« Notice sur les titres et les travaux scientifiques de Louis Lapicque » : différence entre les versions

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* Imprimerie de la Cour d'Appel, Paris.
 
 
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* '''Grades, titres et fonctions universitaires'''
 
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* '''Récompenses, distinctions et sociétés savantes'''
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* 1885: Membre depuis la fondation (secrétaire-adjoint la première année) de la Société mycologique de France.
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* '''Publications scientifiques par ordre de date'''
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* 1886.
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** 12. Action de la caféine sur les fonctions motrices et respiratoires à l'état normal et à l'état d'inanition, avec Germain Sée et Parisot, Académie de Médecine, 11 mars.
** 13. Sur l'action de la caféine comparée à celle de la Kola, Société de Biologie, 10 mai.
**
** 14. Rôle de la ration azotée dans l'alimentation, Revue critique, Médecine Moderne, 1er mai.
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** 14. Rôle de la ration azotée dans l'alimentation, Revue critique, Médecine Moderne, 1er mai.
** 15. Sur le dosage colorimétrique du fer, Société de Biologie, 29 novembre.
 
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L'auteur a été en voyage (Mission scientifique) d'août 1892 à janvier 1894. La note 25 a été publiée par M. Gley sur un travail fait en commun avant le départ. Le mémoire 28 a été écrit à Massouali, et envoyé de là à la Société de Biologie.
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* 1895.
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** 54. Variations pathologiques de la teneur en fer du foie et de la rate chez l'homme, avec A. Guillemonat, Société de Biologie, 20 juin.
** 55. Fréquence relative de la rubigine en pathologie humaine, avec A. Guillemonat, Société de Biologie, 20 juin.
** 56.
** 56. Variations quantitatives du fer organique sous l'influence des toxines microbiennes, avec Charrin et Guillemonat, Société de Biologie, 27 juin.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/10]]==
** 56. Variations quantitatives du fer organique sous l'influence des toxines microbiennes, avec Charrin et Guillemonat, Société de Biologie, 27 juin.
** 57. Le fer dans le foie et dans la rate : comparaison de l'homme avec diverses espèces animales, avec Guillemonat, Société de Biologie, 11 juillet.
** 58. La race Négrito et sa distribution géographique, 5 pl. hors texte, Annales de Géographie, 15 juillet.
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** 73. Méthode colorimétrique pour apprécier la résistance globulaire, avec Vast, Société de Biologie, 13 mai.
** 74. Action de la toluglènediamine sur les globules rouges, avec Vast, Académie des Sciences, 15 mai.
**
** 75. Du rôle des mouvements dans la perception visuelle monoculaire, leçon du cours d'anthropologie biologique, Revue mensuelle de l'Ecole d'anthropologie, juin 1899.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/11]]==
** 75. Du rôle des mouvements dans la perception visuelle monoculaire, leçon du cours d'anthropologie biologique, Revue mensuelle de l'Ecole d'anthropologie, juin 1899.
 
En juin 1899, l'auteur a été atteint d'une fièvre typhoïde qui l'a tenu couché cinquante jours, et qui a causé dans son travail une lacune d'une année.
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** 85. Sur le rôle de la rate dans la fonction hématolytique, Société de Biologie, 19 juillet et Académie des Sciences, 21 juillet.
** 86. Rapport sur le concours pour le prix Godard et notamment sur les travaux de M. Abderhalden, Société de Biologie, 13 décembre.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/12]]==
 
