« Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, I.djvu/614 » : différence entre les versions

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Phurnutus dit qu’il est bien difficile de trouver l’étymologie du mot ''Athène'', que porte Minerve, & qu’elle donna à ''Athènes''. Platon en dit autant dans son Cratyle, ''p. 407'', de l’édition d’Etienne. Il ne laisse pas que de chercher cette étymologie ; & il lui semble que les Anciens avoient eu de Minerve la même idée qu’en avoient les interprètes d’Homère, qui disoient que ce Poëte l’avoit prise pour l’esprit & la pensée ; qu’ainsi il croit que celui qui avoit le premier donné le nom {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', à cette Déesse, avoit voulu exprimer la même chose ; mais d’une manière plus noble encore, en disant qu’elle étoit la pensée de Dieu, la pensée divine ; ensorte qu’{{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', n’est autre chose que {{lang|grc|ἡ θεοῦ νόησις}}, d’où en changeant l’{{lang|grc|ή}} en {{lang|grc|α}}, selon un dialecte étranger, c’est-à-dire, le dorique ou l’éolique & retranchant la terminaison de {{lang|grc|νόησις}}, s’est fait {{lang|grc|Θεονόη}}, puis {{lang|grc|Ἀθήνη}}. il ajoute qu’on pourroit dire encore qu’on a voulu la nommer {{lang|grc|Ἠθονόη}}, composé de {{lang|grc|νόησις ἐν τῷ ἤθει}}, ''la prudence dans les mœurs'', ce qui convient parfaitement bien à cette Déesse, & que d’{{lang|grc|Ἠθονόη}}, en adoucissant la prononciation, on a fait {{lang|grc|Ἀθήνη}}. Ainsi l’explique ce Philosophe à l’endroit que j’ai indiqué. D’autres disent que ''Athena'' s’est dit pour ''Athrena'', {{lang|grc|ἀπὸ τοῦ ἀθρεῖν}}, c’est-à-dire, du verbe {{lang|grc|ἀθρεῖν}}, qui signifie ''voir'', & qu’elle a été ainsi nommée, parce que Minerve est la prudence. D’autres dérivent ce nom de l’{{lang|grc|α}} privatif, & du verbe {{lang|grc|θηλάζειν}}, ''allaiter'', & veulent que {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ait été dit pour {{lang|grc|{{corr|Ἀθήνη|Ἀθήλη}}}}, c’est-à-dire, qui n’a point été allaitée, qui n’a point tété, qui n’a point été en nourrice, parce qu’en effet Pallas n’ayant point été enfant, mais étant sortie du cerveau de Jupiter en âge parfait, elle ne fut point allaitée. Vossius, ''{{lang|la|Lib. II, de Idol. c. 42}}'', dit qu’il ne doute nullement que ce nom ne vienne de l’Orient, ou pour le moins de l’Egypte : il croit qu’on le peut tirer du mot hébreu {{lang|he|איתן}} ''Ethan'', qui signifie ''fort, robuste'', & selon lui encore, ''perennis'', perpétuel, éternel. Il aime mieux néanmoins le faire venir du Chaldéen {{lang|he|{{corr|תגח|תנה}}}}, ''tena'', si usité parmi les Thalmudistes, & qui est la même chose que l’Hébreu {{lang|he|שגה}}, qu’il interprète, ''penser, méditer, étudier, enseigner'', d’où vient ''Tanaïm'', qui signifie ''Docteurs''. Ainsi Minerve, au sentiment de cet Auteur, a été appelée {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', parce qu’elle préside à la doctrine, aux études & aux sciences. L’{{lang|grc|α}} du commencement est l’article, dont on a seulement changé l’aspiration, comme il est arrivé en beaucoup d’autres noms. Quoiqu’il en soit, la ville d’Athènes prit ce nom, lorsqu’Amphictyon, son troisième Roi, l’eut consacrée à Minerve.
