« L’Illustre Piégelé » : différence entre les versions
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{{Titre|L’Illustre Piégelé|[[Auteur :Georges Courteline|Georges Courteline]]}}
[[File :Courteline piegele.jpg|thumb]]
==L’OURS.==
Ligne 7 :
{{scène|PREMIÈRE}}
{{di|Les coulisses du petit théâtre de
{{PersonnageD|Lapotasse|c|costumé en Brésilien farouche.}}
Écoute-moi bien, Piégelé.
{{PersonnageD|Piégelé|c|costumé en ours et tenant sa tête sous son bras.}}
Je suis tatoué,
{{PersonnageD|lapotasse|c|solennel}}▼
▲{{PersonnageD|lapotasse|c|solennel.}}
Grâce à mon intervention, te voici enfin parvenu à la réalisation de tes vœux les plus chers : tu es artiste ! Dans un instant, tu auras paru devant ton souverain juge, le grand public parisien. Tu y auras parti, il est vrai, sous les traits modestes d'un tirs, mais… — Piégelé, tu me porte sur les nerfs, à regarder ta tête au lieu de m'écouter. ▼
▲Grâce à mon intervention, te voici enfin parvenu à la réalisation de tes vœux les plus chers : tu es artiste ! Dans un instant, tu auras paru devant ton souverain juge, le grand public parisien. Tu y auras parti, il est vrai, sous les traits modestes
{{Personnage|Piégelé|c}}
Je
{{Personnage|Lapotasse|c}}
Je
{{Personnage|Piégelé|c}}
Ligne 34 :
{{Personnage|lapotasse|c}}
De tes débuts, —
{{Personnage|Piégelé|c}}
Caramba !…
{{Personnage|Lapotasse|c}}
{{Personnage|Piégelé|c}}
{{Personnage|lapotasse|c}}
Bon ! Au même moment ou je dis : « Caramba ! ». toi tu entres, et tu imites
{{Personnage|Piégelé|c}}
Ligne 62 :
{{PersonnageD|Piégelé|c|imitant}}
« Paye tes dettes ! Paye tes dettes ! » Ah non ! je confondais avec la caille !
{{Personnage|lapotasse|c}}
Eh non ! ce
{{PersonnageD|Piégelé|c|répétant.}}
« Hoû ! Hoû ! Hoû !
{{Personnage|lapotasse|c}}
Tu y es. Moi, là-dessus,
{{PersonnageD|Piégelé|c|inquiet}}
Pour de rire ?
{{Personnage|Lapotasse|c}}
Naturellement, pour de rire. Alors tu tombes mort, et
{{Personnage|Piégelé|c}}
Parbleu ! me prends-tu pour un idiot ? — Ah ! dis donc, et si le fusil rate ?
{{Personnage|Lapotasse|c}}
Le cas est prévu :
{{Personnage|Piégelé|c}}
Ligne 102 :
{{Personnage|Piégelé|c}}
Sois tranquille. A part. Je crois que je ne serai pas mal, dans
{{scène|II}}
Ligne 108 :
{{di|La scène. Le décor représente une forêt vierge.}}
{{PersonnageD|Lapotasse|c|achevant son monologue.}}
{{Personnage|
« Hoû ! Hoû ! Hoû ! »
{{PersonnageD|lapotasse|c|jouant}}
« Que vois-je, un ours !… A moi, mon bon rifle de Tolède !
{{Personnage|
« Hoû ! Hoû ! »
{{PersonnageD|lapotasse|c|improvisant}}
« Attends, lâche animal ! Ah ! tu crois me faire peur ! Peur à moi !…
{{Personnage|
Ah diable ! Je ne sais que faire, moi. Ma foi tant pis ! {{didascalie|Haut.|c}}
{{PersonnageD|lapotasse|c|exaspéré et ne voulant pas, manquer son effet}}
« Ah !
{{Personnage|
Sacré nom de Dieu de nom de Dieu ! Enfant de salaud qui
==MONSIEUR LE DUC.==
{{didascalie|Sur la scène, derrière le rideau, un soir de première. La herse, qui brûle dans les frises, éclaire un intérieur de palais moyen âge.|c}}
.{{Personnage|Le régisseur|c}}
{{didascalie| affolé|c}}.
Oh sapristi !
