Théâtre de campagne/Les Bonnes Gens

Théâtre de campagneRuaulttome II (p. 113-166).
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LES
BONNES GENS,
COMÉDIE
En un Acte & en Prose.

PERSONNAGES.

LE BARON.
LA BARONNE.
LA MERE GOBIN, Paysanne.
PERETTE, Fille de la Mère Gobin.
ROBERT, Paysan.
LE BAILLY.
GUILLAUME, Paysan.

La Scène est dans le Village de Mérincy.

Le Théâtre représente l’entrée d’un Village ; on y voit une petite Maison couverte de Chaume.


Scène première.

PERETTE, file en chantant.

[1]Quand la Bergère attend l’Amant,
L’Amant qui cause son tourment,

Rêveuse, attentive, inquiette,
Ta la la la la la a

Je ne peux jamais trouver le reste,

Mais sitôt qu’elle entend ses pas,
Elle est contente & ne dit pas,
Et ne dit pas ce qu’en cachette
Son petit cœur souhaite.

Il semble que cette Chanson là ait été faite pour moi.

Mais sitôt qu’elle entend ses pas…

Eh, je ne les entends pas encore ! Robert vient plus tard qu’à l’ordinaire, mais n’est-ce pas lui que je vois là-bas ? Elle regarde. Bon, je ne le vois plus ! ah, le vilain arbre, qui fait que je ne vois plus rien ! mais c’est lui-même ! il nous apporte une bourrée ! Ah, cher Robert, sans toi, que deviendrions-nous, ma Mère & moi ?


Scène II.

PERETTE, ROBERT, portant une bourrée.
Perette.

Robert, tu dois être bien fatigué, mets ici ta bourrée, & viens t’asseoir auprès de moi

Robert.

Fatigué ! ah, ce n’est pas cette bourrée-ci toujours, qui m’auroit fatigué, au contraire ; tiens, Perette, quand je travaille pour toi, cela me délasse de l’ouvrage de toute la journée ; aussi c’est toujours par où je finis, je vous garde pour la bonne bouche, comme on dit.

Perette.

Je voudrois bien que cela fût vrai, Robert ; car ma Mère & moi, nous avons souvent besoin de toi.

Robert.

Eh bien, n’est-ce pas à charge de revanche ? Est-ce que je n’ai pas besoin de toi, Perette ? Est-ce que je pouvons m’en passer ?

Perette.

Je le crois Robert ; mais c’est que tous les jours tu travailles pour nous.

Robert.

Eh bien, me le reprochois-vous ? Cela n’est pas bien de vouloir comme cela ôter à quelqu’un le plaisir qu’on lui fait.

Perette.

Ah, Robert, tout cela te donne bien de la peine !

Robert.

Tiens, Perette ; c’est ce que tu me dis-là qui me fait de la peine ; car le reste n’est rien. Est-ce que sans ta Mère je serions-là ? Je n’ai plus de Parens, elle a pris soin de moi dans mon enfance, je ne puis assez m’acquitter.

Perette.

Mais moi, qu’est-ce que j’ai fait pour toi ?

Robert.

Tu as fait… Que sans toi, je ne vivrions plus ; ne m’aimes-tu pas ?

Perette.

Ah, pour cela oui ; Robert.

Robert.

Eh bien, vela un grand mérite que j’ai-là de m’employer pour vous deux ! tiens, Perette, ne m’en parle plus, car cela me fâche.

Perette.

Je ne t’en dirons plus rian ; mais je voudrois bien n’être pas aussi pauvre que je le sommes.

Robert.

Et pourquoi cela ?

Perette.

Pour te récompenser.

Robert.

Comment, vous me donneriez de l’argent, & puis vous ne m’auriez plus d’obligation.

Perette.

Ah, Robert, c’est bien vilain de penser comme cela de nous.

Robert.

Non, non, Perette, je te demande pardon, je ne le crois pas.

Perette.

Et tu fais bien.

Robert.

Mais aussi, pourquoi voudrois-tu être riche ? Tiens, je n’aime point cette envie-là ; on viendroit te chercher en mariage, & ta Mère te marieroit à un autre.

Perette.

Oh, pour cela non, ce ne seroit que pour toi que je voudrois être riche, & puis pour ma Mère, qui est toujours fâchée de ce que je ne le sommes pas un peu plus.

Robert.

Laisse-la dire : est-on plus heureux que je le sommes ? Je travaillons le jour, je nous voyons le soir, & je sommes sûrs de nous retrouver le lendemain les mêmes : si je ne pouvons pas nous marier à-présent, je nous aimerons toujours, en attendant que cela arrive.

Perette.

Oh, pour cela oui, tu as bien raison. Mais ma Mère ne revient pas !

Robert.

Où est-elle donc aujourd’hui la Mère Gobin ?

Perette.