* 1903.
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** 112. Le sud de l'Inde, le pays et les habitants, la religion, série de 25 vues à pro-jections et notice de conférence, Musée pédagogique, Ministère de l'Instruction publique.
** 113. L'exploitation des forêts dans le sud de l'Inde, La Science au xx° siècle, 15 mai.
**
** 114. Note sommaire sur une mission ethnologique dans l'Indoustan, la race noire prédravidienne, Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, juin.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/13]]==
** 114. Note sommaire sur une mission ethnologique dans l'Indoustan, la race noire prédravidienne, Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, juin.
** 115. Recherches sur l'ethnogénie des Dravidiens : les Khader des monts d'Anémald et les tribus voisines, Société de Biologie, 3 juin, Académie des Sciences, 5 juin.
** 116. Recherches sur l'ethnogénie des Dravidiens : relations anthropologiques des tribus de la montagne avec les castes de la plaine, Société de Biologie, 17 juin, Académie des Sciences, 19 juin.
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** 132. Exercices d'observation (leçons de choses): introduction à l'étude des sciences physiques et naturelles, 1 volume, 224 pages, Cornély et Cie, Paris, 1906.
** 133. Sur les fonctions rythmiques des animaux littoraux soumis à l'alternance des marées, observation sur la note de M. Bohn, Société de Biologie, 29 décembre.
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* 1907.
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* 1908.
** 154. Orthorhéonome à volant, excitabilité de nerfs différents pour des ondes lentes ou rapides, Société de Biologie, 11 janvier.
**
** 155. Excitation par double condensateur, Société de Biologie, 29 février.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/15]]==
** 155. Excitation par double condensateur, Société de Biologie, 29 février.
** 156. Observation sur l'ouvrage de Liebreich: L'asymétrie du visage et son origine, Société d'Anthropologie, 2 avril.
** 157. Excitation par double condensateur, influence de la température et de la vitesse propre du nerf, avec Mme Lapicque, Société de Biologie, 4 avril.
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1. Anthropologie
* Anatomie et zoologie
*
* Sur les races noires.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/16]]==
* Sur les races noires.
* Observations personnelles en Abyssinie, Béloutchistan, Indes orientales, îles Andaman, Mergui, Péninsule de Malacca, Florès et Timor.
* Découverte des petits nègres de la Péninsule de Malacca.
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3. Physiologie
* Fonctions de nutrition
*
* Sur les mutations du fer chez les Vertébrés.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/17]]==
* Sur les mutations du fer chez les Vertébrés.
* Procédé de dosage du fer adapté aux recherches biologiques.
* Faibles mutations de fer entre l'organisme et le milieu.
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* '''Avant-propos'''
 
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/18]]==
 
"La physiologie ne peut être raisonnablement opposée à la morphologie... Que pour faciliter l'enseignement on distingue la science des formes et qu'on mette en regard la science des fonctions, cela peut être de quelque utilité. Mais à la condition de ne pas masquer les rapports intimes qui unissent ces deux ordres de connaissances." (Alfred Giard)
 