{{didascalie|Descente bruyante des figurants par une échelle de meunier. Ils sont vêtus de costumes Louis XI. Derrière eux viennent, sans se hâter, des cardinaux en robe pourpre|c}}. Hé bien ! dites donc, les cardinaux, tas de chameaux, ne vous pressez pas. Faut-il que je vous fasse descendre avec une trique ? Les seigneurs et les cardinaux viennent se ranger à droite et à gauche de la scène.
Un peu moins de bruit,
. {{Personnage|Un seigneur|c}}
.{{Personnage|Le régisseur|c}}
Je vais aller lui cueillir les puces, moi, au connétable de Bourgogne. Poursuivant. Comment ! espèces de crétins, on vous annonce : « Monsieur le duc de Montmorency !
.{{Personnage|Un seigneur|c}}
Il est, allé boire un demi-setier avec
{{Personnage|le régisseur|c}}
Où ça donc ?
.{{Personnage|Le seigneur|c}}
Chez le concierge.
{{Personnage|le régisseur|c}}
Trop fort ! Il sort et reparaît une minute après, chassant devant lui à grands coups de pied dans le derrière
{{Personnage|Le régisseur|c}}
Tiens,
cochon ! Vingt sous,
Trois coups. Rideau. La claque fait une ovation au décor.
On annonce : Monsieur le duc de Montmorency.
.{{Personnage|Premier seigneur|c}}
{{Personnage|deuxième seigneur|c}}
Oh ! Oh
Bougre !
faisant claquer ses doigts. Hé bien, mon salaud !
==ROLAND.==
Ligne 184 :
===SCENE PREMIERE.===
{{didascalie|Les trois coups de
{{Personnage|piégelé|c}}
{{Personnage|
{{didascalie|passant sa tête par le manteau
comment, vous êtes-là ? Voilà une heure
{{Personnage|piégelé|c}}
L’avertisseur.
{{Personnage|piégelé|c}}
Il sort.
SCENE II.
Le décor représente les gorges de Roncevaux.
.{{Personnage|Les preux|c}}
entrant. Noël ! Noël ! Gloire à
{{Personnage|piégelé|c}}
« Ah ! ah ! Voici ma fidèle
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Ma fidèle
{{Personnage|piégelé|c}}
{{Personnage|le souffleur|c}}
rectifiant. « mes preux ! »
{{Personnage|piégelé|c}}
qui
{{Personnage|le souffleur|c}}
« O mes preux !
{{Personnage|piégelé|c}}
« Aux lépreux »,
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Je suis le fameux paladin !
{{Personnage|piégelé|c}}
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Paladin !
{{Personnage|piégelé|c}}
se reprenant. « Péladan, 3 pardon ! « Je suis le fameux Péladan ! »
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Autour de mon nom brille une légende illustre. "
{{Personnage|piégelé|c}}
" Auteur de mon nombril, légende illustrée. »
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Par cents fait. »
{{Personnage|piégelé|c}}
« Par Sanfourche. "
.{{didascalie|Tumulte dans la salle|c}}
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Hé bien, mes preux. »
{{Personnage|piégelé|c}}
«
.{{Personnage|un spectateur|c}}
Assez à la porte !
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Aussi vrai que. je suis Roland ! "
{{Personnage|piégelé|c}}
« Aussi vrai que je suis
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Aussi vrai que je suis neveu de Charlemagne. "
{{Personnage|piégelé|c}}
« Aussi vrai que je suis le vieux Charlemagne. »
{{Personnage|le souffleur|c}}
« Je suis content. »
{{Personnage|piégelé|c}}
« Je suis Gontran. "
{{Personnage|le souffleur|c}}
{{Personnage|piégelé|c}}
{{Personnage|le souffleur|c}}
« A voir tant de
« Avorton de Mayence !
.{{didascalie|Dans la salle, potin indescriptible : huées, sifflets aigus, cris
{{Personnage|piégelé|c}}
▲« Avorton de Mayence ! " heu... hèu... « Je suis Gontran, avorton de Mayence ! " heu !... heu !... « Salut aux lépreux ! »
▲.{{didascalie|Dans la salle, potin indescriptible : huées, sifflets aigus, cris d'oiseaux|c}}
▲{{Personnage|piégelé|c}}
justement indigné. Oh ! vous pouvez faire du pétard, ça ne change rien à la question ! Très affirmatif. Je suis Gontran, je suis Gontran, vous dis-je, et je suis également Laurent, et même
{{Personnage|le public|c}}
Au rideau ! Des excuses ! On insulte les spectateurs !