Elle est allée à la Ville pour acheter bien des choses ; je ne sais pourquoi elle tarde tant, cela m’inquiète.

Robert.

Elle reviendra sûrement bientôt.

Perette.

Comme elle sera fatiguée ! j’aurois bien voulu lui éviter cette peine-là ; mais elle ne veut pas que je sorte du Village.

Robert.

Elle a raison.

Perette.

Et pourquoi cela ?

Robert.

C’est que si l’on te connoissoit, tout le monde penseroit sûrement comme moi, & puis…

Perette.

Et puis, je n’aimerois que toi, va, je le sens bien ; car je n’ai jamais eu envie d’aller à la Ville, ni à toutes les fêtes de Village ; je crains le monde autant que les autres desirent d’en voir.

Robert.

Tu as raison ; qu’est-ce que je ferions des autres ? Il n’y a que nous trois dont j’avons besoin.

Perette.

C’est vrai. Mais ma Mère ne vient pas. Je crois pourtant entendre quelqu’un. Ah, c’est un Monsieur & une Dame. Je vais rentrer & travailler dans la maison.

Robert.

Et moi, je vais porter ma bourrée dans le fourni, puis j’irai chez Monsieur le Bailly, qui m’a dit d’aller chez lui aider à serrer son foin. Je te reverrai tantôt. Adieu, Perette.


Scène III.

LE BARON, LA BARONNE.
La Baronne.

sont-ils donc allés ? Il y avoit ici quelqu’un tout-à-l’heure.

Le Baron.

Qu’est-ce que vous en vouliez faire ?

La Baronne.

C’est que nous aurions demandé le nom de ce village-ci.

Le Baron.

Eh bien, asseyons-nous-là, il passera sûrement du monde.

La Baronne.

Je le veux bien.

Le Baron.

Croyez-vous que vous pourrez retrouver le chemin d’ici à l’endroit où nous avons laissé notre voiture ?

La Baronne.

Oui, oui, comptez sur moi.

Le Baron, s’asseyant.

Il fait très-bon ici, je ne suis pas trop fâché d’y trouver ce siége-là.

La Baronne.

Quel air pur & frais il fait dans la campagne ! il n’y a que cet air-là pour se bien porter, aussi je ne suis pas surprise si les Paysans sont si forts & s’ils ont une meilleure santé que nous.

Le Baron.

Vous verrez qu’ils ne sont pas malades aussi eux ?

La Baronne.

Cela est plus rare. Qu’on est heureux d’habiter comme cela un village ! on y jouit d’une vie douce & tranquille, tous les jours sont charmans !

Le Baron.

Oui, je voudrois vous y voir ; quand il pleut sur tout.

La Baronne.

Quand il pleut, ils ont les affaires de leur ménage ; il n’ont rien à gâter ; ils soignent leurs bestiaux, ils font leur pain, leur beurre, leur fromage ; je ne trouve rien qui me fasse autant de plaisir qu’une famille de Paysans autour de leur feu, cela me peint l’âge d’or.

Le Baron.

Oui, cet âge d’or est agréable, ces gens-là sont propres !

La Baronne.

Sûrement.

Le Baron.

Et où avez-vous vu cela ?

La Baronne.

Chez moi, à ma campagne ; je les voyois tous les Dimanches…

Le Baron.

Oui, les Dimanches ! j’ai logé chez eux, moi, à la guerre, & si je n’avois pas eu le soin de commencer par faire balayer toute la maison, je n’y aurois jamais pu demeurer. Pour être propre, il faut être à son aise.

La Baronne.

Ah, j’entends quelqu’un. Elle va voir & elle revient. C’est une femme.

Le Baron.

Vous allez bien lui faire des questions, je parie ?

La Baronne.

Pour cela oui, car c’est mon plus grand plaisir.


Scène IV.

LE BARON, LA BARONNE, LA MÈRE GOBIN, portant un panier couvert.
La Baronne.

Bonjour, ma bonne femme : d’où venez-vous comme cela ?

La Mère Gobin.

D’où je venons, ma chère Dame ? Je venons de la ville.

La Baronne.

Et qu’est-ce que vous avez été faire à la ville ?

La Mère Gobin.

Ah, dame, j’y ons été… pour vendre du lin que je filons ici & pour acheter avec cet argent-là, du sel, & puis tout plein de choses dont j’ons besoin dans notre ménage.

Le Baron.

Et combien tout cela vous coûte-t-il ?

La Mère Gobin.

Ah, cela me coûte… Cela me coûte un écu.

Le Baron.

Un écu ? eh bien, je m’en vais vous donner un écu.

La Mère Gobin.

Ah, Monsieur, je ne l’ons pas acheté pour le revendre.

Le Baron.

Je ne veux pas l’avoir non plus : tenez, tenez, prenez toujours cet écu-là.

La Mère Gobin.

Mais Monsieur, je ne pouvons pas avoir la marchandise & l’argent.

