien de curieux, il lui dit qu’il avoit une Médaille d’or de Jules-Céſar. Peireſch lui demanda combien il l’eſtimoit ; il répondit quatre écus : Peireſch les lui compta, & fut ravi de voir ſon ſonge ſi heureuſement accompli.

En voici une beaucoup plus ſinguliere que les précédentes, quoiqu’à peu près dans le même goût[6]. Un Sçavant de Dijon après s’être fatigué tout le jour ſur un endroit important d’un Poëte Grec ſans y pouvoir rien comprendre, ſe couche tout rempli de ſa difficulté. Durant ſon ſommeil ſon Génie le tranſporte en eſprit à Stockolm, l’introduit dans le Palais de la Reine Chriſtine, le conduit dans la Bibliothéque, & lui montre un petit volume, qui étoit préciſément celui qu’il cherchoit : il l’ouvre, & y lit dix ou douze vers Grecs, qui levoient abſolument la difficulté qui l’avoit arrêté ſi longtems ; il s’éveille, & met ſur le papier les vers qu’il a vûs à Stockholm. Le lendemain il écrit à M. Descartes qui étoit alors en Suede, & le prie de voir dans tel endroit & dans un tel tremeau de la Bibliothéque, ſi le livre dont il lui envoie la deſcription s’y trouve, & ſi les vers Grecs qu’il lui envoie s’y liſent.

M. Descartes lui répondit, qu’il avoit trouvé le livre en queſtion, & les vers qu’il lui avoit envoyés à l’endroit par lui indiqué ; qu’un de ſes amis lui avoit promis un exemplaire de cet ouvrage ; & qu’il le lui enverroit par la premiere commodité.

Nous avons déja dit un mot de l’Eſprit ou du Génie familier de Socrate, qui l’empêchoit de faire certaines choſes, mais ne le portoit pas à en faire d’autres. On aſſure[7] qu’après la défaite de l’armée Athénienne commandée par le Général Lachès, Socrate fuyant comme les autres avec ce Général Athénien, & étant arrivé à un lieu où aboutiſſoient pluſieurs chemins différens, Socrate ne voulut pas ſuivre la route que tenoient les autres fuyards : on lui en demanda la raiſon ; il répondit que ſon Génie l’en détournoit. L’évenement juſtifia ſa prévoyance. Tous ceux qui avoient ſuivi un autre chemin que Socrate, furent ou tués, au faits priſonniers par la Cavalerie ennemie.

Il y a lieu de douter ſi les Eſprits folets dont on raconte tant de choſes, ſont de bons ou de mauvais Eſprits : car la foi de l’Egliſe n’admet rien entre ces deux ſortes de Génies. Tout ce qui eſt Génie eſt bon ou mauvais ; mais comme il y a dans le Ciel pluſieurs demeures, comme le dit l’Evangile[8], qu’il y a parmi les bienheureux divers dégrés de gloire différens les uns des autres ; ainſi on peut croire qu’il y a dans l’Enfer divers dégrés de peines & de ſupplices pour les damnés & pour les Démons.

Mais ne ſont-ce pas plutôt des Magiciens qui ſe rendent inviſibles & qui ſe divertiſſent à inquiéter les vivans ? Pourquoi s’attachent-ils à certains lieux & à certaines perſonnes plutôt qu’à d’autres ? Pourquoi ne ſe font-ils ſentir que pendant quelque eſpace de tems ſouvent aſſez court ?

J’en conclurais volontiers, que ce qu’on en dit n’eſt qu’imagination & prévention ; mais on a tant d’expériences de leur réalité par les diſcours qu’ils ont tenus, & par les actions qu’ils ont faites en préſence de pluſieurs perſonnes ſages & éclairées, que je ne puis me perſuader que parmi le grand nombre d’hiſtoires qu’on en raconte, il n’y en ait au moins quelques-unes de vraies.

