Traité élémentaire de la peinture/328

Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 270-271).


CHAPITRE CCCXXVIII.

Pourquoi sur la fin du jour, les ombres des corps produites sur un mur blanc sont de couleur bleue.

Les ombres des corps qui viennent de la rougeur d’un soleil qui se couche et qui est proche de l’horizon, seront toujours azurées ; cela arrive ainsi, parce que la superficie de tout corps opaque tient de la couleur du corps qui l’éclaire ; donc la blancheur de la muraille étant tout-à-fait privée de couleur, elle prend la teinte de son objet, c’est-à-dire, du soleil et du ciel ; et parce que le soleil vers le soir est d’un coloris rougeâtre, que le ciel paroît d’azur, et que les lieux où se trouve l’ombre ne sont point vus du soleil, puisqu’aucun corps lumineux n’a jamais vu l’ombre du corps qu’il éclaire, comme les endroits de cette muraille, où le soleil ne donne point, sont vus du ciel, l’ombre dérivée du ciel, qui fera sa projection sur la muraille blanche, sera de couleur d’azur ; et le champ de cette ombre étant éclairé du soleil, dont la couleur est rougeâtre, ce champ participera à cette couleur rouge.