{{Personnage|le souffleur|c}}
{{didascalie|qui tient bon|c}} « Sus aux Sarrazins ! "
{{Personnage|piégelé|c}}
« Suce un Sarrazin ! "
{{Personnage|le public|c}}
Assez- ! Assez donc !
{{Personnage|{{Personnage|le souffleur|c}} |c}}
« Je veux voir tournoyer au-dessus de leurs têtes
{{Personnage|piégelé|c}}
« Je veux voir tournoyer au-dessus de de leurs têtes les pieds immenses du grand Empereur. "
.{{Personnage|le régisseur|c}}
paraissant en scène. Retirez-vous !
{{Personnage|piégelé|c}}
Jamais !
. {{Personnage|Le régisseur|c}}
A moi !
{{didascalie|Entrent des machinistes, des pompiers, des garçons
{{Personnage|piégelé|c}}
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==
Voici ce rêve.
Sur un théâtre que je ne reconnaissais pas, je voyais jouer une comédie dont je ne comprenais pas un mot, encore
—
Tout à coup,
uns les autres, les plus robustes foulant aux pieds les plus faibles afin de leur passer sur le corps et de gagner un peu plus vite la sortie.
Mais ma surprise fut extrême de voir,
— Ne vous en allez pas ! Ne vous en allez pas ! Nous
La conscience de leur valeur les aveuglaient à un tel point
— Restez !
Et les spectateurs, comme frappés de paralysie, eurent les pieds rivés au sol, pareils, dès lors, à de rugissantes statues, lés regards fixés malgré eux sur les acteurs qui
Car en vérité ils jouaient bien. Deux, surtout, : un grime à perruque, duquel les bouffonnes contorsions étaient à faire pâmer de rire, et un exquis jeune premier, dont la bouche fleurie de phrases amoureuses évoquait
— Ne criez donc pas comme ça. Vous
Cependant
—
La salle maintenant
empli de cris épouvantables. Mais, comme,
de fumée opaque,
entêtés à se faire admirer et annonçant : « Nous
au silence ces exécrables personnes. Ceci au grand soulagement des spectateurs qui
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==LE CHEVALIER HANNETON.==
===I.===
Féru
Legôurdo, que nous vîmes depuis aux Menus-Plaisirs, menait en ce temps les Douces-Folies, je dirai même
Touché de cette marque de sympathie,
— Vous pouvez, me dit-il alors, vous vanter
Je
— Comment, ce soir !
— Sans doute.
— Diable ! fis-je à mi-voix en effritant du bout de mon ongle le cratère de la petite verrue qui fleurit à
A. ces mots
— Rassurez-vous, dit Legourdo, les doigts agités dans le vide en un geste pacificateur
Puis voyant mon front
— Je
— Oui ?
— Oui.., et — qualité appréciable — de nature à avantager la plastique des personnes bien faites.
— Ah ! ah !
— Voilà qui vous décide ?
— Un mot encore, répondis-je. Comment est-ce que je serai habillé ?
— En or et noir.
au-dessus
Eh bien !
===II.===
Et à
Comme il restait sans paroles, avec
— Ma loge ?
Ah ! il comprit du coup !
dépit des règlements formels, disant que « je lui foutais des vents " avec mes petits favoris, et que si je ne me dépêchais
Un quart
Mon costume me rendait pareil à un jeune dieu ; je le dis sans fausse modestie. Matelassé ça et là de petits sachets ouateux, propres à souligner la grâce, charmante sans doute mais un peu frêle peut-être, de mes cuisses et de mes mollets, il se composait
===III.===
Par les dessous du théâtre où me déversèrent des successions
— Attention !
Il disait, et au même instant une rondelle du plafond glissée sur ses rainures démasquait une gueule de citerne où
— Appuyez ! commandait la voix.
Et le mot
Pour moi,
— Attention !
Je tendis
— Amenez le chevalier Hanneton. Le chevalier Hanneton !
Je devins pâle,
Mon sang afflua à mon cœur où il sonna à coups de bélier.
Ah !
A travers le trouble indicible où tout mon être se liquéfiait, une vision
Je
— Vous y êtes ?
— Oui, répondis-je, après
— Bon !
Comme il achevait :
— Appuyez ! meugla lugubrement le porte-voix acoustique.
