, Fred Isly
Félix Juven (p. 53-55).

L’Aimant


Jusqu’à ce jour, moi, j’avais toujours cru
Que pour pêcher il faut être pourvu
De l’attirail nécessaire à ce sport ;
Mais il est à croire que j’avais tort,


Tirant de sa poche un petit aimant…



… S’empare du poisson du dormeur.


Car je vois Tintin qui prend un poisson
Sans ligne et même sans un hameçon :
C’est en se promenant le long de l’eau
Qu’il invente, un jour, ce moyen nouveau
(Comme toujours au détriment d’autrui),
S’apercevant qu’un pêcheur endormi
Sur l’autre rive a, pendant son sommeil,
Pris un poisson. Sans lui donner l’éveil,
Tirant de sa poche un petit aimant,
Il l’attache à un bâton lestement
Et le plonge aussitôt dans la rivière.

Vous connaissez la vertu singulière
Qu’a l’aimant d’attirer le fer, l’acier
(Chacun sait ça sans être bachelier).
L’hameçon fait de ce dernier métal,
S’accroche donc à l’aimant, c’est fatal.
De sorte que Tintin, en relevant
Son appareil, retire en même temps
Le poisson du dormeur, dont il s’empare
Et se sauve au galop, sans crier gare.