Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau/Chapitre 59

Texte établi par Henri MartineauLe Divan (IIp. 152-167).

CHAPITRE LIX

Werther et don Juan.


Parmi les jeunes gens, lorsque l’on s’est bien moqué d’un pauvre amoureux et qu’il a quitté le salon, ordinairement la conversation finit par agiter la question de savoir s’il vaut mieux prendre les femmes comme le don Juan de Mozart, ou comme Werther. Le contraste serait plus exact si j’eusse cité Saint-Preux, mais c’est un si plat personnage que je ferais tort aux âmes tendres en le leur donnant pour représentant.

Le caractère de don Juan requiert un plus grand nombre de ces vertus utiles et estimées dans le monde : l’admirable intrépidité, l’esprit de ressources, la vivacité, le sang-froid, l’esprit amusant, etc.

Les don Juan ont de grands moments de sécheresse et une vieillesse fort triste ; mais la plupart des hommes n’arrivent pas à la vieillesse.

Les amoureux jouent un pauvre rôle le soir dans le salon, car l’on n’a de talent et de force auprès des femmes qu’autant qu’on met à les avoir exactement le même intérêt qu’à une partie de billard. Comme la société connaît aux amoureux un grand intérêt dans la vie, quelque esprit qu’ils aient, ils prêtent le flanc à la plaisanterie ; mais le matin en s’éveillant, au lieu d’avoir de l’humeur jusqu’à ce que quelque chose de piquant et de malin les soit venu ranimer, ils songent à ce qu’ils aiment et font des châteaux en Espagne habités par le bonheur.

L’amour à la Werther ouvre l’âme à tous les arts, à toutes les impressions douces et romantiques, au clair de lune, à la beauté des bois, à celle de la peinture, en un mot au sentiment et à la jouissance du beau, sous quelque forme qu’il se présente, fût-ce sous un habit de bure. Il fait trouver le bonheur même sans les richesses[1]. Ces âmes-là, au lieu d’être sujettes à se blaser comme Meilhan, Bezenval, etc., deviennent folles par excès de sensibilité comme Rousseau. Les femmes douées d’une certaine élévation d’âme qui, après la première jeunesse, savent voir l’amour où il est, et quel est cet amour, échappent en général aux don Juan qui ont pour eux plutôt le nombre que la qualité des conquêtes. Remarquez, au désavantage de la considération des âmes tendres, que la publicité est nécessaire au triomphe des don Juan comme le secret à ceux des Werther. La plupart des gens qui s’occupent de femmes par état, sont nés au sein d’une grande aisance, c’est-à-dire sont, par le fait de leur éducation et par l’imitation de ce qui les entourait dans leur jeunesse, égoïstes et secs[2].

Les vrais don Juan finissent même par regarder les femmes comme le parti ennemi, et par se réjouir de leurs malheurs de tous genres.

Au contraire, l’aimable duc delle Pignatelle nous montrait à Munich la vraie manière d’être heureux par la volupté, même sans l’amour-passion. « Je vois qu’une femme me plaît, me disait-il un soir, quand je me trouve tout interdit auprès d’elle et que je ne sais que lui dire. » Bien loin de mettre son amour-propre à rougir et à se venger de ce moment d’embarras, il le cultivait précieusement comme la source du bonheur. Chez cet aimable jeune homme, l’amour-goût était tout à fait exempt de la vanité qui corrode ; c’était une nuance affaiblie, mais pure et sans mélange, de l’amour véritable ; et il respectait toutes les femmes comme des êtres charmants envers qui nous sommes bien injustes (20 février 1820).

Comme on ne se choisit pas un tempérament, c’est-à-dire une âme, l’on ne se donne pas un rôle supérieur. J.-J. Rousseau et le duc de Richelieu auraient eu beau faire, malgré tout leur esprit, ils n’auraient pu changer de carrière auprès des femmes. Je croirais volontiers que le duc n’a jamais eu de moments comme ceux que Rousseau trouva dans le parc de la Chevrette, auprès de madame d’Houdetot ; à Venise, en écoutant la musique des Scuole ; et à Turin, aux pieds de madame Bazile. Mais aussi il n’eût jamais à rougir du ridicule dont Rousseau se couvre auprès de madame de Larnage et dont le remords le poursuit le reste de sa vie.