</div>
==LA CINQUANTAINE.==
Un couple de miséreux
{{Personnage|
Sa femme aucun âge présumable : quarante ans ou soixante-cinq ; la poitrine comme une ardoise, emprisonnée en un désolant jersey
{{Personnage|
Ayez pitié, Messieurs et Dames, de
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}}. Comment,
{{Personnage|
{{didascalie|même jeu|c}}. la gueule. Je sais ce que je dis.
{{Personnage|la femme|c}} ▼
{{didascalie|même jeu|c}}. T'es saoul. ▼
{{Personnage|l'homme|c}}. ▼
{{didascalie|même jeu|c}}.Ta gueule, que je te dis !... C'est bon !... Haut... sans compter not'propriétaire qui menace de nous mettre à la porte. Vous voyez, Mesdames et Messieurs Il attache sur la femme le regard chargé de haine d'un homme injustement outragé et que les circonstances mettent dans l'impossibilité de venger son honneur flétri comme la situation est digne d'intérêt... C'est à en pleurer ! ▼
{{Personnage|la femme|c}}
A chaudes larmes ! ▼
{{Personnage|
▲{{didascalie|même jeu|c}}.Ta gueule, que je te dis !
C'est pourquoi nous allons chanter... ▼
{{Personnage|la femme|c}}
{{Personnage|
… Romance…
{{Personnage|la femme|c}}
{{Personnage|
.., Paroles de Victor
la femme
{{didascalie|Ils accordent leurs instruments. |c}}
{{Personnage|
{{didascalie|les doigts à la guitare|c}} Sol ! Sol ! Sol ! à part, haussant les épaules !
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|les doigts à la mandoline|c}} Do ! Do ! Do !
Tous deux.
ensemble Mi, sol, do ! Mi, sol, do ! Do ! Do !
{{Personnage|
Premier couplet !
{{Personnage|la femme|c}}
Voici venue enfin cette semaine,. Fête du cœur comme du souvenir, Qui voit ici fleurir la cinquantaine
{{Personnage|
Hélas ! le temps fuit avec les années !
Mais si
Baisons pourtant nos lèvres embaumées !
Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans.
{{Personnage|ensemble|c}}
Viens ma chérie,
Ritournelle sur la guitare et la mandoline, au cours de laquelle les deux mendiants, impassibles, échangent sans se regarder, le colloque suivant.
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Vrai alors,
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Bien sûr,
{{Personnage|
{{Personnage|la femme|c}}
{{Personnage|
Espère un peu
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}}
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}}
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}}
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}}
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Cause toujours, tu
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Volaille !
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Turbot
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Panier !
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Ragoût !
{{Personnage|
{{Personnage|la femme|c}}
Sol ! Sol ! Sol !
{{Personnage|
Mi, sol, do, mi !
{{Personnage|la femme|c}}
Mi, mi, mi ! Bas. Gueule
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Figure de porc frais ! {{didascalie|haut|c}}. Deuxième couplet !
{{Personnage|la femme|c}}
En vain les ans fuyant à tire
{{Personnage|
Viens donc encore, étrange magicienne, Griser mon œil de tes charmes troublants.
En rougissant, mets ta main dans la
{{Personnage|ensemble|c}}
Viens, ma sirène, Comme autrefois, Courir, ma reine, Au fond des bois. Viens de ma vie, Astre pâmé ! Tout nous convie A nous aimer.
Ritournelle sur la guitare et reprise du jeu de scène déjà vu.
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Et le plus chouette,
{{Personnage|la femme|c}}
▲{{didascalie|bas|c}} Moi ? Eh bien t'en as une santé !
▲{{Personnage|l'homme|c}}.
▲ {{didascalie|bas|c}}Tu parles, si faut que j'en aye une, pour rester de là, collé depuis plus de vingt berges avec une vieille peau pareille.
▲{{Personnage|la femme|c}}
▲ {{didascalie|bas|c}}Ma peau vaut bien la tienne, casserole !
▲{{didascalie|bas|c}} Comment que t'as dit ?
▲{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Casserole.
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Répète-le un petit peu. Je te refile un marron par le blair, tu verras si
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Casserole ! Casserole !
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Tu crânes à cause
{{Personnage|la femme|c}}
{{didascalie|bas|c}} Ferme ta malle ! On voit Gouffé.
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Zut !
{{Personnage|la femme|c}}
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Tête à poux ! La femme tente de placer un mot ; mais lui, a déjà pris les devants ; il en a placé un, de mot ! un seul dont la concision éloquente a coupé court à toute espèce de discussion. Sur quoi :
▲{{didascalie|bas|c}} Poison !
