<div class='text'>
<div class="verse">
{{TitrePoeme|[[Les Moines]]|Émile Verhaeren|{{PAGENAME}}}}
<pages index="Verhaeren - Poèmes, t1, 1895, 2e éd.djvu" from="264" to="265" header=1 />
:Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
:Le flux et le reflux des douleurs vespérales.
:Lorsque dans son lit froid, derrière sa cloison,
:Le malade redit sa dernière oraison ;
:Lorsque la folie arde au cœur les lunatiques,
:Et que la toux mord à la gorge les étiques ;
:Lorsque les yeux troublés de ceux qui vont mourir,
:Tout en songeant aux vers, voient le couchant fleurir ;
:Lorsque pour les défunts, que demain l’on enterre,
:Les fossoyeurs, au son du glas, remuent la terre ;
:Lorsque dans les maisons closes on sent les seuils
:Heurtés lugubrement par le coin des cercueils ;
:Lorsque dans l’escalier étroit montent les bières
:Et que la corde râcle au ras de leurs charnières ;
:Lorsqu’on croise à jamais, dans la chambre des morts,
:Le linceul sur leurs bras, leurs bras sur leurs remords ;
:Lorsque les derniers coups de la cloche qui tinte
:Meurent dans les lointains, comme une voix éteinte,
:Et qu’en fermant les yeux pour s’endormir, la nuit
:Etouffe, entre ses cils, la lumière et le bruit :
:Moines, vos chants du soir roulent parmi leurs râles
:Le flux et le reflux des douleurs vespérales.
|