Le rôle des Saint-Preux est plus doux et remplit tous les moments de l’existence ; mais il faut convenir que celui de don Juan est bien plus brillant. Si Saint-Preux change de goût au milieu de sa vie, solitaire et retiré, avec des habitudes pensives, il se trouve sur la scène du monde à la dernière place ; tandis que don Juan se voit une réputation superbe parmi les hommes, et pourra peut-être encore plaire à une femme tendre en lui faisant le sacrifice sincère de ses goûts libertins.

Par toutes les raisons présentées jusqu’ici, il me semble que la question se balance. Ce qui me fait croire les Werther plus heureux, c’est que don Juan réduit l’amour à n’être qu’une affaire ordinaire. Au lieu d’avoir comme Werther des réalités qui se modèlent sur ses désirs, il a des désirs imparfaitement satisfaits par la froide réalité, comme dans l’ambition, l’avarice et les autres passions. Au lieu de se perdre dans les rêveries enchanteresses de la cristallisation, il pense comme un général au succès de ses manœuvres[3], et en un mot tue l’amour au lieu d’en jouir plus qu’un autre, comme croit le vulgaire.

Ce qui précède me semble sans réplique. Une autre raison qui l’est pour le moins autant à mes yeux, mais, que grâce à la méchanceté de la providence, il faut pardonner aux hommes de ne pas reconnaître, c’est que l’habitude de la justice me paraît, sauf les accidents, la route la plus assurée pour arriver au bonheur, et les Werther ne sont pas scélérats[4].

Pour être heureux dans le crime il faudrait exactement n’avoir pas de remords. Je ne sais si un tel être peut exister[5] ; je ne l’ai jamais rencontré, et je parierais que l’aventure de madame Michelin troublait les nuits du duc de Richelieu.

Il faudrait, ce qui est impossible, n’avoir exactement pas de sympathie, ou pouvoir mettre à mort le genre humain[6].

Les gens qui ne connaissent l’amour que par les romans éprouveront une répugnance naturelle en lisant ces phrases en faveur de la vertu en amour. C’est que par les lois du roman la peinture de l’amour vertueux est essentiellement ennuyeuse et peu intéressante. Le sentiment de la vertu paraît ainsi de loin neutraliser celui de l’amour, et les paroles amour vertueux semblent synonymes d’amour faible. Mais tout cela est une infirmité de l’art de peindre, qui ne fait rien à la passion telle qu’elle existe dans la nature[7].

Je demande la permission de faire le portrait du plus intime de mes amis.

Don Juan abjure tous les devoirs qui le lient au reste des hommes. Dans le grand marché de la vie, c’est un marchand de mauvaise foi qui prend toujours et ne paye jamais. L’idée de l’égalité lui inspire la rage que l’eau donne à l’hydrophobe ; c’est pour cela que l’orgueil de la naissance va si bien au caractère de don Juan. Avec l’idée de l’égalité des droits disparaît celle de la justice, ou plutôt si don Juan est sorti d’un sang illustre, ces idées communes ne l’ont jamais approché ; et je croirais assez qu’un homme qui porte un nom historique est plus disposé qu’un autre à mettre le feu à une ville pour se faire cuire un œuf[8]. Il faut l’excuser ; il est tellement possédé de l’amour de soi-même qu’il arrive au point de perdre l’idée du mal qu’il cause, et de ne voir plus que lui dans l’univers qui puisse jouir ou souffrir. Dans le feu de la jeunesse, quand toutes les passions font sentir la vie dans notre propre cœur et éloignent la méfiance de celui des autres, don Juan, plein de sensations et de bonheur apparent, s’applaudit de ne songer qu’à soi, tandis qu’il voit les autres hommes sacrifier au devoir ; il croit avoir trouvé le grand art de vivre. Mais au milieu de son triomphe, à peine à trente ans, il s’aperçoit avec étonnement que la vie lui manque, il éprouve un dégoût croissant pour ce qui faisait tous ses plaisirs. Don Juan me disait à Thorn, dans un accès d’humeur noire : « Il n’y a pas vingt variétés de femmes, et une fois qu’on en a eu deux ou trois de chaque variété, la satiété commence. » Je répondais : « Il n’y a que l’imagination qui échappe pour toujours à la satiété. Chaque femme inspire un intérêt différent, et bien plus, la même femme, si le hasard vous la présente deux ou trois ans plus tôt ou plus tard dans le cours de la vie, et si le hasard veut que vous aimiez, est aimée d’une manière différente. Mais une femme tendre, même en vous aimant, ne produirait sur vous, par ses prétentions à l’égalité, que l’irritation de l’orgueil. Votre manière d’avoir les femmes tue toutes les autres jouissances de la vie ; celle de Werther les centuple ».

