Sur la pile voltaïque, sur les acides fluorique, boracique et muriatique

§. II. SCIENCES PHYSIQUES.

Expériences faites au Laboratoire de l’Ecole Polytechnique, par MM. Gay-Lussac et Thenard.

Électricité.

La pile voltaïque dont Sa Majesté a fait don à l’Ecole Polytechnique (voyez la Corresp., p. 450), a eté mise en activité le 29 juillet 1808.

Cette pile est composée de six cents plaques ; chaque plaque est en deux parties, cuivre et zinc, soudées ensemble ; la partie cuivre pèse un kilogramme, et l’autre en zinc pèse trois kilogrammes. Des six cents plaques, cinq cents sont d’une forme carrée sur la plus grande face ; le côté de ce carré est de trois décimètres : la plus grande face sur les cent autres est un parallélogramme rectangle de six décimètres sur quinze centimètres, c’est-à-dire, d’une surface égale à celle du carré de trois décimètres de côté.

La pile est montée à la manière de Pepys, avec des modifications qui en rendent le service plus prompt et plus commode ; elle a été mise en activité en moins de trois minutes.

On a soumis au courant électrique de la pile entière les trois terres baryte, strontiane et chaux.

Elles ont toutes manifesté des phénomènes de combustion au pôle négatif : la chaux principalement donnoit une flamme vive et rouge.

La baryte dégageoit une vapeur dont on se trouvoit incommodé.


Du Gaz Fluorique.

En chauffant dans un tube de fer le fluate de chaux et l’acide boracique vitreux, on obtient du gaz fluorique, qui tient en dis- solution une assez grande quantité d’acide boracique. Ce gaz fluorique ne peut pas contenir d’eau hygrométrique ; il a une telle affinité pour l’eau, qu’il s’y combine en prenant la forme liquide ; il enlève l’eau, hygrométrique à tous les gaz qui en contiennent, et la convertit en un liquide acide. Mis en contact avec des gaz desséchés par la chaux ou par le muriate de chaux, il ne forme pas de liquide, ce qui prouve que ces gaz ne con tiennent plus d’eau hygrométrique.

L’eau saturée de gaz fluorique obtenu par l’acide boracique est limpide, fumante, et des plus caustiques ; cependant elle n’a aucune action sur le verre.

Le fluate de chaux siliceux, décomposé par le phosphate acide de chaux, donne beaucoup de gaz fluorique siliceux, En décomposant le fluate de chaux dans un vase de plomb, par l’acide sulfurique concentré, on obtient un liquide qui jouit des propriétés suivantes : il répand dans l’air d’épaisses va peurs ; il s’échauffe et entre même subitement en ébullition avec l’eau ; il dépolit le verre, le dissout, et le réduit en gaz siliceux. Son action sur la peau est très-rapide ; il la désorganise instantanément.

Il n’y a aucun moyen d’obtenir le gaz fluorique pur ; pour décomposer ce gaz par le métal de la potasse, on a préféré prendre le gaz siliceux, parce que la silice n’est pas un combustible. En chauffant ce gaz siliceux mis en contact avec le métal de la potasse, il y a production de lumière et de chaleur. Cette combustion donne pour résidu du fluate de chaux, de la si lice, et une substance particulière combinée avec la potasse et la silice. Cette substance particulière est la base du gaz acide fluorique.


Sur l’Acide Boracique.

L’acide boracique est décomposé par le métal de la potasse ; son radical est un brun-verdâtre, fixe et insoluble dans l’eau. On doit le placer à côté du charbon, du phosphore et du soufre. Pour passer à l’état d’acide, il exige une grande quantité d’oxigène ; avant d’arriver à cet état, il passe à celui d’oxide.


Sur le Gaz Acide Muriatique.

Le gaz acide muriatique, considéré autrefois comme une substance simple, résulte de la combinaison du gaz acide muriatique oxigéné et du gaz hydrogène ; pour obtenir cette combinaison, on prend des volumes égaux de ces deux gaz, et on les mêle ensemble ; ayant élevé la température du mélange à 125°, une forte détonation accompagne l’action réciproque et instantanée des deux gaz ; un rayon direct du soleil produit sur le mélange les mêmes effets. La combinaison des deux gaz a encore lieu dans une lumiere diffuse, mais elle se fait plus lentement.