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Mais que faire au milieu du troupeau serré des candidatures ? Suivre la foule qui coule homme par homme, et marquer le pas à chaque temps d’arrêt ? La tête grisonne à ce métier ; il vaut mieux brusquer la partie. Proudhon sort des rangs, le pistolet au poing. — Place ! me voici ! — Et il tire ce coup à poudre dont il a été parlé. A partir de ce moment, il relève son front jusqu’alors penché sur l’œuvre d’autrui, et il lance à la classe favorisée son cri de guerre : « la propriété, c’est le vol !… » Qui donc a-t-elle volé ? Voilà une terre vierge qui ne porte que de la broussaille ; nul n’y vit ou n’en vit ; c’est une non-valeur pour tout le monde, excepte pour le blaireau. Triptolème met le feu au maquis, et sur la cendre encore chaude de la ronce il passe la charrue. A qui a-t-il nui ? Au blaireau peut-être ; mais il a rendu service du moins à quelqu’un, ne fût-ce qu’à Triptolème.
Mais que faire au milieu du troupeau serré des candidatures ? Suivre la foule qui coule homme par homme, et marquer le pas à chaque temps d’arrêt ? La tête grisonne à ce métier ; il vaut mieux brusquer la partie. Proudhon sort des rangs, le pistolet au poing. — Place ! me voici ! — Et il tire ce coup à poudre dont il a été parlé. A partir de ce moment, il relève son front jusqu’alors penché sur l’œuvre d’autrui, et il lance à la classe favorisée son cri de guerre : « la propriété, c’est le vol !… » Qui donc a-t-elle volé ? Voilà une terre vierge qui ne porte que de la broussaille ; nul n’y vit ou n’en vit ; c’est une non-valeur pour tout le monde, excepte pour le blaireau. Triptolème met le feu au maquis, et sur la cendre encore chaude de la ronce il passe la charrue. A qui a-t-il nui ? Au blaireau peut-être ; mais il a rendu service du moins à quelqu’un, ne fût-ce qu’à Triptolème.


La culture de sa terre lui donne plus que sa provision, autrement il ne saurait pas compter : il n’aurait pas prévu l’année de disette. Que fera-t-il de son excédant de moisson ? Il le cède au voisin pour une part équivalente de travail, et chacun y gagnera en vertu de la loi de l’échange. Cependant le voisin préfère l’état de propriétaire à l’état de salarié ; qui l’empêche de satisfaire son désir ? Il n’a qu’à défricher à son tour la lande disponible le long de la propriété de Triptolème ; Triptolème lui prêtera volontiers sa charrue moyennant redevance pour l’usure, et il lui repassera son expérience acquise par-dessus le marché. Si un premier champ apporte au premier groupe agriculteur un supplément d’existence, un second champ ne peut qu’ajouter une facilité de plus à la recherche com-
La culture de sa terre lui donne plus que sa provision, autrement il ne saurait pas compter : il n’aurait pas prévu l’année de disette. Que fera-t-il de son excédant de moisson ? Il le cède au voisin pour une part équivalente de travail, et chacun y gagnera en vertu de la loi de l’échange. Cependant le voisin préfère l’état de propriétaire à l’état de salarié ; qui l’empêche de satisfaire son désir ? Il n’a qu’à défricher à son tour la lande disponible le long de la propriété de Triptolème ; Triptolème lui prêtera volontiers sa charrue moyennant redevance pour l’usure, et il lui repassera son expérience acquise par-dessus le marché. Si un premier champ apporte au premier groupe agriculteur un supplément d’existence, un second champ ne peut qu’ajouter une facilité de plus à la recherche