Théorie de la grande guerre/Livre V/Chapitre 6

Traduction par Marc-Joseph-Edgar Bourdon de Vatry.
Librairie militaire de L. Baudoin et Cie (p. 257-269).

CHAPITRE VI.

disposition stratégique générale de l’armée.


Il s’écoule généralement un intervalle de temps considérable entre le premier rassemblement des troupes, au début d’une guerre, et le moment où, préparées par la tactique et conduites par la stratégie, elles arrivent sur le champ d’opérations où la lutte décisive doit s’engager. Il en est de même de tous les grands actes dont l’ensemble constitue une guerre ; ils sont généralement séparés par de longs intervalles.

Jadis ces grands intervalles formaient des sortes d’entr’actes, pendant lesquels la lutte était pour ainsi dire suspendue. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer l’ordre dans lequel le maréchal de Luxembourg faisait camper et marcher ses troupes. Si nous citons particulièrement ce général, c’est que renommé précisément pour ses marches et pour ses camps, il est regardé comme le représentant de son temps, et que d’ailleurs, grâce à l’Histoire de la Flandre militaire, on a des documents plus certains sur son compte que sur celui des autres généraux de la même époque.

Il adossait régulièrement ses camps à un fleuve, à un marais ou à une vallée profonde, ce qui passerait aujourd’hui pour le comble de la folie. La direction dans laquelle se trouvait l’ennemi avait si peu de valeur dans le choix de l’emplacement du front de bandière, que les cas sont nombreux dans lesquels le camp tournait précisément le dos à cette direction. Cette manière d’agir, si contraire à toutes les idées reçues aujourd’hui, ne peut s’expliquer qu’en ce que l’établissement des troupes dans les camps constituait alors une situation absolument en dehors de l’état de guerre proprement dit, une sorte de rentrée dans les coulisses, et que par suite la condition principale, ou pour mieux dire unique, que l’on demandât à un camp était d’offrir la plus grande somme possible de commodité générale. Appuyer invariablement les derrières du camp à un obstacle de terrain ne pouvait tout au plus passer pour une mesure de sûreté qu’en raison même de la manière spéciale dont on conduisait la guerre, et cette précaution est d’ailleurs si restreinte, qu’on ne peut pas supposer qu’en la prenant on songeât vraiment à la possibilité d’être attaqué dans cette situation. Dans le fait la chose était peu à craindre car le combat constituait alors une sorte de duel qui ne se produisait qu’en raison d’une entente commune et pour lequel on se donnait un rendez-vous commode. Les armées étaient hors d’état de combattre indifféremment sur toutes les espèces de terrain, partie en raison de la lourdeur de leur ordre de bataille, partie à cause de leur nombreuse cavalerie, car celle-ci bien que déjà au déclin de sa gloire était encore regardée, surtout chez les Français, comme l’arme principale. Il suffisait donc, en quelque sorte, de se placer sur un terrain coupé pour y trouver un abri aussi sûr que dans une contrée neutre, et comme d’ailleurs on ne savait guère tirer parti de ce genre de terrain, on préférait l’abandonner et se porter à la rencontre de l’ennemi lorsque celui-ci s’avançait pour offrir la bataille. Nous n’ignorons certainement pas que c’est dans un tout autre ordre d’idées que le même maréchal de Luxembourg livra les batailles de Fleurus, de Steinkerke et de Neerwinden, mais, bien que ce soit sous la direction de ce grand général que cet esprit nouveau ait commencé à se manifester, ce n’est que plus tard qu’il réagit sur la manière de camper. C’est ainsi d’ailleurs que se produisent d’habitude les grandes modifications que subit l’art militaire ; elles se manifestent tout d’abord dans les grandes divisions de cet art, pour n’en pénétrer que peu à peu les parties secondaires et les détails. La vieille expression française : Il part en guerre, dont on se servait invariablement alors pour indiquer que l’un des belligérants levait le camp pour marcher à l’ennemi, indique clairement que l’on était bien loin de se considérer comme en état de guerre lorsque l’on n’était que campé. On agissait à peu près de même dans les marches. L’artillerie se séparait absolument de l’armée pour suivre les meilleures routes, et les corps de cavalerie se plaçaient alternativement à l’une et à l’autre aile, afin d’avoir chacun à son tour l’honneur de marcher à la droite.