 
Des travaux scientifiques n'ont besoin, semble-t-il, que d'être exposés en eux-mêmes, et par rapport à l'état de la science. Pourtant, après avoir essayé de classer les miens dans le tableau qui précède, je demande la permission de dire quelques mots personnels; en somme, c'est ma vie scientifique qu'il s'agit de soumettre au jugement du lecteur. Pour ordonner mes recherches suivant les cadres traditionnels, je suis obligé de les répartir dans plusieurs des spécialisations biologiques. Dois-je craindre qu'on m'en fasse grief? Si l'on veut bien noter que je ne prétends nullement tout connaître de l'Histoire naturelle, je dirai que toute l'Histoire naturelle m'intéresse. Quand j'étais jeune garçon, mon père, vétérinaire dans une petite ville, m'emmenait aux champs dans tous les moments de loisir que me laissait le collège; avec lui, j'ai dessiné des champignons, séché des plantes en herbier, piqué des papillons et empaillé des oiseaux. Plein d'admiration pour l'infinie splendeur de la vie, au moment où je dus choisir une carrière, je voulus formellement devenir un naturaliste. Mais
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quelle forme pratique peut revêtir un tel désir pour un enfant dans un coin de province? D'après les exemples que j'avais sous les yeux, je ne vis qu'un moyen de satisfaire mes goûts: me faire médecin. Venu à Paris pour suivre l'enseignement médical, je n'ai pas tardé à chercher quelque chose en dehors; j'ai été rôder au Muséum, puis à la Faculté des Sciences, et là, je suis devenu l'élève de Lacaze-Duthiers. Ce maître éminent me fit l'honneur de me remarquer; et quand j'eus passé ma licence, il m'offrit de rester dans son laboratoire, me promettant une carrière dans la zoologie telle qu'il la comprenait. Il n'aimait pas la technique physiologique, même la plus simple, et traitait irrévérencieusement de tournebroche le cylindre enregistreur. J'étais au contraire très attiré par ce que j'avais entrevu de cette technique. Je quittai Lacaze-Duthiers pour entrer dans un laboratoire de Physiologie. Mon choix, tout instinctif qu'il fût, ne m'égarait pas, il me semble. "L'avenir en Biologie est aux sciences expérimentales... à celles où l'on soumet des substances ou des êtres vivants aux agents physiques et chimiques." (1) Ainsi s'exprimait récemment un homme qui est au premier plan de la zoologie contemporaine, et ce n'est pas dans sa bouche une formule vaine. Pour quelques-uns, de telles études ne sont plus de la zoologie; je ne chercherai pas une querelle de mot à ceux qui veulent garder aux étiquettes primitives le sens étroit des sciences à leurs débuts. Mais faisant de la zoologie sous sa forme nouvelle, étais-je obligé de renoncer à l'ancienne? Il est bien vrai qu'on peut faire de la physiologie animale sans connaître les animaux, étudier la vie en faisant abstraction des innombrables formes vivantes. C'est même la physiologie la plus élevée, puisque la plus générale; et toute étude physiologique un peu poussée va dans ce sens, vers "la chimie et la physique de la vie", comme disait récemment M. Dastre, en faisant remarquer lui-même que l'expression est "un peu étroite" pour une définition de la physiologie. J'ai pour ma part travaillé à réduire ainsi l'organique à l'inorganique, et, de ce travail, j'ai tiré de profondes jouissances. Mais à côté, j'ai gardé le goût, le besoin même, des formes
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concrètes, des structures visibles; je m'intéresse aux espèces, ces réalisations contingentes des lois immuables, et j'ai la curiosité des contingences passées dont elles dérivent. Aussi, quand l'occasion s'est offerte (2) de faire autour de l'Océan indien un voyage de quinze mois, pour l'étude d'une question de morphologie humaine et de classification ethnique, j'ai accepté volontiers, interrompant une recherche sur le fer où j'avais entrepris d'accumuler des centaines et des centaines de dosages. Ces temps derniers, mes recherches sur l'excitation électrique sont arrivées à prendre une forme presque purement physique, avec des expériences brèves, où l'objet de l'étude n'apparaît que par une coïncidence numérique obtenue après de laborieux calculs; je me reposais de cette abstraction en disséquant des encéphales, en revenant à une observation directe, où le chiffre exprime seulement avec plus de précision ce que l'œil a perçu tout d'abord. Ce n'est pas à dire que mes efforts se sont dispersés; dans le vaste champ de l'histoire naturelle, si je ne me suis pas interdit de glaner çà et là au passage, j'ai ouvert des fouilles en quelques points, distants les uns des autres, mais peu nombreux, et en chacun de ces points j'ai creusé avec persévérance. Mes recherches sur les mutations du fer, où j'ai commencé par me créer mon procédé de dosage, ont été poursuivies pendant plus de douze ans. Mon voyage ethnologique présentait une lacune; quand je l'ai pu, c'est-à-dire après dix ans, je suis retourné aux Indes pour combler cette lacune. L'excitabilité nerveuse fait depuis 1901 mon occupation principale. Et ainsi des autres. Si l'on veut bien, pour l'une quelconque de ces recherches, examiner l'exposé que j'en donne plus loin, j'espère qu'on y verra l'enchaînement logique de raisonnements et d'expériences qui constitue la méthode. Et d'un ordre d'études à l'autre, comme au fond toutes les disciplines biologiques se tiennent, qu'elles n'ont qu'un seul objet envisagé sous des angles divers, les faits bien souvent s'éclairent et se complètent. Par exemple, l'observation ethnographique m'a fourni pour la théorie du régime d'entretien des documents importants; l'évolution quantitative des centres
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nerveux m'a éclairé sur des faits de l'évolution fonctionnelle. La série de recherches qui m'a conduit à l'analyse physico-chimique du processus général de l'excitation a eu comme point de départ la question suivante: préciser l'adaptation fonctionnelle des muscles de la jambe au mode de locomotion chez les Batraciens. D'autre part, est-il besoin de le dire? Le contact personnel avec des manifestations plus diverses de la vie fait saisir sous un dessin d'autant plus ferme et d'autant plus achevé les conceptions générales, les grandes synthèses comme la doctrine de l'Évolution.
Presque dès le début de mon activité scientifique, mon travail a été autonome. J'ai eu en physiologie deux maîtres, M. Gley, à l'origine; plus tard, M. Dastre; je dois beaucoup à l'un et à l'autre pour la formation de mon esprit; mes recherches me sont personnelles. Les collaborateurs dont on trouvera les noms dans ma bibliographie, et dont quelques-uns sont aujourd'hui professeurs à l'étranger, étaient presque tous mes élèves au moment où j'ai eu le plaisir de travailler avec eux. 11 y a quelques travaux, formant un anneau de la chaîne de mon raisonnement que j'ai suscités, dirigés et contrôlés, mais où je n'ai pas mis mon nom parce que je n'y avais aucune part matérielle; je mentionne ces travaux à leur place logique. Par contre, dans les sociétés savantes dont je suis membre, j'ai souvent pris la parole à propos d'un travail présenté, sans avoir de faits personnels à produire; en général, je n'ai pas cru nécessaire de rédiger mes observations, qui néanmoins n'ont pas toujours été perdues. Parfois j'ai publié une note plus ou moins longue. Je mentionnerai celles-là; la critique est une partie de la besogne scientifique qui ne me parait pas négligeable. Je trouve même que son avantage est double: en vertu de l'inévitable loi du talion, elle constitue une épreuve aussi pour le travail personnel de celui qui la présente. J'ai eu la satisfaction de voir le mien résister fort bien à cette épreuve. Après vingt et un ans de publication scientifique, je n'ai pas encore eu à revenir sur quelque chose que j'aie donné comme un fait.
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Quant aux théories, je m'en suis longtemps abstenu, trop sévèrement peut-être: celles que je me suis permises récemment n'ont pas encore eu beaucoup de temps pour être critiquées; mais elles sont si près du fait que je peux les espérer solides.
 