Le Baron.

Je vous dis que si, prenez toujours ; c’est pour que cela ne vous coûte rien.

La Baronne.

Allons, allons, prenez.

La Mère Gobin.

Mais ma chere Dame, c’est que je ne méritons pas cela.

La Baronne.

Si, si, vous êtes une bonne femme à ce qu’il paroît, & l’on aime toujours les bonnes gens.

La Mère Gobin.

Eh, vraiment, il faudra donc que j’aime bien ce Monsieur-là, qui me fait comme cela tant de bien, sans que je le méritions.

La Baronne.

Avez-vous des enfans ?

La Mère Gobin.

Je n’ai qu’une fille qui fait toute ma consolation, ma chere Dame.

La Baronne.

Et avez-vous de quoi la marier ? Quel âge a-t-elle ?

La Mère Gobin.

Elle a dix-sept ans & je crois qu’elle restera toujours fille, car je n’ons rien, que ce que je gagnons du travail de nos mains & cela ne suffit pas pour faire un mariage ; les tems sont bien durs, ma chere Dame.

La Baronne.

Mais n’avez-vous pas des bestiaux ?

La Mère Gobin.

Mon Dieu non, je n’ons rien de tout cela ; mais je vivons du mieux que je pouvons, tout doucettement.

La Baronne, au Baron.

Elle me paroît la meilleure femme du monde, Monsieur, j’ai envie de lui donner six francs.

Le Baron.

Vous ferez très-bien.

La Baronne.

Ah ça, écoutez-moi, bonne femme ; tenez, je veux vous donner encore cela.

La Mère Gobin.

Mais, Madame, je ne sai pas pourquoi vous me faites tant de bien, je ne l’ons pas mérité, encore une fois.

Le Baron.

Vous dites que vous n’avez rien.

La Mère Gobin.

C’est bien vrai.

Le Baron.

Eh bien, il faut que ceux qui ont, aident ceux qui n’ont pas.

La Mère Gobin.

Ah, Mon Dieu les braves gens que vela ! je n’ons jamais rien vu comme vous ! je ne sais comment vous remercier, il faut que j’appelle ma Fille.

Le Baron.

Demeurez-vous ici près ?

La Mère Gobin.

Oui, Monsieur, velà ma maison.

La Baronne.

Eh, vous ne nous disiez pas ! Comment appelez-vous ce village-ci ?

La Mère Gobin.

Mérincy, Madame.

Le Baron.

Dites-moi un peu, bonne femme, combien payez-vous de taille ?

La Mère Gobin.

J’en payons… sept francs, Monsieur.

La Baronne.

Et comment faites-vous ?

La Mère Gobin.

Ah dame, je nous aidons du mieux que je pouvons, il est vrai que sans ma fille, je serions bien embarrassés ; cet enfant-là fait tout mon bonheur : si vous voyez, c’est qu’elle m’aime !… Il faut qu’elle ne sache pas que je suis revenue, car sans cela…


Scène V.

LE BARON, LA BARONNE, LA MÈRE GOBIN, PERETTE.
Perette, dans la Maison, arrivant ensuite.

Ma Mère, est-ce vous qui êtes-là ?

La Mère Gobin.

Oui, c’est moi, fille, viens, viens ici.

Perette, embrasant sa Mère.

Vous nous avez fait bien attendre, vous devez être bien lasse ?

La Mère Gobin.

Oui, oui. Tiens regarde ce beau Monsieur, & cette belle Dame-là que j’ons trouvés ici, ce sont les meilleures personnes du monde ! Vois, vois ce qu’ils m’ont baillé.

Perette.

Pour vous, ma Mère ?

La Mère Gobin.

Oui, pour moi, pour toi, pour nous tous. Aide-moi donc à les remercier.

Le Baron.

Allons, bonne femme, ne parlons plus de cela.

La Mère Gobin.

Mais, Monsieur ; c’est…

La Baronne.

Non, non. Comment vous appelez-vous ma fille ?

Perette.

Perette, Madame, à vous obéir.

La Baronne.

Vous êtes bien jolie.

Perette.

Ah, Madame, je savons bien que c’est pour rire que vous dites cela, & puis parce que vous êtes bien bonne & bien honnête.

La Baronne.

Qu’est-ce que vous faisiez en attendant votre Mère, Perette ?

Perette.

Je filois, Madame ; parce que quand j’avons bien filé, ce que je ne vendons pas, nous sert pour notre usage.

La Baronne.

Et votre maison est-elle bien grande ?

Perette.

Non, Madame, je n’ons qu’une chambre pour ma Mère & pour moi, mais je n’en suis pas fâchée ; parce que nous sommes toujours ensemble.

La Baronne.

Cela est très-bien dit. Et avez-vous un jardin ?

La Mère Gobin.

