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{{TitrePoeme|[[Les Moines]]|Émile Verhaeren|{{PAGENAME}}}}
<pages index="Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu" from="222" to="224" />
:Ce convers recueilli sous la soutane bise
:Cachait l’amour naïf d’un saint François d’Assise.
:Tendre, dévotieux, doux, fraternel, fervent,
:II était jardinier des fleurs dans le couvent.
:Il les aimait, le simple, avec toute son âme,
:Et ses doigts se chauffaient à leurs feuilles de flamme.
:Elles lui parfumaient la vie et le sommeil,
:Et pour elles, c’était qu’il aimait le soleil
:Et le firmament pur et les nuits diaphanes,
:Où les étoiles d’or suspendent leurs lianes.
:Tout enfant, il pleurait aux légendes d’antan
:Où sont tués dés lys sous les pieds de Satan,
:Où dans un infini vague, fait d’apparences,
:Passent des séraphins parmi des transparences.
:Où les vierges s’en vont par de roses chemins,
:Avec des grands missels et des palmes aux mains,
:Vers la mort accueillante et bonne et maternelle
:A ceux qui mettent l’or de leur espoir en elle.
:::-
:Aux temps de Mai, dans les matins auréolés
:Et l’enfance des jours vaporeux et perlés,
:Qui font songer aux jours mystérieux des limbes
:Et passent couronnés de la clarté des nimbes,
:Il étalait sa joie intime et son bonheur,
:A parer de ses mains l’autel, pour faire honneur
:A la très douce et pure et benoîte Marie,
:Patronne de son cœur et de sa closerie.
:Il ne songeait à rien, sinon à l’adorer,
:A lui tendre son âme entière à respirer,
:Rose blanche, si frêle et si claire et si probe,
:Qu’elle semblait n’avoir connu du jour que l’aube,
:Et qu’au soir de la mort, où, sans aucun regret,
:Jusqu’aux jardins du ciel, elle s’envolerait
:Doucement de sa vie obscure et solitaire,
:N’ayant rien laissé d’elle aux buissons de la terre,
:Le parfum, exhalé dans un soupir dernier,
:Serait depuis longtemps connu du ciel entier.
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