Aujourd’hui, et depuis la guerre de Silésie surtout, les conditions du combat pénètrent si profondément la situation en dehors du combat, qu’on ne peut plus se représenter l’un de ces états sans l’autre, et qu’il en résulte un tout absolument inséparable, qui constitue l’état de guerre dans son entier. Si l’on veut bien nous permettre ici de comparer la guerre à une arme tranchante, nous dirons qu’autrefois le combat représentait seul l’arme proprement dite ; il en était la lame, tandis que l’état en dehors du combat n’était, pour ainsi dire, que la monture à laquelle cette lame était fixée ; l’arme entière, le tout, se composait donc alors de deux parties essentiellement hétérogènes. Aujourd’hui au contraire, il convient de considérer le combat comme la partie affilée, le tranchant, et l’état en dehors du combat comme la partie renforcée, le dos de la lame, et le tout, par conséquent, comme une seule et même arme, composée d’un bloc de métal forgé dont les éléments constitutifs se pénètrent si intimement l’un l’autre, qu’il est impossible d’y distinguer où finit le fer et où commence l’acier.

De nos jours cette manière d’être de l’armée en dehors du combat est déterminée d’avance, au point de vue général, par les règlements organiques et de service qui servent de base à l’instruction des troupes pendant la paix. Il n’y a donc désormais qu’à en modifier plus ou moins l’application au courant de la guerre, en raison des dispositions tactiques et stratégiques qu’imposent momentanément les circonstances. Les troupes peuvent se trouver dans trois situations différentes en dehors du combat : en cantonnements, en marche ou campées. Ces trois situations procèdent tantôt de la tactique et tantôt de la stratégie ; les deux formes y ont de nombreux points de contact, semblent souvent s’y confondre, et s’y confondent réellement souvent, de sorte que maintes dispositions y peuvent être considérées tout à la fois comme tactiques et comme stratégiques.

Nous nous réservons d’entrer plus tard dans le détail de chacun de ces trois états de l’existence des troupes en dehors du combat, et de rechercher alors les buts spéciaux qui s’y rattachent. Pour le moment nous n’envisageons la question que d’une façon beaucoup plus abstraite et au point de vue unique de la disposition stratégique générale des troupes, disposition dans laquelle, d’ailleurs, les cantonnements, les marches et les camps reçoivent l’application la plus large et la plus élevée.

Dans le sens abstrait de l’expression, c’est-à-dire alors qu’on n’y attache encore aucun but spécial, donner aux troupes une disposition stratégique générale, c’est les répartir de telle sorte, en dehors du combat, qu’elles soient en mesure, à un moment quelconque, de se concentrer toutes pour combattre en une seule unité, en un seul tout, en une seule armée en un mot, quelque petite ou grande que soit d’ailleurs cette armée.

En outre, sans tenir compte encore d’aucune autre condition, la conservation et, par suite, la sécurité de l’armée s’imposent tout d’abord dans la question. Les deux conditions primordiales sont donc ici que, sans qu’il en résulte de désavantages marqués, l’armée trouve tout à la fois dans la disposition stratégique qui lui est donnée et les moyens d’assurer sa subsistance, et la certitude de se pouvoir concentrer dès qu’elle devra combattre.

Pour satisfaire à ces deux conditions indispensables de l’existence et de la sécurité d’une armée en dehors du combat, il faut procéder de la manière suivante à la disposition stratégique générale des troupes :

1o  Rechercher les conditions qui facilitent leur alimentation ;

2o  Rechercher les conditions qui facilitent leur cantonnement ;

3o  Assurer la sécurité des derrières de l’armée ;

4o  Choisir un terrain libre en avant du front des troupes ;

5o  Les établir elles-mêmes sur un terrain coupé ;

6o  Prendre des points d’appui stratégiques ;

7o  Répartir les troupes en raison des circonstances et des besoins.