Non, ma bonne Dame, je n’ons qu’une petite cour où il y a un quarré, où nous faisons venir des choux.

Le Baron.

Eh bien, dans votre cour, vous avez des poules ?

La Mère Gobin.

Oh, Monsieur, je n’aurions pas de quoi les nourrir.

Perette.

J’en avions deux, il y a bien long-tems ; mais le renard les a mangées.

La Baronne, au Baron.

Les pauvres gens ! ils m’attendrissent. Haut. je veux voir votre maison. Elle va avec Perette dans la maison.

Le Baron.

Vous êtes lasse, bonne femme, allez vous reposer.

La Mère Gobin.

Mais, Monsieur, trouverez-vous bien votre chemin pour aller jusqu’à votre carrosse ; car c’est lui que j’ons vu là-bas apparemment ?

Le Baron.

Oui, oui, ne vous inquiétez pas.

La Baronne, sortant de la maison.

En vérité, cela est de la plus grande propreté chez elle.

Le Baron.

Oui, mais cette bonne femme a besoin de manger peut-être, laissez-la aller.

La Baronne.

J’ai vu leur couvert, cela est arrangé à faire plaisir.

Le Baron.

Allons, allez vous-en manger.

La Mère Gobin.

Mais, Monsieur…

Le Baron.

Allez, allez, nous reviendrons vous voir.

La Mère Gobin.

Monsieur, nous aurons bientôt fait & si vous êtes encore ici…

La Baronne.

Allez vous-en donc.

La Mère Gobin.

Allons, Perette, obéissons à ces braves personnes.

Perette.

Adieu, Monsieur, adieu, Madame.

Le Baron.

Adieu, adieu, Perette, adieu.


Scène VI.

LE BARON, LA BARONNE.
La Baronne.

Monsieur, est-ce que vous n’êtes pas étonné & enchanté de ces deux femmes-là ? Dans leur pauvreté, elles ne se plaignent seulement pas.

Le Baron.

Ah, ne parlez pas de cela ; réellement, cela déchire le cœur de voir souffrir aussi patiemment.

La Baronne.

Cela est inconcevable ! pour moi je n’en puis plus.

Le Baron.

Il est effrayant pour l’humanité, quand on y pense, de voir qu’il y a des milliers d’hommes aussi malheureux que cela.

La Baronne.

Cela est vrai. Ah, Monsieur, il faut aider ces gens-ci.

Le Baron.

Oh, pour cela de tout mon cœur.

La Baronne.

Il me vient une idée.

Le Baron.

Eh bien, voyons dites ce que c’est.

La Baronne.

Rien n’est plus facile.

Le Baron.

Il faut l’exécuter.

La Baronne.

J’ai envie de leur donner une vache.

Le Baron.

Une vache ? Mais cela leur fera-t-il un grand bien ?

La Baronne.

Je vous en réponds ; elle les nourrira toute l’année, & ils vendront ce qu’elle produira, qu’elles ne pourront pas consommer.

Le Baron.

C’est une très-bonne idée ; mais comment la nourriront-ils ?

La Baronne.

À la commune, avec toutes celles du Village.

Le Baron.

Vous le croyez ?

La Baronne.

Sûrement.

Le Baron.

Où en trouver une ? Nous verrons cela demain.

La Baronne.

Ah, je voudrois bien que ce fût tout-à-l’heure.

Le Baron.

Et moi aussi, mais il faut vouloir le possible.

La Baronne.

Monsieur, si vous vouliez…

Le Baron.

Quoi ?

La Baronne.

J’en ai vu un troupeau ici tout proche, en venant, nous en irions acheter une tout de suite, nous leur enverrions, & nous reviendrions voir le plaisir que cela leur feroit.

Le Baron.

Quel train votre imagination va pour faire du bien ! vous me charmez ! mais aurons-nous le tems ?

La Baronne.

Oh, que oui, il est encore de bonne heure. Allons, je vous prie, avant qu’ils reviennent.

Le Baron.

Je ne demande pas mieux. Se levant. J’etois pourtant bien-là.

La Baronne.

Tenez, je vois encore le troupeau que je disois ? nous ferons cette affaire tout de suite.

Le Baron.

Vous êtes enchantée de le retrouver ?

La Baronne.

C’est que cela me fait un plaisir d’imaginer…

Le Baron.

Vous avez raison, j’en serai aussi charmé que vous.

La Baronne.

Songez donc, quel délice de pouvoir rendre heureuses ces deux personnes-là dans le moment même ! pourvu encore qu’on veuille nous en vendre.

Le Baron.

Il n’y a qu’à la bien payer, nous en aurons sûrement une. Ne perdons pas de tems, je crains qu’ils ne reviennent. Ils s’en vont.


Scène VII.

LA MÈRE GOBIN, PERETTE.
La Mère Gobin.

Je te l’avois bien dit, Perette, ils n’y sont plus.

Perette.