{{Personnage|
les doigts remués sur la guitare dont le bois creux résonne en plaintes sentimentales : Sol, mi, do !
▲{{didascalie|bas|c}} Plein de puces !
▲{{Personnage|l'homme|c}}.
▲{{didascalie|bas|c}} Tête à poux ! La femme tente de placer un mot ; mais lui, a déjà pris les devants ; il en a placé un, de mot ! un seul dont la concision éloquente a coupé court à toute espèce de discussion. Sur quoi :
▲{{Personnage|l'homme|c}}.
▲les doigts remués sur la guitare dont le bois creux résonne en plaintes sentimentales : Sol, mi, do !... Do ! Do !
{{Personnage|la femme|c}}
Do, mi, sol !.Sol ! Sol !
{{Personnage|
Jeanne, ne tremble pas. La mort
{{Personnage|la femme|c}}
Dans le cercueil, où nos cendres glacées Sommeilleront en
{{Personnage|
Pour nous chérir au bout de mille années,
Nos cœurs, ma Jeanne, auront encor vingt ans.
{{Personnage|ensemble|c}}
Ligne 524 :
La voix émue
De ton amant.
Prêt à sonner
Veut que
Viens nous aimer.
{{Personnage|
Crève donc tout de suite, eh ! citrouille
{{Personnage|la femme|c}}
Sac à vin !
{{Personnage|
{{didascalie|bas|c}} Planche à repasser ! Non, mais regardez-moi un peu ça. Mince
{{Personnage|La femme|c}}
{{Personnage|Ensemble|c}}.
Do, mi, sol do ! Do, mi, sol. do !
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==LE PRINCIPAL TEMOIN.==
Tragédie en vers mêlée de prose.
Une clairière dans la forêt de Saint-Germain. Comme horizon : une ceinture
Comme plafond : un lourd ciel pommelé où rampent des chaos de montagnes aux crêtes argentées de blanc pur.
A une centaine de pas
A égaie distance de chacun
qui cause tout seul, en attendant le moment de passer à de plus périlleux exercices. Le ciel
Un temps.
Pourquoi Diable, ai-je été cocufier cet iroquois ?
Échanger six balles !
le combattant grenouillot.
Un temps. Continuation du jeu de scène du principal témoin.
Soudain :
le combattant grenouillot.
en proie au déchaînement des tardifs repentirs : Non, mais quel besoin avais-je De goûter ce bonbon au goudron de Norvège ? Ce noir pruneau ? ce sec hareng-saur dont la peau Flasque, se ride et tremble au vent, comme un drapeau Quoi !
Et des lapins tirés sur les chasses gardées !
Il hausse
Cependant, à vingt pas de là, le principal témoin bourre toujours son même pistolet, en sorte que
Le combattant grenouillot.
les dents serrées sur des fureurs qui se contiennent :
Paquet !
Nouveau temps. Le principal témoin continue à bourrer son arme.
Le combattant grenouillot.
qui reprend le fil de son discours.
Et ça finit toujours, bien entendu, Par le retour fâcheux autant
Il soupire. Ah !
Brusquement. Si je pouvais donner de mon pied dans le cul Au principal témoin,
Il en a plein le dos, ce garçon ; et, à vrai dire, il y a de quoi. Soudain, la patience lui échappe
Le principal témoin.
qui, commis-voyageur en vin, ne laisse perdre aucune occasion de placer sa marchandise :
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==LA PREMIERE LEÇON.==
— Tenez le guidon sans raideur ; veillez bien à ce que vos pieds ne quittent jamais la pédale, et allez carrément de
Ainsi me parlait dans le dos
— Je vous tiens, répétait-il ; allez !
—
flairant la minute — prochaine — qui allait me voir couché, les quatre fers en
Et le fait est
La
Rouge
La machine fit trois tours de roues.
Derrière moi :
—Très bien ! Vous y êtes ! fit
Puis, comme il répétait encore une fois : « Je vous tiens ! " ajoutant
— Oui, déclarai-je avec humilité bien feinte du monsieur qui a craint de mourir et qui sent se développer en soi
Et, en somme, mon Dieu, ça allait. Ça allait mal, mais ça allait. Ma roue de devant se conduisait bien un peu à la manière
De temps en temps, avide
— Ça va, hein ? demandais-je à Bernard toujours arc-bouté sur ma selle.
Lui, immédiatement :
—Très bien ! Vous avez des dispositions.