Chacune de mes recherches principales forme un chapitre de l'exposé qui suit, dans l'ordre du tableau systématique (pages X et XI); les recherches fragmentaires sont rassemblées à la fin. Je remercie Messieurs les Éditeurs Masson et Cie, Hachette et Cie, A. Colin et Cie, qui m'ont obligeamment permis de reproduire ici quelques-uns des clichés ayant paru chez eux dans mes publications.
 
* (1) Yves Delage : ''
* (1) Yves Delage : ''L'anatomie comparée et les bases de la morphologie'', Revue scientifique, 5 août 1903, page 112.
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* (1) Yves Delage : ''L'anatomie comparée et les bases de la morphologie'', Revue scientifique, 5 août 1903, page 112.
 
* (2) ''Voyage de la Sémiramis'' à Jules Lebaudy: on s'était adressé d'abord à l'École normale, pour lui demander un jeune naturaliste, et c'est de là que la proposition restée sans réponse m'est revenue.
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** (58) La race Négrito et sa distribution géographique, Annales de Géographie, 15 juillet.
 
Crawfurd, en 1848, proposait de distinguer des Mélanésiens ou Papous les populations négroïdes de plus petite taille que l'on avait remarquées aux Philippines et aux îles Andaman, que l'on soupçonnait dans l'intérieur de la Péninsule Malaise; il en faisait, en raison surtout de cette petite taille, une race particulière à laquelle il appliquait le nom
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de Négritos, donné par les Espagnols aux petits sauvages noirs habitant les montagnes des Philippines. Vers 1860, l'exploration de Mouat dans les îles Andaman rapporta des pièces ostéologiques, provenant des petits nègres qui formaient jusque-là une population pure dans l'archipel; Owen, puis Quatrefages, en firent l'étude, et y reconnurent des brachycéphales; ce caractère crânien séparait nettement les Andamanais des Papous, qui sont très dolichocéphales; au contraire, on notait des rapprochements nombreux avec les Négritos philippins. La conception de Crawfurd ainsi justifiée, prit ensuite, avec les travaux de Quatrefages et de M. Hamy, une grande extension. Ces auteurs relevèrent dans les récits des voyageurs de nombreux indices relatifs à des sauvages, petits et noirs, habitant des points peu accessibles, jungles et montagnes, au milieu de régions considérées comme la patrie de populations différentes; ils signalent de tels indices, en dehors de la Malaisie, vers le nord, parmi les jaunes en Indochine, à Formose, jusqu'aux îles Liou-Kiou voisines du Japon; vers l'est, jusqu'en Nouvelle-Guinée, au milieu des Papous; vers l'ouest, à Ceylan et dans toute la Péninsule Hindoue. Bien plus à l'ouest encore, à Suze, M. Marcel Dieulafoy a montré que les documents anciens témoignent d'un rôle considérable joué dans cette région aux premiers temps de l'histoire par des noirs, et M. Houssay a retrouvé des traces de sang noir dans la population actuelle. Partout
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ces noirs apparaissent comme une population plus ancienne que tout ce qui l'entoure. Admettant que toutes ces indications se rapportent à des Négritos, on arrive à considérer cette race comme une portion jadis importante de l'humanité, ayant couvert une région étendue.
 