Mais, ma Mère, ce n’est pas ma faute, je croyois que vous leur aviez dit.

La Mère Gobin.

Eh, non vraiment. Ces personnes-là aimons quelquefois le pain bis ; ils auroient peut-être été bien-aises d’en manger, & voilà à présent que je passerons pour des ingrats.

Perette.

Ah, que non, puisqu’ils vous ont empêchée de les remercier.

La Mère Gobin.

Tu as raison ; mais pour un Monsieur & une Dame comme cela, as-tu vu comme ils ne sont pas fiers ? Comme ils nous ont parlé ? Comme ils aimons les pauvres gens ?

Perette.

Oh, pour cela oui, ma Mère, & je leur rendons bien. Que je suis fâchée que Robert ne les ait pas vus ! comme il les auroit aussi aimés, lui !

La Mère Gobin.

Eh vraiment oui, à propos, & où est-il donc Robert ?

Perette.

Il est allé serrer le foin de Monsieur le Bailli, & il m’a dit qu’il viendroit ici après, mais il sera trop tard.

La Mère Gobin, rêvant.

Quoi, sans que j’ai rien fait pour eux, trois écus ! ils n’ont pas voulu que je les conduirons dans leur chemin tant seulement.

Perette.

Je ne comprends rien à cela, ma Mère.

La Mère Gobin.

Tout ce que je comprends, moi ; c’est qu’il faudra que je soyons encore meilleures que je ne sommes dorénavant, si je pouvons ; je parie que ce sera l’avis de Robert ; puisque je sommes si bien récompensés de n’avoir rien fait.

Perette.

Vous dites toujours bien, ma Mère.

La Mère Gobin.

Dame, vois-tu, ma Fille ; c’est comme une bénédiction du Ciel, aide-toi & je t’aiderai ; voilà ce que cela veut dire. Si je savions encore où ils demeurions…

Perette.

Mais, n’ont-ils pas dit qu’ils reviendroient nous voir ?

La Mère Gobin.

Eh vraiment oui, à propos : ah, dame, il faudra cette fois-là être plus honnêtes que je n’ons été, ma fille.

Perette.

Oh, pour cela, oui, ma Mère ; mais vela Guillaume qui a bien de la peine à mener sa vache, si je l’aidions.

La Mère Gobin.

Attends, attends, je vais y aller, reste-là.


Scène VIII.

LA MÈRE GOBIN, PERETTE, GUILAUME.
Guillaume menant une vache.

Eh, allons donc. Elle ne veut pas venir.

La Mère Gobin.

Laissez-moi faire, Guillaume, je vais aller par derrière & je la ferai marcher.

Guillaume.

Ce n’est pas la peine. Dame, elle est bien têtue, votre vache ; car c’est à vous dà.

La Mère Gobin.

À moi, Guillaume ?

Guillaume.

Eh, oui, à vous, la Mère Gobin : n’est-ce pas à vous à qui un Monsieur & une Dame ont parlé ?

Perette.

Oui, Guillaume.

Guillaume.

Eh bien, c’est cela tout juste ; je gardois là-bas nos vaches, ils sont venus comme ça dire qu’ils vouloient en acheter une ; notre Maîtresse venoit d’arriver tout à point pour les faire traire, & voilà qu’ils ont acheté cette vache-ci pour vous.

La Mère Gobin.

Pour nous ?

Guillaume.

Oui, ils ont baillé quarante écus pour cela & ils m’en ont baillé un à moi, pour vous l’amener.

Perette.

À nous ?

Guillaume.

À vous.

La Mère Gobin.

Ce Monsieur & cette Dame ?

Guillaume.

Eh, oui.

La Mère Gobin.

Cette vache-là ?

Guillaume.

Quand je vous disons que oui, que c’est pour vous, je ne mentons pas apparemment.

Perette.

Mais, ma Mère, il faut bien croire Guillaume.

La Mère Gobin.

Eh, vraiment, oui, ma fille, mais je n’ons jamais eu une vache à nous, voilà ce qui m’empêche de croire tout cela, il m’est avis que c’est un rêve.

Perette.

Il est vrai que c’est un grand bonheur, & que je ne comprenons pas plus que vous, ma Mère.

La Mère Gobin.

Oh moi, je ne le comprendrai jamais. Cette vache-là, à nous !

Guillaume.

Ah ça, prenez-la toujours ; car moi, j’ai affaire. Adieu, la Mère Gobin, adieu Perette.

Perette.

Adieu Guillaume, en vous remerciant bien de votre peine.

Guillaume.

Ah, pardi, je suis bien payé, vous ne me devez rien. Adieu, adieu.


Scène IX.

LA MÈRE GOBIN, PERETTE.
La Mère Gobin.

Eh, mais dis-donc, fille, qu’est-ce que tout cela veut dire ? As-tu jamais vu un pareil bonheur ?