Ce triste drame arrive au dénouement. On voit le don Juan vieillissant s’en prendre aux choses de sa propre satiété, et jamais à soi. On le voit tourmenté du poison qui le dévore, s’agiter en tous sens et changer continuellement d’objet. Mais quel que soit le brillant des apparences, tout se termine pour lui à changer de peine ; il se donne de l’ennui paisible, ou de l’ennui agité ; voilà le seul choix qui lui reste.

Enfin il découvre et s’avoue à soi-même cette fatale vérité ; dès lors il est réduit pour toute jouissance à faire sentir son pouvoir, et à faire ouvertement le mal pour le mal. C’est aussi le dernier degré du malheur habituel ; aucun poète n’a osé en présenter l’image fidèle ; ce tableau ressemblant ferait horreur.

Mais on peut espérer qu’un homme supérieur détournera ses pas de cette route fatale, car il y a une contradiction au fond du caractère de don Juan. Je lui ai supposé beaucoup d’esprit, et beaucoup d’esprit conduit à la découverte de la vertu par le chemin du temple de la gloire[9].

La Rochefoucauld qui s’entendait pourtant en amour-propre, et qui dans la vie réelle n’était rien moins qu’un nigaud d’homme de lettres[10], dit (267) : « Le plaisir de l’amour est d’aimer, et l’on est plus heureux par la passion que l’on a, que par celle que l’on inspire. »

Le bonheur de don Juan n’est que de la vanité basée, il est vrai, sur des circonstances amenées par beaucoup d’esprit et d’activité ; mais il doit sentir que le moindre général qui gagne une bataille, que le moindre préfet qui contient un département, a une jouissance plus remarquable que la sienne ; tandis que le bonheur du duc de Nemours quand madame de Clèves lui dit qu’elle l’aime est, je crois, au-dessus du bonheur de Napoléon à Marengo.

L’amour à la don Juan est un sentiment dans le genre du goût pour la chasse. C’est un besoin d’activité qui doit être réveillé par des objets divers et mettant sans cesse en doute votre talent.

L’amour à la Werther est comme le sentiment d’un écolier qui fait une tragédie et mille fois mieux ; c’est un but nouveau dans la vie auquel tout se rapporte, et qui change la face de tout. L’amour-passion jette aux yeux d’un homme toute la nature avec ses aspects sublimes, comme une nouveauté inventée d’hier. Il s’étonne de n’avoir jamais vu le spectacle singulier qui se découvre à son âme. Tout est neuf, tout est vivant, tout respire l’intérêt le plus passionné[11]. Un amant voit la femme qu’il aime dans la ligne d’horizon de tous les paysages qu’il rencontre, et faisant cent lieues pour aller l’entrevoir un instant, chaque arbre, chaque rocher lui parle d’elle d’une manière différente, et lui en apprend quelque chose de nouveau. Au lieu du fracas de ce spectacle magique, don Juan a besoin que les objets extérieurs qui n’ont de prix pour lui que par leur degré d’utilité, lui soient rendus piquants par quelque intrigue nouvelle.

L’amour à la Werther a de singuliers plaisirs ; après un an ou deux, quand l’amant n’a plus pour ainsi dire qu’une âme avec ce qu’il aime, et cela, chose étrange, même indépendamment des succès en amour, même avec les rigueurs de sa maîtresse, quoi qu’il fasse ou qu’il voie, il se demande : Que dirait-elle si elle était avec moi ? que lui dirais-je de cette vue de Casa-Lecchio ? Il lui parle, il écoute ses réponses, il rit des plaisanteries qu’elle lui fait. À cent lieues d’elle et sous le poids de sa colère, il se surprend à se faire cette réflexion : Léonore était fort gaie ce soir. Il se réveille : Mais, mon Dieu, se dit-il en soupirant, il y a des fous à Bedlam qui le sont moins que moi !

— « Mais vous m’impatientez, me dit un de mes amis auquel je lis cette remarque : vous opposez sans cesse l’homme passionné au don Juan, ce n’est pas là la question. Vous auriez raison si l’on pouvait à volonté se donner une passion. Mais dans l’indifférence que faire ? » — L’amour-goût sans horreurs. Les horreurs viennent toujours d’une petite âme qui a besoin de se rassurer sur son propre mérite.