Phurnutus dit qu’il est bien difficile de trouver l’étymologie du mot ''Athène'', que porte Minerve, & qu’elle donna à ''Athènes''. Platon en dit autant dans son Cratyle, ''p. 407'', de l’édition d’Etienne. Il ne laisse pas que de chercher cette étymologie ; & il lui semble que les Anciens avoient eu de Minerve la même idée qu’en avoient les interprètes d’Homère, qui disoient que ce Poëte l’avoit prise pour l’esprit & la pensée ; qu’ainsi il croit que celui qui avoit le premier donné le nom {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', à cette Déesse, avoit voulu exprimer la même chose ; mais d’une manière plus noble encore, en disant qu’elle étoit la pensée de Dieu, la pensée divine ; ensorte qu’{{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', n’est autre chose que {{lang|grc|ἡ θεοῦ νόησις}}, d’où en changeant l’{{lang|grc|ή}} en {{lang|grc|α}}, selon un dialecte étranger, c’est-à-dire, le dorique ou l’éolique & retranchant la terminaison de {{lang|grc|νόησις}}, s’est fait {{lang|grc|Θεονόη}}, puis {{lang|grc|Ἀθήνη}}. il ajoute qu’on pourroit dire encore qu’on a voulu la nommer {{lang|grc|Ἠθονόη}}, composé de {{lang|grc|νόησις ἐν τῷ ἤθει}}, ''la prudence dans les mœurs'', ce qui convient parfaitement bien à cette Déesse, & que d’{{lang|grc|Ἠθονόη}}, en adoucissant la prononciation, on a fait {{lang|grc|Ἀθήνη}}. Ainsi l’explique ce Philosophe à l’endroit que j’ai indiqué. D’autres disent que ''Athena'' s’est dit pour ''Athrena'', {{lang|grc|ἀπὸ τοῦ ἀθρεῖν}}, c’est-à-dire, du verbe {{lang|grc|ἀθρεῖν}}, qui signifie ''voir'', & qu’elle a été ainsi nommée, parce que Minerve est la prudence. D’autres dérivent ce nom de l’{{lang|grc|α}} privatif, & du verbe {{lang|grc|θηλάζειν}}, ''allaiter'', & veulent que {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ait été dit pour {{lang|grc|{{corr|Ἀθήνη|Ἀθήλη}}}}, c’est-à-dire, qui n’a point été allaitée, qui n’a point tété, qui n’a point été en nourrice, parce qu’en effet Pallas n’ayant point été enfant, mais étant sortie du cerveau de Jupiter en âge parfait, elle ne fut point allaitée. Vossius, ''{{lang|la|Lib. II, de Idol. c. 42}}'', dit qu’il ne doute nullement que ce nom ne vienne de l’Orient, ou pour le moins de l’Egypte : il croit qu’on le peut tirer du mot hébreu {{lang|he|איתן}} ''Ethan'', qui signifie ''fort, robuste'', & selon lui encore, ''perennis'', perpétuel, éternel. Il aime mieux néanmoins le faire venir du Chaldéen {{lang|he|{{corr|תגח|תנה}}}}, ''tena'', si usité parmi les Thalmudistes, & qui est la même chose que l’Hébreu {{lang|he|שגה}}, qu’il interprète, ''penser, méditer, étudier, enseigner'', d’où vient ''Tanaïm'', qui signifie ''Docteurs''. Ainsi Minerve, au sentiment de cet Auteur, a été appelée {{lang|grc|Ἀθήνη}}, ''Athène'', parce qu’elle préside à la doctrine, aux études & aux sciences. L’{{lang|grc|α}} du commencement est l’article, dont on a seulement changé l’aspiration, comme il est arrivé en beaucoup d’autres noms. Quoiqu’il en soit, la ville d’Athènes prit ce nom, lorsqu’Amphictyon, son troisième Roi, l’eut consacrée à Minerve.