Perette.

Je n’en revenons pas, ma Mère, je n’en revenons pas.

La Mère Gobin.

Mais ce Monsieur, cette Dame, où sont-ils ?

Perette.

Je n’en savons rien. Encore si je savions où ils demeurions.

La Mère Gobin.

Je le saurons, mon enfant. Mais regarde-donc cette vache, comme elle est belle !

Perette.

Et comme elle a du lait !

La Mère Gobin.

Ils n’ont rien oublié.

Perette.

Oublié, oh, je vous réponds bien que non.

La Mère Gobin.

C’est une fortune pour nous, mon enfant. Tiens, tiens, vois comme elle nous regarde, il semble qu’elle nous connoisse, comme elle a du blanc ! du rouge ! du noir !

Perette.

Ah, ma Mère, il faudroit les chercher.

La Mère Gobin.

Tu as raison ; tiens, tiens la vache, je m’en vais voir si je ne les trouverons pas.

Perette.

Vous ferez bien, ne vous inquiétez pas ; j’en aurai grand soin.


Scène X.

LE BARON, LA BARONNE, LA MÈRE GOBIN, PERETTE.
La Baronne.

Eh bien, où allez-vous comme cela, bonne femme ? Êtes-vous contente de votre vache ?

La Mère Gobin.

Ah, Monsieur !… Ah, Madame !… Je ne puis pas parler tant je suis aise !… Ah, mon Dieu, le beau bien que vous nous avez donné-là !

La Baronne.

Savez-vous faire du beurre, du fromage ?

La Mère Gobin.

Oui, ma bonne Dame ; oui, oui, je vous en porterons, je vous en porterons.

La Baronne.

C’est qu’il faudra…

La Mère Gobin.

Oui, oui, Madame, tout ce que vous voudrez ; entends-tu, ma fille ?

Perette.

Oui, ma Mère, ah ! pour cela je le devons bien.

Le Baron.

Eh non, non. Écoutez-donc, bonne femme ?

La Mère Gobin.

Oui, oui, Monsieur : nous voilà riches à tout jamais, que je vous ons d’obligation ! La belle vache ! C’est une fortune ! Ah, Mon Dieu, le beau bien ! le beau bien !

Le Baron, à la Baronne.

Je crains en vérité que la tête ne leur tourne de joie.

Perette.

Ah, Mère, voilà Robert.


Scène XI.

LE BARON, LA BARONNE, LA MÈRE GOBIN, PERETTE, ROBERT.
La Mère Gobin.

Eh, Robert, viens donc vite ; tiens, tiens, regarde cette vache.

Robert.

Et je la voyons bien.

La Mère Gobin.

Elle est à nous.

Robert.

Tout de bon, la Mère Gobin ?

Perette.

Oui, c’est ce Monsieur & cette Dame-là qui nous l’ont donnée.

Robert.

À vous ?

La Mère Gobin.

Oui, à nous. Dame, ce sont des personnes… Tu n’en as jamais vu comme cela ; & une vache ! y en a-t-il de plus belle ? Regarde-la donc.

Perette.

Robert, voilà tout ce que je souhaitois pour ma Mère.

Robert.

C’est vrai : mais je ne comprends rien à tout cela.

La Mère Gobin.

Tu n’y comprends rien ? Ni moi non plus. Ah, Monsieur, ah, Madame ! Ma fille, Robert, parlez donc tous les deux : je voudrois dire… Et je ne puis pas… La joie m’en empêche…

Perette.

Ma Mère, on voudra bien nous excuser, si je ne pouvons pas dire ce que je sentons.

Le Baron.

Oui, oui, tranquallisez-vous, si vous êtes contentes, c’est tout ce qu’il nous faut.

La Mère Gobin.

Contentes ? Ah !…

La Baronne.

Allons, allons, écoutez-moi.

La Mère Gobin.

Oui, Madame.

La Baronne.

Où allez-vous mettre votre vache ?

La Mère Gobin.

Où ? Dans notre chambre, avec nous : oh, je la soignerons bien, n’ayez pas peur.

Le Baron.

Dans votre chambre ?

La Mère Gobin.

Oui, Monsieur. Tiens, Robert, viens m’aider à la placer, vous allez voir, vous allez voir comme elle sera bien. Elle emmène la vache.

Le Baron, à la Baronne.

Vous devez être contente de cette réussite.

La Baronne.

Il est vrai qu’il est bien agréable de faire aussi facilement le bonheur de ces bonnes gens.


Scène XII.

LE BARON, LA BARONNE, PERETTE.
La Baronne, à Perette qui s’en va.

Perette ?

Perette.

Madame ?

Le Baron, à la Baronne.

Que lui voulez-vous ?

La Baronne.

Je veux savoir ce que c’est que Robert.

Le Baron.

Pourquoi faire ?

La Baronne.

