« Le Râmâyana (trad. Fauche)/Tome 1 » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
lien vers en
m coquilles
Ligne 630 :
À ce cri perçant de douleur, Kâauçalyà et Soumitrâ endormies se réveillèrent dans une grande affliction. « Hélas ! dirent-elles ; hélas ! qu’y a-t-il ? » Puis, ces mots à peine jetés, elles se lèvent du lit en toute hâte, et, saisies d’une terreur soudaine, elles s’approchent du monarque.
 
Quand les deux reines eurent vu et touché leur époux, qui, tout abandonné par la vie, semblait encore jouir du sommeil, leur immense douleur s’exhala en de longs cris. Émues par ce bruit plaintif, de tous côtés les femmes du gynœcée se remirent de groupe en groupe à crier au même instant, comme des bandes de pygargues effrayées. Cette vaste clameur, envoyée clansdans le ciel par les épouses affligées du gynœcée, remplit entièrement la cité et la réveilla de toutes parts.
 
Dans un instant, ému, consterné, retentissant de plaintifs gémissements et rempli d’hommes empressés confusément, le palais du monarque, tombé sous l’empire de la mort, n’offrit plus, à l’aspect des sièges et des lits renversés, à l’ouïe des pleurs entremêlés de cris lamentables, que les images du malheur envoyé, comme une flèche, dans cette royale maison.
Ligne 1 125 :
Quand ils eurent marché une longue roule, ils virent de compagnie, au coucher du soleil, un beau lac répandu sur un yodjana en longueur. Dans ce lac charmant aux limpides ondes, on entendait le chant de voix célestes marié au concert des instruments de musique, et cependant on ne voyait personne. Alors, poussés par la curiosité, Râma, et Lakshmana, s’approchant d’un solitaire nommé Dharmabhrita : « Un spectacle si merveilleux a fait naître en nous tous une vive curiosité. Qu’est-ce que cela, ermite à l’éclatante splendeur ? lui demandent ces héros fameux : allons ! raconte-nous ce mystère l »
 
À cette question du magnanime fils de Raghou, le solitaire, qui était comme le devoir même en personne, se mit à lui raconter ainsi l’origine de ce lac : « On dit, Râma, que c’est l’anachorète Mandakarni, qui jadis, grâce au pouvoir de sa pénitence, créa ce bassin d’eau, nommé le lac des Cinq-Apsaras. En effet, ce grand solitaire, assis sur une pierre et n’ayant que le vent pour seule nourriture, soutint dix mille années une pénitence douloureuse, Effrayés d’une telle énergie, tous les dieux, Indra môme à leur tête, de s’écrier : « Cet anachorète a l’ambition de nous enlever notre place ! » Cinq Apsaras du plus haut rang et parées d’une toilette céleste furent donc envoyées par tous les dieux, avec l’ordre même de jeter un obstacle devant sa pénitence. Arrivées clansdans ces lieux, aussitôt cesbeautésces beautés folâtres, nymphes à la taille gracieuse, de s’ébattre et de chanter pour tenter l’anachorète enchaîné au vœu de sa cruelle pénitence.
 
« La suite de cette aventure, c’est que, pour assurer le trône des Immortels, ces Apsaras firent tomber sous le pouvoir de l’amour ce grand ascète, de qui le regard embrassait le passé et l’avenir du monde. Les cinq Apsaras furent élevées à l’honneur d’être ses épouses et l’ermite créa pour elles dans ce lac un palais invisible. Les cinq belles nymphes demeurent ici autant qu’elles veulent, et, fières de leur jeunesse, elles délassent l’anachorète des travaux de sa pénitence. Ce grand bruit, que vous entendez là, ce sont les jeux de ces bayadères célestes ; ce sont leurs chansons ravissantes à l’oreille, qui se marient au son cadencé des noûpouras et des bracelets. »
Ligne 1 181 :
Après qu’il eut parlé en ces termes à Lakshmana, de qui l’attachement redoublait sa félicité, le héros équitable de Raghou, en compagnie de son épouse et de son frère, habita quelque temps ces lieux riches de fruits et parés de fleurs, comme un second Indra au sein d’un autre paradis.
 
Tandis que le pieux Daçarathide coulait clansdans la forêt de pénitence une vie heureuse, l’automne expira et l’hiver amena sa bien-aimée saison. Un jour, s’étant levé pour ses ablutions au temps où les clartés du malin commencent à blanchir la nuit, il descendit à la rivière de Godà-vari. Le fils de Soumitrà, son frère, le front incliné, une cruche à la main, le suivait par derrière avec Sitâ : « Voici arrivée, seigneur, dit alors celui-ci, une saison qui te fut toujours agréable, où l’année brille, comme parée de ses plus nombreuses qualités.
« Il gèle ; le vent est âpre,, la terre est couverte de fruits ; les eaux ne donnent plus de plaisir et le feu est agréable. C’est le temps où ceux qui mangent de l’offrande, quand ils ont honoré les Dieux et les Mânes avec un sacrifice de riz nouveau, sont tous lavés de leurs souillures.
Ligne 1 249 :
Ils disent, et, bouillants de fureur, les quatorze Rakshasas fondent sur Râma, les armes hautes et le cimeterre levé. Après un élan rapide, les quatorze Démons nocrivagues font pleuvoir sur lui avec colère maillets d’armes, javelots et lances. Mais Râma soudain avec quatorze flèches brisa dans ce combat les armes de ces quatorze Rakshasas. Ensuite, calme dans sa colère au milieu du combat, il prit, aussi prompt que vaillant, quatorze nouvelles flèclies acérées. Il encocha lestement ces dards à son arc, et, visant pour but les Rakshasas, déchaîna contre eux ces flèclies avec un bruit pareil au tonnerre de la foudre.
 
Les traits empennés d’or, enflammés, rehaussés d’or, fendent l’air, qu’ils illuminent d’un éclat égal à celui des grands météores de feu. Ces flèclies, semées d’yeux, telles que les plumes du paon, traversent de part en part les Dénions et se plongent dans la terre, où leur impétuosité les emporte, comme des serpents clansdans une molle taupinière.
 
Les dards luisante revinrent d’eux-mêmes au carquois, après qu’ils eurent cliàtié les Démons. À la vue de ses vengeurs étendus sur la terre, la Rakshasî, délirante de colère, trembla de nouveau et jeta une clameur épouvantable. Aussitôt Çoûrpanakhâ s’enfuit rapidement toute tremblante, en poussant de grands cris, vers la région où demeurait son frère à la force puissante.