« L’Illustre Piégelé » : différence entre les versions

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[[File :Courteline piegele.jpg|thumb]]
 
 
'''Sommaire :'''
 
L'OURS.
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Sacré nom de Dieu de nom de Dieu ! Enfant de salaud qui m’a mis un coup, de crosse ! J’en ai la mâchoire détraquée et la gueule comme une tomate.
 
 
==MONSIEUR LE DUC.==
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{{Personnage|Le régisseur|c}}
{{didascalie| affolé.|c}}.
 
Oh sapristi ! l’avertisseur qui va frapper les trois Coups, et ma figuration n’est même pas placée !… L’avertisseur, s’il vous plaît, une minute ! Il s’arrondit les mains en carnet sur la bouche, et à pleine voix hélé les figurants logés dans les combles du théâtre. Oh hé ! les seigneurs ! oh hé ! On va frapper ! En, scène, les Seigneurs ! grouillez-vous !
 
{{didascalie|Descente bruyante des figurants par une échelle de meunier. Ils sont vêtus de costumes Louis XI. Derrière eux viennent, sans se hâter, des cardinaux en robe pourpre|c}}. Hé bien ! dites donc, les cardinaux, tas de chameaux, ne vous pressez pas. Faut-il que je vous fasse descendre avec une trique ? Les seigneurs et les cardinaux viennent se ranger à droite et à gauche de la scène.
Un peu moins de bruit, s’il y a moyen, et tâchez voir à écouter ce que je vais avoir l’honneur de vous dire. Tantôt, à la répétition générale, vous avez été au-dessous de tout. Les auteurs sont très mécontents. Comment, espèces de crétins, on vous… {{didascalie|A deux figurants qui se chamaillent|c}}. Qu’est-ce qu’il y a encore, là-bas ?
 
. {{Personnage|Un seigneur|c}}
C’est le connétable, de Bourgogne qui me mollarde sur les pieds.
 
.{{Personnage|Le régisseur|c}}
Je vais aller lui cueillir les puces, moi, au connétable de Bourgogne. Poursuivant. Comment ! espèces de crétins, on vous annonce : « Monsieur le duc de Montmorency ! « et vous n’avez pas l’air plus épaté que ça ? Haussement d’épaules. Sachez, cuistres, ânes bâtés, que la famille des Montmorency était alors une des premières familles de France, que les Montmorency… A un cardinal qui rigole. —… Je vais foutre mon pied dans le cul au non ce du pape…—… étaient cousins du roi, et que, par conséquent, à l’annonce de ce grand nom, vous devez témoigner de votre déférence sans bornes. D’ailleurs c’est dans le manuscrit. Voici le texte : Lisant. « Monsieur le duc de Montmorency ! Mouvement chez les seigneurs. » Mouvement chez les seigneurs, cela signifie, brutes, que… — Ah çà ! mais vous n’êtes pas au complet ici ! Où est" donc saint François de Paule ?
 
.{{Personnage|Un seigneur|c}}
Il est, allé boire un demi-setier avec l’évêque de Narbonne..
 
{{Personnage|le régisseur|c}}
Où ça donc ?
 
.{{Personnage|Le seigneur|c}}
Chez le concierge.
 
{{Personnage|le régisseur|c}}
Trop fort ! Il sort et reparaît une minute après, chassant devant lui à grands coups de pied dans le derrière l’évêque de Narbonne et Saint François de Paule.
 
{{Personnage|Le régisseur|c}}
Tiens, l’évêque ! Tiens, Saint François ! Tiens, l’évêque ! Tiens, Saint François ! Allez vous placer à la gauche, maintenant… Eh ! l’évêque, tourne-toi donc un peu Tu as encore pissé sur tes souliers, cochon ! Vingt sous, d’amende !
{{di|L’évêque veut placer un mot.}}
cochon ! Vingt sous, d’amende ! L’évêque veut placer un mot. Assez ! Assez ! Va te mettre à la gauche, « je te dis. L’évêque obéit. Qu’est-ce que je disais donc ? Ah oui ! Mouvement chez les seigneurs, cela signifie, brutes, que vous ne devez pas accueillir ces paroles : « Monsieur le duc de Montmorency ! " avec la même indifférence que vous accueilleriez celles-ci par exemple : « Avez-vous des bouteilles à vendre ? » Non seulement vous devez saluer jusqu’à terre, mais encore, ainsi que je vous le disais tout à l’heure vous devez par un rien, par un je ne sais quoi, un tressaillement imperceptible, indiquer que vous vous sentez en présence d’un personnage considérable. Ce n’est pas bien malin, que diable ! Ça se comprend mieux que ça ne s’explique. Du reste, ceux, qui n’auront pas compris auront affaire à moi. Tenez-vous-le pour dit. L’incident est clos. Frappes, l’avertisseur !
Assez ! Assez ! Va te mettre à la gauche, je te dis.
Trois coups. Rideau. La claque fait une ovation au décor.
{{di|L’évêque obéit.}}
cochon ! Vingt sous, d’amende ! L’évêque veut placer un mot. Assez ! Assez ! Va te mettre à la gauche, « je te dis. L’évêque obéit. Qu’est-ce que je disais donc ? Ah oui ! Mouvement chez les seigneurs, cela signifie, brutes, que vous ne devez pas accueillir ces paroles : « Monsieur le duc de Montmorency ! "» avec la même indifférence que vous accueilleriez celles-ci par exemple : « Avez-vous des bouteilles à vendre ? » Non seulement vous devez saluer jusqu’à terre, mais encore, ainsi que je vous le disais tout à l’heure vous devez par un rien, par un je ne sais quoi, un tressaillement imperceptible, indiquer que vous vous sentez en présence d’un personnage considérable. Ce n’est pas bien malin, que diable ! Ça se comprend mieux que ça ne s’explique. Du reste, ceux, qui n’auront pas compris auront affaire à moi. Tenez-vous-le pour dit. L’incident est clos. Frappes, l’avertisseur !
{{di|Trois coups. Rideau. La claque fait une ovation au décor.}}
{{di|On annonce : Monsieur le duc de Montmorency.}}
 
.{{Personnage|Premier seigneur|c}}
On annonce : Monsieur le duc de Montmorency.
.{{Personnage|Premier seigneur|c}}
Ah ! Ah !
 
