Tao Te King (Stanislas Julien)/Chapitre 81

Traduction par Stanislas Julien.
Imprimerie nationale (p. 297-298).


CHAPITRE LXXXI.



信言不美,美言不信。善者不辯,辯者不善。知者不博,博者不知。聖人不積,既以為人己愈有,既以與人己愈多。天之道,利而不害;聖人之道,為而不爭。


Les paroles sincères (1) ne sont pas élégantes ; les paroles élégantes ne sont pas sincères.

L’homme vertueux n’est pas disert (2) ; celui qui est disert n’est pas vertueux.

Celui qui connaît (le Tao) n’est pas savant (3) ; celui qui est savant ne le connaît pas.

Le Saint n’accumule pas (les richesses.).

Plus il emploie (sa vertu) dans l’intérêt des hommes (4), et plus elle augmente.

Plus il donne aux hommes et plus il s’enrichit.

Telle est la voie du ciel, qu’il est utile aux êtres  (5) et ne leur nuit point.

Telle est la voie du Saint, qu’il agit et ne dispute point  (6)


NOTES.


(1) E : les paroles vraies n’ont pas besoin d’ornements empruntés.


(2) E : Celui qui agit bien (A : qui pratique le Tao), ne s’étudie pas à parler avec habileté.


(3) E : Celui qui possède l’essentiel (littéral. « le résumé ») de ce qu’il faut savoir n’a pas besoin d’acquérir beaucoup de connaissances.


(4) E : Le Saint emploie son Tao dans l’intérêt des hommes, il donne aux hommes toutes ses richesses (littéralement : « son profit » le mot richesses se prend ici au figuré). Quoiqu’il les répande (son Tao et ses richesses) sur tous les hommes de l’empire et les lègue aux générations futures, son Tao s’augmente de plus en plus et reste inépuisable ; ses richesses s’accroissent de plus en plus et n’éprouvent nulle diminution.

A pense qu’il s’agit ici de richesses proprement dites. « Quand il a répandu l’influence de sa vertu dans l’intérêt des hommes, sa vertu « n’en devient que plus abondante. Quand il a répandu ses richesses en aumônes, ses richesses n’en deviennent que plus florissantes. »


(5) E : Le ciel nourrit tous les êtres ; il leur est utile et ne leur fait point de tort (ou de mal).


(6) E : Le Saint aide l’empire par le Tao ; quand ses mérites sont accomplis, il ne s’y attache point (et se retire à l’écart).

A : Il ne dispute point le mérite ou la gloire. Cf. chap. ii, ix.


FIN.