Je parie qu’elle l’aime, & je veux savoir si j’ai raison de le croire. À Perette. Dites-moi, Perette, qu’est-ce que c’est que Robert ?

Perette.

Ah, Madame, c’est un bien honnête garçon !

La Baronne, au Baron.

Je l’avois deviné.

Perette.

Oui, Madame, & sans lui je serions bien à plaindre, ma Mère & moi.

La Baronne.

Comment donc ?

Perette.

C’est le meilleur cœur du monde, il ne nous laisse manquer de rien.

La Baronne.

Vous devez bien l’aimer.

Perette, rougissant.

Ah, Madame…

Le Baron, à la Baronne.

Laissez, laissez-la, vous l’embarrassez.

La Baronne.

Vous aime-t-il, lui ?

Perette.

Oh, pour cela, Madame, ma Mère & moi j’en sommes bien contentes !

La Baronne.

Est-il plus riche que vous ?

Perette.

Non, Madame ; mais je l’aimons mieux que s’il étoit bien riche.

Le Baron.

Laissez-la aller aider à sa Mère. Allez, allez, Perette.

Perette.

Je m’en vais voir si la vache est bien, & puis je viendrai vous le dire.


Scène XIII.

LE BARON, LA BARONNE.
La Baronne.

N’est-il pas vrai, Monsieur, que tout ceci vous fait autant de plaisir qu’a moi ? Je vous assure que je n’en ai jamais goûté de si vif de ma vie.

Le Baron.

Et sûrement il n’est pas cher. De combien de gens, à pareil prix, on pourroit faire le bonheur, si l’on vouloit s’en occuper : c’est une source de satisfaction si pure, si délicieuse, qu’on seroit trop heureux d’en jouir, si on la connoissoit davantage.

La Baronne.

Je veux les venir voir tous les jours, tant que je serai dans ce pays-ci. Vous y viendrez ?

Le Baron.

Moi ? sûrement ; je les aime à la folie, j’aime leur simplicité, leur naïveté, cette manière de s’aimer, si vraie, si tendre…

La Baronne.

Je suis ravie d’avoir imaginé de leur donner cette vache : le plaisir que cela leur fait, ne peut pas être plus grand que celui que je goûte, en voyant leur satisfaction.


Scène XIV.

LE BARON, LA BARONNE, LE BAILLI, GUILLAUME.
Guillaume.

Tenez, Monsieur le Bailli, les voilà justement, ce Monsieur & cette Dame qui ont baillé une vache à la Mère Gobin.

Le Baron.

Est-ce vous qui êtes le Bailli d’ici ?

Le Bailli.

Oui, Monsieur, à vous servir & je viens tout exprès…

La Baronne.

Monsieur le Bailli, n’est-il pas vrai que cette bonne Femme & sa Fille, sont les meilleures gens du monde ?

Le Bailli.

Oui, Madame, & vous ne pouviez faire du bien à personne qui le méritât autant.

La Baronne.

Je suis bien aise de ce que vous me dites-là, Monsieur le Bailli.

Le Bailli.

Imaginez-vous, Monsieur & Madame, que cette femme, avec le peu de bien qu’elle avoit, a élevé un paysan, fils d’une de ses amies, qui n’avoit rien du tout.

Le Baron.

Et ce paysan, comment se nomme-t-il ?

Le Bailli.

Robert ; vous le verrez ici.

La Baronne.

Nous l’avons déjà vu.

Le Baron.

Et ce Robert est un bon sujet ?

Guillaume.

Oh ! Monsieur, tout le monde l’aime dans le Village.

Le Bailli.

Paix donc, Guillaume, quand on vous interrogera, vous répondrez. Allez-vous-en.

Le Baron.

Pourquoi ? Laissez parler Guillaume.

Guillaume.

Ah ! Monsieur le Bailli, il ne faut pas vous fâcher, je disons ce que je savons.

Le Bailli.

Cela est bon. Allez, allez.

Le Baron.

Il me semble que ces gens-là ont la meilleure réputation du monde.

Le Bailli.

Ils la méritent, Monsieur.

On entend du bruit dans la Maison, ils parlent tous ensemble.
La Baronne.

Les voilà qui reviennent. Monsieur le Bailli, je voudrois vous parler ; mais pas devant eux ; nous ne nous éloignerons pas.

Le Bailli.

Comme il vous plaira, Madame ; je vous suis. Ils s’en vont.


Scène XV.

LA MÈRE GOBIN, PERETTE, ROBERT.
Robert.

Non, la Mère Gobin, je vous disons que cela ne fera pas, voyez-vous.

La Mère Gobin.

Mais, Robert, la vache est à ma Fille comme à moi, & nous t’avons tous les deux obligation.

Robert.

Obligation ; c’est moi qui vous en ai, & à cause de cela, vous voulez me donner le plus beau de votre bien ; tenez, ce n’est pas bien penser de moi, la Mère Gobin.