Continuons. Les don Juan doivent avoir bien de la peine à convenir de la vérité de cet état de l’âme dont je parlais tout à l’heure. Outre qu’ils ne peuvent le voir ni le sentir, il choque trop leur vanité. L’erreur de leur vie est de croire conquérir en quinze jours ce qu’un amant transi obtient à peine en six mois. Ils se fondent sur des expériences faites aux dépens de ces pauvres diables qui n’ont ni l’âme qu’il faut pour plaire, en révélant ses mouvements naïfs à une femme tendre, ni l’esprit nécessaire pour le rôle de don Juan. Ils ne veulent pas voir que ce qu’ils obtiennent, fût-il même accordé par la même femme, n’est pas la même chose.

L’homme prudent sans cesse se méfie ;
C’est pour cela que des amants trompeurs
Le nombre est grand. Les dames que l’on prie
Font soupirer longtemps des serviteurs
Qui n’ont jamais été faux de leur vie.
Mais du trésor qu’elles donnent enfin
Le prix n’est su que du cœur qui le goûte ;
Plus on l’achète et plus il est divin :
Le los d’amour ne vaut que ce qu’il coûte.

Nivernais, le Troubadour Guillaume de la Tour, iii, 342.

L’amour-passion à l’égard des don Juan peut se comparer à une route singulière, escarpée, incommode, qui commence à la vérité parmi des bosquets charmants, mais bientôt se perd entre des rochers taillés à pic, dont l’aspect n’a rien de flatteur pour les yeux vulgaires. Peu à peu la route s’enfonce dans les hautes montagnes au milieu d’une forêt sombre dont les arbres immenses en interceptant le jour, par leurs têtes touffues et élevées jusqu’au ciel, jettent une sorte d’horreur dans les âmes non trempées par le danger.

Après avoir erré péniblement comme dans un labyrinthe infini dont les détours multipliés impatientent l’amour-propre, tout à coup l’on fait un détour, et l’on se trouve dans un monde nouveau, dans la délicieuse vallée de Cachemire de Lalla-Rook.

Comment les don Juan, qui ne s’engagent jamais dans cette route ou qui n’y font tout au plus que quelques pas, pourraient-ils juger des aspects qu’elle présente au bout du voyage ?

 

« Vous voyez que l’inconstance est bonne :

Il me faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde. »

— Bien, vous vous moquez des serments et de la justice. Que cherche-t-on par l’inconstance ? le plaisir apparemment.

Mais le plaisir que l’on rencontre auprès d’une jolie femme désirée quinze jours et gardée trois mois, est différent du plaisir que l’on trouve avec une maîtresse désirée trois ans et gardée dix.

Si je ne mets pas toujours, c’est qu’on dit que la vieillesse, changeant nos organes, nous rend incapables d’aimer ; pour moi, je n’en crois rien. Votre maîtresse, devenue votre amie intime, vous donne d’autres plaisirs, les plaisirs de la vieillesse. C’est une fleur qui après avoir été rose le matin, dans la saison des fleurs, se change en un fruit délicieux le soir, quand les roses ne sont plus de saison[12].

Une maîtresse désirée trois ans est réellement maîtresse dans toute la force du terme ; on ne l’aborde qu’en tremblant, et, dirais-je aux don Juan, l’homme qui tremble ne s’ennuie pas. Les plaisirs de l’amour sont toujours en proportion de la crainte.

Le malheur de l’inconstance, c’est l’ennui ; le malheur de l’amour-passion, c’est le désespoir et la mort. On remarque les désespoirs d’amour, ils font anecdote ; personne ne fait attention aux vieux libertins blasés qui crèvent d’ennui et dont Paris est pavé.

« L’amour brûle la cervelle à plus de gens que l’ennui. » — Je le crois bien, l’ennui ôte tout, jusqu’au courage de se tuer.

Il y a tel caractère fait pour ne trouver le plaisir que dans la variété. Mais un homme qui porte aux nues le vin de Champagne aux dépens du bordeaux, ne fait que dire avec plus ou moins d’éloquence : J’aime mieux le champagne.

Chacun de ces vins a ses partisans, et tous ont raison, s’ils se connaissent bien eux-mêmes, et s’ils courent après le genre de bonheur qui est le mieux adapté à leurs organes[13] et à leurs habitudes. Ce qui gâte le parti de l’inconstance, c’est que tous les sots se rangent de ce côté par manque de courage.