— Sans blague ?
— Ma parole
— Tristan Bernard, vous vous moquez !
Alors, comme Alceste à Philanthe :
— Je ne moque point ! assurait-il. Que ma figure se couvre de pustules, si vous
Ces paroles me donnaient de
Cependant, il arrivait cette chose extraordinaire que plus je gagnais en vitesse, plus la voix de Tristan Bernard perdait en sonorité !
Quelques minutes
— Vous avez chaud, mon vieux ? demandai-je à Tristan Bernard,
— Plus un mot ! pensai-je, pouffant de rire ; il ne peut plus placer un mot !
Puis, haut :
— Ne vous gênez pas pour moi. Voulez-vous vous reposer un peu ?
Silence.
Ça devenait surprenant.
— Vous
Du coup,
Quoi donc !
minutes, je devais à mes seuls talents de fouler le sol poudreux de la route ?
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==UN MOIS DE PRISON.==
Ligne 625 :
Marthe Passoire à O. Courbouillou, député de Sarthe-et-Loiret.
Paris, 10 mars.
Monsieur le Député,
Pardonnez à une pauvre désespérée la liberté
Veuille le ciel
Monsieur le Député, je vais tout vous dire.
Vous allez dire : « Mais
Je le sais, Monsieur le Député, et si je pouvais racheter mes torts
Pourtant, vous ne sauriez me condamner sans
Il faut être juste,
Oui,
Monsieur le Député, je
Dans la conviction où je suis que vous entendrez ma prière, que je
Votre très humble, très obéissante et bien affligée servante,
MARTHE PASSOIRE.
P. S. — Le petit collégien a été embarqué à bord de la Belle-Junon.
Ligne 643 :
O. Courbouillon à Marthe Passoire
11 mars.
Madame, en réponse à votre lettre, je
dix heures et demie à midi, et que je serai heureux de causer un instant avec vous.
Recevez, Madame, mes salutations.
Ligne 650 :
===III.===
Marthe Passoire à O. Courbouillon
17 mars Monsieur et très cher ami,
Depuis que vous avez bien voulu
Mes lettres sont demeurées sans réponse.
Ne sachant que penser ; cherchant, sans la trouver,
Alors, quoi ?
Pourquoi ce silence ? Aurais-je fait sur vous une mauvaise impression ? Votre accueil si bienveillant, vos compliments si flatteurs, les paroles de consolation et
Par pitié, Monsieur et très cher ami, mettez un terme à mon supplice, en me faisant savoir si, comme vous deviez le faire, vous avez parlé pour mei à M. le garde des sceaux, et si, dans tous les cas, je puis toujours compter sur votre précieuse protection. Moi,
Votre dévouée et bien à plaindre,
MARTHE PASSOIRE
Ligne 664 :
===IV.===
O. Courbouillon à MarthePassoire
17 mars. Chère Madame, Vous êtes une enfant, de vous désoler ainsi. Un mois de prison,
Votre tout dévoué,
O. COURBOUILLON.
Ligne 671 :
O. Courbouillon à Marthe Passoire
10 mars.
Je quitte le ministre.
Je
Ma bouche sur le bec à Coco.
O.
Ligne 679 :
Marthe Passoire à O. Courbouillon
20 mars.
O mon Coco !
polisson !
MARTHE.
P. S. — Est-ce que tu es aussi
{{TextQuality|75%}}<div class="text" >
==LE TORTILLARD.==
Équilibre sur ses béquilles, sa jambe coupée, que prolonge la culotte posée au coussinet de la jambe de bois en angle de 45 degrés, le tortillard se rend à ses occupations par la rue de La Rochefoucauld.
Quatre francs par jour, environ.
Vous me direz :
— Ce
Ce
Car ce pauvre homme a un ennemi : un chien de boucher de la rue Pigalle, qui, ne pouvant le voir en peinture à cause de son infirmité, le lui fait cruellement sentir.
Tous les matins
et en signalent
— Tortillard ! Sale tortillard !
Cependant, les lèvres pincées :
— Ah ! pense en soi le pauvre tortillard. Comme tu aurais un coup de ma béquille par le nez, si je
Oui, mais voilà ; il se les flanquerait en
Or le tortillard, ce jour-là, a eu une idée lumineuse : partir plutôt
La bonne farce ! Il
Par la pensée il remercie le ciel qui
Sur le seuil de sa pâtisserie
[[Catégorie:Théâtre de Courteline]]
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