La Mère Gobin.

Mais, mon enfant, tu aimes ma Fille, elle t’aime aussi ; après ma mort, qu’est-ce qui aura soin d’elle, si je ne la donne dès-à-présent au plus brave homme que je connoisse, avec le bien qui vient de m’arriver ?

Robert.

Il faut que vous le gardiez ce bien, la Mère. Si vous me donnez votre Fille, & que vous vouliez que je demeurions toujours avec vous, je serons contens ; mais il ne faut pas vous priver du bonheur qui vous arrive ; pour être de d’même qu’auparavant.

Perette.

Oui, ma Mère, Robert a raison, & quoique je l’aimions bien, je ne nous marierons jamais avec lui, plutôt que de consentir à tout cela.

La Mère Gobin.

Mais mon enfant, pour qu’il t’épouse, il faut bien lui donner quelque chose.

Robert.

Je n’y consentirons jamais.

Perette.

Tu as raison, Robert.

La Mère Gobin.

Mais, ma Fille…

Perette.

Mais, ma Mère…

La Mère Gobin.

Robert, écoute-moi.

Robert.

Non, non, je n’entendrons plus rien ; n’est-ce pas, Perette ?


Scène dernière.

LE BARON, LA BARONNE, LA MÈRE GOBIN, PERETTE, LE BAILLI, ROBERT.
La Baronne.

Eh bien, eh bien, qu’est-ce que vous avez donc ?

La Mère Gobin.

Ah, Madame, j’allois vous chercher, aussi-bien que Monsieur, pour vous demander la permission de donner à Robert, le bien que Vous nous avez envoyé.

Le Baron.

Et pourquoi cela ?

La Mère Gobin.

Ah, Monsieur ; c’est inutile, il ne le veut pas !

Le Baron.

Il a raison, & cela est très-bien fait à lui.

La Mère Gobin.

Mais, Monsieur écoutez donc la raison de cela, je vous prie. Je peux venir à mourir, & je le lui donnois pour épouser ma fille qu’il aime ; elle l’aime aussi elle, & tous deux ne veulent pas y consentir. Je ne peux pourtant pas la marier avec rien, & j’étois trop heureuse d’avoir ce bien-là à leur donner.

Robert.

Non, Monsieur, non, n’y consentez pas.

Perette.

Ah, Madame, qu’elle le garde, & nous resterons toujours avec elle.

La Baronne.

Oui, mes enfans, vous y resterez ; c’est très-bien penser ; vous méritez d’être heureux & vous le serez ; tout est arrangé pour que vous vous épousiez sans cela.

Le Baron.

Oui, nous nous chargeons de vous marier ensemble ; nous vous donnerons une maison plus commode, un jardin & tout ce qu’il vous faudra.

La Mere Gobin, Perette, Robert, à genoux.

Ah, Monsieur ! ah Madame !

Le Baron & la Baronne les font relever.
Le Baron.

Et pour qu’il ne manque rien à votre bonheur, votre Mère demeurera toujours avec vous, & vous en aurez bien soin.

Robert.

Oh ! pour cela oui.

Perette.

Nous ne penserons qu’à elle & qu’à vous.

La Mère Gobin.

Oui, nous parlerons toujours de vos bontés, & du bonheur qui vous a conduit ici.

Le Baron.

Tout est arrangé avec Monsieur le Bailli, & il nous fait espérer que demain cela sera fini.

La Mère Gobin.

Mais, Monsieur, Madame, comment faire pour…

Perette.

Je ne pouvons rien dire.

Robert.

Voilà ce que c’est que d’être ignorants, & j’en ons bien du chagrin.

La Baronne.

Vous exprimez plus par votre joie & vos sentimens, que vous ne feriez par les plus beaux discours. Tranquillisez-vous, & soyez toujours les mêmes.

Le Baron.

Oui, oui, allez vous reposer, & demain nous vous reverrons.

La Mère Gobin.

Ah ! il faut que nous vous voyons aujourd’hui, tant que nous le pourrons ; allons, ma Fille, Robert.

Le Baron.

Non, non, laissez-nous, Monsieur le Bailli nous conduira.

La Baronne, au Baron.

Voilà bien sûrement un des plus beaux jours de ma vie ! Haut. Adieu, adieu, mes enfans. Restez, restez, je le veux.

La Mère Gobin, les regardant aller.

Je sis toute troublée, je ne pouvons rien dire.

Robert.

Je t’avois bien dit, Perette, que je serions heureux un jour.

Perette.

C’est que je l’étions déjà, Robert, voilà pourquoi tu devinois si bien.

La Mère Gobin.

Voilà tout ce que je souhaitions pour vous, mes enfans ; cela prouve bien que les honnêtes gens ne manquent jamais.

FIN.
  1. Cette Chanson est du Roi & le Fermier, Opéra Comique.