Il eſt remarquable que ces Folets ne portent jamais au bien, à la priere, à la piété, à l’amour de Dieu, ni aux actions ſaintes & ſérieuſes. S’ils ne font pas d’autre mal, ils laiſſent de fâcheux doutes ſur la créance des ſupplices des damnés, ſur l’efficace de la priere & des Exorciſmes : s’ils ne font pas de mal aux hommes, aux animaux, aux lieux où ils ſe font ſentir, c’eſt que Dieu met des bornes à leur malice & à leur pouvoir. Le Démon a mille manieres de nous tromper. Tous ceux à qui ces Génies s’attachent, les ont en horreur, s’en défient, les craignent ; & il eſt rare que ces Démons familiers ne les conduiſent à une dangereuſe fin, à moins qu’ils ne s’en délivrent par des actes ſérieux de religion & de pénitence.

Voici une Hiſtoire d’un Eſprit, dont je ne doute non plus que ſi j’en avois été témoin, dit celui qui me l’a écrite. Le Comte Deſpilliers le pere étant jeune, & Capitaine des Cuiraſſiers, ſe trouva en quartier d’hiver en Flandre. Un de ſes Cavaliers vint un jour le prier de le changer d’Hôte, diſant que toutes les nuits il revenoit dans ſa chambre un Eſprit qui ne le laiſſoit pas dormir. Le Comte Deſpilliers renvoya ſon Cavalier, & ſe mocqua de ſa ſimplicité. Quelques jours après le même Cavalier vint lui faire la même priere ; & le Capitaine pour toute réponſe voulut lui décharger une volée de coups de baton, qu’il n’évita que par une prompte fuite. Enfin il revint une troiſiéme fois à la charge, & proteſta à ſon Capitaine qu’il ne pouvoit plus réſiſter, & qu’il ſeroit obligé de déſerter, ſi on ne le changeoit de logis. Deſpilliers qui connoiſſoit le Cavalier pour brave ſoldat & fort raiſonnable, lui dit en jurant : je veux aller cette nuit coucher avec toi, & voir ce qui en eſt.

Sur les dix heures du ſoir le Capitaine ſe rend au logis de ſon Cavalier, & ayant mis ſes piſtolets en bon état ſur la table, ſe couche tout vêtu, ſon épée à côté de lui, près de ſon ſoldat dans un lit ſans rideaux. Vers minuit il entend quelque choſe qui entre dans la chambre, & qui en un inſtant met le lit ſans deſſus deſſous, & enferme le Capitaine & le ſoldat ſous le matelas & la paillaſſe. Deſpilliers eut toutes les peines du monde à ſe dégager, & à retrouver ſon épée & ſes piſtolets, & s’en retourna chez lui fort confus. Le Cavalier fut changé de logis dès le lendemain, & dormit tranquillement chez un nouvel Hôte.

M. Deſpilliers racontoit cette avanture à qui vouloit l’entendre ; c’étoit un homme intrépide, & qui n’avoit jamais ſçû ce que c’étoit que de reculer. Il eſt mort Maréchal de Camp des Armées de l’Empereur Charles VI & Gouverneur de la Fortereſſe de Ségedin. M. ſon fils m’a confirmé depuis peu la même avanture, comme l’ayant appriſe de ſon pere.

Celui qui m’écrit ajoûte : je ne doute pas qu’il ne revienne quelquefois des Eſprits ; mais je me ſuis trouvé en bien des endroits où l’on diſoit qu’il en revenoit, j’ai même eſſayé pluſieurs fois d’en voir, je n’en ai jamais vû. Je me trouvai une fois avec plus de quatre mille perſonnes, qui toutes diſoient voir l’Eſprit ; j’étois le ſeul de l’aſſemblée qui ne vît rien ; s’eſt ce que m’écrit un très-honnête Officier cette année 1745. dans la même Lettre où il raconte l’affaire de M. Deſpilliers.

  1. Sulpit. Sever. Dialog. 2. c. 14. 15.
  2. Bodin, Dæmono. lib. 2. c. 2.
  3. Guillem. Pariſ. 2. part. quæſt. 2. c. 8.
  4. Grot. Epiſt. Part. 2. Ep. 405.
  5. On prétend qu’elle eſt arrivée à Dijon dans la famille de MM. Surmin, où une tradition conſtante l’a perpétuée.
  6. Suite du Comte de Gabalis, à la Haye 1708. pag. 55.
  7. Cicero, de Divinat. lib. I.
  8. Joan. xiv. 2.