En 1892, sur les conseils de M. Marcel Dieulafoy, j'ai entrepris de contrôler directement et de relier entre elles, si possible, les observations assez disparates que l'on possédait sur la question Négrito. Les moyens matériels étaient assurés dans des conditions exceptionnelles par la générosité de Mme Jules Lebaudy, qui prêtait pour cette recherche un yacht à vapeur de 500 tonnes, la Sémiramis, et prenait tous les frais à sa charge (1). La Sémiramis quitta la France à la fin de novembre 1892, se dirigeant sur le golfe persique ; mais les vents violents qui règnent en hiver dans le sud de la Mer rouge arrêtèrent le capitaine; il relâcha à Massouah jusqu'au changement de mousson; pendant les deux mois de cette relâche, j'étudiai l'anthropologie physique des Abyssins (voir plus loin) et leur régime alimentaire (voir Chapitre IV). Quand je pus repartir, étant donnée la saison, je fis faire cap directement sur les îles Andaman, pour y prendre connaissance personnelle du Négrito dans son échantillon le plus typique et le plus pur. Je passai trois semaines dans l'archipel, dont je visitai une grande partie avec un inspecteur anglais en tournée; j'examinai successivement les diverses tribus entre lesquelles se partage la petite population andamanaise.
(1) Le yacht avait été armé, sous le commandement du capitaine Viel, pour procurer un voyage instructif à Max Lebaudy, que je devais accompagner et tâcher d'intéresser à la science. Nous attendions ce jeune homme depuis deux mois à Port-Vendres, quand il renonça définitivement au voyage. Mme Jules Lebaudy, sa mère, envoya alors au capitaine l'ordre de partir immédiatement en considérant comme seul but de la croisière la recherche scientifique. Dans ces conditions, je regrettai vivement d'être le seul naturaliste à profiter de cette croisière, dont on aurait pu rapporter une riche moisson de documents dans les différentes branches de l'histoire naturelle; mais étant seul, je jugeai que le mieux était de concentrer mes forces sur un programme limité. Le champ Négrito était encore trop vaste en dehors de la Péninsule Malaise, d'un intérêt capital, je me suis efforcé de décider le capitaine à me conduire dans les contrées où l'on va difficilement par les paquebots.
==[[Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/26]]==
 
Je recueillis tous les objets typiques de son industrie, qui avaient été correctement décrits, mais dont il n'existait pas un seul spécimen en France; finalement, je fouillai un
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Sous la même latitude, à la rive orientale du golfe du Bengale, se trouve l'archipel de Mergui, dont la population était « à peu près inconnue » (Hamy). Un voyageur italien disait y
avoir trouvé des Négritos. Cette population (les Sélons) est nomade sur ses barques, et très farouche. Après en avoir aperçu quelques spécimens au port de Mergui (Birmanie), j'allai à sa recherche dans l'archipel, et je réussis à en bloquer dans une baie une tribu que je pus examiner et photographier. Mes observations m'amènent à la conclusion suivante : la race est mélangée ; elle comprend au moins deux éléments, l'un de haute taille, dolichocéphale, blanc; et un élément de plus petite taille mongolique. Ses caractères physiques, comme son ethnographie, la rattachent aux
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populations ordinaires de la côte voisine, quelques indices laissent à peine soupçonner une légère immixtion de sang noir. Les Sélons n'ont de remarquable comme industrie que leurs barques; ils se livrent sur les bancs de corail à la pêche des holothuries, qu'ils font sécher et vendent aux marchands chinois.
 
 
* La Péninsule Malaise.
 
Dans le milieu d'avril 1873, la Sémiramis arrivait à Poulo-Pinang et j'entrepris une exploration systématique de la Péninsule Malaise. Il s'agissait de combler une lacune essentielle dans la théorie du Négrito. Crawfurd, lors du travail qui a ouvert cette question en 1848, avait vu à la côte un petit nègre amené de l'intérieur et avait entendu parler d'un autre; dans le demi-siècle écoulé depuis lors, je ne connais que deux observations analogues, tout aussi sommaires. Au contraire, les études de Logan sur les aborigènes de l'intérieur de la Péninsule montraient toute autre chose que des nègres; et, d'autre part, Miklukho-Maklay, en 1873, avait étudié des tribus à caractère de mulâtres, mais son étude le conduisait à considérer l'élément noir de ce métissage comme dolichocéphale. Or, nous sommes ici au coeur du domaine hypothétique des Négritos, entre les deux seules stations incontestées, les Philippines au Nord-Est, les Andaman à l'Ouest. C'est la notion même du petit
=== no match ===
nègre brachycéphale qui est en cause.
 
Je pris comme premier objectif de trouver les tribus vraiment négroïdes signalées par les rares échantillons venus de la côte. Partant des renseignements notés par les auteurs sur les provenances de ces échantillons, je les cherchai dans les montagnes de l'axe de la Péninsule, vers la frontière entre le Siam et les colonies anglaises, et je réussis, après quelque temps, à les