Nous allons développer quelque peu chacun de ces points.


1o  et 2o  — rechercher les conditions qui facilitent l’alimentation et le cantonnement des troupes.


On recherche, à ce sujet, les grandes routes, les contrées cultivées et les grandes villes.


3o  — assurer la sécurité des derrières de l’armée.


On verra ce que nous entendons par là dans le chapitre spécial que nous consacrerons aux lignes de communications. Nous nous bornons à dire ici que la première et plus importante condition est que, dans le voisinage de l’armée, la ligne principale de retraite soit perpendiculaire à la direction générale donnée à la formation des troupes.


4o  — choisir un terrain libre en avant du front des troupes.


Il va sans dire qu’une armée cantonnée, campée ou en marche, ne peut pas voir le terrain placé en avant d’elle comme elle le peut faire, sur l’étendue de son front, dans une formation tactique prise en vue du combat. Son avant-garde, ses postes avancés, ses espions, etc., etc., constituent alors ses organes visuels et, naturellement, ceux-ci trouvent une observation plus facile sur un terrain découvert que sur un sol accidenté et coupé.


5o  — établir les troupes sur un terrain coupé.


Ce point est la réciproque du précédent et ne demande par conséquent pas d’éclaircissements particuliers.


6o  — prendre des points d’appui stratégiques.


Deux particularités qui leur appartiennent en propre distinguent les points d’appui stratégiques des points d’appui tactiques. Il n’est pas nécessaire qu’ils soient, comme ces derniers, directement en contact avec l’armée, mais par contre ils doivent présenter une étendue beaucoup plus considérable. Le motif en est que d’après la nature même des choses, la stratégie se meut généralement dans des conditions de temps et d’espace bien plus vastes que la tactique. Alors que, par exemple, une armée s’établit à deux lieues d’une côte maritime ou d’un très grand fleuve, elle s’appuie stratégiquement sur ces obstacles, car l’ennemi étant hors d’état d’exécuter de longues marches et de manœuvrer stratégiquement, c’est-à-dire pendant des jours et des semaines entières, sur un espace aussi restreint, ne saurait l’utiliser pour un mouvement tournant stratégique.

Par contre, au point de vue stratégique, un lac de 6, 8 ou 10 lieues de tour peut à peine être regardé comme un obstacle, car stratégiquement on a rarement à tenir compte de quelques lieues de plus ou de moins à droite ou à gauche.

Quant aux places fortes, elles constituent des points stratégiques d’autant plus sérieux qu’elles sont plus grandes et qu’elles ont une sphère d’action plus étendue pour les entreprises offensives qu’elles peuvent appuyer.


7o  — répartir les troupes en raison des circonstances et des besoins.


Ces circonstances et ces besoins sont de deux sortes ; ils sont particuliers ou généraux. Nous ne nous occuperons des premiers qu’au fur et à mesure qu’ils se présenteront à nous au courant de cet ouvrage. Nous ne traitons aujourd’hui la question qu’au point de vue général.

Pour satisfaire au premier besoin général, on couvre l’armée par une avant-garde en même temps que l’on fait observer l’ennemi par des postes avancés, par des patrouilles et par des reconnaissances. On obéit au second besoin général en formant des réserves qui, particulièrement lorsqu’il s’agit d’armées très fortes, doivent être tenues à une distance de plusieurs lieues en arrière, et présenter par conséquent une formation tout à fait indépendante.