Platon, dans son ''Critias'', décrit ce qu’étoit ''Athènes'' dans ces commencemens. ''Athènes'' dans sa naissance eut des Rois ; mais ils n’en avoient que le nom : toute leur puissance, presque restreinte au commandement des armées, s’évanouissoit dans la paix. {{sc|Tourreil}}. Codrus, contemporain de Saül, fut le dernier. Ses enfans, Médon & Nilée, disputerent le Royaume entre eux. Les Athéniens en prirent occasion d’abolir la royauté, & déclarèrent Jupiter seul Roi d’''Athènes''. A la place des Rois, ils créèrent sous le nom d’''Archontes'' des Gouverneurs perpétuels ; ils en réduisirent ensuite l’administration à dix ans, & puis à un an. Une puissance aussi limitée que celle-là, contenoit mal des esprits si pointilleux & si remuans. ''Athènes'' demeura ainsi longtemps hors d’état de s’accroître, trop heureuse de se conserver au milieu des longues & fréquentes dissenssions qui la déchiroient. Elle apprit enfin que la véritable liberté consiste à dépendre delà justice & de la raison. {{sc|Id}}.
Platon, dans son ''Critias'', décrit ce qu’étoit ''Athènes'' dans ces commencemens. ''Athènes'' dans sa naissance eut des Rois ; mais ils n’en avoient que le nom : toute leur puissance, presque restreinte au commandement des armées, s’évanouissoit dans la paix. {{sc|Tourreil}}. Codrus, contemporain de Saül, fut le dernier. Ses enfans, Médon & Nilée, disputerent le Royaume entre eux. Les Athéniens en prirent occasion d’abolir la royauté, & déclarèrent Jupiter seul Roi d’''Athènes''. A la place des Rois, ils créèrent sous le nom d’''Archontes'' des Gouverneurs perpétuels ; ils en réduisirent ensuite l’administration à dix ans, & puis à un an. Une puissance aussi limitée que celle-là, contenoit mal des esprits si pointilleux & si remuans. ''Athènes'' demeura ainsi longtemps hors d’état de s’accroître, trop heureuse de se conserver au milieu des longues & fréquentes dissenssions qui la déchiroient. Elle apprit enfin que la véritable liberté consiste à dépendre de la justice & de la raison. {{sc|Id}}.


Dracon, & ensuite Solon, donnèrent des lois à ''Athènes'' : Pisistrate son parent se fit ensuite reconnoître Roi. Il transmit la royauté à ses enfans, qui en jouirent assez long-temps, & jusqu’à Hippias, contre lequel ils gagnèrent la fameuse bataille de Marathon. L’Empire d’''Athènes'', qui commença peu de temps après cette victoire, dura 73 ans. Les femmes jusqu’au temps de Cécrops avoient eu droit de suffrage : elles le perdirent, pour avoir favorisé Minerve dans le jugement de son procés contre Neptune, à qui nommeroit la ville d’Athènes. Les dix Tribus d’''Athènes'' élisoient par an chacune au sort 50 Sénateurs, qui composoient le Sénat des cinq cens. Chaque Tribu tour à tour avoit la préséance. {{sc|Id}}. Cécrops, premier Roi d’''Athènes'', étoit venu d’Egypte. ''Athènes'' a un Archevêque, qui a six suffragans.
Dracon, & ensuite Solon, donnèrent des lois à ''Athènes'' : Pisistrate son parent se fit ensuite reconnoître Roi. Il transmit la royauté à ses enfans, qui en jouirent assez long-temps, & jusqu’à Hippias, contre lequel ils gagnèrent la fameuse bataille de Marathon. L’Empire d’''Athènes'', qui commença peu de temps après cette victoire, dura 73 ans. Les femmes jusqu’au temps de Cécrops avoient eu droit de suffrage : elles le perdirent, pour avoir favorisé Minerve dans le jugement de son procés contre Neptune, à qui nommeroit la ville d’Athènes. Les dix Tribus d’''Athènes'' élisoient par an chacune au sort 50 Sénateurs, qui composoient le Sénat des cinq cens. Chaque Tribu tour à tour avoit la préséance. {{sc|Id}}. Cécrops, premier Roi d’''Athènes'', étoit venu d’Egypte. ''Athènes'' a un Archevêque, qui a six suffragans.