Traité du gouvernement civil (trad. Mazel)/Supplément à l’Avertissement

Traduction par David Mazel.
Royez (p. xi-xiv).


SUPPLÉMENT
À l’Avertissement précédent.


M. Locke, qui ne mit point son nom à la tête de ce Livre, le publia en Anglais en 1690, à la suite d’un autre sur la même matière. En voici le Titre original : Two Treatises of Governement, in the former the false Principles, and Fondation of Sr. Robert Filmer and his Followers are detected and overthrown : The later is an Essay concerning the true Origine, Extent and End of Civil Governement  : Vol. in-8o. pp. 213.

L’auteur de ces deux Traités, dit M. Le Clerc dans l’Extrait qu’il en donna[1], a entrepris de réfuter le Chevalier Filmer[2] qui a fait quelques Ouvrages en Anglais, où il a prétendu montrer que les Sujets naissent esclaves de leur Prince. Il fait voir la fausseté de ses raisonnemens, que l’on trouve dans deux livres Anglais, dont l’un est intitulé Patriarcha, et l’autre contient des remarques sur Hobbes, Milton, etc. Mais comme (suivant la remarque de M. Le Clerc à la fin de l’extrait du premier traité de M. Locke,) dans les matières d’importance, ce n’est pas assez de faire voie qu’un autre se trompe, parce que les lecteurs veulent, après cela, qu’on fasse mieux, et que l’on donne des Principes meilleurs, que ceux que l’on reprend ; c’est ce qui a obligé l’Auteur de composer un second livre, qu’il intitule An Essay, etc. Vol. in-8o. pp. 254. C’est donc ce dernier qui parut peu de tems après en Français à Amsterdam, et qui fut réimprimé en Anglais en 1694 et en 1698. M. Le Clerc, qui nous apprend cela dans l’Éloge Historique de notre Auteur, publié en 1705[3], ajoute ce qui suit : « Nous en aurons bientôt une édition Anglaise beaucoup plus correcte que les précédentes, aussi bien qu’une meilleure version française. M. Locke n’y avoit pas mis son nom, parce que les principes qu’il y établit, sont contraires à ceux que l’on soutenoit communément en Angleterre avant la révolution, et qui tendoient à établir le pouvoir arbitraire, sans avoir égard à aucunes loix. Il renverse entièrement cette politique Turque, que bien des gens soutenoient sous des prétextes de religion, pour flatter ceux qui aspiroient à un pouvoir qui est au-dessus de la nature humaine ».



  1. Biblioth. Univers. Tom. XIX.
  2. C’est celui que M. Locke désigne dans plusieurs endroits par les lettres initiales le Ch…. F.
  3. Biblioth. choisie, Tom. VI. Cet éloge se trouve aussi à la tête des Œuvres diverses de M. Locke, imprimés à Amsterdam en 1732. in-12. 2 vol.