Enfin il faut généralement couvrir les deux ailes de l’armée par des corps de troupe ayant pareillement une formation indépendante. On ne saurait toutefois conclure de ce que nous venons de dire qu’une partie de l’armée devrait être employée à défendre l’espace qui s’étend en dehors de ses ailes, dans l’intention d’interdire à l’ennemi l’abord de ces prétendus points faibles. Cette manière de présenter les choses, quelque générale qu’elle soit, est vraiment absurde. Que l’on porte, en effet, tant de troupes que l’on pourra à la gauche ou à la droite d’une armée, on ne remédiera en rien en agissant ainsi au prétendu danger que l’on veut y trouver, car on n’arrivera jamais à ce que cette armée n’ait pas d’ailes. D’ailleurs les ailes d’une armée n’en constituent nullement des parties faibles par le fait seul qu’elles sont des ailes, car l’armée ennemie en a forcément aussi et ne peut, par conséquent, sérieusement menacer les nôtres qu’en exposant aussitôt les siennes au même danger. Ce n’est seulement qu’alors que les situations ne sont plus égales, lorsque par exemple l’ennemi nous est supérieur en nombre ou que ses communications (voir le chapitre des lignes de communications) sont plus fortes que les nôtres, que nos ailes deviennent réellement des points faibles. Nous n’avons pas, d’ailleurs, à nous arrêter ici à ces circonstances particulières, pas plus qu’à celle où, en concordance avec d’autres combinaisons, un corps de troupe placé sur une aile reçoit la mission spéciale d’en défendre seul les abords. Ce sont là, en effet, des cas qui n’appartiennent pas à la classe de ceux pour lesquels on peut et doit fixer des dispositions générales.

Mais si les ailes d’une armée n’en constituent pas des points particulièrement faibles, elles en sont certainement des points importants, parce que, en raison des mouvements tournants auxquels elles sont exposées, la résistance y est moins simple que sur le front, et que par suite les dispositions y sont plus compliquées et exigent à la fois plus de temps et plus de préparation. Il convient donc, dans la généralité des cas, de protéger particulièrement les ailes contre toute entreprise imprévue, en y plaçant des masses de troupes plus considérables que cela ne serait nécessaire s’il s’agissait uniquement d’observer l’ennemi. Plus ces troupes seront nombreuses, et plus l’ennemi, alors même qu’elles ne lui opposeraient qu’une résistance relative, sera contraint, pour les repousser, de perdre du temps, de dévoiler ses vues et de mettre du monde en ligne. On arrivera ainsi au but cherché, et les troupes chargées de protéger l’aile sur laquelle l’ennemi se sera montré auront dès lors accompli leur mission. Les mesures qu’il conviendra de prendre ensuite dépendront uniquement des circonstances et du moment. On peut donc considérer les corps ainsi placés comme des avant-gardes latérales ayant pour mission de retarder la marche de l’ennemi sur le terrain placé en dehors des ailes, et de le forcer à développer ses masses et à trahir ses intentions, de façon à laisser le temps à l’armée de prendre ses dispositions préventives en toute connaissance de cause. Il va sans dire qu’au cas où les corps chargés de couvrir les ailes devraient se retirer sur l’armée sans que celle-ci prononçât elle-même un mouvement en arrière, il serait opportun de ne pas les placer sur le prolongement même de la ligne de bataille, mais bien un peu en avant, afin d’éviter en principe que cette retraite de leur part, alors même qu’elle se produirait sans engagement sérieux, ne s’effectuât directement sur les flancs de l’armée.

Il résulte donc de ces principes fondamentaux de la répartition des troupes dans leur disposition stratégique générale, un système rationnel de fractionnement en quatre ou cinq grandes parties, selon que la réserve reste liée ou non au corps de bataille.

Nous avons vu que les conditions d’entretien et de cantonnement s’imposent dans le choix des dispositions stratégiques générales à donner aux troupes. Elles ont la même influence dans la question de leur répartition. Ces conditions doivent entrer en ligne de compte avec les considérations fondamentales que nous venons de développer, et l’on doit chercher à satisfaire aux premières sans trop s’écarter des secondes. Du reste le fractionnement de l’armée en quatre ou cinq grandes subdivisions pouvant chacune pourvoir isolément à leur subsistance et à leur emplacement, lève, pour la plupart du temps, les difficultés qui s’attachent à ces deux conditions, d’où suit qu’il n’y a généralement que peu de modifications à apporter aux dispositions stratégiques nécessaires.