{{Personnage|deuxième seigneur|c}}
Oh ! Oh !
 
{{Personnage| le connétable de bourgogne|c}}
Bougre !
 
{{Personnage|Troisième seigneur|c}}
faisant claquer ses doigts. Hé bien, mon salaud !
 
{{Personnage|Piégelé|c}}
{{didascalie| en évêque de Narbonne|c}}
 
C’est pas de l’eau de bidet, cré nom !
 
 
==ROLAND.==
A Marcel Schwob.
 
{{scène|PREMIÈRE}}
===SCENE PREMIERE.===
 
{{didascalie|Les trois coups de l’avertisseur. L’orchestre attaque, mais au même instant, Piégelé costumé en guerrier moyen âge apparaît devant le rideau ; il fait un signe à l’orchestre qui se tait. |c}}
 
{{Personnage|piégelé|c}}
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Voilà… Sortant. J’ai encore deux ou trois minutes. si j’essayais de rassembler mes souvenirs… Voyons, j’entre et je dis : « Ah ! ah ! voici ma fidèle armée… " Parfaitement ; je ne me rappelle pas un mot. Philosophe. Ah ! Et puis je m’en fiche, je prendrai du souffleur.
Il sort.
 
SCENE II.
{{scène|II}}
Le décor représente les gorges de Roncevaux.
 
.{{Personnage|Les preux|c}}
{{di|Le décor représente les gorges de Roncevaux. }}
 
.{{Personnage|Les preux|c}}
entrant. Noël ! Noël ! Gloire à l’illustrissime Roland !
 
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entêtés à se faire admirer et annonçant : « Nous n’en avons plus que pour une petite demi-heure » ; les pompiers jugèrent que la farce avait suffisamment duré. Ils pénétrèrent sur la scène de tous les côtés à la fois, et, à coups énormes de leurs haches, ils réduisirent
au silence ces exécrables personnes. Ceci au grand soulagement des spectateurs qui n’étaient point encore calcinés, et qui, rendus à la liberté de leurs mouvements, regagnèrent leurs domiciles en toute hâte. </div>
 
 
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Ligne 402 ⟶ 423 :
D’un mouvement simultané, les quatre accroupisse dressèrent. J’eus l’impression d’une poussée brusque, me projetant du haut en bas par la pénombre, et saoul d’orgueil, défaillant à l’avance sous le poids des gloires qui m’attendaient… j’allai taper de mon crâne au plancher de la scène ! La trappe, QUE LES MACHINISTES AVAIENT OUBLIÉ D’OUVRIR, arrêta au passage l’essor sonore de ma tête, laquelle, à l’instant même, rentra en mes épaules, telle, à la foire au pain d’épices, la tête enturbannée du Turc, sous le coup de massue de l’amateur qui a parlé de faire sortir Rigolo.
</div>
 
 
==LA CINQUANTAINE.==
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{{Personnage|l’homme|c}} soixante ans, barbe en broussaille couleur de cendre, les doigts de pieds vaguement devinés par l’à-jour de chaussures ouvertes en jeu de tonneau tend, puis éprouve d’un doigt expert, les cordes de sa guitare.
Sa femme aucun âge présumable : quarante ans ou soixante-cinq ; la poitrine comme une ardoise, emprisonnée en un désolant jersey qu’achèvent des basques en créneaux, interroge de son regard résigné le vide béant et noir des fenêtres. |c}}
 
 
{{Personnage|l’homme|c}}.
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{{Personnage|Ensemble|c}}.
Do, mi, sol do ! Do, mi, sol. do !
 
 
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Ligne 599 ⟶ 621 :
qui, commis-voyageur en vin, ne laisse perdre aucune occasion de placer sa marchandise :
C’est un petit bordeaux excellent, naturel, et qui deviendra supérieur avec quelques années de bouteille. Je vous le laisserais à deux cent quinze francs, tout rendu, et c’est bien parce que c’est vous, car à ce prix là, je ne gagne pas cent sous de commission. </div>
 
 
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Ligne 641 ⟶ 664 :
Quoi donc !… je tenais sur ma machine sans le concours de qui que ce soit ?… Depuis peut-être cinq
minutes, je devais à mes seuls talents de fouler le sol poudreux de la route ?… Ah ! ça ne traîna pas, je vous le jure ! Le sursaut des charmes rompus me frappa, à l’instant même, d’un coup de pied dans l’estomac. Je culbutai. Ma bicyclette tomba sur le flanc comme une masse, et je tombai, moi, sur la figure, empourprant du sang de mon nez les mille arêtes d’un tas de cailloux que la main de la Providence toujours généreuse en ses vues, avait mis là, fort a propos, pour me recevoir.</div>
 
 
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MARTHE.
P. S. — Est-ce que tu es aussi l’ami du ministre de la marine ? En ce cas, tu serais bien mignon de lui glisser un mot à l’oreille pour qu’il fasse revenir mon petit neveu. M. </div>
 
 
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