Mais enfin chaque homme, s’il veut se donner la peine de s’étudier soi-même, a son beau idéal, et il me semble qu’il y a toujours un peu de ridicule à vouloir convertir son voisin.

  1. Premier volume de la Nouvelle Héloïse, et tous les volumes si Saint-Preux se fût trouvé avoir l’ombre du caractère ; mais c’était un vrai poète, un bavard sans résolution, qui n’avait du cœur qu’après avoir péroré, d’ailleurs homme fort plat. Ces gens-là ont l’immense avantage de ne pas choquer l’orgueil féminin et de ne jamais donner d’étonnement à leur amie. Qu’on pèse ce mot ; c’est peut-être là tout le secret du succès des hommes plats auprès des femmes distinguées. Cependant l’amour n’est une passion qu’autant qu’il fait oublier l’amour-propre. Elles ne sentent donc pas complètement l’amour les femmes qui, comme L…, lui demandent les plaisirs de l’orgueil. Sans s’en douter, elles sont à la même hauteur que l’homme prosaïque, objet de leur mépris, qui cherche dans l’amour, l’amour et la vanité. Elles, elles veulent l’amour et l’orgueil ; mais l’amour se retire la rougeur sur le front ; c’est le plus orgueilleux des despotes : ou il est tout, ou il n’est rien.
  2. Voir une page d’André Chénier, Œuvres, page 370 ; ou bien ouvrir les yeux dans le monde, ce qui est plus difficile. « En général ceux que nous appelons patriciens sont plus éloignés que les autres hommes de rien aimer », dit l’empereur Marc-Aurèle. (Pensées, page 50.)
  3. Comparez Lovelace à Tom Jones.
  4. Voir la Vie privée du duc de Richelieu, 9 volumes in-8o. Pourquoi au moment où un assassin tue un homme ne tombe-t-il pas mort aux pieds de sa victime ? Pourquoi les maladies ? et, s’il y a des maladies, pourquoi un Troistaillons ne meurt-il pas de la colique ? Pourquoi Henri IV règne-t-il vingt et un ans, et Louis XV, cinquante-neuf ? Pourquoi la durée de la vie n’est-elle pas en proportion exacte avec le degré de vertu de chaque homme ? Et autres questions infâmes, diront les philosophes anglais, qu’il n’y a assurément aucun mérite à poser, mais auxquelles il y aurait quelque mérite à répondre autrement que par des injures et du cant.
  5. Voir Néron après le meurtre de sa mère dans Suétone ; et cependant de quelles belles masses de flatterie n’était-il pas environné !
  6. La cruauté n’est qu’une sympathie souffrante. Le pouvoir n’est le premier des bonheurs, après l’amour, que parce que l’on croit être en état de commander la sympathie.
  7. Si l’on peint aux yeux du spectateur le sentiment de la vertu à côté du sentiment de l’amour, on se trouve avoir représenté un cœur partagé entre deux sentiments. La vertu dans les romans n’est bonne qu’à sacrifier : Julie d’Étanges.
  8. Voir Saint-Simon, fausse couche de madame la duchesse de Bourgogne ; et Madame de Motteville, passim. Cette princesse, qui s’étonnait que les autres femmes eussent cinq doigts à la main comme elle ; ce duc d’Orléans, Gaston, frère de Louis XIII, trouvant si simple que ses favoris allassent à l’échafaud pour lui faire plaisir. Voyez, en 1820, ces messieurs mettre en avant une loi d’élection qui peut ramener les Robespierre en France, etc., etc. ; voyez Naples en 1799. (Je laisse cette note écrite en 1820. Liste des grands seigneurs de 1778 avec des notes sur leur moralité, données par le général Laclos, vue à Naples, chez le marquis Berio ; manuscrit de plus de trois cents pages bien scandaleux.)
  9. Le caractère du jeune privilégié, en 1822, est assez correctement représenté par le brave Bothwell, d’Old Mortality.
  10. Voir les Mémoires de Retz, et le mauvais moment qu’il fit passer au coadjuteur, entre deux portes, au Parlement.
  11. Vol. 1819. Les chèvrefeuilles à la descente
  12. Voir les Mémoires de Collé, sa femme
  13. Les physiologistes qui connaissent les organes vous disent : L’injustice, dans les relations de la vie sociale produit sécheresse, défiance et malheur.