Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau/Notice

Texte établi par Henri MartineauLe Divan (IIp. 293-296).

NOTICE

sur
ANDRÉ, LE CHAPELAIN


André paraît avoir écrit vers l’an 1176.

On trouve à la Bibliothèque du roi (n° 8758), un manuscrit de l’ouvrage d’André qui a jadis appartenu à Baluze. Voici le premier titre : « Hic incipiunt capitula libri de Arte amatoriâ et reprobatione amoris. »

Ce titre est suivi de la table des chapitres.

Ensuite on lit ce second titre :

« Incipit liber de Arte amandi et de reprobatione amoris, editus et compillatus a magistro Andreâ, Francorum aulæ regiæ capellano, ad Galterium amicum suum, cupientem in amoris exercitu militare : in quo quidem libro, cujusque gradus et ordinis mulier ab homine cujusque conditionis et status ad amorem sapientissime invitatur ; et ultimo in fine ipsius libri de amoris reprobatione subjungitur. »

Crescimbeni, Vite de’ poeti provenzali, article Percivalle Doria, cite un manuscrit de la bibliothèque de Nicolo Bargiacchi à Florence, et en rapporte divers passages ; ce manuscrit est une traduction du traité d’André, le chapelain. L’académie de la Crusca l’a admise parmi les ouvrages qui ont fourni des exemples pour son dictionnaire.

Il y a eu diverses éditions de l’original latin. Frid. Otto Menckenius, dans ses Miscellanea Lipsiensia nova, Lipsiæ, 1751, t. VIII, part. I, p. 545 et suiv., indique une très ancienne édition sans date et sans lieu d’impression, qu’il juge être du commencement de l’imprimerie : « Tractatus amoris et de amoris remedio Andreæ capellani papæ Innocentii quarti. »

Une seconde édition de 1610 porte ce titre :

« Erotica seu amatoria Andreæ capellani regii, vetustissimi scriptoris ad venerandum suum amicum Guualterium scripta, nunquam antehac edita, sed sæpius a multis desiderata ; nunc tandem fide diversorum mss. codicum in publicum emissa a Dethmaro Mulhero, Dorpmundæ, typis Westhovianis, anno Vna Castè et Verè amanda. »

Une troisième édition porte : « Tremoniæ, typis Westhovianis, anno 1614. »

André divise ainsi méthodiquement le sujet qu’il se propose de traiter :

1o Quid sit amor et undè dicatur[1].

2o Quis sit effectus amoris.

3o Inter quos possit esse amor.

4o Qualiter amor acquiratur, retineatur, augmentetur, minuatur, finiatur.

5o De notitia mutui amoris, et quid unus amantium agere debeat altero fidem fallente.

Chacune de ces questions est traitée en plusieurs paragraphes.

André fait parler alternativement l’amant et la dame. La dame fait des objections, l’amant cherche à la convaincre par des raisons plus ou moins subtiles. Voici un passage que l’auteur met dans la bouche de l’amant :

..... Sed si fortè horum sermonum te perturbet obscuritas, eorum tibi sententiam indicabo[2]. Ab antiquo igitur quatuor sunt in amore gradus distincti :

Primus, in spei datione consistit.

Secundus, in osculi exhibitione.

Tertius, in amplexus fruitione.

Quartus, in totius concessione personæ finitur.

  1. Ce qu’est l’amour et d’où il prend nom.
    Quel est l’effet d’amour.
    Entre quelles personnes peut exister amour.
    De quelle façon l’amour s’acquiert, se conserve, augmente, diminue, finit.
    À quels signes connaît-on d’être réaimé, et ce que doit faire l’un des amants quand l’autre manque à sa foi.
  2. Mais si par hasard l’obscurité de ce discours vous embarrasse, je vais vous en donner le sommaire.
    De toute antiquité il y a en amour quatre degrés différents : Le premier consiste à donner des espérances, le second dans l’offre du baiser.
    Le troisième dans la jouissance des embrassements les plus intimes.
    Le quatrième dans l’octroi de toute la personne.