Il nous reste à fixer l’éloignement maximum dans lequel ces quatre ou cinq grandes subdivisions de l’armée peuvent sans inconvénient être placées les unes des autres, alors qu’elles sont appelées à se prêter un secours mutuel constant, et par conséquent à combattre dans une action commune. Nous rappelons ici le lecteur à ce que nous avons déjà dit dans les chapitres précédents, mais d’une façon très générale, de la durée des combats et de la manière dont la solution s’y produit. Il est certain, d’ailleurs, qu’il est impossible de rien fixer de positif à ce sujet, parce que la force absolue et la force relative, la différence de proportion dans les armes et la nature du terrain ont ici une immense influence. On ne peut donc traiter la question que d’une façon générale, et n’arriver, par suite, qu’à des résultats moyens.

C’est la distance à laquelle doit être placée l’avant-garde qu’il est le plus facile de déterminer. Comme un mouvement de retraite la conduit nécessairement sur l’armée, on peut sans danger la pousser en avant jusqu’à une forte journée de marche. Il est certain, en effet, que dans ces conditions, elle ne sera jamais exposée à soutenir une bataille séparée. Cependant comme les pertes qu’elle aurait à supporter grandiraient en raison de la longueur de son mouvement de retraite, il sera toujours opportun de ne la porter en avant que juste autant que l’exigera la sécurité de l’armée.

Quant aux corps placés sur les côtés, nous avons déjà dit qu’une division de l’effectif habituel de 8 000 à 10 000 hommes est en état de supporter un combat de plusieurs heures, voire même d’une demi-journée, sans laisser prendre à la lutte une tournure décisive. On peut donc très opportunément placer une division de cette force à un éloignement de 2 à 4 lieues et, en suivant le même raisonnement, on ne craindra pas de couvrir les flancs de l’armée à une journée de marche, c’est-à-dire à 6 ou 8 lieues, par des corps composés de trois à quatre divisions. Ce mode de répartition des troupes en quatre ou cinq grandes fractions placées à des distances données les unes des autres, constitue une disposition stratégique générale rationnelle et pour ainsi dire automatique de l’armée, pour tous les cas où des circonstances particulières n’imposent pas de mesures absolument spéciales.

Mais, bien que ces grandes fractions de l’armée soient en état de combattre isolément et puissent en effet parfois s’y trouver contraintes, il ne faut pas conclure que ce soit là le but unique ou principal de cette répartition. La difficulté d’assurer la subsistance des troupes sur le terrain nécessairement restreint qu’elles occupent est toujours grande, et cette difficulté ne fait qu’augmenter avec le temps. Cette considération suffit donc seule, bien souvent, à imposer un mode de fractionnement par lequel on arrive à répartir l’armée sur un espace plus étendu, sans néanmoins compromettre sa sécurité. D’ailleurs, ces conditions exclusivement stratégiques de l’existence journalière des troupes, de leur entretien et de leur cantonnement en dehors du combat, disparaissent aussitôt que l’action tactique entre en jeu. Dès qu’un engagement est imminent, les motifs d’une formation fractionnée cessent d’exister, et l’armée se concentre pour toute la durée de la bataille. À l’approche de l’ennemi, les précautions qu’imposait la nécessité de l’observer sur le front et sur les ailes, ainsi que les mesures prises pour arrêter la rapidité de ses opérations, ont atteint leur but. Tous les efforts se tournent dès lors uniquement vers la grande unité de la bataille ; il faut vaincre, il ne s’agit donc plus que de combattre. Le meilleur argument de la valeur de la répartition des troupes dans leur disposition stratégique générale nous paraît précisément ressortir de ce fait, que le but à atteindre étant la concentration de l’armée pendant le combat, on en soit arrivé à regarder le partage des troupes en fractions isolées, en dehors du combat, comme un mal nécessaire ou, en d’autres termes, comme la seule condition capable de mener sûrement à ce but.